La Lettre du Cardiologue - n° 290 - mars 1998
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CAS CLINIQUE
DISCUSSION
La radiographie thoracique révèle une silhouette cardiaque aug-
mentée de volume, engainée dans un liseré calcifié des feuillets
péricardiques. Il n’y a pas d’élargissement du médiastin ni d’épan-
chement pleural. L’électrocardiogramme met en évidence un
microvoltage diffus associé à un aplatissement de l’onde T sur
l’ensemble des dérivations ; le rythme est sinusal.
Ce tableau clinique évoque une péricardite constrictive, diagnostic
confirmé par une échocardiographie montrant la présence de cal-
cifications péricardiques épargnant la face postérieure du cœur,
associées à une dilatation de la veine cave inférieure et des veines
sus-hépatiques. En mode TM, le ventricule gauche a un mouve-
ment de ressaut télédiastolique. Le remplissage du ventricule
gauche est pathologique, associant une grande onde E suivie d’une
petite onde A avec diminution du temps de relaxation isovolu-
mique, signifiant une anomalie du remplissage du ventricule
gauche sur un mode restrictif. La fonction ventriculaire gauche
est conservée. L’exploration hémodynamique montre une égali-
sation des pressions télédiastoliques avec un dip-plateau.
L’intradermoréaction à la tuberculine est banalement positive,
non phlycténulaire, et la recherche de bacilles de Koch dans les
tubages gastriques, à la broncho-aspiration et dans les urines, est
négative. La recherche d’autoanticorps et des sérologies virales
est négative. L’étiologie très probable de cette péricardite constric-
tive est un hémopéricarde survenu en 1983, passé sous silence,
ayant évolué à bas bruit vers la constriction péricardique actuelle.
Monsieur M. bénéficie d’une décortication péricardique avec des
suites opératoires simples. L’étude histologique a conclu à un
péricarde fibro-calcifié non spécifique.
COMMENTAIRES
La seule réalisation d’une radiographie pulmonaire a permis, dès
le début de la prise en charge de ce patient, de poser le diagnos-
tic très probable de péricardite constrictive. Ceci n’est pas tou-
jours possible car les calcifications péricardiques peuvent passer
inaperçues dans 40 % des cas sur une radiographie thoracique,
surtout si un cliché de profil n’a pas été réalisé. De même, un dip-
plateau n’est retrouvé que dans 76 % des cas (1). La présentation
habituelle des péricardites constrictives est un tableau d’insuffi-
sance cardiaque avec une dyspnée de classe III de la NYHA dans
près de deux tiers des patients de Nataf (1) ou de McCaughan (2).
Près de 90 % des patients présentent des signes d’insuffisance
cardiaque droite.
Le diagnostic étiologique d’une péricardite constrictive reste tou-
jours difficile à établir puisque, dans plus de 50 % des cas, elle
est dite idiopathique. En fait, l’origine traumatique est sous-éva-
luée car, au moment du traumatisme, l’absence de blessures appa-
rentes de la paroi thoracique externe ou au contraire la présence
d’autres lésions vicérales majeures associées n’incitent pas à l’ex-
ploration systématique du péricarde. Par ailleurs, l’évanescence
de la notion d’un traumatisme ancien dans la mémoire des patients
au moment du diagnostic de constriction péricardique est fré-
quente. Ceci justifie la recherche systématique d’un hémopéri-
carde par échocardiographie devant tout traumatisme à thorax
fermé, même mineur, avant qu’il n’évolue vers la constriction.
F. Bernard, J.P. Ollivier,
service de cardiologie, Hôpital militaire du Val-de-Grâce,
74, boulevard de Port-Royal, 75005 Paris
Bibliographie
1. Nataf P., Cacoub P., Dorent R., Jault F., Bors V., Pavie A., Cabrol
C., Gandjbakhch I. Results of subtotal pericardiectomy for constricti-
ve pericarditis. Eur J Cardiothorac Surg 1993, 7 : 252-6.
2. McCaughan B.C., Schaff H.V., Piehler J.M. Early and late results of
pericardiectomy for constrictive pericarditis. J Thorac Cardiovasc
Surg 1985 ; 86 : 240-360.
ANNONCEURS
BYK FRANCE SA (Eupressyl), p. 2 ; M S D CHIBRET (Cozaar/Hyzaar), p. 9-10 ;
NOVARTIS PHARMA (Tareg), p. 27 ; SERVIER (Vastarel), p. 24.
Cas clinique - F.B. 6/05/04 16:58 Page 26