Des répercussions sur la qualité de vie
S
i la plupart des hommes
connaissent, au cours de leur
En fait, il est fréquent que l’anxiété
majeure (“l’échec induit l’échec”) en-
tretienne le dysfonctionnement érec-
tile, d’autant que les hommes et les
femmes confondent souvent désir
avec érection ».
Accompagner le couple
Si la partenaire est souvent atten-
tiste dans un premier temps et in-
crimine le stress ou la fatigue, en
cas de persistance du trouble, elle
peut se culpabiliser, et les frustra-
tions répétées peuvent induire
un comportement agressif et ag-
graver la mésentente. D’où l’im-
portance d’un soutien psycho-
logique, voire d’une approche
sexologique tenant compte de
l’origine multifactorielle de la dys-
fonction érectile, l’objectif de l’ac-
compagnement de la prescription
d’un traitement médical n’étant
pas seulement de rétablir une
érection mais aussi de permettre
une sexualité satisfaisante.
En cas d’inefficacité ou de contre-
indication des traitements oraux,
les urologues (en collaboration
avec les sexologues) proposent le
traitement local à base d’une pros-
taglandine, l’alprostadil, qui favo-
rise l’afflux sanguin et donc une
érection. C’est un traitement mé-
dicamenteux efficace, permettant
d’obtenir une érection rigide en 5
à 10 minutes chez 88 % des pa-
tients non répondeurs au sildé-
nafil, quelle que soit l’origine de
la dysfonction érectile. Chez les
diabétiques, ce traitement est re-
commandé en première intention
(92 % de répondeurs). Les points
faibles des injections intracaver-
neuses sont leur caractère invasif
(certains hommes ont peur des pi-
qûres et des complications éven-
tuelles) et le risque d’une érection
prolongée qui est de l’ordre de 1 à
2%. Quant à la douleur pendant
l’érection, elle est devenue rare de-
puis que l’on recommande de dé-
terminer la dose efficace la plus
faible (en démarrant par 5 ou
10 microgrammes). Certes, le pro-
duit est facile à utiliser avec sa
cartouche bicompartiment per-
mettant de limiter les risques de
contamination bactériologique.
Toutefois, l’apprentissage des auto-
injections intracaverneuses en mi-
lieu médical est indispensable. En
général, deux à trois consultations
sont suffisantes. Le médecin aidé
par une infirmière rappellera les
notions d’hygiène (pas toujours
évidentes pour tous les patients)
et apprendra au patient à repérer
des zones à piquer sur une pièce
anatomique de démonstration
ainsi qu’à utiliser l’injecteur et la
cartouche. L’accueil du patient se
fait dans une salle de soins avec un
panneau sur la porte interdisant
d’entrer, la mise en confiance étant
essentielle. Il faut souligner que
l’infirmière ne doit pas éluder le
problème, car c’est souvent vers
elle que le patient exprime ses an-
goisses, notamment après un in-
cident cardiaque par exemple. Les
hommes confrontés à un trouble
de l’érection évoquent un senti-
ment d’isolement, une perte de
confiance en soi.
Il y a 4 ans : le sildénafil
Il y a maintenant quatre ans que
la petite pilule bleue (sildénafil)
est sur le marché. Sa mise à dis-
position, en septembre 1998, a
amorcé une réflexion sur la prise
en charge médicale et thérapeu-
tique des troubles de l’érection.
Fortement médiatisée, elle a eu le
mérite de sensibiliser les profes-
sionnels de santé, les pouvoirs
publics et le grand public sur ce
sujet tabou appelé aujourd’hui
troubles de l’érection pour ce qui
était l’impuissance de jadis. Le
10
Dysfonction érectile
Si les causes organiques expliquent jusqu’à 85 % des cas de dys-
fonction érectile, les facteurs psychologiques, et notamment l’anxiété
de non-performance, peuvent entretenir le cercle vicieux de l’échec.
C’est dire l’importance d’une prise en charge globale du patient.
Professions Santé Infirmier Infirmière - No41 - novembre 2002
vie, des difficultés d’érections
ponctuelles, nombre d’entre eux
ont des troubles permanents d’in-
tensité et de retentissement va-
riables. Selon une grande étude
américaine, la dysfonction érectile
touche environ 10 % des hommes
entre 40 et 70 ans dans la popula-
tion générale et atteint 30 % chez
les cardiaques traités, 28 % chez
les diabétiques traités et 15 %
chez les hypertendus traités. En
France, près de 500 000 per-
sonnes sont concernées par une
dysfonction érectile d’origine or-
ganique, qu’elle soit vasculaire
(40 % des cas), endocrinienne
(30 % des cas) ou neurogène (trau-
matisme de la moelle épinière,
sclérose en plaques, séquelles de
la chirurgie de la prostate). A no-
ter : dix ans après le diagnostic de
diabète, 50 % des hommes diabé-
tiques souffrent d’insuffisance ou
d’absence d’érection et ce chiffre
s’élève à 60 % lorsque la maladie
évolue depuis plus de 15 ans. A
côté de la durée du diabète et
de son équilibre, d’autres facteurs
peuvent intervenir dans l’appari-
tion de la dysérection telles les ré-
percussions psychologiques in-
duites par la présence de diabète.
Il convient donc d’évaluer le degré
d’acceptation ou de refus de la ma-
ladie, les difficultés sous-jacentes
des couples ou les troubles de l’hu-
meur du patient.
Comme le rappelle le Dr André
Corman (sexologue à Toulouse),
«lorsque le couple avait une sexua-
lité heureuse et sereine avant l’ap-
parition du trouble érectile, le trai-
tement médical peut être suffisant
pour retrouver un certain équilibre,
et ce, malgré une atteinte organique.
silence a été rompu et les souf-
frances s’expriment enfin.
Le sildénafil est un inhibiteur
sélectif d’une enzyme : la pho-
phodiestérase de type 5 (PDE5),
spécifiquement responsable de la
dégradation de la guanosine mo-
nophosphate cyclique (GMPc)
dans les fibres musculaires lisses
de la paroi vasculaire des corps ca-
verneux de la verge. En inhibant
la PDE5, la molécule s’oppose à la
dégradation du GMPc, ce qui ac-
croît l’afflux sanguin dans le pénis
et provoque l’érection.
Une étude américaine menée au-
près de 500 patients traités avec le
sildénafil pendant 6 mois montre
une amélioration globale de la
qualité de vie (67 %), une amé-
lioration de la relation sexuelle
(75 %), une reprise de la confiance
en soi (60 %), une plus grande
proximité avec leur partenaire
(82 %). Pour 9 hommes sur 10,
l’activité sexuelle est concentrée sur
une plage de 4 heures maximum
et pas au-delà. Il faut rappeler que
la pilule ne se substitue en aucun
cas au désir sexuel, indispensable
pour que le produit agisse sur la
fonction érectile.
Depuis le lancement du médica-
ment, de nombreuses informations
ont permis de mieux cerner le mé-
canisme d’action et de bien identi-
fier les types d’événements indési-
rables rencontrés après utilisation
du produit en pratique quoti-
dienne, notamment auprès de pa-
tients atteints d’affections cardio-
vasculaires. En septembre 2001,
l’AFSSAPS rappelait d’ailleurs les
contre-indications et les précau-
tions d’emploi du sildénafil. Ainsi
ce dernier peut être prescrit chez
un coronarien stable, actif, asymp-
tomatique à l’épreuve d’effort. Chez
ces patients, la prise de dérivés ni-
trés est toujours considérée comme
une contre-indication formelle.
Application inattendue : le sildé-
nafil fait l’objet de recherches
dans le traitement de certaines af-
fections cardiaques, notamment
du fait du signalement, par cer-
tains auteurs, des effets vasodila-
tateurs dans certains cas d’hyper-
tension artérielle pulmonaire, en
particulier en pédiatrie. Un pro-
gramme d’études cliniques a été
mis en route dans ce domaine.
Un marché prometteur
D’autres laboratoires se sont lancés
sur ce marché. Des résultats d’un
essai clinique à grande échelle por-
tant sur le vardénafil ont été pu-
bliés. Ce nouvel inhibiteur sélectif
de la phosphodiestérase 5 (PDE5),
classe à laquelle appartient le sil-
dénafil, aurait pour principal avan-
tage un délai d’action plus court,
une efficacité en cas de dysfonction
érectile organique, psychogène ou
mixte. Quant à l’IC 351 développé
par un autre laboratoire, il inau-
gure une nouvelle génération. Plu-
sieurs essais en phases II et III ont
été menés.
Au sein des molécules de la même
classe, les possibilités de différen-
ciation concerneront surtout la
durée de l’effet des produits et
leurs effets secondaires. A ce jour,
on ne dispose pas d’essais compa-
ratifs entre la fameuse pilule bleue
et les autres molécules de la même
famille avec un bras placebo. Une
actualité à suivre.
L.C.
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Professions Santé Infirmier Infirmière - No41 - novembre 2002
L’obtention du remboursement
du traitement local par injection
dans certaines indications repré-
sente un progrès médical (ce qui
n’est pas le cas du traitement
oral). La prescription peut être
rédigée sur une “ordonnance de
médicament d’exception” en
cas de paraplégie et de tétraplé-
gie, de traumatisme du bassin
compliqué de troubles urinaires,
de séquelles de la chirurgie (ané-
vrismes de l’aorte, cystectomie,
prostatectomie, exérèse colorec-
tale) ou de radiothérapie ab-
domino-pelvienne, de séquelles
du priapisme, de sclérose en
plaques et de neuropathie dia-
bétique avérée.
Handicap et sexualité
La sexualité des handicapés sort diffici-
lement de la clandestinité. Ces per-
sonnes ont longtemps été considérées
comme asexuées et les institutions ont
pendant des années préféré fermer les
yeux sur leur vie sexuelle. Pourtant,
chaque année, 400 à 700 hommes et
femmes deviennent tétraplégiques. Cer-
tains souffrent de handicaps d’origine
génétique, apparaissant dès la naissance
ou à l’âge adulte, d’autres de maladie
neurologique évolutive. Les associations
s’indignent de la misère sexuelle, re-
vendiquent la libération de la parole et
le droit au plaisir. Un changement de
mentalité s’impose car de nombreuses
questions demeurent dans l’esprit de
l’handicapé quant à son image et à l’in-
tégration de ce “corps modifié”.
Des morts évitables
selon l’OMS
Selon l’Organisation mondiale de la
Santé (OMS), plus de 50 % des morts
et des incapacités résultant des mala-
dies cardiovasculaires et des accidents
cérébrovasculaires, responsables au to-
tal de 12 millions de décès par an dans
le monde, pourraient être évités au
moyen de mesures nationales simples,
peu coûteuses et efficaces, et d’actions
individuelles pour réduire les princi-
paux facteurs de risque, comme l’hy-
pertension, l’hypercholestérolémie,
l’obésité et le tabagisme.
Paludisme
L’annonce du décryptage de deux gé-
nomes – celui du parasite Plasmodium
falciparum, agent causal du paludisme
le plus dangereux, et celui du mous-
tique Anopheles gambiae, vecteur ma-
jeur du parasite – marque un tournant
pour la santé publique au plan mon-
dial. Désormais, les instruments les
plus perfectionnés de la science sont
tournés contre l’un des fléaux les plus
meurtriers pour le monde en déve-
loppement. Le paludisme touche plus
de 300 millions de personnes chaque
année, tuant plus d’un million d’entre
elles dont 90 % sont des enfants de
moins de cinq ans.
Brèves...
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