Maq HGE1 vol II 21/08/03 16:20 Page 23 Traitement chirurgical ● J. Belghiti* P O I N T S F O R T S P O I N T S F O R T S ■ La résection chirurgicale reste le meilleur traitement du CHC supérieur à 5 cm, chez les malades ayant une bonne fonction hépatocellulaire. ■ La transplantation représente le meilleur traitement des malades ayant un CHC unique de moins de 5 cm ou deux CHC de moins de 3 cm chacun et s’il n’existe pas d’envahissement portal. ■ Les malades opérés d’un CHC doivent continuer à être suivis, car une récidive intrahépatique peut être accessible à un nouveau traitement local avec une amélioration de leur survie. e traitement chirurgical du carcinome hépatocellulaire (CHC) comporte plusieurs types d’interventions, depuis l’hépatectomie partielle jusqu’à l’hépatectomie totale avec transplantation. Le traitement chirurgical du CHC est le traitement dont on connaît le mieux les résultats et il est remarquable que ceux-ci continuent de s’améliorer (1-4). Il est clair que la transplantation, traitement en un temps de la tumeur et de la maladie hépatique sous-jacente, constitue la seule chance de guérison d’un malade atteint de CHC. Cependant, comme nous le verrons, cette option a des indications et surtout des possibilités très limitées. L’hépatectomie a une efficacité controversée pour au moins deux raisons : – son risque est élevé chez un malade ayant une hépatopathie sous-jacente ; – les malades ayant survécu développent une récidive (5). Un des objectifs de cette actualisation des résultats du traitement chirurgical du CHC est de montrer que la résection hépatique garde une place importante dans le traitement des CHC. Bien que plus de 90 % des CHC se développent sur une hépatopathie chronique sous-jacente, il existe un sous-groupe de malades L * Fédération de pathologie digestive, hôpital Beaujon, Clichy, université Paris VII. La Lettre de l’Hépato-Gastroentérologue - n° 1 - vol. II - février 1999 qui peuvent développer un CHC sur foie sain. Ces malades posent des problèmes thérapeutiques différents. TRAITEMENT CHIRURGICAL DU CHC SUR FOIE SAIN En dehors d’une faible proportion de malades ayant une infection chronique par le virus B, l’étiologie du CHC développé sur un foie sain reste le plus souvent inconnue. Le fibrolamellaire est une forme particulière de CHC qui se développe préférentiellement chez la femme jeune. Cette variante ne justifie pas de traitement particulier (6). Bien que, lors de sa découverte, le CHC sur foie sain soit souvent volumineux, il est une indication de résection en l’absence de diffusion bilobaire ou de métastase. Quelle que soit la taille de la tumeur, la présence d’un parenchyme normal permet une hépatectomie extensive qui est bien tolérée, car ces malades présentent le plus souvent un bon état général. La survie à cinq ans sans récidive de ces malades est supérieure à 60 % (6). Ce pronostic est plus favorable que lorsqu’il existe une hépatopathie sous-jacente, mais il persiste un risque important de récidive quelle que soit la variété de CHC. Si la récidive reste intrahépatique, il est possible d’envisager soit une nouvelle résection, soit une transplantation. L’indication d’une transplantation pour un CHC sur foie sain est envisagée en l’absence de métastase et si la tumeur n’est pas résécable. TRAITEMENT CHIRURGICAL DU CHC SUR HÉPATOPATHIE CHRONIQUE Un traitement chirurgical, qu’il s’agisse d’une transplantation ou d’une résection, n’est envisageable que chez un malade ne présentant pas certaines contre-indications (tableau I). L’étape suivante consiste à projeter une transplantation qui est le seul traitement complet de la tumeur et de la maladie sous-jacente. Si le malade ne réunit pas tous les critères de transplantation (tableaux Ia et Ib), une résection chirurgicale peut être envisagée. La résection chirurgicale du CHC La présence d’une hépatopathie augmente singulièrement le risque lié à tout acte chirurgical ; et tout particulièrement celui d’une résection hépatique qui modifiera l’hémodynamique por23 Maq HGE1 vol II D 21/08/03 O S 16:20 S Page 24 I E R T Tableau I. Contre-indications à un traitement chirurgical du CHC. - Métastases viscérales et ganglionnaires. - Présence de plus de trois tumeurs. - Tumeur associée à une obstruction biliaire avec ictère. - Tumeur associée à une thrombose portale tronculaire. - Rupture tumorale associée à la présence d’autres tumeurs. Tableau Ib. Contre-indications Tableau Ia. Contre-indications à une à une transplantation pour exérèse chirurgicale du CHC. CHC. - Insuffisance hépatocellulaire : - TP < 50% ; - Ascite ; - Bilirubinémie > 30 µmoles/l. - Atrophie hépatique. - Âge > 65 ans ; - Réplication virale B ; - Tumeur unique > 5 cm ; - Thrombose vasculaire. tale, en amputant le lit d’aval hépatique, et surtout réduire la masse de parenchyme hépatique fonctionnel. Le risque opératoire précoce dépend de l’étendue de l’exérèse et de la gravité de la cirrhose appréciée par la classification de Child-Pugh. Une résection hépatique est contre-indiquée lorsqu’il existe une insuffisance hépatique ou une atrophie hépatique. Bien qu’il soit admis qu’une résection limitée est possible chez les malades Child B, notre attitude est de récuser cette exérèse chez ceux souffrant d’une insuffisance hépatocellulaire pour deux raisons : – ces malades sont soumis, dans les mois qui suivent l’intervention, à un très haut risque de complication de leur hépatopathie ; – ces résections limitées augmentent le risque de récidive locale. Aussi, chez un malade qui ne pourrait tolérer qu’une résection limitée, nous paraît-il préférable de proposer un traitement non chirurgical. Dans ce sous-groupe, l’alcoolisation percutanée est probablement aussi efficace et certainement moins dangereuse que “l’alcoolisation chirurgicale” (7, 8). Chez un malade sans insuffisance hépatocellulaire (Child-Pugh A), il est théoriquement possible de proposer une résection hépatique emportant plus de deux paramètres. En fait, cette notion doit être nuancée par au moins deux facteurs : l’évaluation du score de Child-Pugh en préopératoire reste un critère insuffisant pour estimer le risque opératoire, et, surtout, le terme d’hépatopathie chronique recouvre des atteintes parenchymateuses qui vont de la fibrose périportale à la cirrhose, en passant par la fibrose extensive. Chez un malade classé Child-Pugh A, le degré d’hypertension portale et surtout l’existence d’une hépatopathie active (en particulier lorsqu’il s’agit d’une hépatite chronique C), caractérisée par une élévation des transaminases préopératoires (supérieures à 2N), sont deux facteurs de risque supplémentaires (9, 10). Nous avons démontré que les malades ayant une volumineuse tumeur développée sur une hépatopathie chronique peuvent bénéficier d’une résection large si les conditions suivantes sont réunies : 24 H É M A T I Q U E – absence d’insuffisance hépatocellulaire (Child-Pugh A) ; – absence de varices œsophagiennes supérieures au grade 2 ; – transaminases préopératoires inférieures à 2N ; – absence de cirrhose. L’appréciation du degré de fibrose peut nécessiter une biopsie préopératoire sur le foie non tumoral. L’indication d’une exérèse chirurgicale d’un CHC de petite taille est actuellement bien établie. Elle s’adresse aux malades souffrant d’une tumeur unique, sans envahissement portal et avec une fonction hépatocellulaire conservée. L’unicité de la tumeur est établie au terme d’un bilan morphologique préopératoire, qui comporte une échographie, un examen tomodensitométrique, une artériographie avec injection de lipiodol suivie d’un nouveau scanner deux à trois semaines plus tard (scanner post-LUF). L’injection préalable de lipiodol, qui se fixe durablement dans le tissu tumoral, augmente en effet les capacités de détection des lésions de petite taille par la tomodensitométrie. Ce bilan est complété par une échographie peropératoire afin de localiser la lésion et de rechercher d’autres tumeurs non vues au cours du bilan préopératoire. Ce “long” bilan préopératoire est en voie de simplification grâce aux performances du scanner hélicoïdal qui semble pouvoir remplacer l’artériographie avec injection de lipiodol suivie d’un scanner conventionnel. De même, la sensibilité de l’imagerie préopératoire a modifié les indications de l’échographie peropératoire qui est surtout utilisée pour guider la résection chirurgicale en fonction de la situation des structures vasculaires adjacentes. Chez les malades n’ayant pas d’insuffisance hépatocellulaire, la chirurgie doit théoriquement répondre à deux objectifs antinomiques : réaliser une exérèse carcinologique aussi large que possible, passant à distance de la tumeur, et conserver au maximum le parenchyme non tumoral afin d’éviter une insuffisance hépatocellulaire postopératoire. Bien que les résultats de la chirurgie se soient améliorés, le risque opératoire des exérèses limitées reste proche de 5 % (11). Chez ces malades, la mortalité postopératoire est liée à la survenue d’une insuffisance hépatocellulaire, au développement d’une ascite avec ses risques pariétaux, et aux complications infectieuses, notamment pulmonaires. À long terme, les causes de mortalité après résection de CHC sont principalement dues à la récidive tumorale (5). Globalement, la survie après résection est de 40 % à cinq ans et la survie sans récidive est de 20 % à cinq ans. Le risque de récidive est lié à plusieurs facteurs dont : – les caractéristiques de la tumeur ; – l’étendue de la résection ; – la nature de l’hépatopathie sous-jacente. L’existence d’une maladie chronique et active du foie (en particulier lorsqu’il s’agit d’une hépatite virale C) augmente le risque de récidive (12). Il a été démontré que les exérèses tumorales emportant le territoire portal adjacent à la tumeur (segmentectomie ou bisegmentectomie) avaient un meilleur pronostic que les résections limitées (4). Les caractéristiques de la tumeur qui semblent augmenter le risque de récidive sont la faible différenciation, la présence d’embols vasculaires tumoraux et un taux d’alpha-fœtoprotéine (AFP) élevé (2). La Lettre de l’Hépato-Gastroentérologue - n° 1 - vol. II - février 1999 Maq HGE1 vol II 21/08/03 16:20 Page 25 Ce risque de récidive nécessite une surveillance médicale régulière des malades, au moins une fois tous les six mois, et ce indéfiniment. Le bilan doit comporter un examen clinique à la recherche de nodules sous-cutanés (surtout si le malade a eu une biopsie percutanée de la tumeur), un dosage de l’AFP, une échographie hépatique et une radiographie pulmonaire. Le traitement des récidives est justifié car il est établi qu’il augmente la survie des malades. Lorsqu’il existe une récidive intrahépatique isolée (sans métastase extrahépatique, notamment pulmonaire ou osseuse), le choix du traitement dépend à la fois du délai de la récidive, de son caractère unique ou non et de la fonction hépatocellulaire. Un nouveau traitement chirurgical est possible chez 10 % à 15 % des malades. Si une nouvelle résection n’est pas réalisable, on peut proposer soit une chimioembolisation intra-artérielle, soit une alcoolisation percutanée (11). La transplantation hépatique pour CHC L’analyse des résultats des premières séries de transplantation hépatique avait montré que, chez un transplanté pour une cirrhose, la découverte d’une tumeur “incidentale” non diagnostiquée (car de petite taille) lors du bilan de prétransplantation ne modifiait pas le pronostic de ces malades (12). Ces résultats avaient alors conduit de nombreuses équipes à élargir les indications de transplantation à ceux souffrant de tumeurs non résécables. Le pronostic de ces malades est très mauvais. Il est maintenant clairement prouvé qu’une survie sans récidive supérieure à 60 % à cinq ans ne peut être obtenue que chez des malades réunissant les deux critères suivants : – présence d’une tumeur unique de moins de 5 cm ou de deux tumeurs de moins de 3 cm chacune ; – absence d’envahissement veineux portal ou sus-hépatique (6, 13, 14). Chez les malades qui répondent à ces critères, les résultats de la transplantation sont supérieurs à ceux de tous les autres traitements (6, 15). La transplantation est donc a priori le meilleur traitement que l’on puisse proposer pour des CHC de petite taille développés sur une hépatopathie chronique. Pour de nombreuses raisons, cette option ne peut cependant pas être offerte à tous les malades ayant un CHC développé sur une hépatopathie sous-jacente. Le nombre de greffons hépatiques est limité et la transplantation reste une intervention chirurgicale lourde associée à une mortalité opératoire supérieure ou voisine de 10 %. En effet, cette intervention ne peut être proposée qu’à des malades âgés de moins de 65 ans et ne présentant pas d’affection cardiovasculaire ni pulmonaire ni rénale sévère (tableau II). Tableau II. Indication de transplantation chez un malade ayant un CHC sur hépatopathie chronique. - Âge < 60 ans. - Absence d’affection cardiaque, pulmonaire ou rénale grave. - Tumeur unique < 5 cm ou deux tumeurs < 3 cm. - Absence d’atteinte portale. - Cirrhose avec insuffisance hépatocellulaire. - Absence de réplication virale B (DNA-VHB absent dans le sérum). La Lettre de l’Hépato-Gastroentérologue - n° 1 - vol. II - février 1999 En outre, il existe un risque de récidive de la maladie hépatique causale, notamment lorsqu’il s’agit d’une infection par les virus des hépatites B et C (9). Enfin, même si la tumeur initiale était unique et de petite taille, il persiste un risque de récidive tumorale qui est favorisé par le traitement immunosuppresseur nécessaire à la tolérance du greffon après la transplantation. À ces restrictions, il faut ajouter que le délai d’obtention d’un greffon est imprévisible et que la tumeur peut progresser pendant la période d’attente. Cette possible évolution pendant la période d’attente soulève des questions concernant : – la nature et la périodicité des examens morphologiques préopératoires ; – la nature du traitement d’attente de la tumeur ; – l’utilité d’une chimiothérapie adjuvante périopératoire. Bien qu’il sous-estime l’extension tumorale, le bilan morphologique réalisé chez les malades en attente de transplantation est comparable à celui qui est effectué avant une résection. Ce bilan doit être complété par au moins une échographie tous les trois mois, suivie d’un scanner hélicoïdal s’il existe une progression tumorale. Le délai d’attente d’un greffon peut être de plusieurs mois, et, pendant cette période, on peut proposer soit une alcoolisation percutanée, soit une ou plusieurs séances de chimioembolisation, soit une résection chirurgicale limitée (7). Une intervention chirurgicale préalable pourrait augmenter les difficultés de réalisation de la transplantation en créant des adhérences multiples. Pour prévenir ces difficultés, chez les malades ayant une tumeur du dôme hépatique, on peut avoir recours à une exérèse chirurgicale par voie thoracique. Quelques études “pilotes” ont suggéré qu’une chimiothérapie péri-opératoire pouvait réduire le risque de récidive (16). ■ Mots Clés : Carcinome hépatocellulaire – Résection – Transplantation. R É F É R E N C E S B I B L I O G R A P H I Q U E S 1. Franco D., Capussoti L., Smadja C. et coll. Resection of hepatocellular carcinoma. Results in 72 European patients with cirrhosis. Gastroenterology 1990 ; 98 : 733-8. 2. Liver Cancer Study Group of Japan. Predictive factors for long-term prognosis after partial hepatectomy for patients with hepatocellular carcinoma in Japan. Cancer 1994 ; 74 : 2772-80. 3. Kawasaki S., Makuuchi M., Miyagawa S. et coll. Results of hepatic resection for hepatocellular carcinoma. World J Surg 1995 ; 19 : 31-4. 4. Makuuchi M., Takayama T., Kubota K. et coll. Hepatic resection for hepatocellular carcinoma – Japanese experience. Hepato-Gastroenterology 1998 ; 45 : 1267-74. 5. Belghiti J., Panis Y., Farges O. et coll. Intrahepatic recurrence after resection of hepatocellular carcinoma complicating cirrhosis. Ann Surg 1991 ; 214 : 1114-7. 6. Figueras J., Jaurrieta E., Valls C. et coll. Survival after liver transplantation in cirrhotic patients with and without hepatocellular carcinoma : a comparative study. Hepatology 1997 ; 25 : 1485-9. 7. Trinchet J.C., Beaugrand M. Treatment of hepatocellular carcinoma in patients with cirrhosis. J Hepatol 1997 ; 27 : 756-65. 8. Livraghi T. Percutaneous ethanol injection in the treatment of hepatocellular carcinoma in cirrhosis. Hepato-Gastroenterology 1998 ; 45 : 1248-53. 9. Bruix J., Castells A., Bosch J. et coll. Surgical resection of hepatocellular carcinoma in cirrhotic patients : prognostic value of preoperative portal pressure. Gastroenterology 1996 ; 111 : 1018-22. 25 Maq HGE1 vol II D 21/08/03 O S 16:20 S Page 26 I E R T 10. Noun R., Jagot P., Farges O. et coll. High preoperative serum alanine transferase levels : effect on the risk of liver resection in Child grade A cirrhotic patients. World J Surg 1997 ; 21 : 390-4. 11. Farges O., Regimbeau J.M., Belghiti J. Aggressive management of recurrence following surgical resection of hepatocellular carcinoma. HepatoGastroenterology 1998 ; 45 : 1275-80. 12. Bruix J. Treatment of hepatocellular carcinoma. Hepatology 1997 ; 25 : 259-62. 13. Ringe B., Pichlmay R., Wittekind C. et coll. Surgical treatment of hepatocellular carcinoma : experience with liver resection and transplantation in 198 patients. World J Surg 1991 ; 15 : 270-85. H É M A T I Q U E 14. Mazzaferro V., Regalia E., Doci R. et coll. Liver transplantation for the treatment of small hepatocellular carcinomas in patients with cirrhosis. N Engl J Med 1996 ; 334 : 693-9. 15. Bismuth H., Chiche L., Adam R. et coll. Liver resection versus transplantation for hepatocellular carcinoma in cirrhotic patients. Ann Surg 1993 ; 218 : 145-51. 16. Cherqui D., Piedbois P., Pierga J.Y. et coll. Multimodal adjuvant treatment and liver transplantation for advanced hepatocellular carcinoma. Cancer 1994 ; 73 : 2721-6. Conclusion ● L. Choné S i, au cours de ces dernières années, l’identification des facteurs de risque clinico-histologiques et l’approche de la carcinogenèse hépatique ont connu d’importantes avancées, le pronostic des malades atteints de carcinome hépatocellulaire (CHC) reste très sombre. En effet, du point de vue thérapeutique, les progrès ont surtout consisté à mieux cerner les indications et les résultats de différentes techniques déjà expérimentées depuis quelques années : la transplantation hépatique reste a priori le meilleur traitement à proposer aux malades présentant un CHC de petite taille développé sur une hépatopathie chronique, puisqu’elle offre la possibilité de traiter à la fois la tumeur et la maladie sous-jacente. Lorsque la transplantation n’est pas envisageable, la résection n’est une alternative chirurgicale que pour les patients ne présentant pas d’insuffisance hépatocellulaire grave. Parmi les traitements non chirurgicaux, l’alcoolisation qui connaît actuellement un essor considérable, est le seul véritable concurrent de la chirurgie. À l’inverse, la chimio-embolisation lipiodolée semble actuellement en régression en raison d’un bénéfice peu clair sur la survie. De même, à la lumière des études randomisées prospectives, les trai- Le prochain dossier thématique... tements hormonaux se sont révélés décevants. Dans cet arsenal thérapeutique, seul le lipiodol radioactif fait figure de nouveau venu (prometteur ?), pour lequel les indications comme les résultats doivent cependant être précisés. Dans ce contexte assez morose, le développement de la prévention chez les malades identifiés comme étant à haut risque de CHC pourrait apparaître comme une perspective d’avenir. Les modalités de cette prévention restent encore à définir : s’agira-t-il d’une extension des indications de la transplantation ou du traitement systématique de toute lésion identifiée comme précancéreuse par alcoolisation ? En fait, la chimioprévention par administration d’interféron alpha dans les cirrhoses dues au virus de l’hépatite C, d’acide polyprénoïque ou encore d’inhibiteurs de l’angiogenèse, constitue une approche plus séduisante. Cependant, bien entendu, la prévention préprimaire, par l’extension des campagnes de vaccination contre l’hépatite B, le dépistage et le traitement des hépatites chroniques C et bien sûr les campagnes antialcooliques, restera l’outil le plus efficace. ■ INSUFFISANCE INTESTINALE Coordinateur : Pr X. Hébuterne (Nice) 26 La Lettre de l’Hépato-Gastroentérologue - n° 1 - vol. II - février 1999 Maq HGE1 vol II 21/08/03 A A U U 16:20 T T Page 27 O O - É É V V A A L L U U A A T T I I O O N N Parmi les principaux facteurs de risque de développer un CHC, on peut citer : A. le sexe masculin ; B. l’infection par le virus de l’hépatite C ; C. la maladie de Wilson ; D. l’exposition à l’aflatoxine ; E. l’âge supérieur à 50 ans. 1 Parmi les affirmations suivantes, citer celles qui sont exactes : A. les cirrhoses micronodulaires présentent le plus fort risque de développer un CHC ; B. la dysplasie hépatocytaire à grandes cellules est une lésion fréquente et diffuse au cours des hépatopathies chroniques ; C. contrairement à la dysplasie à grandes cellules, la dysplasie à petites cellules n’est pas un véritable précurseur de CHC ; D. les macronodules dysplasiques sont retrouvés dans 70 % à 75 % des cirrhoses ; E. la carcinogenèse hépatique est un processus séquentiel et souvent multifocal. 2 Parmi les affirmations suivantes, citer celles qui sont exactes : A. l’incidence du CHC sur cirrhose est de l’ordre de 10 % par an ; B. les modalités du dépistage sont maintenant clairement définies ; C. dans un contexte évocateur, lors de la découverte d’un nodule hépatique, il n’est pas nécessaire d’obtenir la preuve histologique du diagnostic de cirrhose sous-jacente ; D. la TDM lipiodolée est un examen très sensible détectant 90 % des nodules tumoraux de moins de 5 mm ; E. l’IRM et la TDM spiralée ont actuellement supplanté la TDM lipiodolée. 3 4 Concernant, le traitement du CHC : A. celui-ci n’est licite qu’en cas de cirrhose Child A ou B ; B. en cas de cirrhose Child C, la survie est uniquement liée au degré d’insuffisance hépatocellulaire ; C. après résection, la survie est supérieure à celle obtenue après alcoolisation ; D. trois ans après un traitement par alcoolisation, une récidive tumorale est constatée chez 50 % des malades ; E. le tamoxifène est un traitement palliatif permettant d’augmenter la survie par rapport à l’abstention thérapeutique. Citer parmi les affirmations suivantes, celles qui sont exactes : A. en cas de CHC sur cirrhose, la transplantation hépatique est contre-indiquée chez les malades présentant plus d’une tumeur hépatique ; B. la survie à 5 ans des CHC sur foie sain est supérieure à 60 % ; C. le risque opératoire d’une résection hépatique est corrélé à la gravité de la cirrhose ; D. chez un malade sans insuffisance hépatocellulaire, des transaminases supérieures à 2N augmentent le risque d’une résection hépatique large ; E. la survie sans récidive à 5 ans, après transplantation, est de l’ordre de 30 % chez les malades présentant une petite tumeur unique sans envahissement portal. 5 5 : B, C, D 4 :A, B, D 3 :E 1 :A, B, D, E 2 : B, E L’incidence des CHC au cours de la maladie de Wilson est faible. Les cirrhoses macronodulaires présentent le plus fort risque de développer un CHC. La dysplasie à petites cellules est considérée comme un véritable précurseur du CHC. Les macronodules dysplasiques sont retrouvés dans 10 % à 42 % des cirrhoses. L’incidence du CHC sur cirrhose est de l’ordre de 5 % par an. En cas de découverte d’un nodule hépatique, il faut être certain du diagnostic de cirrhose, car c’est un argument important pour le diagnostic de CHC. La TDM lipiodolée a une sensibilité médiocre pour les nodules de petite taille, qui sont rarement détectés par cette technique. Les taux de survie après alcoolisation chez des malades ayant des tumeurs limitées sont semblables à ceux de la résection. Six études randomisées prospectives ont montré que le tamoxifène n’apportait pas de gain de survie par rapport à l’abstention thérapeutique. La transplantation hépatique est envisageable chez un malade présentant 2 tumeurs hépatiques, si celles-ci font moins de 3 cm chacune. Une survie sans récidive de l’ordre de 60 % à 5 ans peut être obtenue après transplantation, chez les malades ayant un CHC unique de moins de 5 cm ou 2 CHC de moins de 3 cm et en l’absence d’envahissement portal. Réponses : La Lettre de l’Hépato-Gastroentérologue - n° 1 - vol. II - février 1999 27