40-710
Traitement
chirurgical
du
prolapsus
rectal
complet
de
l’adulte
D.
Lechaux,
J.-P.
Lechaux
Le
prolapsus
rectal
complet
est
un
trouble
de
la
statique
du
rectum,
qui
réalise
une
invagination
abou-
tissant
à
son
extériorisation
à
travers
l’anus.
Le
but
du
traitement
chirurgical
est
de
corriger
le
prolapsus,
mais
aussi
de
restaurer
la
fonction
anorectale
sans
induire
des
effets
délétères.
Il
n’existe,
pour
cela,
aucune
technique
universelle
et
infaillible,
car
le
prolapsus
rectal
est
un
syndrome
qui
réunit
des
entités
anatomocliniques
de
pathogénie
différente.
Le
prolapsus
«
de
faiblesse
»,
multiélémentaire,
de
la
femme
âgée
multipare,
est
la
conséquence
d’une
maladie
dégénérative
du
périnée,
avec
hernie
du
cul-de-sac
de
Douglas
à
travers
le
diastasis
du
plancher
pelvien.
Le
prolapsus
«
de
force
»
pauciélémentaire
de
l’adulte
jeune,
ayant
un
plancher
pelvien
et
un
sphincter
normaux,
est
une
maladie
primitive
du
rectum
par
excès
de
longueur
et
de
mobilité.
La
clinique
permet
de
différencier
ces
deux
entités.
Le
traitement
de
la
maladie
du
rectum
est
une
rectopexie
par
voie
abdominale,
presque
toujours
avec
prothèse
et
le
plus
souvent
par
voie
laparoscopique.
Elle
assure,
quelle
qu’en
soit
la
technique,
un
taux
de
guérison
ana-
tomique
supérieur
à
90
%,
mais
elle
est
grevée
d’un
risque
de
constipation
induite
ou
aggravée,
que
la
résection
sigmoïdienne
associée
permet
d’éviter
sans
majoration
de
la
morbidité.
Le
prolapsus–hernie
de
faiblesse
relève
d’une
intervention
par
voie
périnéale,
comportant
l’excision
du
prolapsus,
soit
muqueuse
soit
totale,
associée
à
une
périnéorraphie
postérieure
avec
suppression
du
sac
péritonéal
et
réfection
de
la
paroi.
Les
interventions
périnéales,
réalisables
sous
anesthésie
locorégionale,
mieux
appropriées
au
sujet
âgé
à
haut
risque,
ont
une
efficacité
anatomique
moindre
que
la
chirurgie
abdominale,
mais
sont
dépour-
vues
de
gravité
et
d’effets
indésirables.
La
mucosectomie
de
Delorme
paraît
plus
physiologique
que
la
rectosigmoïdectomie
d’Altemeier
qui
est
indiquée
en
première
intention,
lorsque
nul
espoir
d’amélioration
fonctionnelle
n’est
permis.
En
conclusion,
chaque
chirurgien
doit
disposer
d’une
technique
éprouvée
de
rectopexie
abdominale
si
possible
cœlioscopique
aux
résultats
fonctionnels
connus,
et
de
deux
techniques
périnéales,
permettant
de
choisir
le
traitement
le
plus
approprié
à
chaque
prolapsus
et
à
chaque
patient.
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2014
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droits
réservés.
Mots-clés
:
Prolapsus
rectal
;
Rectopexie
abdominale
;
Laparoscopie
;
Résection
du
sigmoïde
;
Opérations
périnéales
Plan
Définition
1
Indications
2
Techniques
chirurgicales
par
laparoscopie
3
Généralités
3
Rectopexie
exclusivement
antérieure
:
technique
de
d’Hoore
5
Technique
robot-assistée
6
Technique
de
Orr–Loygue
6
Technique
de
Wells
7
Techniques
chirurgicales
par
laparotomie
7
Généralités
7
Technique
de
Orr–Loygue
9
Technique
de
Wells
10
Rectopexie
et
résection
colique
11
Interventions
par
voie
périnéale
11
Rectosigmoïdectomie
périnéale
:
technique
d’Altemeier
12
Mucosectomie
:
technique
de
Delorme
13
Conclusion
15
Définition
Le
prolapsus
rectal
est
une
invagination
du
rectum
aboutissant
à
son
extériorisation
à
travers
l’anus.
Le
trouble
de
la
statique
rectale
s’intègre
dans
un
«
syndrome
du
prolapsus
rectal
»,
comportant
également
le
prolapsus
interne
non
extériorisé
et
la
rectocèle.
Le
prolapsus
est
dit
complet
(full
thickness
rectal
prolapse
des
Anglo-Saxons),
lorsqu’il
est
constitué
par
toute
l’épaisseur
de
la
paroi
rectale,
par
opposition
au
prolapsus
purement
muqueux,
EMC
-
Techniques
chirurgicales
-
Appareil
digestif 1
Volume
9
>
n2
>
mai
2014
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40-710 Traitement
chirurgical
du
prolapsus
rectal
complet
de
l’adulte
habituellement
d’origine
hémorroïdaire.
Même
si
certains
prin-
cipes
thérapeutiques
sont
communs
à
tous
les
éléments
nosologiques
du
syndrome
du
prolapsus
rectal,
seul
le
traitement
chirurgical
du
prolapsus
complet
extériorisé,
infirmité
intolérable,
est
envisagé.
Indications
Le
but
du
traitement
est
double
:
d’une
part
corriger
le
pro-
lapsus,
d’autre
part
restaurer
la
fonction
anorectale
sans
induire
d’effets
délétères.
Aucune
des
innombrables
techniques
propo-
sées
ne
parvient,
dans
tous
ces
cas,
à
cet
objectif.
Dès
1902,
Lenormant
considérait
qu’«
il
n’y
a
pas
un
traitement
infaillible,
unique,
universel
du
prolapsus
rectal,
et
cela
parce
qu’il
y
a
des
variétés
diverses
de
prolapsus,
et
du
point
de
vue
clinique,
et
du
point
de
vue
pathogénique
»[1].
La
pathogénie
demeure
incer-
taine,
mais
les
anomalies
anatomiques
constitutives
du
prolapsus,
causes
ou
conséquences
de
celui-ci,
sont
connues
(Fig.
1).
Ce
sont
:
l’insuffisance
de
fixation
postérieure
du
rectum,
la
longueur
excessive
du
rectosigmoïde,
la
hernie
du
cul-de-sac
de
Douglas,
le
diastasis
des
muscles
releveurs
et
la
béance
anale.
L’association
de
ces
anomalies
est
variable
et
permet
une
approche
nosolo-
gique.
L’existence
ou
non
d’une
déficience
périnéale
avec
diastasis
des
releveurs,
hypotonie
du
plancher
pelvien
et
béance
anale
reconnue
par
le
seul
examen
clinique
différencie
deux
tableaux
anatomocliniques.
Le
prolapsus
«
de
faiblesse
»,
multiélémentaire,
comportant
l’ensemble
des
anomalies,
chez
la
femme
âgée
mul-
tipare,
extériorisé
en
permanence,
s’intègre
dans
une
maladie
dégénérative
diffuse
du
périnée,
avec
fréquente
association
d’un
prolapsus
génital.
Le
prolapsus
rectal
est
la
conséquence
d’une
hernie
par
glissement
du
cul-de-sac
de
Douglas
à
travers
la
brèche
pariétale
pelvienne.
À
l’inverse,
le
prolapsus
«
de
force
»,
pauci-
élémentaire,
de
l’adulte
jeune,
le
plus
souvent
chez
la
femme
volontiers
nullipare,
plus
rarement
chez
l’homme,
avec
un
péri-
née
normal
et
un
sphincter
continent,
est
une
maladie
primitive
du
rectum
par
excès
de
longueur
et
de
mobilité.
Entre
ces
deux
tableaux
extrêmes,
tous
les
intermédiaires
existent.
Les
notions
d’âge
et
de
terrain
et
le
seul
examen
clinique
suffisent
à
différen-
cier
ces
deux
types
de
prolapsus.
L’appréciation
clinique
de
la
valeur
fonctionnelle
du
sphincter
anal
est
suffisante.
Elle
peut
être
complétée
en
cas
d’insuffisance
par
une
manométrie
anorectale
qui
aura
l’intérêt,
répétée
à
dis-
tance
de
l’intervention,
d’obtenir
une
évaluation
chiffrée
de
la
récupération,
en
particulier
du
sphincter
interne.
Les
explorations
fonctionnelles,
manométrie
et
électromyor-
raphie,
n’ont
aucune
valeur
diagnostique.
La
défécographie
n’a
d’intérêt
que
dans
les
troubles
de
la
statique
rectale
sans
extério-
risation.
Le
traitement
de
ces
deux
variétés
de
prolapsus
ne
peut
être
uni-
voque.
La
maladie
du
rectum
justifie
un
abord
abdominal
pour
corriger
les
deux
anomalies
constitutives.
La
maladie
du
périnée
justifie
un
abord
périnéal
pour
corriger
à
la
fois
la
conséquence
par
résection
du
prolapsus
et
la
cause,
par
une
réfection
péri-
néale.
«
Il
faut,
chez
ces
sujets,
reconstituer
un
périnée
solide
et
résistant
et
rendre
au
canal
anal
sa
longueur,
sa
tonicité
et
son
obliquité
naturelle
»[1].
Les
indications
thérapeutiques
théo-
riques
doivent
également
tenir
compte
de
l’efficacité
anatomique
et
fonctionnelle
de
chaque
technique,
de
l’incidence
de
la
mor-
bidité
et
des
effets
indésirables.
Ainsi,
on
oppose
les
opérations
de
rectopexie
abdominale
ayant
un
taux
de
récidive
inférieur
à
10
%,
aux
opérations
périnéales
comportant
une
incidence
plus
élevée.
La
gravité
de
la
chirurgie
abdominale
nécessitant
l’anesthésie
générale
augmente
avec
l’âge
et
devient
incompa-
tible
avec
certains
terrains
à
haut
risque,
alors
que
la
chirurgie
périnéale
réalisable
sous
anesthésie
locorégionale,
voire
locale,
est
pratiquement
exempte
de
tout
risque.
Les
rectopexies
abdo-
minales
peuvent
induire
ou
aggraver
une
constipation
dans
30
à
88
%
des
cas [2,
3],
risque
que
la
résection
sigmoïdienne
asso-
ciée
semble
capable
de
réduire
ou
d’éviter,
alors
que
la
chirurgie
périnéale,
par
la
réduction
ou
la
suppression
de
la
compliance
rectale
qu’elle
induit,
est
facteur
de
polychésie,
voire
de
dégrada-
tion
de
la
continence.
Toutes
les
techniques
de
rectopexie
décrites
par
voie
abdominale
en
laparotomie
peuvent
être
reproduites
par
voie
laparoscopique
avec
les
avantages
inhérents
sur
le
plan
1
2
3
4
5
6
7
A
1
4
5
B
Figure
1.
Anatomie
pathologique
du
prolapsus
rectal.
Anomalies
constitutives
constantes
:
1.
longueur
excessive
du
rectosigmoïde
;
4.
verticalisation
du
rectum
;
5.
insuffisance
de
fixation
postérieure
;
anomalies
constitutives
inconstantes
:
2.
association
à
un
prolapsus
génital
;
3.
hernie
du
cul-de-sac
de
Douglas
;
6.
diastasis
et
laxité
des
releveurs
;
7.
béance
anale.
A.
Prolapsus
de
faiblesse
de
la
femme
âgée
au
périnée
hypotonique.
B.
Prolapsus
de
force
du
sujet
jeune
au
périnée
normotonique.
2EMC
-
Techniques
chirurgicales
-
Appareil
digestif
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Traitement
chirurgical
du
prolapsus
rectal
complet
de
l’adulte 40-710
des
suites
opératoires.
La
voie
abdominale
ayant
été
détermi-
née
selon
l’âge
et
les
facteurs
de
risque
(score
American
Society
of
Anesthesiologists
[ASA]),
le
choix
de
la
technique
nécessite
une
évaluation
fonctionnelle
:
qualité
de
la
continence,
existence
d’une
constipation
en
sachant
distinguer
constipation
ancienne
par
transit
lent
et
dyschésie
provoquée
par
le
prolapsus.
Un
temps
de
transit
colique
aux
marqueurs
est
utile
pour
certains
afin
de
mieux
apprécier
le
type
et
le
siège
de
la
constipation.
La
constipation
aggravée
ou
induite
par
la
rectopexie
isolée
doit
être
prise
en
compte.
Elle
peut
justifier
l’association
à
une
colectomie
sigmoïdienne.
Seules
sont
décrites
les
techniques
évaluées
par
des
études
comportant
un
nombre
de
cas
et
un
recul
suffisants,
à
l’exclusion
de
celles,
anecdotiques,
obsolètes
ou
n’ayant
pas
dépassé
la
pra-
tique
de
leur
auteur.
Les
interventions
par
voie
abdominale
sont
abordées
en
commenc¸ant
par
la
voie
cœlioscopique
puis
par
la
voie
ouverte.
Les
interventions
par
voie
périnéale
sont
exposées
dans
un
deuxième
temps.
Techniques
chirurgicales
par
laparoscopie
Généralités
La
plupart
des
techniques
du
traitement
chirurgical
du
pro-
lapsus
rectal
complet
par
laparotomie
ont
été
transposées
et
parfaitement
reproduites
par
laparoscopie.
Seule
la
voie
d’abord
a
changé.
Il
en
est
de
même
pour
les
indications
et
les
objec-
tifs
de
la
chirurgie
:
restaurer
l’anatomie
et
la
fonction
normale
sans
induction
d’effets
délétères.
Les
avantages
sont
ceux
de
toute
procédure
laparoscopique
:
diminution
de
la
douleur,
de
la
durée
d’hospitalisation,
de
l’invalidité,
récupération
de
l’activité
plus
rapide
et
bénéfice
cosmétique.
En
outre,
l’agrandissement
optique,
les
caméras
hautes
définitions
et
bientôt
la
3D
faci-
litent
la
reconnaissance
et
le
respect
des
structures
anatomiques,
en
particulier
les
nerfs
des
plexus
hypogastriques
lors
de
la
dis-
section
du
rectum.
En
revanche,
la
durée
d’intervention
et
le
coût
sont
majorés [4] surtout
si
une
assistance
robotique
est
réa-
lisée.
L’apprentissage
de
cette
chirurgie
difficile
nécessite
une
expertise
avancée
en
laparoscopie.
Dans
cette
chirurgie
à
visée
fonctionnelle,
en
particulier
chez
les
sujets
jeunes,
la
laparo-
scopie
peut
être
considérée
comme
la
voie
élective
d’autant
qu’aucun
organe
n’est
à
extraire
et
que
le
matériel
prothétique
éventuel
est
d’encombrement
limité.
Comme
en
voie
ouverte,
l’intervention
peut
consister
en
une
rectopexie
isolée,
ou
en
une
rectopexie
associée
à
une
résection
colique.
Les
contre-indications
à
cette
voie
d’abord
sont
celles
de
toute
procédure
laparosco-
pique
auxquelles
s’associent
les
impossibilités
de
l’anesthésie
générale
en
fonction
de
l’âge,
de
l’état
du
patient
et
du
score
ASA.
Chez
l’homme
jeune,
le
risque
de
dysfonctionnement
érec-
tile
par
lésion
nerveuse
incite
à
la
plus
grande
vigilance
et,
pour
certains,
justifierait
de
renoncer
à
cette
voie
d’abord [5].
Les
adhé-
rences
pelviennes
multiples,
qui
limitent
l’accès
au
pelvis
et
diminuent
l’espace
de
travail
en
particulier
chez
l’homme,
sont
des
contre-indications
relatives
qui
entraînent
une
majoration
notable
de
la
durée
opératoire.
Les
cas
de
récidives
de
prolap-
sus
après
une
voie
abdominale
ne
s’opposent
pas
a
priori
à
une
nouvelle
intervention
par
voie
cœlioscopique.
En
revanche,
après
une
voie
basse
(Altemeier
ou
Delorme),
la
plus
grande
prudence
doit
être
observée
pour
éviter
une
plaie
rectale
ou
un
problème
hémorragique.
Préparation
Un
régime
sans
résidus
doit
être
observé
pendant
une
semaine.
La
vacuité
rectale
par
lavements
(Normacol®)
la
veille
et
le
matin
de
l’intervention
est
nécessaire
et
suffisante.
La
vacuité
colique
par
préparation
orale
n’est
pas
justifiée,
même
en
cas
de
colectomie
associée
programmée.
Une
sonde
vésicale
est
sys-
tématiquement
positionnée
au
début
de
l’intervention.
Avant
l’installation,
l’opérateur
doit
s’assurer
que
le
prolapsus
est
réduit.
Anesthésie
Elle
doit
être
générale
en
chirurgie
cœlioscopique
avec
sur-
veillance
de
la
tolérance
du
pneumopéritoine.
Antibiothérapie
Elle
est
systématique
à
titre
prophylactique
avant
toute
implan-
tation
de
prothèse
ou
toute
résection
colique.
Une
céphalosporine
de
deuxième
génération
(céfazoline)
est
administrée
en
intravei-
neux
à
la
dose
de
2
g
lors
de
l’induction
de
l’anesthésie.
Instrumentation
spécifique
L’intervention
nécessite
:
un
moniteur
sur
une
colonne
mobile
;
une
optique
à
30(ou
0selon
l’habitude
de
l’opérateur)
;
un
insufflateur
;
une
source
de
lumière
froide
;
quatre
trocarts
(deux
de
5
mm,
un
de
10
mm
et
un
de
12
mm)
;
deux
pinces
à
préhension
fenêtrées
de
5
mm
;
une
paire
de
ciseaux
dissecteurs
et
coagulateurs
;
un
aspirateur
;
un
porte-aiguille
endoscopique
de
5
mm
;
des
ligatures
ou
une
agrafeuse
(type
Endo-Hernia®et/ou
Takkers®)
;
une
agrafeuse
linéaire
Endo-GIA®60
mm
et
une
agrafeuse
cir-
culaire
en
cas
de
résection
colique
associée
;
une
trousse
de
champage
«
double
voie
»
qui
permet
de
draper
le
malade
en
ménageant
un
accès
périnéal
;
une
table
d’instruments
«
voie
basse
»
avec
le
matériel
d’aide
à
l’exposition
des
organes
pelviens
(lame
vaginale
moyenne,
tampon
monté,
canule
intra-utérine,
bougies
de
Hegar
selon
les
habitudes
des
opérateurs).
Installation
de
l’opéré
(Fig.
2,
3)
Des
bas
de
contention
sont
mis
au
malade
dans
le
service
avant
le
bloc
opératoire
en
prévention
des
thromboses
veineuses.
Le
malade
est
installé
en
position
double
équipe
jambes
écartées
sur
des
appuis.
La
colonne
vidéo
est
positionnée
au
niveau
de
la
jambe
gauche
orientée
vers
l’opérateur
qui
est
à
droite
du
malade.
Le
premier
aide
est
en
face
de
l’opérateur
et
le
deuxième
aide
entre
les
jambes
(Fig.
2).
Certains
opérateurs
préfèrent
se
placer
à
la
gauche
du
patient.
L’exposition
du
pelvis
suppose
de
récliner
les
anses
grêles
en
dehors
du
pelvis
vers
l’étage
abdominal.
Pour
cela,
l’opéré
est
mis
en
position
de
Trendelenburg
prononcée
jusqu’à
20
ou
même
25avec
10de
roulis
vers
la
droite.
On
utilise
une
contention
efficace
par
une
sangle
équipée
de
Velcro®plutôt
que
des
épaulières
protégées
par
des
coussins
de
silicone.
Les
bras
sont
le
long
du
corps
dans
des
champs
roulés.
Création
du
pneumopéritoine
et
disposition
des
trocarts
(Fig.
4)
La
réalisation
du
pneumopéritoine
est
faite
à
l’aiguille
de
Veress
dans
l’hypocondre
gauche.
En
cas
d’antécédents
de
chirurgie
abdominale
ou
à
titre
systématique,
une
technique
open
est
recom-
mandée
au
niveau
de
l’ombilic.
Le
premier
trocart
de
10
mm
est
introduit
au
niveau
de
l’ombilic
pour
l’optique.
Puis,
sous
contrôle
de
la
vue,
on
positionne
les
trois
autres
trocarts.
Un
trocart
de
12
mm
est
placé
en
fosse
iliaque
droite.
Les
deux
trocarts
de
5
mm
sont
implantés
symétriquement
de
part
et
d’autre
de
l’ombilic
3
à
4
cm
plus
bas
au
bord
externe
des
muscles
droits.
Exposition
du
pelvis
(Fig.
5)
La
laparoscopie
apporte,
dans
cette
pathologie,
une
visualisa-
tion
magnifiée
du
bas
rectum.
Le
cul-de-sac
de
Douglas
apparaît
élargi
et
profond
avec
un
épaississement
de
la
séreuse,
se
pro-
longeant
parfois
en
arrière
du
vagin
en
un
pseudodiverticule.
Les
structures
anatomiques
apparaissent
très
précisément,
en
par-
ticulier
les
uretères.
L’exposition
du
pelvis
est
gênée
par
une
longue
boucle
sigmoïdienne
souvent
diverticulaire
prolabée
dans
le
cul-de-sac
de
Douglas
qu’il
faut
récliner
et
par
des
anses
grêles.
En
s’aidant
de
la
position
de
Trendelenburg,
l’opérateur
refoule
l’épiploon
au-dessus
du
foie
puis
les
anses
grêles
au-dessus
du
EMC
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Techniques
chirurgicales
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40-710 Traitement
chirurgical
du
prolapsus
rectal
complet
de
l’adulte
1
2
3
4
5
Figure
2.
Installation
de
l’opérée,
jambes
écartées,
bras
le
long
du
corps,
avec
une
épaulière
et
un
appui
latéral
droit.
1.
Opérateur
;
2.
instrumentiste
;
3.
bistouri
;
4.
aide
;
5.
vidéo.
20°-25°
Figure
3.
Installation
de
l’opérée.
promontoire
et
la
boucle
sigmoïdienne
dans
la
gouttière
parié-
tocolique
gauche.
Le
côlon
a
souvent
tendance
à
retomber
dans
la
cavité
pelvienne
béante.
Il
est
alors
utile
de
le
fixer
avec
un
fil
transpariétal
en
fosse
iliaque
gauche
prenant
une
frange
épiploïque.
En
cas
d’adhérences
sigmoïdopariétales,
il
est
plus
judicieux
de
ne
pas
les
supprimer
et
de
profiter
de
cette
exposition
naturelle.
En
avant,
chez
la
femme
non
hystérectomisée,
on
pro-
cède
à
la
suspension
antérieure
de
l’utérus
par
un
fil
transpariétal
introduit
en
sus-pubien
et
noué
sur
un
bourdonnet.
Plus
que
les
aiguilles
droites,
nous
préférons
les
aiguilles
courbes
de
48
mm
beaucoup
plus
faciles
d’utilisation
pour
transfixier
l’utérus.
Au
cours
de
la
dissection
antérieure
du
rectum,
l’ouverture
de
l’espace
rectovaginal
est
facilitée
par
l’application
d’une
valve
malléable
dans
le
cul-de-sac
vaginal
postérieur.
Les
uretères
sont
facilement
identifiés.
1
2
34
Figure
4.
Disposition
des
trocarts.
Le
premier
trocart
de
10
mm
est
introduit
au
niveau
de
l’ombilic
(1)
pour
l’optique.
Puis,
sous
contrôle
de
la
vue,
on
positionne
les
trois
autres
trocarts.
Un
trocart
de
12
mm
est
placé
en
fosse
iliaque
droite
(2).
Les
deux
trocarts
de
5
mm
sont
implantés
symétriquement
de
part
et
d’autre
de
l’ombilic
(3,
4)
3
à
4
cm
plus
bas
au
bord
externe
des
muscles
droits.
Figure
5.
Début
de
la
douglassectomie.
Dissection
antérieure
et
douglassectomie
(Fig.
6)
La
résection
du
sac
péritonéal
paraît
nécessaire
dans
ce
proces-
sus
de
hernie
par
glissement.
Elle
pourrait
diminuer
la
fréquence
des
récidives
et
facilite
l’exposition
et
l’ouverture
de
l’espace
rec-
tovaginal
ou
rectoprostatique.
L’opérateur
utilise
pour
cela
une
pince
à
préhension
atraumatique
dans
la
main
gauche
et
des
ciseaux
coagulateurs
dans
la
main
droite.
Il
saisit
le
fond
du
cul-de-sac
péritonéal
et
le
rétracte
en
arrière.
L’ouverture
du
péri-
toine
au
ciseau
coagulateur
est
débutée
quelques
centimètres
en
avant
au
niveau
du
cul-de-sac
vaginal
postérieur.
La
dissection
est
plus
facile
latéralement
que
sur
la
ligne
médiane
en
rai-
son
d’adhérences
parfois
hémorragiques.
On
découvre
ainsi
la
4EMC
-
Techniques
chirurgicales
-
Appareil
digestif
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Traitement
chirurgical
du
prolapsus
rectal
complet
de
l’adulte 40-710
Figure
6.
Fin
de
la
douglassectomie.
face
antérieure
de
l’ampoule
rectale.
À
ce
niveau,
le
péritoine
est
épaissi,
d’autant
plus
difficile
à
disséquer
que
le
prolapsus
est
ancien.
Cette
infiltration
des
tissus
à
ce
niveau
constitue
un
lipome
de
glissement
prérectal
qu’il
faut
réséquer.
Les
uretères
sont
visualisés
et
la
limite
de
la
résection
reste
à
distance.
La
séreuse
ayant
été
emportée
et
confiée
pour
examen
anatomo-
pathologique,
la
dissection
antérieure
est
poursuivie
dans
l’espace
rectovaginal
au
contact
même
de
la
paroi
rectale
jusqu’aux
muscles
releveurs.
L’aide
bascule
le
vagin
vers
l’avant
à
l’aide
de
la
valve
malléable
intravaginale
pour
ouvrir
le
plan.
Le
crochet
coagulateur
est
utile
pour
la
dissection
basse
l’espace
de
travail
est
étroit.
Chez
l’homme,
elle
est
menée
en
arrière
de
l’aponévrose
de
Denonvilliers.
Un
contrôle
digital
transanal
permet
de
s’assurer
qu’elle
a
été
poussée
suffisamment
bas.
Dissection
postérieure
La
dissection
postérieure
commence
au
niveau
du
bord
droit
du
promontoire
en
prenant
garde
de
ne
pas
léser
le
plexus
hypogas-
trique
droit.
Tandis
que
l’assistant
fait
une
traction
vers
l’avant
de
la
charnière
rectosigmoïdienne
à
l’aide
d’une
pince
à
préhension,
le
péritoine
est
ouvert
aux
ciseaux
ou
au
crochet
coagulateur
en
suivant
la
concavité
sacrée
sur
une
dizaine
de
centimètres
jusqu’à
rejoindre
la
zone
de
douglassectomie.
Il
est
préférable
d’éviter
les
coagulations
et
de
refouler
délicatement
et
sous
contrôle
de
la
vue
la
totalité
du
mésorectum
vers
l’avant
en
respectant
le
fascia
recti.
La
progression
vers
le
bas
se
fait
d’abord
sur
la
ligne
médiane
dans
le
feutrage
avasculaire
jusqu’au
plancher
pelvien.
Elle
est
facilitée
par
le
bistouri
Ligasure®dont
l’extrémité
mousse
permet
de
refou-
ler
efficacement
le
mésorectum
sans
le
léser.
Au
niveau
de
S4,
il
faut
sectionner
un
fascia
rectosacré
dense
pour
accéder
au
plan-
cher
pelvien.
Une
fois
le
plancher
atteint,
la
dissection
est
étendue
latéralement
en
arrière
des
expansions
latérales
du
mésorectum
qui
doivent
être
respectées.
L’aide
peut
alors
introduire
sa
pince
dans
l’espace
rétrorectal
et
favoriser
un
«
effet
tente
»
pour
que
l’opérateur
travaille
à
deux
mains.
L’espace
de
travail,
à
ce
niveau,
est
parfois
insuffisant
pour
que
les
instruments
ne
se
croisent
pas.
Il
est
alors
possible
d’utiliser
une
bougie
de
Hegar
pour
orienter
le
bas
rectum
dans
le
sens
opposé
à
la
zone
de
dissection.
Cet
arti-
fice
permet
une
dissection
fine
de
la
face
postérieure
des
ligaments
rectaux
à
leur
partie
la
plus
basse.
La
vision
cœlioscopique
facilite
ce
temps.
Péritonisation
(Fig.
7)
Elle
est
réalisée
systématiquement
quelle
que
soit
la
technique.
La
douglassectomie
et
la
mobilisation
rectale
vers
le
haut
créent
une
solution
de
continuité
du
péritoine
pelvien.
Afin
d’éviter
qu’une
anse
grêle
ne
s’incarcère
dans
l’espace
pelvien
au
contact
d’une
bandelette,
il
faut
péritoniser
cette
zone
par
un
surjet
de
fil
à
résorption
lente
3/0
avec
une
aiguille
de
22
mm.
La
Figure
7.
Péritonisation.
suture
est
réalisée
de
droite
à
gauche
en
utilisant
l’excédent
de
péritoine.
La
dépéritonisation
du
promontoire
est
également
faci-
lement
refermée
en
veillant
à
ce
que
le
matériel
prothétique
soit
bien
recouvert.
Certains
opérateurs
péritonisent
le
pelvis
à
l’aide
d’agrafes
de
type
Endo-Hernia®ou
alors
en
utilisant
un
fil
cranté
de
type
V-LocTM.
Le
côlon
sigmoïde
est
libéré
en
fin
d’intervention
et
disposé
harmonieusement
dans
la
cavité
pelvienne.
L’utérus
est
relâché
et
l’hémostase
des
points
transfixiants
est
vérifiée.
Le
grand
épiploon,
transposé
en
arrière
par
voie
gauche,
aide
à
combler
partiellement
la
cavité
pelvienne.
Un
drainage
aspiratif
par
tube
de
Redon
dans
la
cavité
sacrée
extériorisé
par
voie
sous-
péritonéale
gauche
est
parfois
utilisé
pendant
les
24
premières
heures.
Soins
postopératoires
La
sonde
nasogastrique
systématique
est
proscrite,
même
après
résection
colique,
en
vertu
de
l’application
d’un
protocole
de
réha-
bilitation
précoce.
La
reprise
des
boissons
puis
de
l’alimentation
est
possible
dès
le
premier
jour
postopératoire
en
l’absence
de
nau-
sée
et
de
vomissement
sans
attendre
le
transit
gazeux.
La
survenue
de
la
première
selle
est
souvent
tardive
nécessitant
le
recours
aux
laxatifs
osmotiques.
Rectopexie
exclusivement
antérieure
:
technique
de
d’Hoore
Cette
opération
est
de
plus
en
plus
réalisée
actuellement
et
semble
s’imposer
comme
l’intervention
permettant
d’obtenir
une
bonne
efficacité
en
termes
de
récidive
avec
un
taux
faible
de
constipation
induite [6,
7].
Dissection
antérieure
(Fig.
8)
L’originalité
de
ce
procédé
est
de
limiter
la
dissection
pelvienne
à
la
face
antérieure
du
rectum
avec
rectopexie
prothétique
sans
mobilisation
postérieure.
Selon
l’auteur,
la
dissection
postérieure
comporterait
des
risques
de
saignements
présacrés,
de
lésions
des
plexus
nerveux
et
de
dénervation
rectale
potentiellement
respon-
sables
d’une
constipation
sévère.
Aucune
dissection
postérieure
du
rectum
n’est
réalisée
et
chez
la
femme,
le
cul-de-sac
vaginal
postérieur
est
fixé
sur
la
bandelette
de
fac¸on
à
refermer
la
cloi-
son
rectovaginale
et
à
prévenir
la
survenue
d’une
entérocèle.
Une
fois
la
dissection
de
la
cloison
rectovaginale
réalisée
suffisamment
bas,
le
site
d’implantation
proximale
de
la
bandelette
au
niveau
du
promontoire
est
préparé.
Il
faut
bien
visualiser
la
zone
pour
ne
pas
blesser
les
éléments
vasculonerveux.
Pour
cela,
on
incise
le
péri-
toine
sous
la
bifurcation
des
artères
iliaques
sur
3
cm
et
on
récline
les
tissus
cellulograisseux
de
manière
à
voir
le
ligament
vertébral
EMC
-
Techniques
chirurgicales
-
Appareil
digestif 5
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