La Lettre du Cardiologue - n° 358 - octobre 2002
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STIMULATION MULTISITE DANS L’INSUFFISANCE CAR-
DIAQUE
C. Leclercq (Rennes) a passé en revue les essais de stimulation
multisite dans l’insuffisance cardiaque sévère. Les indications
validées à l’heure actuelle sont l’insuffisance
cardiaque réfractaire en classe III ou IV de
la NYHA malgré un traitement médical opti-
mal, avec une fraction d’éjection ventricu-
laire gauche inférieure à 35 %, et une durée
de QRS supérieure à 130 ms, tout en sachant
que l’ECG de surface n’est pas le meilleur
outil pour apprécier la dysynchronie ventri-
culaire. Les critères obtenus avec l’IRM, les
isotopes et surtout l’échographie doppler
(DTI notamment) sont en cours de valida-
tion. Pour que cette technique apporte un
bénéfice, il faut qu’il y ait un réel asynchro-
nisme ventriculaire gauche, que l’implanta-
tion soit faite au site optimal, que les délais
auriculo-ventriculaires et intraventriculaires
soient optimisés. Les patients insuffisants
cardiaques, notamment ischémiques, sont
exposés au risque de mort subite et, chez eux,
l’association resynchronisation et défibrilla-
tion se discute de plus en plus. Les perspec-
tives sont d’arriver à une définition consen-
suelle des patients répondeurs à cette
thérapeutique.
CARDIOPATHIES ET GROSSESSE
Les groupes “échocardiographie” et “valvu-
lopathies” de la SFC ont organisé une séance
très intéressante sur ce thème.
Cardiopathies valvulaires
B. Iung (Paris) a traité le problème des car-
diopathies valvulaires. Il a rappelé les princi-
pales modifications physiologiques consta-
tées au cours de la grossesse : le volume
sanguin augmente d’environ 50 %, les pres-
sions artérielles systolique et diastolique
diminuent par abaissement des résistances
artérielles (rôle des hormones ovariennes et
de la circulation fœto-placentaire) et le débit
cardiaque augmente de 30 à 50 %. Il est au
maximum entre le 5eet le 8emois. Durant le
travail, la consommation d’oxygène (VO2)
augmente, de même que le débit cardiaque de
base. Le débit cardiaque et la pression arté-
rielle augmentent lors des contractions uté-
rines. En post-partum, il y a augmentation du retour veineux, des
pressions de remplissage et du débit cardiaque.
Valvulopathies régurgitantes. Elles entraînent une surcharge
volumétrique, mais aussi une baisse des résistances vasculaires ;
en outre, la tachycardie diminue la régurgitation aortique. En cas
d’insuffisance mitrale, il y a un risque de majoration des troubles
du rythme, s’il existe un prolapsus valvulaire mitral par exemple.
En cas d’insuffisance aortique, il faut analyser avec soin l’aorte,
à la recherche d’un syndrome de Marfan. Le traitement fait appel
aux diurétiques, éventuellement aux digitaliques. Quant aux vaso-
dilatateurs, les inhibiteurs de l’enzyme de conversion et les anta-
gonistes des récepteurs de l’angiotensine sont contre-indiqués.
De manière générale, il ne faut pas opérer ces valvulopathies
fuyantes pendant la grossesse.
Rétrécissement mitral. Il y a augmentation de la volémie, du
débit cardiaque et de la fréquence cardiaque, entraînant une mau-
vaise tolérance et un risque d’OAP mettant en jeu le pronostic
maternal et fœtal. Le risque est maximal lors du 3etrimestre et
durant le post-partum. Parfois, l’intervention devient nécessaire.
Le traitement médical fait appel aux bêtabloquants surtout, et aux
diurétiques. La chirurgie peut être une commissurotomie à cœur
fermé éventuellement (la létalité fœtale est de 2 à 10 %). En cas
de commissurotomie à cœur ouvert ou de remplacement valvu-
laire mitral, le risque fœtal est lié à la circulation extracorporelle
(la létalité est de 20 à 30 % et il y a une souffrance aiguë du fœtus).
La commissurotomie mitrale percutanée est la dernière éventua-
lité et pose le problème de la tolérance maternelle et fœtale. Grâce
à des mesures particulières, notamment diminution de la durée
de la procédure (intérêt du ballon d’Inoue), suppression de la gra-
phie, du cathétérisme droit et de l’injection iodée, utilisation d’un
tablier de plomb abdominal, irradiation la plus faible possible, ce
geste peut être proposé en cours de grossesse. Sur un groupe d’une
trentaine de patientes, l’irradiation a été inférieure à 0,2 millisi-
vert alors que la dose maximale tolérée chez la femme enceinte
est de 5 millisiverts aux États-Unis. Cette valvuloplastie com-
porte toutefois un risque d’accident ischémique transitoire ou
d’accident vasculaire cérébral. Si elle entraîne une fuite mitrale,
celle-ci est mal tolérée et nécessite un remplacement valvulaire
mitral avec ses risques. Cela justifie de réserver les indications
de valvuloplastie percutanée aux femmes qui demeurent symp-
tomatiques sous traitement médical durant la grossesse.
Rétrécissement aortique. La cause est en général une bicuspi-
die ou un RA congénital. La grossesse est bien tolérée si la sur-
face est supérieure à 1 cm2. Une surface inférieure à 1 cm2ou un
gradient moyen supérieur à 50 mmHg font courir un risque sur-
tout à l’accouchement, la décompensation en fin de grossesse
étant rare. Certains discutent une dilatation percutanée. Mais le
traitement est avant tout préventif.
Les recommandations en cas de maladie de Marfan sont d’éva-
luer le diamètre aortique avant la grossesse. S’il est inférieur à
40 mm au niveau du sinus de Valsalva et qu’il n’y a pas d’insuf-
fisance aortique, le risque est faible. S’il est supérieur à 40 mm
ou s’il existe une insuffisance aortique, la grossesse est décon-
seillée. Il faut répéter les échocardiogrammes à 3, 6, 7, 8 et 9 mois
et un mois après l’accouchement. Les bêtabloquants sont systé-
matiques. L’accouchement se fera par voie basse, seulement si le
diamètre est inférieur à 40 mm. Dans les autres cas, la césarienne
se fera à 38 semaines.
Cardiopathies opérées. Elles ont un bon pronostic hémodyna-
mique. Le principal problème est la prothèse mécanique sous anti-
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