40-572
Traitement
chirurgical
des
cancers
du
côlon
gauche
I.
Pirlet,
N.
Mercier,
J.-M.
Fabre
La
chirurgie
cœlioscopique
des
cancers
coliques
n’obère
pas
les
résultats
dès
lors
qu’elle
est
pratiquée
par
des
chirurgiens
ayant
la
maîtrise
technique
et
pour
des
tumeurs
non
localement
évoluées.
Elle
a
permis
de
réduire
les
durées
de
séjour
et
d’améliorer
le
confort
postopératoire
du
patient,
surtout
si
elle
est
asso-
ciée
à
des
programmes
de
réhabilitation
rapide
et
possiblement
de
réduire
l’incidence
des
complications
pariétales
et
des
adhérences
abdominales.
En
dehors
de
l’urgence,
le
traitement
chirurgical
d’un
cancer
du
côlon
gauche
est
indiqué
à
l’issue
d’un
bilan
d’extension
complet
comportant
une
coloscopie
diag-
nostique,
un
scanner
thoraco-abdomino-pelvien
préférable
à
l’échographie
hépatique
avec
radiographie
du
thorax.
La
résection
carcinologique
par
laparoscopie
ou
laparotomie
emporte
un
segment
colique
passant
au
minimum
à
5
cm
en
aval
et
en
amont
de
la
tumeur,
la
totalité
du
mésocôlon
en
regard
avec
une
ligature
proximale
des
vaisseaux
permettant
une
lymphadénectomie
adaptée.
L’examen
d’au
moins
12
ganglions
régionaux
est
recommandé.
Lorsque
la
tumeur
dépasse
la
séreuse
colique
(T4)
et
envahit
un
organe
adjacent,
il
est
recommandé
de
pratiquer
une
exérèse
en
«monobloc
».
L’approche
cœliosco-
pique
n’est
pas
recommandée
en
chirurgie
d’urgence
pour
perforation
ou
occlusion
sur
cancer
colique,
pour
des
tumeurs
localement
évoluées
(T4).
La
prescription
d’une
immunonutrition
préopératoire
de
5
à
7
jours
est
recommandée
chez
tous
les
patients
en
cas
de
chirurgie
digestive
carcinologique
majeure.
Elle
doit
être
poursuivie
en
postopératoire
chez
les
patients
dénutris
en
préopératoire
pendant
1
semaine
ou
jusqu’à
reprise
d’une
alimentation
orale
assurant
au
moins
60
%
des
besoins
nutritionnels.
©
2013
Elsevier
Masson
SAS.
Tous
droits
réservés.
Mots-clés
:
Cancer
colique
gauche
;
Colectomie
par
laparoscopie
;
Colectomie
par
laparotomie
Plan
Introduction
1
Principes
opératoires
2
Résultats
de
la
chirurgie
2
Morbimortalité
après
chirurgie
ouverte
et
laparoscopique
2
Contre-indications
à
l’abord
laparoscopique
et
conversion
2
Préparation
du
patient
3
Préparation
colique
3
Antibioprophylaxie
3
Immunonutrition
préopératoire
3
Prévention
thromboembolique
3
Colectomie
gauche
par
voie
laparoscopique
3
Installation
du
patient,
conditionnement,
position
des
trocarts
3
Temps
opératoires
4
Colectomie
gauche
par
laparotomie
7
Situations
particulières
7
Cancer
occlusif
du
côlon
gauche
7
Cancer
perforé
du
côlon
gauche
8
Cancer
angulaire
gauche
8
Colectomie
pour
polype
dégénéré
après
polypectomie
endoscopique
9
Introduction
Les
premières
descriptions
de
colectomie
cœlioscopique
pour
cancer
remontent
au
début
des
années
1990 [1,
2].
À
partir
de
1994,
plusieurs
essais
internationaux
randomisés
ont
été
initiés
:
le
Conventional
versus
Laparoscopic-Assisted
Surgery
in
Patients
with
Colorectal
Cancer
(CLASICC)
trial
en
Angleterre,
l’essai
euro-
péen
Colon
Cancer
Laparoscopic
or
Open
Resection
(COLOR)
et
le
Clinical
Outcomes
of
Surgical
Therapy
(COST)
trial
aux
États-Unis.
La
faisabilité
technique
et
le
respect
des
impératifs
carcinologiques
ont
été
démontrés
au
travers
des
premières
publi-
cations [3–6].
Au
début
des
années
2000,
les
résultats
préliminaires
des
essais
COLOR
et
COST
montraient
qu’il
n’y
avait
aucune
différence
entre
colectomie
cœlioscopique
et
colectomie
conven-
tionnelle
concernant
les
impératifs
carcinologiques
(longueur
de
pièce,
nombre
de
ganglions
examinés,
marge
de
résection),
avec
des
avantages
en
faveur
de
la
cœlioscopie
en
termes
de
réduction
du
temps
de
séjour,
de
diminution
de
consomma-
tion
d’antalgiques,
de
reprise
alimentaire
et
de
récupération
plus
rapide [7–9].
Le
temps
opératoire
moyen
restait
significativement
plus
long
en
cœlioscopie.
En
2005,
l’essai
CLASICC
retrouvait
uniquement
un
bénéfice
pour
la
cœlioscopie
dans
la
réduction
du
temps
de
séjour
au
détriment
d’un
allongement
du
temps
opératoire.
La
mortalité
EMC
-
Techniques
chirurgicales
-
Appareil
digestif 1
Volume
8
>
n4
>
novembre
2013
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0424(13)59220-X
© 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 04/12/2013 par UNIVERSITE PARIS DIDEROT UP7 (81953)
40-572 Traitement
chirurgical
des
cancers
du
côlon
gauche
et
la
morbidité
postopératoires
étaient
équivalentes
entre
les
deux
techniques [10].
L’essai
COLOR
en
2005
montrait
une
récupération
plus
rapide
des
fonctions
digestives
grâce
à
la
laparoscopie [11].
De
nombreuses
méta-analyses [12,
13] ont
confirmé
:
l’absence
de
différence
entre
colectomie
laparoscopique
ou
par
laparotomie
pour
la
morbimortalité
postopératoire,
pour
les
critères
d’une
exérèse
carcinologique
;
les
avantages
de
la
chirurgie
par
laparoscopie
au
regard
de
la
récupération
plus
rapide,
d’une
moindre
consommation
d’antalgiques,
de
la
réduction
du
temps
de
séjour
;
des
temps
opératoires
moyens
plus
longs
pour
la
colectomie
par
laparoscopie,
surtout
en
début
d’expérience.
En
2005,
la
base
de
données
Cochrane
concluait
que
«
la
colec-
tomie
laparoscopique
présentait
des
avantages
réels
chez
des
patients
sélectionnés
et
que
si
les
résultats
à
long
terme
étaient
équivalents
à
ceux
de
la
chirurgie
conventionnelle,
la
voie
d’abord
laparoscopique
devrait
être
préférée
»[14].
En
2008,
la
Cochrane
database
a
rapporté
ces
résultats
à
long
terme
par
l’analyse
de
12
essais
randomisés
incluant
3346
patients.
Il
n’y
avait
aucune
différence
significative
entre
cœlioscopie
et
chirurgie
ouverte
pour
les
paramètres
suivants
:
taux
de
récidive
tumorale
locale
(5,2
versus
5,6
%)
;
taux
de
survenue
de
métastase
à
distance
(11,3
versus
13,6
%)
;
taux
de
mortalité
liée
à
l’évolution
tumorale
(14,6
versus
16,4
%)
;
taux
global
de
mortalité
(20,4
%
versus
23,6
%)
;
taux
d’éventration
(7,99
%
versus
10,9
%)
;
taux
de
reprise
opératoire
pour
éventration
(4
%
versus
2,8
%)
;
taux
de
reprise
opératoire
pour
brides
(1,1
versus
2,5
%) [15].
Les
résultats
de
l’essai
CLASICC
ont
été
publiés
en
2007
puis
2010
avec
un
suivi
médian
de
cinq
ans
pour
tous
les
patients.
Il
n’y
avait
aucune
différence
significative
pour
la
survie
globale
à
5
ans
(55,7
%
pour
la
cœlioscopie
versus
62,7
%
pour
la
chirurgie
ouverte),
la
survie
sans
récidive
(64
%
versus
57,6
%),
le
taux
de
récidive
locale
et
à
distance,
le
taux
de
greffe
pariétale.
L’étude
de
qualité
de
vie
ne
montrait
pas
de
différence
majeure
entre
les
deux
techniques [16,
17].
Parallèlement,
les
résultats
de
l’essai
COST
ont
été
publiés
en
2004
et
2007
avec
un
suivi
médian
de
7
ans,
rapportant
aucune
différence
entre
les
deux
techniques
pour
la
survie
globale
(76,4
%
en
cœlioscopie
versus
74,6
%
en
ouvert),
la
sur-
vie
sans
récidive
(69,2
%
versus
68,4
%),
le
taux
de
récidive
(19,4
%
versus
21,8
%) [18,
19].
Cette
essai
affirme
à
nouveau
la
«
non-infériorité
de
la
chirurgie
cœlioscopique
»
par
rapport
à
la
chirurgie
conventionnelle
dans
le
traitement
curatif
des
cancers
coliques.
En
2009,
les
résultats
à
long
terme
de
l’essai
COLOR
sont
publiés
avec
un
suivi
médian
de
53
mois,
avec
une
survie
globale
et
sans
récidive
à
trois
ans
de
81,8
et
74,2
%
pour
la
colectomie
laparo-
scopique
versus
84,2
et
76,2
%
par
voie
conventionnelle [20].
Seuls
Lacy
et
al.
ont
rapporté,
en
2002
puis
2008
(suivi
médian
de
95
mois),
une
amélioration
de
survie
globale
pour
les
patients
opérés
sous
cœlioscopie.
L’analyse
multivariée
identi-
fie
deux
paramètres
indépendants
influenc¸ant
significativement
la
survie
globale
(la
présence
d’une
extension
ganglionnaire
et
le
type
de
technique
opératoire).
Même
tendance
si
l’on
considère
la
survie
spécifique
avec,
en
analyse
multivariée,
trois
paramètres
indépendants
(N+,
technique
opératoire
et
taux
d’antigène
carcinoembryonnaire
[ACE]
préopératoire
>
2,8).
Une
nouvelle
fois,
seuls
les
patients
atteints
de
tumeurs
stade
III
ont
une
amélioration
significative
de
survie
lorsqu’ils
sont
opérés
par
cœlioscopie.
L’explication
pourrait
résider
dans
la
préservation
de
l’immunité
cellulaire,
l’atténuation
de
la
réponse
inflammatoire
postopératoire,
la
manipulation
tumo-
rale
minimale
et
le
taux
plus
faible
de
complications
sous
cœlioscopie [21,
22].
Ainsi,
la
chirurgie
cœlioscopique
des
cancers
coliques
n’obère
pas
les
résultats
dès
lors
qu’elle
est
pratiquée
par
des
chirurgiens
ayant
la
maîtrise
technique
et
pour
des
tumeurs
non
locale-
ment
évoluées.
Elle
a
permis
de
réduire
les
durées
de
séjour
et
d’améliorer
le
confort
postopératoire
du
patient,
surtout
si
elle
est
associée
à
des
programmes
de
réhabilitation
rapide
et
de
réduire
l’incidence
des
complications
pariétales
et
des
d’adhérences
abdo-
minales [23].
Ainsi,
si
la
colectomie
par
laparoscopie
est
progressivement
devenue
la
technique
de
référence,
la
colectomie
par
laparotomie
dite
«
par
voie
conventionnelle
»
n’en
demeure
pas
moins
une
alternative
justifiée
pour
les
chirurgiens
ne
maîtrisant
pas
suffi-
samment
la
technique
laparoscopique.
Principes
opératoires
En
dehors
de
l’urgence,
le
traitement
chirurgical
d’un
cancer
du
côlon
gauche
est
indiqué
à
l’issue
d’un
bilan
d’extension
complet
comportant
une
coloscopie
diagnostique,
un
scanner
thoraco-abdomino-pelvien
préférable
à
l’échographie
hépatique
avec
radiographie
du
thorax.
En
chirurgie
laparoscopique,
du
fait
de
la
perte
de
palpation
manuelle,
il
est
capital
de
connaître
le
plus
précisément
possible
la
topographie
de
la
tumeur
;
tout
par-
ticulièrement
lorsque
la
tumeur
est
de
petite
taille,
n’entraînant
aucune
rétraction
séreuse,
ou
en
cas
de
polype
dégénéré
parfois
initialement
traité
par
polypectomie
endoscopique.
Le
marquage
de
la
zone
de
polypectomie
par
des
clips
ou
son
tatouage
peut
améliorer
le
repérage
de
la
cible
au
même
titre
que
l’utilisation
d’une
endoscopie
peropératoire.
La
distance
entre
la
tumeur
et
la
marge
anale
mesurée
lors
de
la
coloscopie
n’est
pas
toujours
le
reflet
de
la
réalité
anatomique.
Il
faut
être
vigilant
pour
les
tumeurs
situées
aux
deux
extrêmes
:
angle
colique
gauche
et
charnière
rec-
tosigmoïdienne,
et
ne
pas
hésiter
à
faire
un
coloscanner
pour
un
repérage
plus
précis.
Dans
tous
les
cas,
il
faut
garder
pour
prin-
cipe
d’ouvrir
la
pièce
opératoire
pour
s’assurer
de
la
présence
de
la
tumeur
et
pour
évaluer
les
marges.
La
résection
carcinologique
emporte
un
segment
colique
pas-
sant
au
minimum
à
5
cm
en
aval
et
en
amont
de
la
tumeur,
la
totalité
du
mésocôlon
en
regard
avec
une
ligature
proximale
des
vaisseaux
permettant
une
lymphadénectomie
adaptée.
L’examen
d’au
moins
12
ganglions
régionaux
est
recommandé.
L’isolement
de
la
tumeur
par
une
double
ligature
d’exclusion
(no
touch),
la
ligature
première
des
vaisseaux
ne
sont
plus
justifiés.
Lorsque
la
tumeur
dépasse
la
séreuse
colique
(T4)
et
envahit
un
organe
adjacent
(uretère,
péritoine
pariétal,
anses
grêles,
duodé-
num,
pancréas),
il
est
recommandé
de
pratiquer
une
exérèse
en
«
monobloc
»
et
surtout
de
ne
pas
séparer
l’organe
envahi
de
la
tumeur
colique
initiale
au
risque
de
contaminer
la
cavité
abdomi-
nale
par
les
cellules
tumorales
et
de
favoriser
le
développement
d’une
carcinose
péritonéale.
Pour
les
tumeurs
de
la
charnière
rectosigmoïdienne,
la
section
d’aval
porte
sur
le
rectum
sus-péritonéal,
à
5
cm
sous
la
tumeur.
La
dissection
rectale
postérieure
passe
entre
le
fascia
pelvi
et
recti
permettant
l’exérèse
partielle
supérieure
du
mésorectum.
Résultats
de
la
chirurgie
Morbimortalité
après
chirurgie
ouverte
et
laparoscopique
La
mortalité
postopératoire
(j0
à
j30)
est
équivalente
après
colec-
tomie
par
laparotomie
ou
laparoscopie.
Une
publication
récente
à
partir
de
la
base
de
données
franc¸aise
(Programme
de
médicalisa-
tion
des
systèmes
d’information
[PMSI])
a
montré
une
réduction
significative
de
la
mortalité
postopératoire
après
colectomie
lapa-
roscopique
pour
cancer [24].
Plusieurs
études
randomisées
et
méta-analyses
ont
démontré
une
réduction
de
la
morbidité
postopératoire
globale
en
faveur
de
la
laparoscopie [25].
Il
n’y
a
cependant
pas
de
différence
démontrée
concernant
les
complications
générales
(infections
pulmonaires
ou
urinaires,
complications
cardiaques
et
thromboses
veineuses
profondes)
ou
la
survenue
des
fistules
anastomotiques.
Certains
auteurs
ont
au
contraire
rapporté
un
risque
accru
de
complication
peropératoire
lors
des
colectomies
cœlioscopiques,
et
en
particu-
lier
la
survenue
de
plaies
intestinales [26].
Contre-indications
à
l’abord
laparoscopique
et
conversion
Les
antécédents
cardiorespiratoires
ne
représentent
plus
des
contre-indications
absolues.
Les
conséquences
du
2EMC
-
Techniques
chirurgicales
-
Appareil
digestif
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Traitement
chirurgical
des
cancers
du
côlon
gauche 40-572
pneumopéritoine
(hypercapnie,
réduction
du
retour
veineux,
diminution
de
la
compliance
pulmonaire)
peuvent
pour
la
plu-
part
être
compensées
par
des
mesures
anesthésiques
simples,
par
la
réduction
de
la
pression
intra-abdominale
sous
12
mmHg [27].
Il
a
été
montré
que
la
colectomie
pour
cancer
sous
laparoscopie
ne
majorait
pas
la
morbimortalité
postopératoire
chez
des
patients
American
Society
of
Anesthesiologists
(ASA)
III
et
IV [28].
L’âge
du
patient
n’influence
pas
le
choix
de
la
voie
d’abord.
La
mortalité
et
la
morbidité
sont
majorées
chez
les
patients
de
plus
de
70
ans,
mais
indépendamment
de
la
voie
d’abord
choisie [29].
L’obésité
majore
le
risque
de
complications
postopératoires,
quelle
que
soit
la
voie
d’abord
choisie.
Elle
n’est
pas
une
contre-
indication
à
la
laparoscopie
mais
le
risque
de
conversion
du
fait
de
difficultés
techniques
de
dissection
ou
de
difficultés
ventilatoires
est
plus
important
pour
un
body
mass
index
(BMI)
supérieur
à
30.
L’approche
cœlioscopique
n’est
pas
recommandée
en
chirurgie
d’urgence
pour
perforation
ou
occlusion
sur
cancer
colique,
pour
des
tumeurs
localement
évoluées
(T4).
Les
antécédents
opératoires,
même
ceux
effectués
par
laparo-
tomie,
n’empêchent
pas
une
approche
laparoscopique
mais
ils
imposent
souvent
un
temps
d’adhésiolyse
préliminaire.
Les
principales
causes
de
conversion
rapportées
dans
la
lit-
térature
sont
les
mauvaises
conditions
opératoires
(obésité,
antécédents
chirurgicaux,
hémorragies),
la
sous-estimation
du
volume
tumoral
ou
son
absence
de
repérage.
Le
taux
de
conver-
sion
en
fonction
des
séries
et
de
leur
expertise
varie
entre
5
et
20
%.
Préparation
du
patient
Préparation
colique
La
préparation
mécanique
du
côlon
est
restée
une
pratique
cou-
rante,
voire
incontournable
pendant
plusieurs
décennies,
basée
sur
le
principe
de
la
limitation
de
la
contamination
peropéra-
toire
par
le
contenu
intestinal
et
de
ce
fait
la
réduction
du
risque
de
complications
infectieuses
anastomotiques
ou
pariétales.
Tra-
ditionnellement,
cette
préparation
était
réalisée
par
ingestion
de
laxatifs
osmotiques
de
type
polyéthylène
glycol
(PEG)
ou
de
phosphate
de
sodium [30,
31].
Le
phosphate
de
sodium
est
mieux
toléré
par
le
patient
mais
serait
à
l’origine
de
troubles
électro-
lytiques [32,
33].
Un
essai
franc¸ais
a
également
démontré
qu’une
préparation
par
un
sennoside
associée
à
un
lavement
à
la
povi-
done
iodée
diluée
à
5
%
pouvait
donner
un
meilleur
résultat
en
termes
de
propreté
du
côlon
que
le
PEG,
ainsi
qu’une
meilleure
tolérance
en
cas
de
sténose
colique [34].
Cependant,
l’intérêt
de
cette
préparation
colique
est
très
cri-
tiqué.
Les
recommandations
de
la
Société
franc¸aise
de
chirurgie
digestive
(SFCD)
publiées
en
2005 [35] sur
les
soins
périopératoires
préconisent
l’absence
de
préparation
colique
mécanique
systé-
matique
par
PEG
avant
chirurgie
colorectale
élective
(grade
A).
Plusieurs
études
randomisées [36–40] ainsi
qu’une
récente
méta-
analyse [41] ont
démontré
l’inutilité,
voire
le
caractère
délétère
de
cette
préparation
mécanique
du
côlon
sur
la
réduction
des
fistules
anastomotiques
ou
des
complications
infectieuses
pariétales,
quel
que
soit
le
type
de
préparation
utilisé.
Antibioprophylaxie
La
chirurgie
colique
correspond
à
une
chirurgie
propre
(classe
1
d’Altemeier)
en
l’absence
d’ouverture
du
côlon,
ou
le
plus
sou-
vent
à
une
chirurgie
contaminée
(classe
2
d’Altemeier)
si
le
côlon
est
ouvert
en
peropératoire.
L’antibioprophylaxie
s’applique
donc
pour
toute
colectomie.
Elle
a
pour
but
de
limiter
la
prolifération
bactérienne
et
le
risque
d’infection
du
site
opératoire [42] et
doit
être
administrée
30
minutes
avant
le
début
de
l’intervention
et
doit
être
répétée
toutes
les
2
heures
pendant
l’intervention.
En
France,
les
recommandations
de
la
Société
franc¸aise
d’anesthésie
et
de
réanimation
(SFAR)
ont
été
actualisées
en
2010
et
préco-
nisent
le
schéma
suivant
pour
la
chirurgie
colorectale
:
céfoxitine
2
g
en
intraveineuse
lente,
dose
unique
(si
durée
>
à
2
h,
réin-
jecter
1
g),
aminopénicilline
+
inhibiteur
de
bêtalactamases
2
g
en
intraveineuse
lente,
dose
unique
(si
durée
>
à
2
h,
réinjecter
1
g)
ou
en
cas
d’allergie
:
imidazolé
+
gentamicine
1
g
(perfusion)
5
mg/kg/j,
dose
unique.
Immunonutrition
préopératoire
La
présence
d’une
pathologie
cancéreuse
constitue
un
fac-
teur
de
risque
de
dénutrition.
La
présence
d’une
dénutrition
préopératoire
constitue
un
facteur
de
risque
indépendant
de
morbimortalité
postopératoire
dans
la
chirurgie
carcinologique
colique [43].
Son
dépistage,
son
évaluation
et
un
support
nutri-
tionnel
thérapeutique
adapté
peuvent
permettre
de
réduire
ce
risque
de
complications [44].
L’immunonutrition
ou
pharmaconu-
trition
consiste
à
utiliser
des
substrats
non
pas
uniquement
pour
leurs
propriétés
nutritionnelles
mais
pour
leur
fonction
dans
la
réponse
à
l’inflammation,
l’immunité
systémique
ou
locale
(cellu-
laire
ou
humorale),
la
cicatrisation,
les
synthèses
endocriniennes.
Les
produits
le
plus
souvent
étudiés
contiennent
une
association
d’arginine,
de
glutamine,
d’acides
gras
polyinsaturés,
oméga-3,
de
nucléotides
et
de
micronutriments
antioxydants
(vitamine
E,
vitamine
C,
bêtacarotène,
zinc
et
sélénium).
La
prescription
d’une
immunonutrition
préopératoire
de
5
à
7
jours
est
recommandée
chez
tous
les
patients
en
cas
de
chi-
rurgie
digestive
carcinologique
majeure
(grade
A),
par
voie
orale
si
possible
ou
par
voie
entérale
(sonde
nasojéjunale)
en
cas
d’impossibilité [45].
Elle
doit
être
poursuivie
en
postopératoire
chez
les
patients
dénutris
en
préopératoire
pendant
1
semaine
ou
jusqu’à
reprise
d’une
alimentation
orale
assurant
au
moins
60
%
des
besoins
nutritionnels
(grade
A).
Les
études
ont
montré
une
diminution
des
complications
infec-
tieuses
postopératoires
et
de
la
durée
de
séjour
principalement,
et
secondairement
de
la
mortalité
dans
certains
sous-groupes
de
patients.
Prévention
thromboembolique
Elle
doit
prendre
en
compte
le
risque
lié
à
l’intervention
chirur-
gicale
en
elle-même
:
la
chirurgie
colique
est
considérée
comme
une
chirurgie
abdominale
majeure,
a
fortiori
lorsqu’il
s’agit
d’une
lésion
néoplasique.
Elle
doit
également
prendre
en
compte
le
risque
lié
au
patient
:
obésité,
âge,
antécédents
personnels.
Le
cumul
du
risque
chirurgical
et
lié
au
patient
permet
d’en
déduire
le
risque
global.
En
l’absence
de
prévention
adaptée,
le
risque
thromboem-
bolique
est
évalué
à
35
%
en
chirurgie
colorectale,
avec
3
%
d’embolies
pulmonaires
mortelles.
La
chirurgie
de
résection
colique
pour
cancer
est
considérée
comme
une
chirurgie
abdominale
majeure
associée
à
un
risque
thromboembolique
élevé
nécessitant
la
mise
en
place
de
bas
anti-
thrombotiques
et
l’injection
d’héparine
de
bas
poids
moléculaire
à
doses
élevées
en
l’absence
d’insuffisance
rénale.
Il
s’agit
d’une
recommandation
de
grade
A
de
la
SFAR.
En
ce
qui
concerne
la
prévention
mécanique,
elle
peut
être
réalisée
à
l’aide
de
bas
de
contention
ou
d’une
contention
pneumatique
intermittente
(CPI).
La
CPI
n’a
pas
fait
la
preuve
de
son
efficacité
dans
ce
type
de
chirurgie
(recommandations
de
la
SFAR
en
2005).
En
cas
de
chirurgie
abdominale
majeure
carcinologique,
la
pro-
longation
de
la
prophylaxie
à
1
mois
postopératoire
permet
de
réduire
de
50
%
les
thromboses
paracliniques
sans
augmentation
du
risque
hémorragique.
Colectomie
gauche
par
voie
laparoscopique
Installation
du
patient,
conditionnement,
position
des
trocarts
L’installation
du
patient
et
de
l’équipe
chirurgicale
est
repro-
duite
sur
la
Figure
1.
La
position
du
patient
est
en
décubitus
dorsal,
jambes
écartées
légèrement
fléchies,
bras
droit
le
long
du
corps.
EMC
-
Techniques
chirurgicales
-
Appareil
digestif 3
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40-572 Traitement
chirurgical
des
cancers
du
côlon
gauche
413
5
2
a
b
c
Figure
1.
Position
de
l’équipe
et
des
trocarts.
a.
Assistant
;
b.
opérateur
;
c.
instrumentiste
;
1.
T1
:
10
mm
;
2.
T2
:
5
mm
3.
T3
:
5
mm
;
4.
T4
:
5
mm
;
5.
T5
:
12
mm.
Les
mouvements
de
la
table
opératoire
en
position
dite
«
de
Tren-
delenburg
»
et
en
rotation
latérale
sont
testés
avant
«
champage
»
pour
vérifier
l’absence
de
phénomène
de
glissement
du
patient.
À
cet
effet,
il
est
préconisé
d’utiliser
soit
des
épaulières
protégées
pour
éviter
des
points
de
compression,
soit
un
sanglage
en
croix
du
patient
à
la
table
opératoire.
Le
drapage
du
patient
sépare
la
région
abdominale
de
la
région
périnéale
qui
reste
accessible
pour
une
anastomose
par
voie
transanale.
La
mise
en
place
d’une
sonde
nasogastrique
et
d’un
sondage
vésical
n’est
pas
systématique.
Temps
opératoires
Création
du
pneumopéritoine
La
technique
recommandée
est
celle
de
l’open
cœlioscopie
latéro-ombilicale
droite
en
raison
de
son
caractère
sécuritaire.
L’utilisation
de
l’aiguille
de
Vérès
est
possible
chez
les
patients
sans
antécédents
chirurgicaux.
L’insufflation
se
fait
ensuite
progressi-
vement
jusqu’à
atteindre
une
pression
de
12
mm
de
mercure.
Le
premier
temps
opératoire
doit
consister
en
une
exploration
de
la
cavité
abdominale
à
la
recherche
d’une
contre-indication
au
geste
opératoire
et/ou
d’une
extension
locorégionale
ou
à
distance
de
la
pathologie
néoplasique
:
recherche
de
carcinose
péritonéale,
de
lésions
hépatiques,
repérage
de
la
lésion
néoplasique
colique.
L’exploration
permet
d’apprécier
le
caractère
fixé
de
la
lésion
ainsi
que
son
volume
et
l’envahissement
potentiel
des
plans
adjacents.
Position
des
trocarts
(Fig.
1)
En
règle
générale,
nous
utilisons
cinq
trocarts
:
un
de
10
mm
(T1)
situé
à
l’ombilic
ou
légèrement
décalé
en
paraombilical
droit,
pour
l’optique
de
0ou
de
30selon
les
préférences
;
trois
trocarts
de
5
mm
pour
les
instruments
opérateurs
(pince
de
préhension
atraumatique,
ciseau
monopolaire,
crochet,
dis-
secteur
ultrasonique,
applicateur
de
clips),
situés
en
sus-pubien
(T2),
à
l’hypocondre
gauche
(T3)
et
dans
le
flanc
droit
(T4)
;
un
trocart
de
12
mm
en
fosse
iliaque
droite
(T5)
à
distance
de
l’épine
iliaque,
pour
l’agrafeuse
linéaire.
Figure
2.
Exposition
de
la
veine
mésentérique
inférieure.
Figure
3.
Incision
du
péritoine
pariétal
postérieur.
Mobilisation
de
l’angle
gauche
Elle
doit
être
effectuée
de
fac¸on
systématique
afin
de
réaliser
une
anastomose
sans
tension
après
exérèse
de
la
pièce
opératoire.
La
mobilisation
doit
être
complète
et
réalisée
dans
le
premier
temps
afin
de
limiter
la
taille
de
la
laparotomie
en
cas
de
conver-
sion.
Une
fois
l’intestin
grêle
refoulé
dans
le
flanc
droit
grâce
au
roulis
latéral
de
la
table
opératoire,
l’angle
duodénojéjunal
est
exposé
ainsi
que
la
veine
mésentérique
inférieure
(Fig.
2).
Pour
ce
faire,
la
pince
en
T3
attire
vers
le
haut
le
mésocôlon
trans-
verse
gauche
et
celle
en
T2
met
en
tension
le
mésocôlon
gauche
vers
le
bas.
Le
péritoine
pariétal
postérieur
est
incisé
en
arrière
de
la
veine
mésentérique
initiant
la
dissection
postérieure
et
cen-
trifuge
de
l’angle
gauche
dans
le
plan
de
décollement
du
fascia
de
Toldt
gauche,
laissant
en
arrière
le
pédicule
génital
et
l’uretère
gauche
(Fig.
3,
4).
Cette
dissection
est
menée
le
plus
loin
possible
sous
cette
tente
mésocolique
jusqu’à
atteindre
la
gouttière
pariétocolique
gauche
et
le
pôle
inférieur
de
la
rate.
La
veine
mésentérique
inférieure
est
contrôlée
au
bord
inférieur
du
pancréas
par
la
mise
en
place
de
clips
(Fig.
5)
ou
par
coagulation-section
à
l’aide
d’un
bistouri
ultrasonique,
suivie
par
l’abaissement
de
la
racine
du
mésocôlon
transverse
gauche
au
bord
inférieur
du
pancréas.
Le
côlon
peut
ensuite
être
récliné
vers
la
ligne
médiane
met-
tant
en
tension
le
ligament
colopariétal
qui
est
incisé
de
bas
en
haut
(Fig.
6,
7).
On
rejoint
ainsi
facilement
le
plan
de
dissection
postérieur.
4EMC
-
Techniques
chirurgicales
-
Appareil
digestif
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Traitement
chirurgical
des
cancers
du
côlon
gauche 40-572
Figure
4.
Dissection
centrifuge.
Figure
5.
Division
entre
clips
de
la
veine
mésentérique
inférieure.
Figure
6.
Incision
du
ligament
colopariétal.
La
mobilisation
de
l’angle
gauche
est
finalisée
par
l’effondrement
des
attaches
coloépiploïques,
la
pince
en
T3
tracte
la
corne
gauche
du
grand
épiploon
et
celle
en
T2
abaisse
l’angle
gauche
(Fig.
8).
Figure
7.
Jonction
avec
le
plan
de
décollement
postérieur.
Figure
8.
Décollement
coloépiploïque.
Contrôle
de
l’artère
mésentérique
inférieure
On
poursuit
l’ouverture
du
péritoine
pariétal
vers
le
bas
pour
repérer
l’origine
de
l’artère
mésentérique
inférieure.
Pour
cela,
la
pince
en
T3
tracte
le
moignon
de
la
veine
mésentérique
inférieure,
celle
en
T2
tracte
la
boucle
sigmoïdienne
(Fig.
9).
Afin
d’effectuer
un
curage
ganglionnaire
satisfaisant,
l’artère
mésentérique
inférieure
est
isolée
2
à
3
cm
en
dessous
du
troisième
duodénum,
et
sectionnée
à
environ
2
cm
de
son
origine
sur
l’aorte
abdominale
pour
préserver
le
plexus
nerveux
hypogastrique
supé-
rieur
(Fig.
10).
Le
contrôle
artériel
est
réalisé
à
la
demande
par
clips,
ligatures
ou
agrafage
linéaire
de
type
vasculaire
(Fig.
11).
En
cas
de
lésion
sigmoïdienne
basse,
il
est
possible
de
préserver
le
pédicule
colique
supérieur
gauche
par
la
section
du
tronc
des
sigmoïdiennes.
Section
rectale
Elle
doit
être
précédée
par
l’ouverture
du
mésorectum
au
bistouri
ultrasonique
afin
d’arriver
au
contact
du
rectum
à
la
hauteur
désirée.
La
charnière
rectosigmoïdienne
est
repérée
grâce
à
la
disparition
des
bandelettes
coliques.
Une
pince
à
agrafage
linéaire
avec
angulation
possible
facilite
la
section
du
rectum.
Elle
est
introduite
par
T5.
La
pince,
munie
d’un
chargeur
vert,
doit
être
introduite
perpendiculairement
au
rectum
grâce
à
la
traction
de
la
charnière
par
une
pince
en
T2.
Il
est
impor-
tant
d’obtenir
une
tranche
de
section
nette,
sans
angulation,
en
EMC
-
Techniques
chirurgicales
-
Appareil
digestif 5
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