ABSTRACTS
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Valeur pronostique de l’hypertrophie ventriculaire gauche échocardiographique
en cas de dysfonction ventriculaire gauche (étude SOLVD)
Point du sujet. Le rôle de l’hypertrophie ventriculaire
gauche sur le pronostic des patients ayant une dysfonction
ventriculaire gauche systolique ou une insuffisance cardiaque est
mal connu.
But. Le but de cette étude a été de préciser la valeur pronostique
de différents indices échocardiographiques, dont la masse ven-
triculaire gauche (MVG), dans un sous-groupe de patients inclus
dans les études SOLVD (Studies Of Left Ventricular Dysfunction)
et ayant eu une évaluation échocardiographique initiale.
Patients et méthodes. L’étude a porté sur 1 172 patients inclus
soit dans le registre SOLVD pour 595 d’entre eux, soit dans les
essais SOLVD pour 577 d’entre eux, ayant une fraction d’éjec-
tion < 45 % ou ayant été hospitalisés pour une insuffisance car-
diaque, et suivis durant un an. Les échocardiogrammes ont fait
l’objet d’une relecture centralisée permettant la mesure des
dimensions ventriculaires et auriculaires gauches, le calcul de la
fraction d’éjection et le calcul de la MVG. Les événements pris
en compte ont été les décès et les hospitalisations.
Résultats. La mortalité à un an était de 9,5 %, et une hospitali-
sation était notée chez 40 % des patients lors du suivi, avec un
motif cardiovasculaire dans les trois quarts des cas. La mortalité
à un an était significativement plus élevée en cas de fraction
d’éjection < 35 % (p = 0,012). Il existait une relation significa-
tive entre la MVG et la mortalité à un an (après ajustement pour
l’âge, la fraction d’éjection, le stade NYHA et l’étiologie isché-
mique ou non de la dysfonction ventriculaire). La mortalité à un
an était de 12 % en cas de MVG > 298 g contre 5 % pour une
MVG moins élevée (p = 0,0017). Une relation analogue était
notée avec la taille de l’oreillette gauche. Il existait un effet pro-
tecteur de la fraction d’éjection en cas de MVG > 298 g, avec une
évolution moins défavorable en cas de fraction d’éjection > 35 %,
alors que la mortalité était plus basse en cas de MVG < 298 g, et
non influencée par la fraction d’éjection dans ce cas.
Conclusion. Cette étude montre l’existence d’une association
entre l’augmentation de la MVG et la mortalité chez les patients
ayant une dysfonction ventriculaire gauche chronique.
B. Gallet, service de cardiologie, CH Argenteuil
Echocardiographic predictors of clinical outcome in patients
with left ventricular dysfunction enrolled in the SOLVD regis-
try and trials : significance of left ventricular hypertrophy.
Quinones MA, Greenberg BH, Kopelen HA et al. for the
SOLVD investigators
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J Am Coll Cardiol 2000 ; 35 : 1237-44.
La Lettre du Cardiologue - n° 336 - octobre 2000
Stents, statines et resténose
En raison de leur effet “antiprolifératif” sur les cellules mus-
culaires lisses vasculaires, les statines sont susceptibles de
s’opposer à l’hyperplasie néo-intimale après la pose d’un stent et
de réduire le taux de resténose. Les auteurs ont testé cette hypo-
thèse à partir de 525 patients consécutifs pour lesquels un stent
coronaire a été implanté entre janvier 1996 et mars 1998 : deux
groupes sont comparés, avec 258 patients sous statines et
267 patients sans statines. Les patients sous statines avaient des
taux de cholestérol total et de LDL-cholestérol plus élevés que
les patients sans statines (p < 0,001).
À 6 mois, le groupe non traité par les statines comptabilise
10 décès et 18 infarctus du myocarde (IDM) de territoires cor-
respondant aux lésions coronaires stentées, pour des chiffres res-
pectifs de 1 décès et 10 IDM pour le groupe traité par statines
(p < 0,05). Quatre-vingt-dix-huit des 267 patients sans statines
(36,7 %) ont eu une nouvelle procédure de revascularisation,
contre 72 des 258 patients sous statines (27,9 %) : p < 0,05. Le
diamètre minimal de la lésion coronaire traitée est significative-
ment plus important sous statines (1,98 ± 0,88 mm vs 1,78 ±
0,88 mm ; p = 0,01) ; la perte en diamètre à 6 mois est moindre
pour le groupe sous statines (0,64 ± 0,8 mm vs 0,80 ± 0,8 mm ;
p = 0,032). Le taux de resténose angiographique ( 50 %) est
significativement réduit sous statines : 25,4 % vs 38 %,
p < 0,005.
En analyse multivariée, les facteurs indépendants prédictifs
influant sur le taux de resténose sont : l’utilisation de statines
(p = 0,005), le diamètre minimal de la lésion coronaire stentée
après la procédure (p = 0,02), la longueur du segment stenté
(p = 0,02). Par contre, la diminution du taux de resténose est indé-
pendante des réductions de taux de cholestérol total et LDL obte-
nues sous traitement.
Conclusion. Lors de cette étude monocentrique et rétrospective
après mise en place de stents coronaires, la prescription de sta-
tines est associée à une diminution du taux de resténose
à 6 mois, avec une amélioration de la survie indemne de com-
plications cardiaques (décès, IDM, revascularisation de la lésion
stentée). Pour les auteurs, ces résultats suggèrent la possibilité
pour les statines d’interférer avec la prolifération néo-intimale
suivant la pose d’un stent coronaire. Ceci ne semble pas en rap-
port avec la seule réduction des taux de lipides obtenue sous sta-
tines. Un essai prospectif randomisé concernant des patients
indemnes de dyslipidémies, suivis après la pose de stents coro-
naires, est souhaitable pour confirmer ces résultats encourageants.
C. Adams, service de cardiologie, CH Argenteuil
Effect of statin therapy on restenosis after coronary stent
implantation.
Walter DH, Schächinger V, Elsner M, Mach S, Auch-Schwelk W,
Zeiher AM
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Am J Cardiol 2000 ; 85 : 962-8.