silence a été rompu et les souf-
frances s’expriment enfin.
Le sildénafil est un inhibiteur
sélectif d’une enzyme : la pho-
phodiestérase de type 5 (PDE5),
spécifiquement responsable de la
dégradation de la guanosine mo-
nophosphate cyclique (GMPc)
dans les fibres musculaires lisses
de la paroi vasculaire des corps ca-
verneux de la verge. En inhibant
la PDE5, la molécule s’oppose à la
dégradation du GMPc, ce qui ac-
croît l’afflux sanguin dans le pénis
et provoque l’érection.
Une étude américaine menée au-
près de 500 patients traités avec le
sildénafil pendant 6 mois montre
une amélioration globale de la
qualité de vie (67 %), une amé-
lioration de la relation sexuelle
(75 %), une reprise de la confiance
en soi (60 %), une plus grande
proximité avec leur partenaire
(82 %). Pour 9 hommes sur 10,
l’activité sexuelle est concentrée sur
une plage de 4 heures maximum
et pas au-delà. Il faut rappeler que
la pilule ne se substitue en aucun
cas au désir sexuel, indispensable
pour que le produit agisse sur la
fonction érectile.
Depuis le lancement du médica-
ment, de nombreuses informations
ont permis de mieux cerner le mé-
canisme d’action et de bien identi-
fier les types d’événements indési-
rables rencontrés après utilisation
du produit en pratique quoti-
dienne, notamment auprès de pa-
tients atteints d’affections cardio-
vasculaires. En septembre 2001,
l’AFSSAPS rappelait d’ailleurs les
contre-indications et les précau-
tions d’emploi du sildénafil. Ainsi
ce dernier peut être prescrit chez
un coronarien stable, actif, asymp-
tomatique à l’épreuve d’effort. Chez
ces patients, la prise de dérivés ni-
trés est toujours considérée comme
une contre-indication formelle.
Application inattendue : le sildé-
nafil fait l’objet de recherches
dans le traitement de certaines af-
fections cardiaques, notamment
du fait du signalement, par cer-
tains auteurs, des effets vasodila-
tateurs dans certains cas d’hyper-
tension artérielle pulmonaire, en
particulier en pédiatrie. Un pro-
gramme d’études cliniques a été
mis en route dans ce domaine.
Un marché prometteur
D’autres laboratoires se sont lancés
sur ce marché. Des résultats d’un
essai clinique à grande échelle por-
tant sur le vardénafil ont été pu-
bliés. Ce nouvel inhibiteur sélectif
de la phosphodiestérase 5 (PDE5),
classe à laquelle appartient le sil-
dénafil, aurait pour principal avan-
tage un délai d’action plus court,
une efficacité en cas de dysfonction
érectile organique, psychogène ou
mixte. Quant à l’IC 351 développé
par un autre laboratoire, il inau-
gure une nouvelle génération. Plu-
sieurs essais en phases II et III ont
été menés.
Au sein des molécules de la même
classe, les possibilités de différen-
ciation concerneront surtout la
durée de l’effet des produits et
leurs effets secondaires. A ce jour,
on ne dispose pas d’essais compa-
ratifs entre la fameuse pilule bleue
et les autres molécules de la même
famille avec un bras placebo. Une
actualité à suivre.
L.C.
11
Professions Santé Infirmier Infirmière - No41 - novembre 2002
L’obtention du remboursement
du traitement local par injection
dans certaines indications repré-
sente un progrès médical (ce qui
n’est pas le cas du traitement
oral). La prescription peut être
rédigée sur une “ordonnance de
médicament d’exception” en
cas de paraplégie et de tétraplé-
gie, de traumatisme du bassin
compliqué de troubles urinaires,
de séquelles de la chirurgie (ané-
vrismes de l’aorte, cystectomie,
prostatectomie, exérèse colorec-
tale) ou de radiothérapie ab-
domino-pelvienne, de séquelles
du priapisme, de sclérose en
plaques et de neuropathie dia-
bétique avérée.
Handicap et sexualité
La sexualité des handicapés sort diffici-
lement de la clandestinité. Ces per-
sonnes ont longtemps été considérées
comme asexuées et les institutions ont
pendant des années préféré fermer les
yeux sur leur vie sexuelle. Pourtant,
chaque année, 400 à 700 hommes et
femmes deviennent tétraplégiques. Cer-
tains souffrent de handicaps d’origine
génétique, apparaissant dès la naissance
ou à l’âge adulte, d’autres de maladie
neurologique évolutive. Les associations
s’indignent de la misère sexuelle, re-
vendiquent la libération de la parole et
le droit au plaisir. Un changement de
mentalité s’impose car de nombreuses
questions demeurent dans l’esprit de
l’handicapé quant à son image et à l’in-
tégration de ce “corps modifié”.
Des morts évitables
selon l’OMS
Selon l’Organisation mondiale de la
Santé (OMS), plus de 50 % des morts
et des incapacités résultant des mala-
dies cardiovasculaires et des accidents
cérébrovasculaires, responsables au to-
tal de 12 millions de décès par an dans
le monde, pourraient être évités au
moyen de mesures nationales simples,
peu coûteuses et efficaces, et d’actions
individuelles pour réduire les princi-
paux facteurs de risque, comme l’hy-
pertension, l’hypercholestérolémie,
l’obésité et le tabagisme.
Paludisme
L’annonce du décryptage de deux gé-
nomes – celui du parasite Plasmodium
falciparum, agent causal du paludisme
le plus dangereux, et celui du mous-
tique Anopheles gambiae, vecteur ma-
jeur du parasite – marque un tournant
pour la santé publique au plan mon-
dial. Désormais, les instruments les
plus perfectionnés de la science sont
tournés contre l’un des fléaux les plus
meurtriers pour le monde en déve-
loppement. Le paludisme touche plus
de 300 millions de personnes chaque
année, tuant plus d’un million d’entre
elles dont 90 % sont des enfants de
moins de cinq ans.