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Soins libéraux
22/06/04
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Soins Libéraux
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Dysfonctionnements érectiles
Une véritable détresse
En 1993, l’étude Spira montrait que 19 % des hommes de
18 à 65 ans présentaient des troubles de l’érection,
contre 25 % pour une étude parue en 2002, avec même un
taux de 44 % pour les plus de 45 ans. Aujourd’hui, des
hommes (et des femmes) osent en parler. Le sujet est
moins tabou, mais pas encore facile.
n tête des causes de dysfonction érectile, l’origi n e
psychogène est la première
à rechercher. Qu’un problème personnel se produise, que se passe
un changement de vie professionnel ou affectif et la fonction érectile
est la première touchée. Lorsqu’une
telle situation se présente, il est souvent inutile d’entamer les explorations complémentaires avant d’avoir
envisagé une consultation psychosexologique. Cependant, l’étiologie
psychogène ne peut tout expliquer,
et d’autres causes intriquées et multiples peuvent intervenir. La première des causes sont organiques,
telles que l’HTA, les cardiopathies
ischémiques, l’insuffisance cardiaque, puis les troubles métaboliques
lipidiques. Par exemple, un diabète
induit une pathologie mixte, art érielle et neurologique, et a donc une
double responsabilité. En dehors du
diabète, les atteintes neurologiques
peuvent provenir d’une sclérose en
plaques, d’une atteinte médullaire
infectieuse, dégénérative ou vasculaire. La diminution de la libido peut
aussi être due à un trouble endocrinien : l’hypo-androgénie plus, alors,
que l’hypothyroïdie.
Parmi les autres étiologies, sont à
envisager d’emblée les causes iatrogènes, car elles sont fréquentes
mais faciles à diagnostiquer, et les
médicaments, susceptibles de causer une dysfonction érectile sont, en
effet, nombreux. Que ce soit les
antiépileptiques, les neuroleptiques,
les antidépresseurs, ou encore les
diurétiques, les antihypert e n s e u r s
E
centraux, les hypolipidémiants. Les
médications destinées à lutter
contre l’hypertrophie bénigne de la
prostate comme les alpha-bloquants
e t les inhibiteurs de la 5-alpha
réductase sont aussi responsables.
La chirurgie oncologique pelvienne
sur la prostate, bien sûr, mais aussi
sur la vessie et le côlon, peut avoir
un effet délétère. Ainsi, la prostatectomie provoque une anéjaculation
définitive mais très souvent également une dysfonction érectile. La
radiothérapie externe est de même
effet.
La première consultation
Tout patient présentant une plainte
sexuelle doit être écouté et subir un
examen médical complet, même si
une cause psychologique peut être
avancée. L’examen débute par une
analyse des organes génitaux
externes à la recherche d’une anomalie testiculaire : atrophie, dysgénésie, ou d’une anomalie pénienne :
induration des corps caverneux avec
angulation. L’examen se poursuit par
un toucher rectal, à faire systématiquement après 50 ans. Le praticien
peut ainsi apprécier l’état de la prostate, sa taille, son volume, sa consistance. L’analyse clinique peut, si
besoin, être précisée par un approfondissement échographique. Le
reste de l’examen s’attache à rechercher l’existence de facteurs de
risque cardiovasculaires comme une
H TA, une ischémie myocardique,
une artériopathie périphérique, des
troubles lipidiques, une alcoolisation, un tabagisme. Une anomalie
n e u r o l o gique de type neuropathie
centrale ou périphérique peut être
recherchée. Pour contribuer à cette
recherche, parmi les explorations
complémentaires à cette première
consultation, on ne conseillera que
les dosages lipidique et glycémique
s’ils ne sont pas déjà connus et normaux. À distance du toucher rectal,
qui peut fausser son estimation, un
taux de PSA est utile à réaliser pour
dépister les maladies prostatiques,
surtout tumorales. Un examen concernant le taux de testostérone est
aujourd’hui conseillé. Au terme de
cette consultation, la dysfonction
érectile a ainsi pu être appréciée, les
étiologies énumérées ont été repérées, en sachant que le trouble
sexuel est rarement d’origine monofactorielle.
Tr a i te m e n t
Qu’il soit cause ou conséquence, le
volet psychologique des troubles de
l’érection est essentiel à traiter. La
prise en charge peut alors être effectuée par le médecin de famille, sinon
par un psychothérapeute ou un
psychosexologue. Sy m p t o m a t i q u e s
exclusivement, les traitements oraux
n’en sont pas moins utiles. On utilise
alors essentiellement les inhibiteurs
de la phosphodiestérase de type 5
(sildénafil, tadalafil).
Mais il faut savoir que sans le désir,
ces médicaments sont décevants.
Certaines recherches montrent l’intérêt d’un apport de testostérone. Il est
encore possible d’utiliser un traitement local par voie intra-urétrale ou
intracaverneuse. En dernier recours,
la pose d’un implant pénien permet
encore de trouver des solutions
lorsque tout semble avoir échoué. A
noter que la DHEA n’a pas démontré, chez l’homme, de capacité à lutter contre les dysérections.
Jacques Bidart
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 55 • mai 2004
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