N° 08 NOVEMBRE 2015 DOSSIER DU MOIS L'ANNÉE DE CÉSURE ÉTUDIANTS, PRÉPAREZ VOTRE ENTRÉE DANS LA VIE ACTIVE IL TRAVA AG V OY DÉ CO U VE RT E DROIT-FINANCE TOUR D’HORIZON DES FUSIONS-ACQUISITIONS 1 LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE - Mai 2015 28 ÉCONOMIE ET ACTUALITÉ 26 L'IMPACT DE L'IMMIGRATION SYRIENNE SUR L'ECONOMIE FRANÇAISE www.lepetitjournaldeleconomie.fr E ipesup Pour vos Admissions sur Titres HEC, Essec, ESCP Europe, EMLyon Pour vos Concours Tremplin, Passerelle, EDHEC, Audencia... Choisissez l'excellence des prépas du groupe IPESUP. 97% d'admis Réussissez vos tests TAGE MAGE™ et TAGE 2™ avec Antoine Lamy. Antoine Lamy sera votre professeur de tests. Diplômé d'HEC, de Sciences Po et de Paris IX-Dauphine, professeur de tests à l'IPESUP depuis 10 ans, Antoine LAMY dirige le département consacré aux admissions sur titres. Il est co-auteur d'ouvrages spécialisés parus chez Ellipses : Objectif 600 au TAGE MAGE™, Objectif 210 au TAGE 2™, Tremplin 1&2 - Passerelle 1&2 : Réussir les tests, Tests de logique mathématique et de calcul, TAGE MAGE™ Express, TAGE 2™ Express... Découvrez tout de suite un aperçu de sa pédagogie sur notre chaîne Youtube IPESUP. Intégrez une Grande École avec les professeurs d'IPESUP. Benoît Lévesque sera votre coach-correcteur en Dossiers / Synthèses. Benoît Lévesque est diplômé d'HEC et de Sciences Po et docteur en philosophie. Il est spécialiste des dossiers de candidature (HEC, ESSEC, ESCP Europe, EML) et des épreuves de synthèses de textes (Tremplin, Passerelle, Edhec, Audencia ADS). Réussissez vos tests d'Anglais avec les professeurs permanents de l'École. Laurent Grangier et Marie Pélichet sont professeurs agrégés d'anglais à l'IPESUP. Ils sont spécialistes des tests d'Anglais Tremplin, Passerelle, et du test TOEIC®. Et bien sûr : Intranet IPESUP, Prépa Ecrits + Oraux, TageMaster... Réussissez avec IPESUP. 01 44 32 12 00 • www.ipesup.fr • Cours privé d'enseignement supérieur. En 2015, 97 % des étudiants IPESUP sont admis dans les Grandes Écoles présentées. BRÈVES 4-5 Les dernières news éco/marketing/société/stratégie ÉDITO Chers lecteurs, L'INVITÉ DU MOIS 6 Jean-Hervé Lorenzi, président du Cercle des économistes CONSOMMATION 8-9 Le Healthy life style : la nature et le bien-être au service du marketing TRIBUNE LIBRE 10-11 Le danger du crédit renouvelable pour les consommateurs ENTREPRISE 12 La machine Amazon INNOVATION La technologie au service du shopping C’est avec un immense plaisir que notre revue reprend du service après quelques mois d’absence. De nouveaux rédacteurs, des nouvelles thématiques, et une distribution plus vaste sont les ambitions que s’est fixée notre association pour cette année. Dans ce numéro spécial, nous avons souhaité consacrer quelques pages à l’année de césure. De plus en plus commune, c'est une véritable chance de donner un tournant positif à une future carrière. Trop nombreux sont encore les étudiants de niveau Bac+5 n’ayant réalisé que des périodes de stage minimes voire inexistantes. Les universités marchent aujourd’hui (enfin) dans le même sens que les écoles de commerce en encourageant leurs étudiants à « prendre le large » pendant un an. Si nous avions donc un conseil à vous donner c’est de réfléchir à cette opportunité pour en tirer avantage. Que cela soit pour découvrir de nouvelles cultures, apprendre une langue et/ou faire un stage en entreprise, cette année ne sera qu’un plus sur votre cv tant la maturité que vous y gagnerez sera importante. Bonne lecture Laura Lizé rédactrice en chef 13 23 ÉCONOMIE EUROPÉENNE La politique agricole commune profite-elle réellement aux agriculteurs ? BANQUE 14 Le rôle du dollar dans l'économie mondiale et la concurrence du yuan ÉCONOMIE ET ACTUALITÉ L’impact de l’immigration syrienne sur l’économie française PARCOURS DU DIRIGEANT 15 Xavier Girre, président du directoire de Xange Private Equity DOSSIER DU MOIS Etudiants, comment préparer au mieux votre entrée dans la vie active ? 24 26 SÉLECTION 16 L'année de césure Moi stagiaire, quels sont mes droits ? L’esprit de l’IPAG Business school Les métiers de la gestion d’actif L’expérience d’un séjour linguistique avec Kaplan ÉCONOMIE ET ENVIRONNEMENT Le thon, un délicieux mensonge 16-17 18 19 20 21 22 La start-up du mois : MyintershipAbroad vous aide à trouver un stage à l’étranger 27 MARKETING But first, let me take a selfie : Le business des selfies 28-29 ENTREPRISE ET DROIT Tour d’horizon des fusions-acquisitions 30 QUI SOMMES-NOUS ? Présentation de l’équipe de rédaction Novembre 2015 - LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE 3 BRÈVES Apple condamné pour violation de brevet LE SAVIEZ-VOUS ? 1 000 € Apple a été accusé par l’université du Wisconsin pour violation de brevet. Le procès portait sur des technologies intégrées à l'iPhone et l'iPad. Les jurés ont reconnus la violation et ont estimé que la société devrait payer 234 millions de dollars. La somme bien qu’importante reste fortement inférieure aux informations parues dans le New York Times qui évoquaient un montant de 862 millions de dollars à payer par le concepteur. Un appel de la décision est envisagé par Apple. • c’est l’amende encourue à Singapour par quelqu’un qui jette son chewing-gum sur la chaussée. Source : Le guide du routard Orange débarque dans le paiement mobile 4 jours • de remise de peine sont accordés dans les prisons brésiliennes pour chaque livre lu. Cela peut atteindre 48 jours maximum par an. Avec un an de retard sur le calendrier annoncé, l’opérateur de télécoms lance en grande pompe Orange Cash. Un service de paiement mobile sans contact qu’Orange teste depuis 2014 à Rennes, Strasbourg, Caen, Lille et Nice. Un délai nécessaire pour disposer de l’infrastructure adéquate pour imposer rapidement ce service comme une référence dans le domaine. Sans campagne de communication, il aurait déjà réussi à séduire 10 % de ses abonnés. Orange passe à la vitesse supérieure en rendant le dispositif national grâce à un partenariat avec Visa. « Aujourd’hui, 325 000 commerçants disposent de terminaux compatibles », précise Gérard Nébouy, managing director de Visa Europe France. Amazon poursuit sa conquête Source : Le Figaro.fr 1,3 milliards • de tonnes de nourriture sont gaspillées chaque année dans le monde. Source : le Monde.fr 1 million de km Dans un communiqué du 15 octobre Amazon annonçait le rachat de la société française Colis Privé dont elle détenait déjà 25% du capital. Cette acquisition permettra à Amazon de toucher de façon plus effective le marché français. Grâce à ses 400 salariés et son réseau de 1700 livreurs sous-traitants, Colis Privé se positionnait comme l’un des leaders des opérateurs privés pour la livraison de colis au domicile des particuliers. McDonalds se lance dans le haut de gamme • de câble internet se trouve sous les océans. Cela équivaut à plus de 25 fois le tour de la Terre. Source : orange.com 3,3 milliards • de requêtes Google sont effectuées chaque jour dans le monde. Source : Blogdumodérateur.com La concurrence fait rage au sein de la restauration rapide, et c’est la raison pour laquelle McDonalds a décidé de renouveler son image. Avec la consécration du home made comprenez le fait-maison, la multinationale tend à s’ouvrir davantage et teste dans 4 villes de France (Rennes, Toulouse, Montpellier et Paris) un nouveau concept haut de gamme : Le McGourmet. Les clients pourront composer eux-mêmes leur burger parmi une liste d’ingrédients proposés qui seront ensuite servis directement à table. Une viande et des ingrédients de qualité supérieure, un service personnalisé ; McDonald’s semble avoir compris que pour s’aligner, il devait revoir ses offres à la hausse. 4 LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE - Novembre 2015 35% • des couples mariés depuis 2005 aux Etats-Unis. se sont rencontrés sur internet Source : huffingtonpost.fr Facebook préviendra ses utilisateurs d’une tentative de piratage par l’Etat. Réforme de l’aide juridictionnelle Groupon ou la dégringolade d’une étoile montante du net. Alex Stamos, responsable de la sécurité de Facebook a annoncé aux utilisateurs qu’ils seront avertis par une nouvelle fonctionnalité, s’ils font l’objet d’une tentative de piratage par l’Etat. Une notification leur sera soumise et les invitera à réinitialiser doublement leur compte pour procéder à une authentification plus forte. Facebook refuse d’expliquer comment il réussit à attribuer certaines attaques pour le compte de l’Etat, et justifie son action par des preuves La réforme de l’aide juridictionnelle (AJ) a été adoptée le 15 octobre afin de permettre à un plus grand nombre de personnes d’accéder à la justice. Le plafond de ressources pour bénéficier d’une prise en charge totale des frais de justice était fixé à 941 euros par personne. La réforme le fixe désormais à 1.000 euros. Pour une prise en charge partielle à hauteur de 15 % des frais, le plafond de ressources minimum évolue également ce qui devrait permettre à irréfutables à l’appui. Avec cette démarche, et la communication qui l'accompagne, Facebook entend rétablir un lien de confiance perdu avec ses utilisaterurs notamment depuis son implication dans le scandale d’espionnage pour le compte de la NSA (National Security Agency) où il aurait récupéré les données personnelles de plus d’un milliards d’abonnés. Avec cette nouvelle initiative, Facebook change son fusil d’épaule et se place en défenseur des libertés individuelles. Cependant, dans un contexte politique plus que délicat, Facebook osera-t-il aller jusqu’à prévenir des terroristes qu’ils font l’objet de tentatives d’attaque par les services de renseignements ? «100.000 personnes supplémentaires d’être bénéficiaires de l’aide juridictionnelle », assure Christiane Taubira. L’élargissement de l’AJ pourrait représenter une perte de marché pour les avocats qui voient leur rémunération impactée du fait de cette réforme. Les actes effectués par ces derniers au titre de l’AJ étaient évalués à partir d’un nombre d’unité de valeur (UV), déterminé en fonction des procédures enclenchées. Rémunérée aujourd’hui 22,84 euros, l’unité de valeur devrait passer à 24,20 euros. Néanmoins, la réforme vient minorer le nombre d’UV par acte effectué ce qui conduit inévitablement à une baisse de rémunération pour les avocats. Le groupe américain Groupon, spécialiste des bons de réduction sur Internet lancé en 2008 n’est plus à son apogée. En 2010, la société refusait la proposition d’achat par Google pour près de 6 milliards de dollars. En 2011, toujours forte de son succès, la marque aux bons plans avait enregistré une des plus grosses introductions en bourse pour une société digitale. Depuis, rien ne va plus : son chiffre d’affaire baisse d’année en année et son action a perdu près de 50% de sa valeur initiale. C’est dans ce climat que la société a annoncé son intention de supprimer 1 100 emplois soit près de 10% de ses effectifs et son retrait de 7 pays. Ceci fait suite à une volonté de restructuration qui vise l’international, pour se recentrer sur d’autres objectifs. Cheherazade CHIKHI Laura LIZÉ Les chinois à la rescousse du nucléaire britannique. Le gouvernement britannique a donné son feu vert quant à l’entrée des chinois dans ses projets nucléaires. Un important accord pour la construction de deux réacteurs à Hinkley Point en Grande-Bretagne entre EDF, pilote de ce projet de construction, et ses partenaires chinois a été signé. Le projet estimé à 24 milliards d’euros, peinait à boucler son financement depuis 2008 et l’apport chinois investissant le tiers restant de l’opération s’est avéré décisif, les deux premiers étant supportés par EDF. Cet accord permet aux chinois d’exporter leur technologie, grâce à l’offre faite par EDF de construire le « Hualong », un réacteur de troisième génération qu’ils ont développé. La concurrence avec Areva et son réacteur EPR est directe, appuyant les difficultés que rencontre déjà le géant français du nucléaire qui se sépare de cette branche d’activité cédée à EDF. le petit journal de l’Économie par les étudiants, pour les étudiants Novembre 2015 - LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE 5 L'INVITÉ DU MOIS LA REPRISE DE L’INVESTISSEMENT SEULE SOLUTION AU CHANGEMENT DE TRAJECTOIRE DE L’ÉCONOMIE MONDIALE L’économie mondiale va subir un important changement de direction. Il est difficile pour un économiste de penser les modifications de trajectoires, les cassures, ou encore les mises en place de nouveaux équilibres, d’où l’ambition de la tâche qui nous attend. Il est en revanche facile de se référer au passé, de s’y conformer en partant du principe que toute crise n’est qu’un écueil mineur au sein de cycles qui reviendront invariablement à leur point initial. En réalité, nombre de principes tenus pour certains depuis la fin du XXè siècle sont petit à petit effacés par cette transition économique globale. Ces principes incluent le dynamisme des pays anglo-saxons, la résistance de l’Europe, le phénomène impressionnant de croissance dans les économies émergentes, l’énorme progression scientifique, ainsi que la conviction que de nombreux consommateurs apparaitraient progressivement dans les pays en voie de développement, qui continueront cependant à fournir de la main d’œuvre bon marché. Le premier élément notable est la faiblesse imprévue de la croissance. Elle se situera, au niveau mondial, plus aux alentours de 3% que des 5% que nous connaissions récemment, une baisse réelle, qui n’apporte pas cependant de risques majeurs de récession. Toutefois, c’est principalement vers six autres facteurs qu’il faudra se tourner pour comprendre la transformation de la trajectoire économique. il sera l’une des causes de la faiblesse annoncée de la croissance, dans le futur proche, n’étant pas en mesure de combler tous les vides occasionnés par les pertes de productivité. Il est véritablement compliqué d’avoir une optique viable sur le monde d’aujourd’hui et ses évolutions. Les paranoïas dues aux crises de ces dernières années se dissipant, nous pouvons plus sereinement proposer de nouvelles idées pour l’avenir. En l’occurrence, il nous appartient de réorganiser les marchés, avec un objectif clair, dicté par tous les éléments qui refaçonnent l’économie mondiale : la reprise de l’investissement. Cet investissement, cela va de soi, devrait être relancé dans les secteurs opportuns, de façon à réguler l’impact des chocs attendus. La gestion du vieillissement de la population, la gestion de l’arrivée prévue de 2.5 milliards de personnes supplémentaires sur terre d’ici à 2050, ainsi que le progrès technologique sont les domaines vers lesquels il nous faut impérativement nous tourner. Mais avant de pouvoir s’intéresser à la répartition de l’investissement, il convient d’abord de trouver ses sources de financement, à hauteur de plusieurs milliers de milliards d’euros. Ce n’est pas une mince affaire, et va requérir de redonner de la marge de manœuvre aux différents pays. Il faut mettre un terme aux problèmes de dette si l’on veut pouvoir recommencer à financer l’économie réelle. Les trois premiers sont tout simplement les nouvelles tendances qui sont amenées à émerger, à savoir la survie de la zone euro, tant bien que mal, le rétrécissement du fossé entre pays développés et pays émergents, et le rôle prépondérant des conflits géostratégiques, ouverts ou non, dans la volatilité des ressources naturelles, par le biais de son influence sur le commerce international et les économies nationales. Les trois autres sont des chocs à fortes conséquences, à commencer par celui de l’évolution démographique, que ce soit à travers l’explosion de la population ou à travers le vieillissement dans les pays développés. Le choc environnemental, ou plus précisément sa perception, causera lui des coûts nouveaux, du fait des externalités négatives d’un développement mal maîtrisé. Le choc de la technologie, enfin, prouvera ses limites : 6 LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE - Novembre 2015 Par Jean-Hervé Lorenzi Président du Cercle des économistes Le concours de tous les talents Intégrer une Grande École de Management, ça vous intéresse ? Le Concours Passerelle est fait pour vous ! 1 concours 12 Grandes Écoles Admission parallèle pour les diplômés Bac +2 à Bac +4 (Licence 2, Licence 3, Master 1). Aucun parcours privilégié Quelles que soient vos études actuelles, le concours Passerelle vous est accessible. Rendez-vous sur www.passerelle-fac.com CONSOMMATION LE HEALTHY LIFE STYLE : LA NATURE ET LE BIEN-ÊTRE AU SERVICE DU MARKETING La tendance actuelle est au healthy life style, comprenez le mode de vie axé sur le bien-être et la nature. Il trouve son origine en Californie et son nom évoque, séances de yoga à la plage et cures de détox. Or, il ne se limite pas qu’à cela. Lorsque pour certains, il ne s’agit que d’une simple lubie, pour d’autres, c’est un mode vie. C et engouement n’a pas manqué d’attirer l’attention des spécialistes du marketing qui y voient une niche prospère. Des cosmétiques naturels aux fast food bios, il n’y a qu’un pas. Le bien-être, un marché plus que juteux. LE MAINTIEN EN FORME, UN ARGUMENT TOUS AZIMUT Lors de la sortie de l’Apple Watch, le géant américain a principalement axé sa communication sur l’aide du maintien en forme qu’elle pouvait apporter. Ainsi, le calcul des calories perdues et les distances parcourues, faisaient partie des arguments avancés. En mettant en place cette stratégie commerciale, Apple confirme la tendance et l’emballement qui entourent le marché du healthy et particulièrement du sport qui, l’an passé, accumulait mondialement près de 450 milliards d’euros de chiffre d’affaires. La grimpée des abonnements en salles de fitness, ainsi que le développement foudroyant du métier de coach sportif en témoignent. Le tout avec comme cheval de bataille, la minceur et la remise en forme. Séances de gym suédoise, et zumba ne cessent de voir le nombre de leurs adeptes augmenter et font salle comble. Cette dernière imaginée par le colombien Beto Perrez dans les années 1990, débarque en France en 2009 et connait un intérêt sans précédent. Elle réunit aujourd’hui pas moins de 14 millions de fidèles dans le monde. Son slogan bien ficelé « séchez la gym, venez faire la fête ! » donne une nouvelle dimension à la remise en forme. Faire du sport en s’amusant, est l’argument imparable.Véritable phénomène de société, l’image que l’on renvoie de son corps, à la fois aux autres mais aussi à soi, est de plus en plus importante. 8 LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE - Novembre 2015 LA CONTRIBUTION DES BLOGGEURS SUR L’EXPANSION DE LA COSMÉTIQUE NATURELLE En 2014, le marché de la cosmétique en France pesait près de 25 milliards d’euros. L’Oréal, fleuron national représentait plus de la moitié de ce secteur avec un chiffre d’affaires de 16,56 milliards d’euros. Il s’agit du troisième secteur exportateur en France avec 25 % de parts de marché mondial. Seulement voilà, les associations de consommateurs ne cessent de mettre en garde sur la toxicité des produits vendus par ces marques. La présence de substances nuisibles pour la santé, (parabène, conservateurs et autres perturbateurs endocrinien), font que les cosmétiques conventionnels sont peu à peu boudés au profit de produits naturels, qui persuadent grâce à la traçabilité et la fiabilité de leur composition. La certification des labels spécialisés est un gage de qualité qui rassure. Du tea detox, en passant par les recettes de cosmétiques bios, les bloggeurs renvoient l'image du healthy lifestyle à coup d’articles et de vidéos YouTube. L’un d’entre eux, Julien Kaibeck, aromathérapeute et invité régulier de la « quotidienne » émission de France 5, explique que via son blog, il a voulu informer les consommateurs : « Peu de gens sont au courant des composés douteux de la cosmétique conventionnelle. Et celle-ci représente plus de 85 % du marché. J’ai remarqué que beaucoup de personnes s’étonnaient d’apprendre que leur gel douche ou leur crème contenaient des ingrédients polluants pour l’environnement et pour leur santé ». Pour dénoncer les abus marketing de la cosmétique, il fonde le mouvement Slow Cosmétique dans lequel il prodigue entre autres des conseils pour savoir déchiffrer les composants nocifs sur les étiquettes, et propose des recettes cosmétiques pour composer soi-même ses produits. Ainsi, Julien Kaibeck et consorts participent à un chamboulement des habitudes, ce qui n’est pas sans impact sur la croissance en forte progression de ce marché. Betty Santonnat, directrice du développement de Cosmébio, souligne une nette augmentation de la vente des cosmétiques bio en France : « Nous sommes entrés dans une phase de maturité du secteur. En 2014, le marché français a représenté 425 millions d’euros ». Fort de ce succès, Aroma-zone, spécialiste de la vente de produits d’aromathérapie lancé en 2000, ne cesse de voir son chiffre d’affaires progresser tant l’engouement est fort. Grâce à l'achat d'huiles essentielles et de matières premières végétales, leur site compte près de 4 000 commandes par jour. La raison de ce boum ? Des prix abordables, de nombreux conseils, et des recettes de soins naturels à faire soi-même. Ainsi, une démocratisation du cosmétique naturel do it yourself est née. LE HEALTHY POUR MODERNISER LA RESTAURATION RAPIDE ? Healthy et fast-food apparaissent aux antipodes. Pourtant l’idée alléchante a été exploitée par des chaines de restauration rapide soucieuses de l’image de malbouffe qui colle à leur enseigne. Précurseur en la matière, Quick, qui n’en n’était pas à son premier coup d’essai (il proposait déjà des jus de fruits et des compotes certifiées biologiques) a lancé en 2010 un cheeseburger bio en édition limitée. Du pain, en passant par le fromage et la viande, tout était labélisé AB. Cependant, le goût un tantinet plus fade que l’original, ainsi qu’un prix plus élevé n’ont pas séduit les consommateurs. Quick a décidé de ne pas poursuivre son offre ; son coût de revient 80% supérieur au produit classique n’était pas rentabilisé. Cet échec est surement la raison pour laquelle son grand concurrent McDonald’s n’a pas riposté immédiatement et a préféré attendre cinq ans après, en 2015, pour lancer son premier burger bio qui sera dans un premier temps commercialisé en Allemagne. Le géant américain avait déjà tenté d’améliorer son image de marque en 2009 avec le Big Mac au pain complet dont l'aspect nutritionnel était mis en avant. Le Burger bio n’est donc qu’une suite logique. Force est de constater également que depuis quelques années déjà, des enseignes de sandwicherie telles que Exki, Cojean, ou Bert's multiplient les ingrédients sains et issus de l’agriculture biologique dans les produits qu'ils proposent. Salades aux lentilles bio, plats chauds aux saveurs exotiques, ou encore sandwichs sans gluten, sont affichés à la carte. Pour encore plus de transparence, la chaine belge Exki va même jusqu’à indiquer la composition et l’apport énergétique au dos de chaque article. Ces enseignes se sont adaptées aux demandes et préoccupations des consommateurs qui recherchent des produits frais, sains, et prêts à consommer. Elles se positionnent donc sur la tryptique : santé, bio et rapidité pour proposer la formule gagnante et ainsi créer une nouvelle génération de concept en pleine croissance : le fast-good. LE BOOM DU BIO : UN MARCHÉ AU VERT Les géants de l'agro-alimentaire ont compris l’intérêt grandissant du bio pour les consommateurs et investissent ce marché économique à part entière. La consommation des produits issus de l’agriculture biologique envahit les étals des grandes surfaces. Des rayons entiers ont été dégagés pour laisser place aux produits labellisés là où autrefois il fallait les chercher au fond du magasin. Les chaînes d'hypermarchés représentent 49% des ventes des produits bios. Elles sont suivies non loin derrière par les magasins spécialisés (Biocoop, Naturalia, Bio C bon…) avec 37 % de part de marché. Quant à la vente directe, elle progresse et représente aujourd’hui 14 % du marché : les circuits courts sont de plus en plus plébiscités en raison du lien et confiance avec les producteurs qui résulte d’un achat à la source. Des sites tels que « monpanierbio » ou « bienvenue à la ferme » ont fait leur apparition et aident les consommateurs à trouver des producteurs dans leurs régions. De la sorte, la vente directe se popularise. Pourtant en pleine crise de la consommation, la France se place aujourd’hui en 3e position mondiale de vente de produits bio (4,8 milliards de dollars) derrière l’Allemagne (8,3 MDS ) et les Etats-Unis (26,7 MDS). Cette tendance confirme l’étude menée en janvier 2015 par l’Agence Bio selon qui, 49 % des français déclarent manger des aliments issus de l’agriculture biologique au moins une fois par mois. Les produits les plus consommés sont les fruits et légumes pour 79% des personnes interrogées, s’en suivent les produits laitiers (56%), les œufs (45%), diverses boissons telles que les jus de fruits ou les vins (45%), la viande (33%) et le pain (30%). Ces chiffres résultent de la perception que manger bio est la garantie de manger des aliments plus sains et plus savoureux. Ainsi, freinés par les divers scandales alimentaires (viande chevaline, grippe aviaire, OGM…), les français se rapprochent des produits issus de l'agriculture biologique. GARE AUX DÉRIVES Un mode de vie sain et équilibré est la garantie du maintien en forme. Cependant gare aux dérives. Des régimes sans gluten plébiscités à tout va par médias et célébrités, en passant par les régimes sans sucre, on en vient à bannir des aliments nécessaires au bon fonctionnement du corps. Le healthy lifestyle, oui, mais pas au prix de sa santé ! Cheherazade CHIKHI POUR EN SAVOIR + •M arion Perroud, « Aroma-Zone, un commerce essentiel bien huilé » 13/04/15 www.chefdentreprise.com • Anne-Marie Gabelica, « Les 13 perturbateurs endocriniens à éviter dans nos cosmétiques » 13 /02/14, www.oolution.com/bloog/ •V alérie Leboucq, «Le fast-good part à l’assaut du fast-food» 25/02/2014, www.lesechos.fr • «Baromètre de consommation et de perception des produits biologiques en France», étude réalisée en janvier 2015, Agence Bio Novembre 2015 - LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE 9 TRIBUNE LIBRE LE DANGER DU CRÉDIT RENOUVELABLE POUR LES CONSOMMATEURS Dans une société de surconsommation en proie paradoxalement à une crise financière, les difficultés n’épargnent personne. Pour certains ménages, la nécessité de faire appel à l’aide d' établissements de crédits pour répondre à laurs besoins primaires se fait ressentir. Mais sont-ils réellement conscients des responsabilités que cela entraîne et des lourdes conséquences que cela peut engendrer ? L e crédit renouvelable, connu également sous le nom de crédit permanent, revolving ou reconstituable, consiste à mettre à la disposition d'un emprunteur une somme d’argent qu'il pourra utiliser à tout moment, en totalité ou en partie. C'est un crédit à la consommation qui n'est pas lié à l'achat d'un bien particulier, contrairement à un crédit affecté comme le crédit immobilier. LE FONCTIONNEMENT DU CRÉDIT RENOUVELABLE Lors de la souscription à un crédit renouvelable, l’emprunteur se voit confier selon ses besoins, une somme déterminée. Assimilée à une réserve, elle diminue lorsque l’argent est utilisé et se reconstitue progressivement lorsqu’il est remboursé. Une carte peut également être remise lors de la souscription du crédit. Au dos de celle-ci doit figurer en caractères lisibles la mention "carte de crédit" afin de la différencier des cartes de débit plus largement utilisées. UTILISATION DE LA RÉSERVE RECONSTITUTION DE LA RÉSERVE RÉSEVE PRÉLÈVEMENT D'ÉCHÉANCES PRÊTEUR 10 LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE - Novembre 2015 SOUSCRIPTEUR DU PRÊT Dès que cette réserve est entamée, l'emprunteur se voit prélever des échéances pour rembourser les intérêts et le capital dus. Ceux-ci sont générés uniquement si la somme mise à disposition est utilisée. Le TAEG (Taux Annuel Effectif Global) est révisable, contrairement au crédit personnel dont le taux fixe est calculé selon le montant et la durée de l’emprunt. Telle une boucle, la réserve d'argent se reconstitue au fur et à mesure des remboursements du capital et peut être de nouveau empruntée. L'emprunteur reste endetté tant qu'il n'a pas reconstitué entièrement sa réserve. A contrario, le taux variable, varie en en fonction d’un indice de référence qui aura été déterminé avec l’emprunteur lors de la souscription du crédit. Ce dernier ne pourra pas connaitre à l’avance le cout total de son crédit, puisqu’il variera selon le taux. Ce type de crédit encourage à la consommation abusive, et un emprunteur qui n’aurait pas été mis en garde peut se voir rapidement dénoué de toute notion de dépense et se retrouver en situation de surendettement. LE CRÉDIT RENOUVELABLE EST-IL AUSSI INTÉRESSANT QU’IL N’Y PARAÎT ? Parmi ses principaux avantages, figure sa facilité d’utilisation : la somme mise à disposition de l’emprunteur, l’est de façon permanente grâce à la carte associée au crédit. Celle-ci permet non seulement des retraits dans les distributeurs automatiques mais également la possibilité de payer directement chez les commerçants. Une autonomie accrue est donc accordée au souscripteur. Le crédit n'est affecté à aucune dépense précise et peut-être utilisé pour financer tout type de frais sans contrainte. Le consommateur peut décider de ponctionner fréquemment ou non une somme dans sa réserve en fonction de ses besoins et ressources. Les intérêts s’appliquent uniquement sur la somme de la réserve utilisée et les mensualités de remboursement peuvent être modifiées à tout moment si l’emprunteur en fait la demande. Ces avantages font que le crédit revolving est plus coûteux qu’un crédit classique. Par conséquent, sont engendrés des taux de remboursement plus élevés. Le coût du crédit est exprimé par un taux effectif global (TEG) qui prend en compte les intérêts et l'ensemble des frais liés (frais de dossier, frais d'assurance, frais de garantie...). Un prêt est considéré usuraire lorsque son TEG est supérieur aux taux d'usure fixé par la Banque de France pour le trimestre en cours. Actuellement, le taux d'usure s'appliquant au 4ème trimestre 2015 est de 19.97 %. Alors que le taux effectif moyen (TEM) constaté pour un prêt classique d'un montant inférieur ou égal à 3 000 € est de 14.98 %, celui du crédit revolving entre 17%-21%. Caractérisé par un taux d'intérêt élevé quasiment égal au taux d'usure, les grands bénéficiaires sont les banques et les organismes de crédit qui empruntent à des taux bas et facturent à des TEG élevés. Cependant, il est souvent proposé de rembourser le crédit, c'est à dire le capital utilisé, via de faibles mensualités. Le remboursement n’est effectué que très lentement, ce qui implique une durée du crédit plus élevée et plus coûteuse. Le taux du crédit renouvelable n’est pas fixe mais variable et peut donc augmenter entre le jour de la signature et le jour de l’utilisation. Le taux fixe présente l’avantage d’être prévisible et le remboursement se fait à échéances constantes ce qui confère une certaine stabilité. Les prêteurs Banques (LCL, société générale…) Enseignes de grande distribution (ex: Conforam, Leclerc, Darty…) Organismes spécialisés dans le crédit à la consommation (ex: Cofidis, Finaref…) Caractéristiques du crédit renouvelable Droits du souscripeteur La durée du contrat est reconduite tacitement chaque année, si le souscripteur ne manifeste aucune volonté de le rompre. Possibilité de se rétracter dans les 7 jours qui suivent après avoir signé. Le crédit ne doit pas dépasser le montant maximum autorisé. Ex : si le montant est de 1 500€, le souscripteur ne pourra dépasser ce montant lors de ses achats. Si l’achat d'un bien lié à la consommation est supérieur à 1000€, l'établissement de crédit doit obligatoirement proposer un crédit amortissable moins coûteux. Les intérêts que l'emprunteur rembourse ne portent que sur la somme utilisée. Coût de l'emprunt est supérieur au TEG Dans les 3 mois précédant l’échéance, les conditions de renouvellement du contrat doivent être présentées au souscripteur. Dyno BAN POUR EN SAVOIR + • www.lafinancepourtous.com www.banque-france.fr www.economie.gouv.fr • "crédit à la consommation: vos droits" droit-finances. commentcamarche.net Octobre 2015 • "Le crédit revolving en accusation". Claire Alet-Ringebach. Alternative économique-Mars 2009 Novembre 2015 - LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE 11 ENTREPRISE LA MACHINE AMAZON L’explosion de la bulle internet a entraîné par ricochet l’explosion des services en ligne. En 2014, Le marché de l’e-commerce en France pesait plus de 56 milliards d’euros. Premier bénéficiaire du genre : Amazon, numéro 1 mondial de l’e-distribution de la controverse. P récurseur en la matière, Le mastodonte lancé par Jeff Bezos en 1994 a su, avec l'impulsion de son créateur, se métamorphoser au gré de la demande au fil des années. Depuis, plus rien ne l’arrête, et en vingt ans, il a su imposer sa place. Il domine le marché de la vente à distance et rares sont ceux qui n’en n’ont jamais entendu parler. DE LA LIBRAIRIE EN LIGNE AU MASTODONTE DE LA DISTRIBUTION, IL N Y’A QU’UN CLIC Amazon à sa création n’était qu’une simple librairie en ligne qui, grâce à l'essor d'internet, s’est diversifiée en offrant ses services à une plus large clientèle. Force est de constater des années plus tard que cette stratégie s’est avérée payante. Aujourd'hui, la vente de livres constitue la 2e source de chiffre d’affaires d' Amazon avec 9 milliards de dollars de bénéfices, devancée par la vente de produits électroniques (25,8 MDS). Les articles divers de beauté et de santé se positionnent quant à eux en troisième place (5,6 MDS). Le cabinet de conseil OC&C Strategy Consultants, a mené une étude mesurant l’attractivité de 900 enseignes de distribution et place en 2015 le géant américain comme étant la société préférée des français, suivie de Picard et Yves Rocher. Cette préférence s’explique principalement par un bon rapport qualité prix, une large gamme de choix et un service client disponible de façon presque permanente. « Cette distinction encourage l’ensemble des équipes d’Amazon en France à faire toujours plus, chaque jour, pour renforcer la sélection d’articles, maximiser la disponibilité des produits recherchés et contribuer à l’amélioration de l’expérience client » précise Frédéric Duval, country manager France d’Amazon. Il devient difficile de satisfaire des consommateurs de plus en plus exigeants. Amazon l’a compris et bichonne sa clientèle. La politique du client roi porte ses fruits : grâce à la simplicité de son site web, le leader américain enregistre près de 15 millions de visiteurs en France et référence 183 millions de produits divers et variés à prix attractifs. Tous ces facteurs font qu’Amazon réussit à fidéliser sa clientèle et comptabilise en 2014 un chiffre d’affaire mondial de 89 milliards de dollars. 12 LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE - Novembre 2015 UNE RÉUSSITE AU CŒUR DE LA CONTROVERSE Le PDG d' Amazon, Jeff Bezos a été accusé de mener à bien sa conquête au détriment de ses salariés en leur imposant de rudes conditions de travail. Il s’est même vu décerner en 2014 le titre de « pire patron au monde » à l’issue d’un sondage mené par la Confédération syndicale internationale (CSI) dont la secrétaire générale, Sharan Burrow, a déclaré qu’« en Allemagne, Amazon traite ses travailleurs comme s’il s’agissait de robots et d’ailleurs, la société ne cache pas son intention, d’ici quelques années, de remplacer son personnel par des machines. Les conditions de travail sont tellement pénibles que des ambulances stationnent régulièrement à l’extérieur des entrepôts pour recueillir des membres du personnel ». Pour assurer la satisfaction de sa clientèle et une livraison promise en 48h, Amazon exploite ses salariés en négligeant volontairement leur bien-être, pire encore, en rendant leurs taches plus pénibles qu’elles ne le sont déjà. Douleurs dans le dos et aux articulations sont monnaie courante comme le rapporte Jean Baptiste Malet, journaliste infiltré en tant qu’intérimaire de nuit dans l’entrepôt d’Amazon à Montélimar : « même si son parcours est optimisé par un logiciel, le préparateur de commande, marche entre 20 et 25 kilomètres par vacation. Il y a aussi ces longs moments, le plus souvent vers 3h30 pour ma part, où les jambes se pétrifient ». Dans un souci de productivité massive, les employés considérés comme des bons éléments sont surnommés les «Amabots», autrement dit les robots d'Amazon. Ils sont divisés en quatre groupes : les eachers reçoivent la marchandise, ensuite, les stowers la rangent dans les hangars, puis, les pickers sillonent l’entrepôt pour prendre les produits et préparer les commandes. Enfin les packers emballent le tout. Au delà des conditions de travail physiquement et psychologiquement difficiles, Amazon flirte avec les limites du légal en contraignant ses salariés à signer des clauses leur interdisant de pouvoir témoigner, ou en les faisant travailler sans qu’ils aient encore signés leur contrat. Asf RIAHI POUR EN SAVOIR + •M axime Doreau, « les chiffres clés d’Amazon en 2015 », 12/05/15 www.feed-manager.net • Richard Menneveux « Les internautes français récompensent Amazon comme meilleur site e-commerce pour la 5ème année », 29 /11/13 www.frenchweb.fr • « Le PDG d’Amazon, Jeff Bezos, élu pire patron au monde », 23/05/14 site de la confédération syndicale internationale • Dominique Nora, « Quand Amazon transforme ses recrues en robots », 09/05/13 www.tempsreel.nouvelobs.com INNOVATION LA TECHNOLOGIE AU SERVICE DU SHOPPING Keep calm and go shopping, ce slogan pourrait bien finir par s’appliquer même aux plus réfractaires. Grâce aux diverses innovations mises en place, le shopping ne sera plus une corvée : il sera rapide, connecté et synonyme de détente. L a technologie prend de plus en plus de place dans notre quotidien et impacte nos habitudes en matière d’achats. C’est la raison pour laquelle certaines enseignes tendent à développer des innovations afin d’opérer un gain de temps. Il convient alors de se demander si l’ère du tout numérique viendra remplacer les conseils avisés d’une vendeuse, ou même le traditionnel essayage en cabine, au profit d’une robotisation. Focus sur les dernières innovations en la matière. veulent être uniques. Partant de ce postulat, la start-up Electroloom a développé une technologie 3D qui permet de concevoir et de façonner ses propres vêtements. Grâce à l’utilisation d’une imprimante 3D et à son procédé de micro-tissage, la machine transforme la matière en fibre et produit une création sur-mesure. Pour l’instant réservée aux créateurs, elle pourrait un jour rejoindre les magasins de prêt-à-porter mettant à disposition différents patrons et tissus que les consommateurs pourront assembler afin de se créer une tenue sur-mesure. DES MOYENS DE PAIEMENTS FACILITÉS UNE RÉINVENTION DE L’ACHAT Le consommateur est aujourd’hui constamment connecté du fait de l’omniprésence des applications mobiles. Après celles comparant les prix et la qualité, de nouvelles applications permettant de géo-localiser des produits ou des personnes dans les magasins sont aujourd’hui en test. Cependant, le téléphone portable n’a plus le monopole de la connectivité et au Japon, la boutique Vanquish en est le parfait exemple. Elle a entre autre mis en place des cintres connectés. Ces derniers évaluent la popularité dont bénéficient les articles sur les réseaux sociaux et sont connectés à des écrans qui suggèrent divers produits pour accessoiriser et créer une tenue. Les miroirs suivent le même esprit et l’acheteur n’a plus besoin d’enfiler le vêtement, mais simplement de le sélectionner et laisser la technologie faire le reste. Le client voit son image projetée en 3D comme s’il portait réellement le vêtement. Si cette technologie se répand, les files d’attentes interminables ne seront bientôt qu’un lointain souvenir. DES INNOVATIONS POUSSÉES Au-delà du simple acte d’achat, tout le processus de fabrication du produit est remis en cause par l’arrivée des nouvelles technologies. Aujourd’hui, les consommateurs Voilà maintenant quelques années que les enseignes d’agroalimentaires ont mis en place des caisses sans caissière. Il y a 5 ans, cette démarche paraissait étonnante. Tout le monde criait à la suppression de postes. Un véritable virage technologique a été opéré car aujourd’hui elles sont largement utilisées. Les caisses dites classiques risquent d’être encore mises à mal par le système de la reconnaissance visuelle. Cet outil permettra de scanner les articles sans avoir à les sortir du chariot. Toshiba exploite déjà ce concept avec un prototype qui serait capable de reconnaitre des articles simplement selon leur forme, leur poids ou leur couleur, sans qu’un code barre soit nécessaire. Il va même jusqu’à différencier la variété de fruits et légumes. La rapidité d’exécution est un avantage incontestable qui devrait séduire les grandes enseignes. Ces technologies paraissent à première vue extravagantes et peuvent être considérées comme farfelues. Pourtant il y a fort à parier que dans un futur proche, de par leur praticité elles deviendront indispensables et se démocratiseront dans les plus grandes enseignes. Néanmoins, un doute plane quant à l’éventuelle hausse des prix qu’engendreraient de tels investissements. Le progrès oui, mais à quel prix ? Manon ROUX POUR EN SAVOIR + • Élisabeth Clauss, « On a testé le shopping du futur », 12 septembre 2015, www.madamelefigaro.fr • « Electroloom, la première imprimante 3D de textile est née », 16 mai 2015, www.3dnatives.com Novembre 2015 - LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE 13 BANQUE LE DOLLAR ET LE YUAN : DUEL AU SOMMET DU SYSTÈME MONÉTAIRE INTERNATIONAL Depuis la seconde guerre mondiale, le dollar est la monnaie internationale de référence. Cependant, aujourd’hui sa pérennité est remise en question et certains voient dans le yuan un challenger sérieux. L e Produit intérieur brut (PIB) américain représente aujourd’hui 16% du PIB mondial, contre environ 25% après la guerre. Alors que l’influence américaine décline, la question se pose de savoir si le dollar peut garder son statut de monnaie internationale unique et combien de temps la domination de la FED (réserve fédérale des États - Unis) subsistera. LA DOMINATION DU DOLLAR EN PROIE AUX DOUTES Le dollar est plus utilisé que jamais. Les pays émergents en recherche de stabilité ont construit des réserves en dollar en achetant des actifs dénominés (principalement des bons du trésor). Pour les investisseurs (banques, fond de pensions, etc), ces réserves sont sources de stabilité et promettent une demande toujours plus forte pour le dollar au rythme de la croissance mondiale. Ce dernier est régit par la Fed (Federal Reserve system) comprenez la banque centrale américaine, dont l’influence est de plus en plus forte, notamment depuis la crise et les énormes injections de liquidité qui ont suivi. Le reste du monde subit donc les fluctuations de capital induites par la politique de taux de la Fed. À long terme, la domination du dollar est donc remise en question. Mais quel sera son remplaçant ? La livre britannique a précédé le dollar dans ce rôle (notamment tout au long du XIXe siècle) mais ne peut plus y prétendre aujourd’hui car l’économie anglaise n’est plus aussi importante mondialement. Les économies de la zone euro et du Japon, concurrentes sérieuses, connaissent aujourd’hui un déclin relatif encore plus important que celui des Etats-Unis. En raison du développement spectaculaire 14 LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE - Novembre 2015 qu’a connu la Chine au cours des dernières décennies, les regards se tournent depuis quelques temps vers le yuan. Qu’en est-il réellement ? LE YUAN PEUT-IL CONCURRENCER LE DOLLAR ? Le trading du yuan se développe rapidement dans de nombreux centres financiers (Hong Kong, Londres…), mais il reste avant tout spéculatif. Le redback, littéralement le billet rouge, est encore très peu utilisé comme monnaie de réserve ou de transaction. Le yuan ne flotte pas librement à l’inverse du dollar. La Banque Centrale chinoise intervient fortement sur le marché des devises pour maintenir le yuan contre le dollar (actuellement aux alentours de 6,3 yuans par dollar). Sa valeur n’est donc pas définie par les forces du marché mais de manière discrétionnaire par la banque centrale chinoise, non indépendante. Ceci décrédibilise le yuan. De plus, les marchés financiers chinois sont en réalité peu développés, très réglementés et donc difficilement accessibles pour les investisseurs étrangers. En intervenant pour soutenir le marché en chute à l’été 2015, les autorités chinoises ont montré qu’elles n’étaient pas prêtes à relâcher leur contrôle de l’économie, ce qui ne rassure en aucun cas les investisseurs étrangers. Entre les deux guerres mondiales, la transition entre la livre et le dollar ne s’est pas faite subitement. Les deux monnaies ont coexisté au centre du système monétaire international pendant toute cette période. Il est possible d’imaginer que dans un futur proche, le yuan cohabitera avec le dollar. Dans les années 70 et 80, certains économistes prédisaient, à tort, que l’actuelle monnaie européenne, et le yen japonais, rivaliseraient avec le dollar. Le yuan chinois peut-il, lui, rivaliser avec le dollar et éviter de rejoindre les rangs des prétendants malheureux ? Si la Chine se réforme et s’ouvre, cette hypothèse ne paraît pas invraisemblable. Mathias BLOUIN POUR EN SAVOIR + The Economist, ensemble d’articles « The world economy », 03/10/2015. PARCOURS DU DIRIGEANT XAVIER GIRRE, PRÉSIDENT DU DIRECTOIRE DE XANGE PRIVATE EQUITY par exemple la création de la fonction audit et risques au sein de Veolia, groupe coté et à Paris et à New York ; ou encore le rapprochement entre Véolia Transports et Transdev, deux grands groupes de transport public qui constituent aujourd’hui le leader du secteur ; ou enfin la contribution à La Poste au nouveau plan stratégique « Confiance partagée 2013-2018 », ainsi qu’à la mutation de notre groupe qui doit vraiment se réinventer pour pouvoir construire son avenir dans un contexte de mutations technologiques et mutation des usages du courrier. » LE DIRIGEANT DOIT AVOIR DE L’EXIGENCE ET DE LA BIENVEILLANCE X avier Girre revient sur son parcours de dirigeant avec TVDMA, 1ère web TV du Management et Droit des Entreprises. Pour lui, le dirigeant doit avant tout apporter sa pierre au projet de son entreprise. Deux qualités sont essentielles pour apporter cette contribution : exigence et bienveillance RETOUR SUR LE PARCOURS D’UN DIRIGEANT FRANÇAIS DE PREMIER PLAN « J’ai commencé par étudier à HEC, puis SciencesPo et enfin l’ENA. J’ai ensuite passé quatre ans à la Cour des Comptes où j’ai notamment travaillé, au milieu des années 1990, sur les entreprises publiques comme France Télécom ou encore Aérospatial. J’ai ensuite rejoint le groupe Véolia Environnement où j’ai passé douze ans, notamment lors de la mise en bourse de Véolia au début des années 2000. J’y ai créé la Direction de l’audit et des risques. J’ai par la suite été le Directeur financier de Véolia Transports et de Véolia Propreté avant de devenir le Directeur financier du groupe La Poste en 2011. » UNE VOLONTÉ DE CONTRIBUER À DES PROJETS « Ce qui m’a animé dans ce parcours a toujours été d’essayer d’apporter ma pierre à des projets divers : « En termes de qualités, ce que j’essaye d’appliquer pour moi-même et ce que je recherche des personnes avec lesquelles je travaille, c’est une articulation entre l’exigence, la bienveillance et l’humilité. Je crois que c’est absolument essentiel pour ainsi pouvoir, chacun dans son domaine, chacun dans sa responsabilité, apporter vraiment une contribution concrète à un projet. Et on ne peut le faire que si on à la fois l’exigence pour apporter sa maitrise technique, apporter une vision de dirigeant lorsque cela est nécessaire, et le faire dans le cadre collectif car il n’y a que dans le cadre collectif que l’on peut ainsi contribuer utilement. » POUR EN SAVOIR + • Interview complète sur TVDMA Site tvdma.org - Entreprenariat - Business Story - "Le Parcours du Dirigeant" - Xavier Girre "Comment devenir entrepreneur" sur TVDMA • Site tvdma.org - Entreprenariat - Business Story "Comment devenir entrepreneur" - Stéphane Richard Novembre 2015 - LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE 15 DOSSIER DU MOIS L’ANNÉE DE CÉSURE : L’ÉCOLE DE LA VIE A l’aube de l’entrée dans la vie active, l’année de césure permet d’appréhender les rouages du monde du travail et de se forger une expérience marquante tant sur le plan professionnel que personnel. L ’étudiant peut décider de suspendre provisoirement son cursus durant une période de 6 mois à 1 an afin de se consacrer à un stage en France ou à l’étranger. Le but est ici de confronter ses choix théoriques à une réalité plus pratique UN ENCADREMENT RENFORCÉ DANS UNE OPTIQUE DE SÉCURISATION Avant la circulaire du 22 juillet 2015, les contours de la mise en œuvre de l’année de césure étaient flous. Largement pratiquée dans les écoles de commerce et d’ingénieurs, un peu moins dans les universités, elle était laissée à la libre appréciation des établissements d’enseignement supérieur. Certains étudiants étaient même pénalisés du fait de la non-garantie de leur réinscription universitaire. Ces éléments les freinaient dans leurs projets, et nombre d’entre eux, n’avaient même jamais entendu parler de l’année de césure. C’est dans cette optique de sécurisation et d’information, que le ministère de l’Éducation Nationale a décidé d’encadrer ce dispositif pour permettre de mieux l’appréhender. Les étudiants pourront donc réaliser une période de césure pouvant aller de six mois à un an, en France ou à l’étranger, pendant leur parcours tout en conservant leur statut d’étudiant et les avantages qui s’y rattachent. Ils seront également assurés de leur réinscription au sein de l’établissement car le gouvernement insiste sur le fait qu’il s’agisse d’une « suspension du parcours universitaire, mais en aucune façon comme une rupture qui s’avèrerait pénalisante » comme l’indique la ministre Najat Vallaud-Belkacem dans un communiqué. De plus, cette césure a un caractère facultatif selon les établissements, elle n’est donc en aucun cas imposée à l’étudiant qui reste libre de son choix. 16 LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE - Novembre 2015 UNE TENDANCE ANGLO-SAXONNE QUI SE DÉMOCRATISE Dans les pays anglo-saxons, la tendance n’est pas nouvelle. Plus connue sous le nom de gap year, la césure a généralement lieu entre la fin des études secondaires et l’entrée à l’université. Il est alors fréquent de voir des étudiants faire des pauses dans leurs études pour voyager, effectuer des stages ou s’engager dans l’humanitaire avant d’entamer leurs études. Le but est de développer ses soft skills, comprenez les capacités relationnelles et humaines innées pouvant améliorer le travail en entreprise. Elles s’affirment au cours des expériences vécues et s’opposent aux hard skills, compétences théoriques et techniques mesurables, qui s’acquièrent lors des formations scolaires. « Dans les pays anglo-saxons, l’individu construit sa vie, alors que les Français se construisent via un diplôme pour acquérir une position sociale, finir son parcours scolaire dans les temps est la preuve suprême de la réussite » explique Vincenzo Cicchelli, maitre de conférence en sociologie à Paris Descartes. En effet, les soft kills ne sont pas assez valorisés par les recruteurs français mais voient progressivement leur importance s’accroitre au fil du temps. La généralisation de l’année de césure en est un bon exemple. Un recruteur face à un candidat ayant expérimenté une telle aventure, le percevra comme un potentiel challenger, et accordera une grande attention à son profil, car l’organisation d’un défit comme celui-ci, nécessite une autonomie et une gestion particulière. UNE PARENTHÈSE SÉDUISANTE QUI SE PRÉPARE Enrichir son CV, élargir ses horizons, améliorer ses compétences linguistiques, autant d’arguments en faveur de la césure. Cette expérience doit représenter une réelle opportunité d’apprentissage et de maturation de projets. Si sur le papier elle séduit, partir durant tout ce temps demande réflexion et anticipation au risque de déchanter et de n’aboutir que sur la perte d’une année. Nombre d’étudiants ont vu l’excitation laisser place à la déception. C’est le cas de Benoit étudiant en école de management. « J'ai trouvé une offre de 6 mois dans une petite entreprise qui a ouvert des fast-foods à Londres. J'avais estimé qu'être dans une PME en développement me permettrait d'avoir plus de responsabilités. Mais c'est l’inverse qui s’est produit. Je me suis retrouvé dans un stage mal payé et très peu enrichissant. Parfois, il fallait que je compte les sandwichs invendus à la fin de la journée » raconte-il dans les colonnes de l’Etudiant magazine. Il continue en précisant, qu’après en avoir discuté avec son école, il a décidé de mettre fin à ce stage non valorisant. Depuis, il s’épanouit au sein de l’équipe finance d’Orange à Londres. UNE NOUVELLE VISION DE LA VIE PROFESSIONNELLE L’année de césure permet de prendre du recul et d’appréhender le monde professionnel sous un angle plus pratique. Chose nécessaire lorsque l’on remarque la différence qui existe entre la théorie et la pratique. Il s’agit donc d’une seconde chance offerte à l’étudiant lui permettant de corriger une erreur d’orientation ou au contraire de renforcer ses choix. C’est le cas d’Alice, étudiante en Master à Audencia, école de commerce à Nantes. Elle explique que dans son cas, la césure lui a été imposée par son établissement, mais même si cela n’avait pas été le cas, elle aurait tout de même opté pour ce choix. « Je voulais m’assurer de la bonne direction que je donnais à mes études. La césure était pour moi l’occasion de décider de ma spécialisation en Master 2 » Après maintes recherches à l’étranger infructueuses, et les jours défilant à toute allure, elle finit par accepter un stage non rémunéré à Vienne, mais dont le poste lui correspondait parfaitement « j’ai dû financer mon projet toute seule ; j’ai fait un prêt étudiant et puisé dans mes économies. Je bénéficiais également d’une bourse du Crous ». Elle précise tout de même que c’était une belle expérience professionnelle : « il s’agissait d’un stage de cinq mois en tant que chef de projet dans une agence de tourisme d’affaires, dans lequel j’ai énormément appris. J’ai acquis de la rigueur et de l’autonomie. Nous n’étions pas nombreux et j’avais des responsabilités assez importantes. J’ai également considérablement amélioré mon allemand et mon anglais. Si c’était à refaire, je le referai sans hésiter » finit-elle par préciser. Gagner en expérience professionnelle pour mieux définir ses futurs projets et éviter la désillusion, tels sont donc les principaux buts de la césure. L’occasion pour l’étudiant est de vérifier s’il réussit à s’adapter ou non au contexte professionnel pour lequel il a étudié des années durant. L’adaptation au monde du travail nécessite de développer des compétences nouvelles et un état d’esprit qui répond aux attentes des recruteurs. QU'AVEZ VOUS FAIT DURANT VOTRE ANNÉE DE CÉSURE? 39% Stage 38% Voyage à létranger 20% 17% 10% 7% 5% Projet personnel ? Autre formation Mission service civique Projet, bénévolat ? Indifférent Étude animafac, avril 2015 Année de césure, sabbatique, gap year, autant de mots pour un même objectif : apprendre davantage sur soi, écouter ses envies et ses aspirations, apprendre un métier, aller à l’aventure et faire des rencontres. Une autre vision de la vie loin du confort habituel avec dans l’esprit l’aboutissement d’une première expérience enrichissante. Vous l’aurez compris, c’est une opportunité qui n’aura peut-être plus l’occasion de se présenter, alors autant la saisir. Cheherazade CHIKHI POUR EN SAVOIR + •S ylvie Lecherbonnier, Nicolas Berrod, Sarah Hamdi « année de césure, les pièges à éviter » 12 septembre 2015 www.letudiant.fr • Lucie Quillet, « La gap year, nouvelle tendance pour les étudiants » 28 juin 2013, www.etudiant.lefigaro.fr • « les jeunes et l’année de césure » étude Animafac, viavoice, avril 2015 www.animafac.net Novembre 2015 - LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE 17 DOSSIER DU MOIS MOI STAGIAIRE, QUELS SONT MES DROITS ? Certaines entreprises peu scrupuleuses profitent parfois du manque de connaissances juridiques de leurs stagiaires pour bafouer leurs droits. Pour lutter contre les abus, la loi relative à l'encadrement des stages et à l'amélioration du statut des stagiaires a été adoptée le 26 juin 2014. Voici un tour d’horizon des nouvelles dispositions. 6 MOIS DE STAGE LES HORAIRES DU STAGIAIRE Aujourd’hui, toute personne ne pourra être employée dans une entreprise avec le statut de stagiaire que pendant 6 mois. Il existe deux exception : si ce stage est dans le cadre d’une formation pluriannuelle, ou si l’individu interrompt sa formation pour acquérir des compétences pendant une année de césure. Le stagiaire a les mêmes horaires que les employés de l’entreprise et les mêmes avantages en termes de jours fériés et de repos hebdomadaire et quotidien. AUGMENTATION DE LA GRATIFICATION MINIMALE Le problème est de savoir qui doit subir la charge des réparations en cas d’accident du travail entre l’organisme de formation et l’organisme d’accueil qu’est l’entreprise. La loi a admis que l’entreprise devrait subir le coût des réparations si cette dernière a commis une faute inexcusable (extrêmement grave) ayant eu un impact sur l’accident. L’ancienne gratification s’élevait à 436,05 € tandis qu’après ce texte elle est élevée à 554,40 € brut. Les mêmes avantages pour le salarié et le stagiaire. Le stagiaire aura les mêmes droits que les salariés en termes de tickets-restaurant et de prise en charge des transports. LA RESPONSABILITÉ LORS D’UN ACCIDENT DU TRAVAIL LIMITATION DU RECOURS AU STAGIAIRE UNE RECONNAISSANCE ACCRUE DE LA NÉCESSITÉ DES STAGES Le Conseil d’État doit prendre un décret qui fixera un taux de stagiaires pour toutes les entreprises. Ce pourcentage sera déterminé en fonction du nombre de personnes employées. Depuis la réforme du 1er août 2011, les universités ont l’obligation de faire apparaître l’option « stage » dans leur maquette de troisième année de licence. En fonction des universités, il sera donc optionnel ou obligatoire. SI MANQUEMENT AU QUOTA DE STAGIAIRES, SANCTION ? L’entreprise peut être sanctionnée par une amende si elle ne respecte pas le nouveau texte. Elle s’élève à 2 000 euros par stagiaire et elle peut monter jusqu’à 4 000 euros s’il y a eu répétition du manquement. 18 LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE - Novembre 2015 Inès RODRIGUÈZ POUR EN SAVOIR + Consultez le site www.legifrance.fr PUBLI-RÉDACTIONNEL ÉCOLES DE LANGUES À L’ÉTRANGER DÉVELOPPEZ VOTRE CARRIÈRE INTERNATIONALE ET FAITES LA DIFFÉRENCE SUR VOTRE CV GRÂCE À KAPLAN INTERNATIONAL ET SES 45 ÉCOLES D’ANGLAIS À TRAVERS LE MONDE ! Apprenez l’anglais en immersion dans un cadre stimulant et international, découvrez les plus belles villes anglophones, de New-York à Londres, en passant par Sydney ou Auckland et rencontrez des étudiants venus du monde entier. DES COURS ADAPTÉS À VOS BESOINS UNE AIDE À L’INSERTION PROFESSIONNELLE Les programmes sont entièrement flexibles de 2 semaines à 1 an d’études pour s’adapter aux projets académique ou professionnel du participant. Choisissez la destination, la date de début de votre formation, l’intensité des cours, ainsi que la formule d’hébergement qui vous conviennent. La formule Cours et immersion professionnelle de Kaplan est idéale pour allier cours d’anglais et expérience au sein d’une entreprise anglophone. Ce programme de 8 semaines minimum est proposé aux États-Unis, au Canada, en Australie et en Nouvelle-Zélande et vous permet de mettre en pratique dans un environnement professionnel, les connaissances acquises lors de vos cours. Toutes nos écoles d’anglais sont accréditées par les organismes ce qui permet d’assurer à tous les participants un accompagnement personnalisé. C’est pour cela que plus de 95% de nos participants recommanderaient Kaplan à leurs proches. Cours d’anglais général : Améliorez votre niveau d’anglais à votre rythme avec des formules à la carte à partir de 2 semaines et début des cours tous les lundis, pour s’adapter à vos disponibilités. Formules de cours standard, semiintensif ou intensif pour tous les niveaux, selon vos besoins linguistiques. Préparation aux examens : Augmentez significativement votre score aux examens officiels du TOEFL, de l’IELTS et de Cambridge. Ces programmes intensifs commencent tous les lundis, et alternent cours d’anglais général, exercices de méthodologie et examens blancs. Semestre et année académique : Partez 5, 6 ou 8 mois en immersion dans l’une de nos 45 écoles d’anglais dans le monde. Atteignez un niveau d’anglais courant grâce à des cours semi-intensifs ou intensifs. Préparation universitaire : Assurez votre entrée dans une université anglophone avec les programmes de préparation aux examens du GRE et du GMAT. Durant les 12 semaines de programme tous les aspects de l’examen seront étudiés afin d’obtenir le meilleur résultat possible En dehors des cours, dans chacune de nos destinations, Kaplan International propose des solutions d’hébergement qui sauront répondre aux attentes des étudiants. Votre conseiller en séjour pourra vous orienter sur la solution d’hébergement la plus adaptée, et nos équipes sur place sont disponibles pour toutes questions. Dans chacune des écoles vous retrouverez également un planning d’activités et d’excursions hebdomadaire. L’occasion de vous faire des amis venus du monde entier ! CRITERES D'ADMISSION AUX PROGRAMMES KAPLAN INTERNATIONAL • 16 ans minimum, 18 ans pour les programmes professionnalisant • Aucune condition de diplôme. • Étudiants, jeunes diplômés, professionnels. • Tous niveaux de langue, de débutant à avancé. 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La gestion de portefeuille ou l’asset management, est la gestion des capitaux financiers d’une personne par un mandataire agréé. Le gestionnaire de portefeuille est Le gestionnaire de portefeuille chargé de gérer les est chargé de gérer les actifs actifs de son client. de son client. Il doit placer au Il doit placer au mieux l’argent afin mieux l’argent afin d’en tirer le d’en tirer le meilleur meilleur rendement. rendement. Le client n’a donc plus à se préoccuper de gérer son portefeuille puisque le gestionnaire le fait à sa place… ou presque. En effet, la marge de manœuvre de l’asset manager peut être plus ou moins large selon le type de gestion choisie. LE MÉTIER DE GESTIONNAIRE DE PORTEFEUILLE OU ASSET MANAGER Être gestionnaire de portefeuille, c’est un peu comme être un guide dans la jungle qu’est le monde de la finance. C’est connaître les produits très divers du marché, les risques, les perspectives, et les règlementations. Cela impose également de connaitre quels sentiers emprunter et comment y conduire son client. Les missions du gestionnaire de portefeuille La première mission de l’asset manager, est de placer l’argent de son client en bourse afin de lui faire prendre de la valeur. Le gestionnaire de portefeuille doit régulièrement s’informer sur l'environnement qui l'entoure, sur les nouvelles règlementations, les produits financiers, la santé des différents marchés et entreprises… etc. Ses sources d’informations privilégiées sont les analystes financiers, la presse spécialisée ou encore les banques de données. L’information est une de ses missions principales : en plus de se tenir informé en permanence, il se doit d’informer son client de toutes les opérations qu’il fait en son nom. 20 LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE - Novembre 2015 Le plus souvent, il exerce son métier dans les banques, assurances ou dans l’immobilier. Le gestionnaire de portefeuille travaille dans un cadre bien précis puisqu’il doit obtenir l’agrément de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) et respecter son mandat de gestion ; contrat par lequel un client délègue à un professionnel l'initiative de gérer son patrimoine en partie ou en totalité. Les qualités du gestionnaire de portefeuille Qui veut devenir un bon gestionnaire de portefeuille doit avoir certaines qualités. Ce métier nécessite impérativement de solides connaissances en économie, mathématiques, gestion et droit. Au delà de ces compétences techniques, l’asset manager doit avoir un bon relationnel pour instaurer une relation de confiance entre lui et son client. Il doit être rigoureux, précis et évidemment honnête. Il doit par ailleurs être réactif et savoir s’adapter aux permanentes évolutions de son environnement. La maîtrise de l'anglais est fortement recommandée. La connaissance de l’outil informatique est également indispensable. Cette profession est accessible, à partir d'une formation bac+5 spécialisée dans la finance. Pour ce qui est de la rémunération annuelle, elle varie de 55k à 90k pour un asset junior. Maeva GARDET-PIZZO POUR EN SAVOIR + • ONISEP : Fiches métier, gérant de portefeuille • comprendrechoisir.com, la gestion de portefeuille PUBLI-RÉDACTIONNEL Émanation du Collège des Sciences sociales et économiques créé par l’académicien Jacques Rueff en 1965, l’IPAG Business School n’a cessé, au fil de son histoire, de développer ses programmes, d’étoffer son corps enseignant et d’investir dans la recherche pour devenir un établissement incontournable dans le paysage des Grandes Écoles. L’EXCELLENCE ACADÉMIQUE : UNE EXIGENCE PERMANENTE L’IPAG offre à ses étudiants un parcours académique de Grande Ecole de management, en cohérence avec le système LMD. Depuis plus de 30 ans, le diplôme de l’IPAG est visé par le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. En outre, l’école est habilitée depuis 2011 à délivrer le grade de Master. L’Etat confirme la position occupée par l’IPAG dans le peloton de tête des établissements de gestion et lui reconnait les points forts suivants : « la taille du corps professoral, la conception originale et la cohérence de la maquette pédagogique, l’investissement dans la politique de recherche, l’intégration de la recherche dans l’enseignement, la mise à niveau de la politique d’accords internationaux, la proximité avec les réalités économiques, la gouvernance.» LA RECHERCHE : UNE FORCE DE L’IPAG Dans le paysage des écoles de management, l’IPAG se distingue par un effort de recherche volontariste qui la classe dans le top 3 des laboratoires de l’ensemble des grandes écoles de management. L’IPAG Lab, créé en 2009, se consacre au développement de connaissances théoriques et appliquées en économie et en gestion. INTERNATIONAL BUSINESS SCHOOL A l’IPAG, avec 126 universités partenaires dans 36 pays, l’international n’est pas une opportunité mais une étape incontournable. Avec un campus international dans le sud de la Chine et un autre en Californie, l’école inscrit l’ouverture sur le monde dans son ADN. Par ailleurs, l’IPAG offre à ses étudiants l’opportunité de décrocher un double diplôme dans une université étrangère de véritables passeports pour une carrière internationale. : L’ÉCOLE DE L’ENTREPRISE Les étudiants de l’IPAG n’attendent pas de sortir de l’école pour entrer dans la vie active. Parce que leur insertion professionnelle est au cœur des préoccupations de l’école, le cursus est orienté vers la vie en entreprise et les professionnels interviennent directement dans la formation : ce sont ainsi près de 700 entreprises qui sont chaque année partenaires de l’école. Se distinguant par leur forte adaptabilité et leur rapidité à être opérationnels, les jeunes diplômés issus des écoles de commerce sont recherchés par les grands groupes. 40 % des étudiants trouvent ainsi un emploi avant même l’obtention de leur diplôme, par le biais des stages et des contrats d’apprentissage. Les diplômés de l’IPAG ont une rémunération moyenne de 34 000 €, qui grimpe à 36 000 € s’ils sont passés par l’alternance et à 40 000 € si leur premier poste est à l’étranger. Les contrats d’embauche proposés aux personnes issues des écoles de commerce sont principalement des CDI (à 70 %), et on estime qu’après trois ans d’activité, le revenu moyen avoisine les 40 000 €. L’ESPRIT IPAG BUSINESS SCHOOL La formation à l’encadrement ne passe pas seulement par les salles de cours ou par les stages. Elle inclut aussi les activités extra-scolaires, systématiquement encouragées par l’IPAG. Avec une conviction : l’épanouissement personnel, la capacité de prendre des responsabilités et le développement de l’esprit d’équipe sont autant de conditions à la future réussite professionnelle des diplômés. Novembre 2015 - LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE 21 ÉCONOMIE ET ENVIRONNEMENT LE THON : UN DELICIEUX MENSONGE Avec le thon, pas besoin d’en faire des tonnes. En conserve ou à la poissonnerie, en salade ou en sandwiche le thon est aujourd’hui un acteur incontournable de notre paysage culinaire. Ce succès auprès des consommateurs rend la demande difficile à satisfaire poussant ainsi les industriels à ruser. E n 2015, la pêche mondiale de thon pèse près de 6 millions de tonnes et génère en France jusqu’à 700 millions d'euros de recettes. Cette exploitation massive est à l’origine d’une véritable catastrophe écosystémique à laquelle nous assistons impuissants. Une espèce sur trois est menacée d’extinction et la moitié parvient péniblement à se reproduire. Le thon distribué à grande échelle sur les étals de supermarchés est la première victime de cette surpêche et sera le prochain candidat à la disparition si aucun contrôle ni quota ne sont imposés. THON DE SUBSTITUTION ET APPELLATIONS TROMPEUSES Il est également largement exploité dans certains produits prêts à consommer, vendus en grande surface, tels que les salades, sandwiches, ou pizzas. Encore faudrait-il que le consommateur soit au courant de la supercherie. LA BONITE BIENTÔT ELLE AUSSI MENACÉE ? L’Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'agriculture (ONUAA) relève qu’aujourd’hui que la bonite est la troisième espèce marine la plus péchée au monde après les anchois et le colin d’Alaska. Si aujourd’hui le thon véritable a été remplacé par la bonite, au fil du temps, nul doute que la bonite sera surement remplacée par une autre espèce jusqu’à épuisement, constituant ainsi une spirale infernale. Pour répondre à une forte demande qu’ils ne peuvent satisfaire, les industriels cherchent la parade et trouvent en la bonite le parfait substitut qui, contrairement à son cousin le thon, n'est L'ENVIRONNEMENT MENACÉ pas menacée. DES 600 ESPÈCES DE POISSON Cette espèce est peu coûteuse car Selon des experts de l'ONUAA, une PÊCHÉES DANS LE MONDE SONT abondante du fait de sa reproduction grande partie de la population marine EN VOIE D’EXTINCTION TOTALE rapide. Sa qualité étant souvent pourra disparaitre d'ici à 2050 en qualifiée de similaire, son utilisation est l'absence de mesures restrictives. croissante dans les préparations dites Force est de constater que faute de à base de thon. mise en place de quotas et de véritables sanctions, les Sauf que par le jeu d’une nomenclature mouvante, la industriels de la pêche continuent la surexploitation des bonite est souvent appelée « thon Listao » pour les océans. La société civile se dresse aujourd’hui pour que pays francophones et « tuna » pour les anglophones. ces préoccupations soient davantage prises en compte Cette appellation parle davantage aux consommateurs par nos politiques. Un grand espoir est notamment placé habitués au thon Albacore. Grâce à ce nom « sur dans la très prochaine COP 21. mesure » les industriels vendent de la bonite comme du thon véritable avec la complicité des autorités sanitaires Asf RIAHI européennes. Pour prendre l’exemple français, ces conserves sont généralement distribuées par des POUR EN SAVOIR + enseignes de hard discount sous le simple nom de thon au naturel et c’est en épluchant l’étiquette que « La fabrique de votre faux thon en conserve », 10 mai 2013, www.lemanger.com l’on trouve dans la liste des ingrédients qu’il s’agit en réalité du « thon Listao » c’est-à-dire de la bonite. 29 % 22 LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE - Novembre 2015 ÉCONOMIE EUROPÉENNE LA PAC BÉNÉFICIE-T-ELLE RÉELLEMENT AUX AGRICULTEURS ? Mise en place par le traité de Rome en 1957, la politique agricole commune (PAC) atteint rapidement son objectif qui était d’augmenter la production alimentaire d’une Europe dévastée par la guerre. Aujourd’hui, en raison d’un manque d’encadrement par l’Union, elle connait des dérives nuisibles à ses objectifs principaux. E n 2015 la PAC représente 38% du budget de l’Union Européenne, soit 9.1 milliards d’euros par an sur la période 2014-2020. Son budget est financé par des droits de douanes prélevés à l'entrée dans l’Union Européenne, la TVA et une cotisation d'environ 0,73 % du revenu national brut. Cette politique combine des subventions directes à la production et un soutien à l’investissement (aide à la formation, l’installation…). Un régime de prix minimum garanti pour les agriculteurs, ainsi qu’un système de quotas sont mis en place afin de favoriser la production européenne. UNE VOLONTÉ DE PRÉSERVER L’HÉRITAGE RURAL La PAC a pour objectif d’assurer un niveau de vie équitable aux agriculteurs et d’accroître leur productivité en leur versant des subventions. L’accroissement de production passe entre autre par le progrès technique. Dès lors, les subventions allouées permettent d’investir dans des instruments plus avancés. Sa finalité est de préserver l’héritage rural et d’assurer aux consommateurs des produits issus d’une agriculture de qualité à des prix raisonnables. Ainsi, l’Union Européenne espère atteindre par là un marché stable en préservant le système agricole communautaire de la concurrence extérieure. Pour cela, elle applique des quotas à l’importation dont le but est d’éviter la surproduction de certains produits. Cependant, l’allocation de ces subventions versées de manière non équitable mène à des inégalités. UNE INÉGALITÉ DES SUBVENTIONS L’outil principal de la PAC est celui des subventions directes aux agriculteurs et l’opacité de leur attribution suscite plusieurs critiques. En 2013, la France en était le principal bénéficiaire en prenant 16,6% du budget de la PAC. Le montant des versements pour chaque pays est calculé sur la base des références historiques, c’est à dire le calcul des productions effectuées les trois premières années après 2000. Ceci explique le rang de la France qui à l’époque avait moins d’exploitations. Sur la période 20152020 l'Union Européenne a acté un budget global en recul de 3% ainsi qu'une baisse de 13% des crédits dédiés à la Politique Agricole Commune. Ceci engendrera une baisse de 3% des subventions allouées à la France. Les inégalités en termes de répartition des subventions sont dues à plusieurs facteurs et certains produits peuvent être plus subventionnés que d’autres. A titre d’exemple, la production de maïs est celle qui reçoit le plus de subventions malgré une faible consommation. Cela s’explique par les pressions exercées par les lobbyistes afin de maintenir un niveau de soutien de la PAC leur permettant de subsister. UNE OPACITÉ NUISIBLE À LA POURSUITE DE L’OBJECTIF PRINCIPAL L’accès aux informations concernant la répartition des subventions n’est pas chose évidente : En France la liste des grands bénéficiaires de la PAC était durant longtemps un grand secret. Situation similaire au Royaume-Uni, jusqu’en 2000 où a été instauré le Freedom of Information Act qui permettait plus facilement l’accès aux divers documents administratifs et par conséquent une plus grande transparence. Jack Thurston, journaliste anglais, en profite alors pour enquêter sur l’allocation de ces subventions et publie en 2004 une liste des 20 premiers bénéficiaires de la PAC au Royaume-Uni. Il découvre ainsi que la Reine reçoit près de 546 000 livres (environ 760 000 euros), pour l’exploitation de ses propriétés de Sandringham et Windsor. Le Prince de Galles quant à lui, reçoit près de 225 000 livres (environ 310 000 euros). Rassurons-nous, les fortunes du Royaume-Unis ne sont pas les seules à bénéficier de façon outrancières du système de la PAC. À titre d’exemple, Cees Veerman, ministre de l’agriculture des Pays-Bas a reçu 190 000 d’euros de subventions en 2005 pour des propriétés personnelles en Dordogne. Étonnamment, il n’a fait aucune déclaration publique à ce sujet. Ces inégalités ont aujourd’hui tendance à être de plus en plus faibles, grâce à des réformes en cours censées améliorer le fonctionnement de la PAC. Le but d’ici 2020 est d’arriver à une meilleure allocation des subventions, une diversification de la production, une meilleure régulation des marchés, et enfin une Politique Agricole Commune favorisant les jeunes agriculteurs. Georges ABOU EL DAHAB POUR EN SAVOIR + • Recensement des subventions par Etat : Farmsubsidy.org • Site internet du ministère de l’agriculture : agriculture.gouv.fr • Réforme de la PAC 2015-2020, rapport rendu par la chambre des agriculteurs du Tarn, janvier 2014 www.mp.chambagri.fr Novembre 2015 - LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE 23 ÉCONOMIE ET ACTUALITÉ L’IMPACT DE L’IMMIGRATION SYRIENNE SUR L’ÉCONOMIE FRANÇAISE Cela fait maintenant plusieurs mois que le sujet de l’immigration - principalement syrienne vers l’Europe, occupe une place prépondérante dans le débat public. L’accueil de centaines de milliers de migrants s’est présenté comme une solution nécessaire au vu de l’insécurité que subissent ces hommes, femmes et enfants au quotidien. I l aura fallu un nombre incalculable d’âmes sacrifiées en Méditerranée, comme celle du petit Aylan (dont la photo est désormais tristement célèbre), pour que les responsables politiques des pays européens décident enfin de se pencher sérieusement sur la question de la répartition de cette vague de migrants à travers le continent. UNE TERRE D’ACCUEIL NON UNANIME La problématique sous-jacente concerne directement l’intérêt propre de chaque pays : sommes-nous capables d’accueillir autant de migrants, en vue de notre potentiel de croissance ? Certains diront que non, et essaieront de démontrer que l’accueil de migrants en France, n’est pas une bonne idée, en évoquant avec maladresse et méconnaissance les arguments d’un chômage déjà trop élevé et d’une dette publique sans cesse croissante. D’autres jugeront que la question est trop importante et que l’heure est suffisamment grave pour se permettre de donner une réponse aussi prédéfinie qu’expéditive. Soucieux de l’avenir de l’Humanité plus que du leur, ils tenteront de comprendre les divers aspects qui entourent cette question pour y répondre de la meilleure façon possible. Et si ce phénomène migratoire était une opportunité, à la fois pour les migrants et pour nous-mêmes, plus qu’un fardeau, comme certains le prétendent ? LES EFFETS À COURT TERME DE L’IMMIGRATION « On ne peut pas accueillir toute la misère du monde, encore faut-il s’y efforcer1 » disait Michel Rocard en 24 LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE - Novembre 2015 1989, alors à la tête de Matignon. Déjà, autrefois le sujet de l’immigration suscitait de nombreuses réactions au sein de la classe politique. À cette époque le taux de chômage avoisinait 7,8 % et la dette publique était à hauteur de 34 % du PIB. Les responsables politiques, du gouvernement et de l’opposition, s’en donnaient à cœur joie pour justifier une politique d’immigration plus ferme et exigeante. Aujourd'hui, les détracteurs de l’immigration partent du postulat que l’accueil des migrants entraînerait une hausse du nombre de personnes en âge de travailler et donc du taux de chômage. L’arrivée massive de nouveaux travailleurs engendrerait donc une inadéquation entre l’offre et la demande pouvant causer une baisse de salaire. Par conséquent, les recettes fiscales seraient moins élevées alors que les dépenses publiques devront augmenter à travers la distribution de prestations sociales à plus grande échelle. Cette hypothèse, part du principe que l’arrivée de réfugiés fera augmenter le taux de chômage en raison d’un nombre de postes vacants inférieur aux demandeurs d’emploi mais également en raison d’une potentielle inadéquation des compétences des migrants avec ces postes. L’IMMIGRATION SOURCE POTENTIELLE DE CROISSANCE ÉCONOMIQUE Néanmoins, il est possible d’envisager une toute autre trajectoire ; celle de la prospérité économique apportée par les migrants. A long terme, les réfugiés formés selon les besoins nationaux deviendront non seulement par leur main d'oeuvre et leur consommation, les acteurs d'une croissance économique. Ceci pourrait alors engendrer un cercle vertueux de production et de croissance. Patrick Artus et Evariste Lefeuvre le démontrent parfaitement dans leur rapport Natixis sur la sur la migration en Europe2 , et affirment que celle-ci aura un effet positif sur la croissance à long terme. Ils s’appuient sur l’argument empirique du cas de l’Espagne entre 2000 et 2008, pour qui les flux migratoires massifs ont été favorables à l’activité économique et à l’emploi. Dès le début des années 2000, à un moment où l'Espagne connaissait un taux de chômage élevé atteignant presque 17%, le pays a été la destination CHIFFRES CLÉS SUR L'IMMIGRATION 289 274 Étudiants de nationalité étrangère dans l’enseignement supérieur français. 64 310 Demandes d’asile enregistrées en france en 2014. 1750 Personnes ont perdu la vie depuis le début de l'année en tentant de traverser la Méditerranée, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Soit 30 fois plus que durant la même période de l'an dernier. 77 335 Personnes ont acquis la nationalité française en 2014. 63 % de flux massifs d’immigrés. Cette immigration a donné lieu à une hausse de la consommation, de l’emploi, et à un L’immigration peut être boom dans le secteur perçue comme une chance de la construction. D'après Patrick Artus plutôt qu’un fardeau pour et Evariste Lefeuvre, notre économie cette croissance sans précédent a été due au rajeunissement de la population, et à une amélioration des compétences, fruit du flux migratoire précédemment, observé. Tous ces arguments laissent donc penser que l’immigration peut être perçue comme une chance plutôt qu’un fardeau pour notre économie, à la condition d’imaginer la situation sur le long terme. LE RÔLE PRIMORDIAL DES INSTITUTIONS EUROPÉENNES DANS LA CRISE DES MIGRANTS Pour tirer profit de cette crise des migrants au niveau européen, il est nécessaire de mettre en place des institutions et des gouvernements forts. A ce sujet, les institutions européennes s’avèrent inefficaces et lentes dans leurs prises de décision, si tenté qu’il y en ait, pour pouvoir remédier à une crise de telle ampleur. Les gouvernements des pays membres pas assez coordonnés, ont du mal à s’entendre, pour débattre de la question. Les marges de manœuvre de politique budgétaire de la plupart de ces Etats étant réduites, beaucoup s’en remettent à la politique monétaire menée par la Banque Centrale Européenne. Celle-ci, par des moyens plus ou moins conventionnels, injecte des liquidités au sein des banques de la zone euro, accroissant ainsi le risque de gonflement de bulles spéculatives. Malgré les difficultés au niveau des instances européennes et des gouvernements des Etats membres, il se trouve que les intentions des gouvernements, et de quelques acteurs publics et privés, n’en sont pas pour autant mauvaises. Il faut cesser d’être frileux et avoir confiance en l’avenir. L’accueil des migrants sur notre sol peut s’avérer efficace pour servir l’intérêt de tous. Aymeric ORTMANS Des immigrés entrés en france en 2012 sont au moins titulaires d’un diplôme de niveau baccalauréat. 1.Prononcée le 6 juin 1989 à l’Assemblée nationale, cette célèbre formule a été interprétée de diverses manières, aussi bien par les représentants politiques de droite que de gauche. Juliette Deborde — «Misère du monde, ce qu'a vraiment dit Michel Rocard » 22 avril 2015 // 2.Patrick Artus, Evariste Lefeuvre : « Crise des migrants : une chance pour l’Europe », 8 septembre 2015 , Special Report Recherche économique n°79, Natixis www.liberation.fr Novembre 2015 - LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE 25 SÉLECTION LA START-UP DU MOIS « Chaque mois, les reporters du petit journal de l'économie partent à la rencontre des start-up innovantes. Ce mois-ci, nous vous présentons, Yves Perret, fondateur du site Myinternshipabroad. » A l’heure où la mondialisation bat son plein, diversifier son expérience à l’international permet d’acquérir des compétences plus que valorisantes aux yeux des futurs employeurs. MyInternshipAbroad, agence spécialisée dans la recherche de stage à l'étranger l’a compris et aide les étudiants, les établissements d'enseignement supérieur et les entreprises internationales à se connecter pour faciliter leur internationalisation. QUEL EST VOTRE PLUS PAR RAPPORT À VOS CONCURRENTS ? QUE PROPOSEZ-VOUS ET COMMENT FONCTIONNEZ-VOUS ? Nous proposons des offres de stage à travers plus de 32 destinations dans le monde. Nous comptons plus de 900 partenariats avec des entreprises internationales et plus de 20 000 étudiants inscrits à nos prestations chaque année. Nous délivrons également un service pour obtenir le Visa J-1, document indispensable pour partir en stage aux USA. Nous avons voulu aider au maximum les étudiants dans leurs recherches de stage et avons publié un ouvrage « Mon stage à l’étranger – les clés de la réussite » qui référence les coordonnées de plus de 1300 entreprises qui recrutent des stagiaires à l’international, et qui prodigue des conseils et astuces d’experts pour une candidature réussie. COMMENT VOUS EST VENUE L’IDÉE ? Lors de mon Master finance internationale à l’IAE d’Aixen-Provence, je suis parti 6 mois en stage de fin d'études aux États-Unis. Au sein de ma promotion, nous n’étions que deux à avoir tenté l’aventure. Ce constat est en partie dû à un manque de réseau, ou d'intermédiaire pour réaliser ce projet. A mon retour en France en 2009, j’ai eu l'idée de mettre en place un service dédié aux étudiants pour faciliter leurs démarches de recherche de stage à l’étranger et pour leur proposer un réseau d'entreprises à l'international. 26 LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE - Novembre 2015 Tout le processus de recherche de stage est gratuit y compris l’inscription sur le site internet. L’étudiant est redevable des frais d’agence uniquement s’il accepte le stage et que l’entreprise accepte l’étudiant. C’est l’étudiant qui a toujours le dernier mot. Nous disposons également de nombreux partenariats avec des entreprises internationales renommées (Amazon, Bosch, Prada, Louboutin, Club Med etc…). Nous pouvons ainsi proposer à nos étudiants plusieurs centaines d’offres de stage à l’étranger chaque année dans divers domaines. De plus, concernant l’obtention du Visa J-1 obligatoire pour un stage aux USA, grâce à nos partenariats avec plusieurs sponsors américains, nous jouissons de 100% d'acceptation à l'ambassade des USA à Paris pour nos étudiants désireux d'obtenir le précieux sésame. COMMENT VOUS FAITES-VOUS CONNAÎTRE ? Par l’intermédiaire de nos sites internet : www.myinternshipabroad.com et www.visa-j1.fr et de notre réseau de blogs spécialisés sur les stages au Canada, aux USA et en Amérique Latine notamment. Nous avons également une forte présence et une bonne visibilité sur les réseaux sociaux. AUJOURD’HUI QUI SONT VOS PRINCIPAUX CLIENTS ? Les étudiants en recherche de stage à l’étranger. MARKETING BUT FIRST, LET ME TAKE A SELFIE Phénomène global sans précédent, le selfie, ou autoportrait, consiste à prendre une photo de soi, généralement en levant et inclinant son smartphone à 45° pour être à son avantage. 90 millions de selfies sont postés chaque jour sur les réseaux sociaux, et ça n'a pas échappé aux spécialistes de marketing digital. Retour sur le business de l'autoportrait. L a mode de l'autoportrait a explosé en popularité en 2010 lorsque l'iPhone 4 a fait son apparition avec sa caméra frontale. Pourtant les selfies ne datent pas d’hier. Le premier est attribué à Robert Cornelius, qui, en 1839, pris une photo de lui-même devant le magasin familial à Philadelphie, bien qu'on ne sache pas s'il fut aidé par un photographe. Nombreux sont les business à avoir su tirer profit de cette mode de l'autoportrait. Cette technique est judicieuse pour réussir à faire endosser les marques par des tierces personnes de façon tout à fait naturelle. Il s'agit là de publicité gratuite. D'ailleurs de nombreuses agences de marketing prônent l'utilisation des selfies dans leurs stratégies de communication. Dans la famille des séries télévisées, la série à succès américaine, The Walking Dead a élaboré une application pour que ses partisans puissent "zombifier" leurs selfies et ensuite les partager sur les réseaux sociaux en utilisant le hashtag "deadyourself". La chaîne de télévision britannique Channel 4 a aussi utilisé le selfie pour son programme Live from Space. En effet, la chaîne a proposé aux téléspectateurs d'envoyer une courte vidéo montrant leur visage et posant une question aux astronautes. Les questions sélectionnées ont alors été diffusées durant l'émission et des astronautes y ont répondu. UNE MODE POUR TOUS? LES RÉSEAUX SOCIAUX : ACTEURS N°1 DU SELFIE On ne pourrait parler selfie sans invoquer le site de partage de photos Instagram. Lancé en 2010, il est coté en bourse, puis revendu à Facebook pour 930 millions d’euros. Et pour cause, l’application a trouvé son public : 70 millions de photos y sont postées quotidiennement. C’est d’ailleurs très certainement sur ce réseau social que les plus effrontés déposent leurs clichés. Une image, un filtre complimenteur, et plus qu’à attendre les mentions “j’aime”. Le compte Instagram Socality Barbie, qui détient plus d’un million d’abonnés, se moque par ailleurs de cette mode du selfie en soulignant notre manque d’humilité et notre égocentrisme. SnapChat profite également de la tendance, en offrant la possibilité de raconter des histoires à l’aide d’images. Autre mastodonte du web, il compte 100 millions d’utilisateurs et est estimé à une valeur de 15 milliard de dollars. Alors effectivement, les selfies ça rapporte. Les nombreuses applications développées pour diffuser plus rapidement les selfies sur les réseaux sociaux ne sont pas les seules à s'être construites autour du phénomène selfie. Aujourd’hui plus besoin de présenter la fameuse perche à selfie qui apporte une meilleure stabilité et offre un angle optimal pour prendre la photo. Des dizaines de milliers de perches se sont vendues les mois derniers malgré l’interdiction de plus en plus fréquente de leur utilisation dans les musées et parc d’attraction. Alors qu'hier on moquait cette perche l'attribuant aux seuls touristes, elle est aujourd'hui un accessoire d'usage quotidien pour certains. Jusqu’où ira la folie des photos ? Anissa KATTI SELFIES ET PROFITS Pour les marques, la principale façon de prendre part à l’univers du selfie sera de créer des applications, liens ou hashtags afin d’inciter les utilisateurs à partager leurs clichés (avec leur nouvel achat). Certaines photos pouvant être virales, cela fait souvent une bonne promotion pour les marques associées. A titre d’exemple, le service de prêt à porter de luxe Net-A-Porter a lancé une application qui propose à ses utilisateurs se prendre en selfie. Celui-ci est alors mis en scène tel la une d’un magazine avec le logo PORTER et une phrase d'accroche décrivant la photo. POUR EN SAVOIR + • Elizabeth Day, How selfies became a global phenomenon, site du Guardian, 14 juillet 2013 • F anny Regnault et Rémi Pin, Le phénomène selfie : un business en plein essor, site de BFM TV, 12 mai 2014 Novembre 2015 - LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE 27 ENTREPRISE ET DROIT LES FUSACS, TOUR D’HORIZON Les fusions - acquisitions font fréquemment la une des médias. Fruits de subtiles stratégies économiques et d’âpres luttes de pouvoirs, elles impliquent des acteurs pluriels tant publics que privés mais également des montants parfois astronomiques. Aussi réfléchies soient-elles, elles ne constituent pas pour autant des gages de réussite pour les entreprises qui choisissent de s’y soustraire. UNE FUSAC, QU’EST-CE QUE C’EST ? Les fusions-acquisitions, parfois désignées par leur patronyme anglais de « Merger and Acquisitions » (M&A), mais surtout connues sous l’acronyme de fusac, résultent de deux opérations cumulatives : une fusion et une acquisition. La fusion est une décision mutuellement consentie par des organisations afin de partager leurs patrimoines et généralement d’aboutir à la consolidation d'une nouvelle entreprise. L’acquisition correspond au rachat d’une organisation par une autre organisation. Il est parfois difficile de distinguer les fusions-acquisitions de simples opérations d’acquisitions, dans la mesure où l’entreprise rachetée peut conserver une relative indépendance vis-à-vis de son acquéreur. Par ailleurs, si la plupart des fusacs découlent d’une démarche amiable, c’est-à-dire que les parties s’accordent sur les termes du rachat, et que la direction de la cible (à savoir l’entreprise rachetée) recommande à ses actionnaires d’accepter l’offre, il arrive qu’elles soient opérées dans un climat d’hostilité patent. L’acquéreur propose alors un prix aux actionnaires de la cible en dépit de l’avis de ses dirigeants et c’est, en conséquence, le choix des actionnaires qui prévaut. Si la comparaison des divers fusacs permet de constater des divergences importantes en leur sein, elles peuvent néanmoins être grossièrement classées en trois types : • celles qui visent à une intégration verticale, autrement dit à la concentration sous une seule autorité des divers stades de production et de distribution nécessaires à la mise sur le marché d’un bien ou d’un service (il s’agit par exemple d’inclure dans sa propre activité celle de l'un de ses fournisseurs). 28 LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE - Novembre 2015 • celles qui ont pour but une intégration horizontale, à savoir l’extension de son réseau par l’acquisition et le développement de produits ou d’activités économiques analogues (racheter des concurrents). • celles qui conduisent à des conglomérats advenant d’une simple logique financière, c’est-à-dire que l’agglomération d’activités n’est pas nécessairement homogène ou cohérente, le but étant essentiellement de réduire au maximum les coûts. Les motivations sous-jacentes aux fusacs, procèdent donc globalement de finalités similaires qu’il convient d’entrevoir brièvement. En premier lieu, il peut s’agir de motivations stratégiques. Une entreprise peut ainsi souhaiter consolider sa position sur un marché, s’internationaliser, ou bien accroître son poids économique en achetant des outils de production ou des technologies innovantes à d’autres entreprises. D’autre part, elles peuvent ressortir d’orientations financières et fiscales puisque regrouper les organisations permet notamment de réaliser des économies d’échelle ou de bénéficier de taxations avantageuses. Enfin, elles peuvent résulter également de motifs managériaux. Une entreprise désireuse de modifier sa structure, l’organisation de sa production, ou de relancer sa croissance pourra opter pour une fusac. Plus généralement encore, il faut noter que les fusacs sont souvent le fruit d’un effet de mode. En effet, elles surviennent par « vagues ». En période de croissance nationale, les dirigeants encouragés par le dynamisme économique du moment, et craignant d’être pointés du doigt par leurs actionnaires ou par les médias critiquant leur conformisme, ont tendance à réaliser des opérations de fusion-acquisition à outrance, sans s’assurer de leur efficience sur le long terme. A contrario, lors de crises, le conservatisme est de rigueur et la prise de risque mal vue. LE PROCESSUS DE FUSION-ACQUISITION Les fusacs constituent des opérations lourdes et complexes, auxquelles prennent part des acteurs de tous ordres : entreprises, avocats, cabinets d’audits, banques d’investissement, lobbyistes… Elles peuvent toutefois schématiquement être dépeintes en deux étapes. La première consiste à choisir et évaluer la cible, c’est-à-dire l’entreprise à racheter. Il faut s’assurer de la compatibilité entre l’entreprise originelle et l’entreprise cible ; les activités, les pratiques organisationnelles, la clientèle visée par chacune (pour ne mentionner que quelques exemples loin d’être exhaustifs) ne doivent pas montrer de divergences criantes, au risque de voir la fusac échouer. Il s’agira pour les cabinets d’expertise et d’audit en particulier, d’user de techniques d’analyses managériales et financières afin d’évaluer la viabilité de la fusac sur le long terme. La seconde consiste à incorporer l’entreprise cible après l’avoir rachetée, pour parfaire la fusion. En effet, les patrimoines, la main d’œuvre, les outils et moyens de production deviennent communs. Pour autant, il n’est pas nécessaire de procéder à une intégration forte. Parfois, à l’inverse, la spécificité (d’un point de vue géographique, organisationnel…) de l’entreprise cible est telle, qu’il est préconisé de lui abandonner une certaine marge d’autonomie, du moins dans un premier temps. cette intégration parfaitement pensée finit par insuffler un dynamisme inespéré à Land Rover. Elle favorisa l’émergence puis la commercialisation de nouveaux modèles de voitures comme la Range Rover Sport, la Jaguar F-Type ou encore la Jaguar FX. On remarque cependant une petite ombre au tableau mis, alors qu’au moment de l’opération tous craignaient des délocalisations, les dirigeants se dressèrent contre cette idée. Néanmoins, 7 années plus tard la presse dévoile que le constructeur anglais a signé une lettre d'intention pour produire non pas en Inde mais en Slovaquie à partir de 2018. Malgré cela en 2013, Land Rover a vu ses ventes atteindre un pic historique et réalisa alors le meilleur chiffre d’affaires de son histoire : plus de 76 000 Jaguars sont écoulées (soit 42% de plus qu’en 2012) et 348 000 Land Rover vendues (soit 15% de plus qu’en 2012). Un exemple de fusac réussie, d’autant plus que la belle histoire ne semble pas prête de s’arrêter… David AMANOU TOP 5 DES + GROSSES FUSAC •2 03 milliards de dollars Mannesmann - Vodafone AirTouch novembre 1999 (Télécoms) •1 82 milliards de dollars Time Warner UN EXEMPLE DE FUSAC RÉUSSIE : TATA MOTORS ET LAND ROVER Comme évoqué ci-avant, les fusacs peuvent voir transiter des sommes exorbitantes et concentrer l’attention des médias. La fusion-acquisition entre Tata Motors, constructeur automobile indien spécialisé dans les voitures à bas prix, et Jaguar Land Rover, marques de renom appartenant jusqu’alors au groupe Ford, en est la parfaite illustration. Si le coût de 2,3 milliards versé par Tata Motors pour racheter la filiale anglaise, peut paraître dérisoire, eu égard à d’autres fusacs comme celles de Vodafone avec Mannesmann en 1999 (203 milliards de dollars) ou d’AOL avec Time Warner en 2000 (182 milliards de dollars), c’est surtout dans sa médiatisation à excès et son atypisme qu’elle en devient intéressante. Lorsqu’en 2008 Tata Motors lance la fusion-acquisition de Jaguar Land Rover, le scepticisme et la réprobation étaient de mise outre-manche, du fait des dissensions aux deux entreprises. Les journaux anglais notamment, envisageaient délocalisation et licenciements à la pelle, débouchant in fine sur un échec rapide de l’opération, d’autant plus qu’elle fut réalisée en pleine crise économique mondiale. Il n’en a rien été. L’intégration s’est faite subtilement, et a profité aux deux parties. Le PDG de Tata Motors a laissé une certaine latitude de production à Land Rover (le comité de direction de cette dernière ne comportant, par exemple, aucun membre de Tata Motors). De surcroît, il a consenti à des investissements raisonnés et a fait bénéficier l’entreprise anglaise de son savoir-faire en termes de contrôle des coûts. Si les balbutiements furent difficiles, America Online janvier 2000 (Médias) •1 30 milliards de dollars Verizon Wireless Verizon Communications février 2013 (Télécoms) •1 19 milliards de dollars SABMiller Anheuser-Busch InBev octobre 2015 (Brasseries) • 98 milliards de dollars ABN-AMRO Holding RFS Holdings avril 2007 (Banque ) POUR EN SAVOIR + • Camille Pinet, « Jaguar et Land Rover cédés à Tata - L'Inde achète les bijoux de la couronne », 27 mars 2008, www.challenges.fr •A lain-Gabriel Verdevoye « Jaguar Land Rover va délocaliser en Slovaquie... Shocking? », 11 aout 2015, www.challenges.fr Novembre 2015 - LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE 29 QUI SOMMES-NOUS ? PRÉSENTATION DE L'ÉQUIPE RÉDACTIONNELLE Le Petit Journal de l’économie, réalisé par les étudiants, pour les étudiants, décrypte et analyse l’actualité économique pour la rendre la plus accessible possible. Distribué gratuitement dans les campus universitaires et écoles de commerce, notre but est d’offrir au maximum d’étudiants la possibilité d’écrire des articles. Nous vous invitons à participer avec nous à cette aventure en réveillant l’âme journalistique qui sommeille en vous. Rejoignez-nous sur Facebook, Twitter et n’hésitez pas nous écrire à [email protected] afin de nous proposer vos idées et vos articles. Après tout, qui mieux que les étudiants pour comprendre les étudiants ? A vos claviers, on attend vos propositions ! ILS VOUS RACONTENT LEUR EXPÉRIENCE AVEC LE PETIT JOURNAL DE L’ÉCONOMIE Aymeric Ortmans, Georges Abou Al Dahab, L3 sciences économiques, Université de Montpellier Écrire un article a été pour moi une expérience très enrichissante qui m’a permis d'apprendre une méthodologie rigoureuse et de savoir exprimer mes idées clairement. Ça me donne vraiment envie de recommencer. Maëva Gardet-Pizzo, Diplômée d'un M2 Sciences économiques et politiques publiques. Université Aix-Marseille Férue d'écriture et d'économie, j'envisage de devenir journaliste, spécialement sur des questions économiques. Ecrire dans Le Petit Journal de l'Économie est une expérience très enrichissante pour moi, que je renouvellerai bien volontiers. Contribuer à une meilleure compréhension de l'économie est pour moi une mission très intéressante, et permet de toujours apprendre. Ecrire des articles sur l'économie nécessite une pédagogie et une clarté qui conduisent à constamment se remettre en question, et quoi de plus stimulant ? M1 économie internationale, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne Le Petit Journal de l'Economie présente un excellent moyen de mieux connaitre et de réfléchir sur le monde qui nous entoure. Plus précisément sur les enjeux économiques et sociaux qui caractérisent notre époque à travers le reflet de l'expression d'étudiants. Le fait d'écrire pour LPJE m'a forcé à améliorer la forme et la qualité de ma rédaction, en approfondissant le sujet choisi. Mais ce qui a été le plus bénéfique au sein de la rédaction a sans aucun doute été de lire le travail de toute l'équipe du Petit Journal, qui m'a permis d'apprendre tant de choses dont j'ignorais l'existence. Manon Roux, L3 sciences économiques, Université de Montpellier. J’ai commencé mon parcours universitaire par une année de prépa HEC qui m’a donné goût à l’actualité. Concernant l’écriture de mon premier article, il m’a demandé beaucoup plus de travail que je ne l’imaginais. Il faut sans cesse l’améliorer et le corriger, mais c’est aussi ce qui est enrichissant. On ressent une grande fierté quand on sait que notre article sera publié dans un journal avec son nom comme signature. Ça a donc été une très belle expérience, qu’il me tarde de renouveler ! Directrice artistique Claire SEICHEPINE Publication – Edition – Rédaction 15 avenue de la Grande Armée – 75116 Paris Maquettiste-graphiste Claudie MARIN Directeur de la publication Adrien CHALTIEL Dépôt légal Janvier 2013 Rédactrice en chef Laura LIZÉ Images Shutterstock.com Rédactrice en chef adjointe Cheherazade CHIKHI FAIT PAR LES ETUDIANTS POUR LES ÉTUDIANTS Avec la participation de l’ensemble des membres du Petit Journal de l’Économie et de ses rédacteurs. Remerciements particuliers : l’équipe du MBA de Paris II pour leur aide et leur soutien, le site www.carrieres-juridiques.com, Martin, Capucine, Laurent, Yasmine, Adrien et Elise, notre régie publicitaire favorite Alpaga Media, Britney Spears qui a toujours été là pour nous, Léane, et enfin toutes les associations partenaires nous aidant à faire atterrir Le Petit Journal de l’Économie entre vos mains. TEST D’APTITUDE AUX ÉTUDES DE MANAGEMENT DÉDIÉ AUX BAC+3 / BAC+4 Vous souhaitez intégrer une Business School ? Passez le TAGE MAGE et préparez-vous avec PrepMyFuture ! Le TAGE MAGE est un test sous forme de QCM mesurant les aptitudes logiques, calculatoires et verbales des étudiants souhaitant entreprendre ou poursuivre des études de management dans des grandes écoles. Reconnu en France et à l’international, le TAGE MAGE est demandé par de nombreuses écoles (HEC, IAE Aix, EM lyon, ESSEC, Audencia, SKEMA...) et concours (Passerelle, Tremplin, SAI...). 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