L
e carcinome du larynx est, en
France, la tumeur la plus fré-
quente de la région cervicofa-
ciale. Son pronostic est réservé
puisque, encore trop souvent, son
évolution est mortelle. Le profil type
est un patient autour de 60 ans, le
plus souvent un homme alcoolo- ou
tabacco-dépendant, ou les deux à la
fois. L’alcool majorant les effets déjà
néfastes du tabac.
La chirurgie
Selon l’importance de l’atteinte, deux
types de chirurgie peuvent être pro-
posés : soit une laryngectomie totale
avec, en ce cas, une séparation totale
entre les voies aériennes et diges-
tives, et la réalisation d’un trachéo-
stome, soit une laryngectomie par-
tielle, où le patient peut continuer de
s’alimenter par les voies naturelles ;
dans ce cas, une canule de trachéo-
tomie permet de favoriser la respira-
tion et d’éviter les fausses routes.
La surveillance postopératoire immé-
diate et à plus long terme doit porter
d’abord sur la canule, puis sur les
signes de récidive tumorale. Les pre-
miers mois, tant que le diamètre de
l’orifice trachéal n’est pas stabilisé,
une canule doit être portée en per-
manence. Elle doit être nettoyée
chaque jour à l’aide d’un écouvillon
trempé dans de l’eau oxygénée.
L’utilisation d’un aspirateur (loué) per-
met d’aspirer les sécrétions tra-
chéales. Devant le trachéostome, un
filtre tissu de type Multivoix doit être
appliqué. Devant l’absence d’humidi-
fication de l’air aspiré (si les fosses
nasales ne jouent pas leur rôle), une
irritation trachéale peut se produire,
réalisant une trachéite croûteuse.
C’est le début de ce qui risque de
déclencher une surinfection trachéo-
bronchique. En ce cas, l’aérosol lié à
l’aspiration trachéale permettra de
prévenir une infection trop grave.
L’antibiothérapie orale est parfois mal-
gré tout nécessaire. Ces soins sont
identiques en cas de prothèse pho-
natoire, les risques étant ici aussi de
surinfection, notamment mycotique.
À ces soins locaux essentiels et pré-
ventifs, on doit associer une sur-
veillance rapprochée de la région,
mensuelle au début, et assurée par
l’ORL ou le radiothérapeute, qui véri-
fie l’état du larynx. Ils s’aident si
besoin du scanner. Toute apparition
d’une dysphagie, d’une hémorragie
par la trachéostomie ou d’un œdème
facial doit alerter l’équipe soignante.
Parallèlement, la recherche d’at-
teintes ganglionnaires, d’une méta-
stase à distance (pulmonaire), doit
être soigneuse. Une radiographie pul-
monaire annuelle est ainsi recom-
mandée. Une surveillance doit
accompagner des soins de nursing
importants : ils comprennent une
rééducation du langage par une
orthophoniste qui permet au patient
de s’exprimer par une voix d’origine
œsophagienne. Les soins dentaires
doivent être soigneux, l’hygiène buc-
cale stricte, comprenant l’utilisation
de brossettes et de fils dentaires, de
dentifrices fluorés, suite à l’hyposialie,
sous peine de complications graves.
Le brossage des dents doit ainsi être
au moins biquotidien. Tout acte ou
intervention dentaire doit alors s’ap-
puyer sur une antibiothérapie préven-
tive. L’alimentation est le plus souvent
normale, bien que handicapée par un
manque total post-radique de salive.
Il faut conseiller au patient de tou-
jours avoir une bouteille d’eau à por-
tée de main pour se désaltérer.
JB
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 62 • mars-avril 2005
Soins Libéraux
42
Cancer du larynx
Un suivi difficile
Le cancer du larynx demeure une affection trop fréquente, essentielle-
ment liée au tabagisme et à l’alcoolisme. Son traitement passe souvent
par une intervention chirurgicale : la laryngectomie.
Focus ...
La laryngectomie ne
représente souvent
que le début d’une
évolution nécessitant
une surveillance
particulière,
à la recherche d’une
renaissance tumorale
ou de complications
locales faisant suite à
la chirurgie.
Évidente mais, hélas,
pas toujours
appliquée, la
consigne d’arrêt
absolu de
l’imprégnation
alcoolique et
tabagique est
formelle.
Brèves ...
Santé au travail
Le plan gouvernemental Santé au
travail, qui prévoit la création d'une
agence nationale indépendante et
le renforcement des contrôles sur
le terrain, a été présenté en Conseil
des ministres. Malgré une amélio-
ration constante de la santé au tra-
vail depuis trente ans, 760 000
accidents avec arrêts de travail
sont encore recensés chaque
année, et 35 000 maladies profes-
sionnelles sont reconnues.
Quelque 250 000 personnes sont
exposées à la radioactivité dans
leur activité professionnelle en
France. La mise en place d’un nou-
veau système d'information de la
surveillance de l'exposition aux
rayonnements ionisants (Siseri)
devrait offrir une plus grande réac-
tivité en matière de suivi.
Tarifs libres
Après la Mutualité française, la
Fédération des assureurs (FFSA)
,
tout en se déclarant favorable à
une meilleure coordination des
soins, estime aussi que la non-
prise en charge d'une partie des
dépassements d'honoraires est
suffisante pour amener l'assuré à
respecter le parcours des soins. La
différence est floue par rapport aux
communications des mutuelles,
qui ne rembourseront pas ces
dépassements. Les assureurs ont-
ils eu le feu vert ? À ce jour, quelque
1 200 000 Français ont déjà choisi
leur médecin traitant.
Trafic de médicaments
Selon des plaintes déposées, des
pharmaciens ont détourné des
médicaments non utilisés pour les
revendre discrètement. Les inspec-
teurs de l'Igas ont focalisé leurs
recherches sur des officines déjà
suspectes : 95 pharmacies ont été
inspectées, et le rapport note 40
cas de dérapages confirmés. Le
ministre dénonce
« une poignée de
pharmaciens qui ont dévoyé un sys-
tème solidaire et généreux à des fins
purement mercantiles »
.
Jean Parrot, président de l'Ordre
national des pharmaciens, dé-
clare :
« Nous ferons le ménage
jusqu'à ce que la sécurité sanitaire
soit à nouveau totale »
.
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