REVUE DE PRESSE coordonnée par
le Dr F. Beygui
10 | La Lettre du Cardiologue ̐ n° 450 - décembre 2011
Commentaire
Le clopidogrel conserve une place dans la prise
en charge des STEMI à haut risque hémorragique,
alors que le prasugrel et le ticagrelor doivent être
évités. Si les recommandations de l’ESC (Société
européenne de cardiologie [European Society
of Cardiology]) donnent à la dose de charge de
600mg de clopidogrel une place respectable
(classe I), elles s’appuyaient sur un faible niveau
de preuve (C : études observationnelles). La lacune
est désormais comblée avec une étude randomisée
qui confirme les pratiques actuelles : dans le STEMI,
si le clopidogrel doit être employé en amont d’une
angioplastie primaire, il faut donner 600mg et
non 300 mg de dose de charge.
Référence bibliographique
Patti G, Barczi G, Orlic D et al. Outcome comparison of
600- and 300-mg loading doses of clopidogrel in patients
undergoing primary percutaneous coronary intervention
for ST-Segment Elevation Myocardial Infarction : Results
From the ARMYDA-6 MI. J Am Coll Cardiol 2011;58:1592-9.
compare 600mg versus 300mg de dose de charge de clopidogrel avant une angioplastie
(délai de prétraitement identique de 35 à 39mn). Les patients recevaient 500mg d’aspirine
i.v., 70UI/ kg d’HNF ; anti-GpIIb/IIIa (48 % versus 58 %, p=NS) et thromboaspiration (19 %
versus 14 %, p=NS) étaient optionnels ; 72 % des procédures étaient fémorales, 42%
des IDM étaient de localisation antérieure, 100 % des patients ont été dilatés, 99 % ont
été stentés, 11 % versus 19 % avec stents actifs (p=NS). La bithérapie aspirine-clopidogrel
75mg était poursuivie pendant une période supérieure ou égale à 1an.
La dose de charge de 600 mg était supérieure en tout point :
✓objectif primaire de taille de l’IDM (aire sous la courbe de CPK [créatinine phosphokinase] et de
troponine pendant 72h : 2 070 [815-2 847] versus 3049 [1 050-7 031] ng/ml, p=0,0001 et 255
[130-461] versus 380 [134-1 406] ng/ml, p<0,0001) ;
✓objectifs secondaires de flux TIMI (Thrombolysis in Myocardial Infarction) inférieur à 3post-PCI
(Percutaneous Coronary Intervention [intervention coronarienne percutanée]) moins fréquent (5,8 %
versus 16,3 %, p=0,031), FEVG (fraction d’éjection du ventricule gauche) à la sortie supérieure par
échographie (52,1±9,5 % versus 48,8±11,3 %, p=0,026), MACE (Major Acute Coronary Events)
à 30jours (décès, nouvel infarctus, accident vasculaire cérébral [AVC], revascularisation urgente du
vaisseau cible : 5,8 % versus 15 %, p=0,049) ;
✓
sans surcroît d’hémorragies majeures (1,9 % versus 2 %) et mineures (7,8 % versus 6,1 %) selon
les critères TIMI à 30jours.
ABA
Fréquence cardiaque en récupération : prédicteur
de décès, modifiable par l’exercice physique
Une baisse de fréquence cardiaque trop faible après récupération (fréquence cardiaque au
repos [FCR] : fréquence max-fréquence à 1mn de récupération inférieure à 12bpm) est
prédictive de décès ; seules de petites études ont montré qu’une réadaptation cardiaque
(RC) améliorait la FCR, aucune n’a cherché à démontrer un impact sur la survie.
Cette étude rétrospective monocentrique a inclus 1 070patients consécutifs admis pour un
programme de RC de phase2, avec test d’effort d’entrée (réalisé moins de 3mois avant la
RC) et de sortie (réalisé moins de 1 mois après la fin du programme), et mesure de la FCR
(exclusion des porteurs de pacemaker, des patients souffrant de fibrillation atriale et des
transplantés). Le programme était étalé sur 12semaines à raison de 3séances/sem (10 à
15mn d’échauffement, 30 à 50mn d’effort à 50 à 80 % de la réserve de FC, 15 à 20mn
de récupération). Les coronariens et les postopératoires (valves, pontages) représentaient
95 % des patients. Les tests étaient faits sur tapis selon les protocoles de Cornell ou de
Naughton, menés jusqu’aux symptômes ou atteinte de 85 % de la fréquence maximale
théorique (FMT). Soixante-sept pour cent des patients étaient sous bêtabloquants. L’amé-
lioration de la FCR et la mortalité étaient les critères primaires d’évaluation.
Les patients ont été suivis en moyenne pendant 8,1ans. Sur les 544patients (51 %) qui
avaient une FCR inférieure à 12bpm à l’entrée (groupe FCR anormale), 223 (41 %) l’ont
normalisée après la RC. Dix-huit pour cent des patients sont décédés (13 % des patients
avec FCR normale à l’entrée, 24 % avec FCR anormale, p<0,001). La RC améliorait les FCR
des 2groupes (20,1±6,2 à 21,9±8,9bpm pour le groupe FCR normale et 6,5±4,1 à
11,5±6,8bpm pour le groupe FCR anormale, p<0,001). L’absence d’amélioration de la
FCR était prédictive de mortalité (p<0,001). Une FCR anormale à la sortie était prédictive de
décès quels qu’aient été les groupes (HR=2, 15 [IC95 : 1,43-3,25]) après analyse multivariée
(incluant : âge avancé, artériopathie oblitérante des membres inférieurs [AOMI], insuffisance
cardiaque, incapacité d’effort). Les patients qui normalisaient leur FCR après la RC avaient un
taux de survie identique à celui des patients à FCR normale à l’entrée et à la sortie (p=0,143).
ABA
Commentaire
L’étude a des limites (rétrospective, monocen-
trique, absence de contrôle sans RC, mais les études
ont montré que lui seul peut améliorer la FCR).
C’est néanmoins la seule qui objective que la FCR,
témoin du tonus vagal, encore une fois démontrée
comme prédictive de mortalité quand elle est trop
faible (HR > 2), est modifiable et normalisée dans
plus de 50 % des cas par un nouvel entraînement
physique, et que cela normalise la survie de ces
patients. Les bêtabloquants ne modifient en rien
les résultats. Un appui supplémentaire pour les
30mn d’exercice physique 3fois par semaine…
Référence bibliographique
Jolly MA, Brennan DM, Cho L. Impact of exercise on heart
rate recovery. Circulation 2011;124:1520-6.