Revue de presse
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Dirigée par le Pr P. Amarenco
La Lettre du Neurologue - Vol. XI - n° 3 - mars 2007
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Au cours des trois premières années du suivi,
l’apparition d’une amyotrophie était rarement
observée chez les patients présentant une SLP
(2 % des cas), alors qu’elle était constante au cours
de la SLA (77 %). Cette étude confirme également
que la survie est significativement plus longue
dans la SLP (11,2 ans en moyenne contre 3,8 ans
dans la SLA). Les patients SLA présentant une
hypertonie dès le début de la maladie avaient
également une survie plus longue, mais sans
toutefois atteindre la significativité.
Commentaire. Cette étude confirme le fait
qu’il n’existe pas d’arguments cliniques formels
permettant de distinguer la SLA de la SLP. La
présence d’une hypertonie initiale et l’absence
d’amyotrophie dans les trois premières années
plaident en faveur d’une SLP. La faiblesse de
cette étude rétrospective reste l’absence de
suivi électromyographique systématique,
sachant qu’il s’agit bien sûr d’un examen clé
pour distinguer ces deux pathologies. ■
P.F. Pradat, Fédération des maladies du système nerveux,
hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris.
Tartaglia MC, Rowe A, Findlater K, Orange JB, Grace G, Strong MJ.
Dierentiation between primary lateral sclerosis and amyotrophic
lateral sclerosis: examination of symptoms and signs at disease
onset and during follow-up. Arch Neurol 2007;64(2):232-6.
Chirurgie précoce
chez le parkinsonien jeune
L
La stimulation subthalamique est habi-
tuellement proposée chez des parkin-
soniens qui, après 15 ans de maladie, ont des
complications motrices sévères, une dégra-
dation de leur qualité de vie, une insertion
sociale et parfois même familiale menacée,
l’âge maximal étant de 70 ans.
Schüpbach et ses collègues de la Pitié-Salpê-
trière ont étudié l’intérêt d’une chirurgie précoce,
dès la 5
e
année de maladie, chez des patients
jeunes qui commencent à être gênés par les
complications motrices de la dopathérapie avec
une insertion socioprofessionnelle préservée.
Vingt patients âgés de moins de 55 ans,
porteurs d’une maladie de Parkinson évoluant
depuis 5 à 10 ans (6,8 ans ± 1,0 ans) avec des
signes moteurs légers à modérés (UPDRS
en off 29 ± 12) et une bonne réponse à la
L-dopa (UPDRS en on 3 ± 3) ont été inclus, et
appariés pour l’âge, la durée et la sévérité de
la maladie ainsi que pour le handicap socio-
professionnel à des parkinsoniens non traités
par la stimulation. Les patients étaient rando-
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misés de façon prospective pour bénéficier soit
d’une stimulation dans les noyaux subthalami-
ques (n = 10), soit d’une adaptation optimale
du traitement médicamenteux (n = 10). Les
scores moteurs, la qualité de vie, la cognition
et la comorbidité psychiatrique ont été évalués à
l’inclusion et à 6, 12 et 18 mois après la randomi-
sation. Alors que la qualité de vie (PDQ-39) était
inchangée dans le groupe non chirurgical, elle
était améliorée de 24 % dans le groupe chirurgical
(p < 0,05), avec une diminution des sous-scores
activités de la vie quotidienne, stigmatisation
et confort corporel. À 18 mois, la sévérité des
signes moteurs en phase off, les complications
motrices et la dose de L-dopa étaient diminuées
respectivement de 69 %, 83 % et 57 % chez les
malades opérés, mais augmentées de 29 %, 15 %,
et 12 % chez les malades sous traitement médica-
menteux seul (p < 0,001). Les effets indésirables
étaient légers ou transitoires ; la comorbidité
psychiatrique et l’anxiété étaient améliorées dans
le groupe opéré par rapport à l’état de base.
Commentaire. Partant des premières cohortes
opérées et publiées, l’AMM officielle de cette
thérapie s’adresse à des malades à un stade
très évolué de leur maladie avec une perte de
leur autonomie en phase off (stades IV et V de
Hoehn et Yahr). Depuis quelques années déjà,
dans notre pratique clinique, il y a une tendance
à opérer des parkinsoniens plus précocement, la
chirurgie n’étant plus considérée comme expé-
rimentale. Les auteurs de cette étude enfoncent
donc le clou et montrent pour la première fois,
et avec une approche scientifique rigoureuse,
l’intérêt de la stimulation subthalamique chez le
patient jeune à un stade très précoce. Elle peut
donc être discutée chez un patient jeune qui
remplit les critères diagnostiques de maladie
de Parkinson 5 ans après le début des premiers
signes et qui commence à être gêné dans sa
vie socioprofessionnelle par des fluctuations
motrices et des dyskinésies. Il s’agit ici d’une
petite série de malades, et il n’y a pas eu de
complication chirurgicale sévère. Cette étude
pilote demande donc à être confirmée à plus
large échelle et une étude multicentrique
franco-germanique est en cours. Si les résultats
de cette étude pilote se confirment, la prise en
charge de ce sous-groupe de parkinsoniens sera
profondément modifiée. ■
P. Krack, département de neurologie, CHU de Grenoble.
Schüpbach WMM et al. Neurosurgery at an earlier stage of
Parkinson’s disease. Neurology 2007;68:267-71.
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Éradication de Helicobacter pylori
et réponse thérapeutique
à la L-dopa
L
Une étude ouverte de Pierantozzi et al.
avait suggéré que l’éradication de Heli-
cobacter pylori pouvait améliorer la réponse
clinique à la L-dopa chez les patients parkin-
soniens infectés par la bactérie. Forts de ces
résultats, les auteurs ont ensuite mené une
étude randomisée en double aveugle étudiant
l’effet de l’éradication de H. pylori sur la réponse
clinique et pharmacocinétique à la L-dopa.
Trente-quatre patients parkinsoniens porteurs
d’une gastrite avec sérologie et biopsies gastro-
duodénales positives pour H. pylori et traités
par L-dopa en monothérapie ont participé à
cette étude. Un placebo leur fut donné pendant
15 jours puis, après randomisation, 17 patients
reçurent le traitement éradicateur (TE) [amoxi-
cilline, clarythromycine et oméprazole] et 17 un
traitement antioxydant cicatrisant (allopurinol).
Les patients furent suivis jusqu’à 3 mois après la
fin du traitement. Les résultats ne montrèrent
aucun effet significatif du placebo et du trai-
tement antioxydant sur la réponse clinique et
pharmacocinétique à la L-dopa. En revanche,
le TE améliora significativement les paramè-
tres pharmacocinétiques de la L-dopa après
administration unique ou répétée du traitement
antiparkinsonien. Cet effet fut associé à une
amélioration des scores cliniques après deux
semaines de TE et jusqu’à 3 mois après son arrêt
(scores UPDRS, durée totale des phases “on” et
sévérité de la gastrite).
Commentaire. Le TE contre H. pylori, par le
biais d’une augmentation prolongée de la concen-
tration plasmatique de L-dopa, semble induire
une réponse plus stable à la L-dopa et réduire les
fluctuations motrices. La corrélation temporelle
entre l’amélioration des lésions de gastroduodé-
nite et l’amélioration motrice suggère un rôle
des altérations muqueuses dans les troubles de
l’absorption duodénale du médicament. Étant
donné la forte prévalence d’infection à H. pylori
dans la population générale, les résultats de cette
étude engagent à la recherche systématique de la
bactérie chez les patients parkinsoniens présen-
tant des fluctuations motrices inexpliquées. ■
S. Cantiniaux,
service de neurologie et de pathologie du mouvement,
CHU La Timone, Marseille.
Pierantozzi M, Pietroiusti A, Brusa L et al. Helicobacter
pylori eradication and L-dopa absorption in patients with PD
and motor uctuations. Neurology 2006;66:1824-9.
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