A postrophe " L. Frimat*, M. Kessler* Prise en charge des transplantés rénaux au sein d’un réseau de soins : l’exemple de NEPHROLOR (Lorraine) QU’EST-CE QU’UN RÉSEAU DE SOINS ? L’étymologie du mot réseau renvoie au latin retis, qui désignait un “ouvrage formé d’un ensemble géométrique de fils ou de bandes”. Aujourd’hui, il est utilisé pour décrire divers entrelacements neuronaux, informatiques ou de communication. Dans le domaine de la santé, l’expression “réseau de soins” doit être préférée au terme “réseau”, fourre-tout utilisé pour escamoter un problème difficile. À la fin des années 1990, l’idée de créer des réseaux de soins est née du constat de différences de prise en charge d’un individu à l’autre, dans le partage des connaissances, et dans la continuité des soins. Chaque patient est un cas particulier, avec son évolution spécifique. Toutefois, la simple observation montre qu’il est possible de modéliser des pathologies typiques, ainsi que des trajectoires fréquentes. Le concept de réseau de soins explore la réponse adaptée à une question délicate : “Comment assurer la singularité de chaque patient à grande échelle ?” Il s’applique particulièrement à la prise en charge des maladies chroniques. Il a pour objectif d’organiser les interventions en santé selon des principes rationnels d’efficacité, avec, à la clé, une possible minimisation parallèle des coûts par une amélioration de la qualité des soins. En effet, en l’absence de vision d’ensemble de l’organisation des soins, l’hétérogénéité des pratiques, l’improvisation parfois, sont synonymes d’inefficacité et de surcoût. Les réseaux relationnels entre praticiens existent partout. Ils concernent une entité géographique souvent approximative. Ils sont infor* Service de néphrologie, CHU de Nancy, 54511 Vandœuvre-lès-Nancy Cedex. 181 mels, non évalués. Il faut les distinguer des réseaux structurés qui se focalisent sur les filières suivies par les patients, la coopération hospitalière interétablissement… Un réseau de soins est une réponse organisée, apportée par des professionnels, à des besoins de santé des individus d’une population, à un moment donné, sur un territoire donné. Ses principales finalités sont détaillées dans l’encadré. Encadré. Finalités d’un réseau de soins. Un réseau de soins est une réponse organisée, apportée par des professionnels, à des besoins de santé des individus d’une population, à un moment donné, sur un territoire donné. 1. Respect des principes de base : continuité, cohérence, globalité, interactivité, réactivité, adaptabilité, transversalité, multidisciplinarité, efficience, moindre coût… 2. Optimiser l’accès aux soins. 3. Organiser la circulation des patients. 4. Reconnaître la compétence des autres. 5. Respecter la préférence des patients. 6. Améliorer la qualité des soins. 7. Améliorer la prise en charge des patients. 8. Accroître la connaissance individuelle de tous les membres (formation, référentiels). 9. Accroître la connaissance collective (transmission, partage de l’information). 10. Être un lieu d’observation. 11. Évaluer. NEPHROLOR, UN RÉSEAU DE SOINS QUI SE FOCALISE SUR L’INSUFFISANT RÉNAL CHRONIQUE La région administrative Lorraine a une superficie moyenne avec une population de plus de 2,3 millions d’habitants, comparable à celle de la région Languedoc-Roussillon ou du Centre (1). Elle s’articule autour d’un sillon urbain médian Nord-Sud de forte densité de population Le Courrier de la Transplantation - Volume IV - n o 4 - oct.-nov.-déc. 2004 A postrophe et des zones rurales (Sud meusien, Est mosellan) et montagneuses (Vosges) faiblement peuplées. En termes de santé publique, depuis ces vingt dernières années, un vieillissement constant de la population est relevé. Pathologies cardiovasculaires et diabète de type 2 figurent au premier plan. En Lorraine, par comparaison à d’autres régions françaises, la proportion de néphrologues est faible : 19 par million d’habitants (2). Ils exercent dans treize structures distinctes, réparties dans cinq hôpitaux publics, deux cliniques privées, trois établissements du secteur participant au secteur public hospitalier, deux associations. Leur collaboration pour optimiser la prise en charge de l’insuffisance rénale chronique est ancienne et très importante. Historiquement, elle se fonde sur les actions de prévention tertiaire : tous actes destinés à réduire au minimum la prévalence des incapacités fonctionnelles consécutives à l’insuffisance rénale chronique terminale dans la population. En partenariat avec l’Association des néphrologues de l’Est, créée en 1980, ils ont mené des actions régulières de formation continue et des travaux scientifiques, par exemple sur la néphropathie à IgA (3, 4). Dans la lignée de l’étude EPIREL, commencée en 1997 (5), puis du registre REIN, en 2001, ils ont activement bâti un système d’information fiable. Fort de cette organisation existante, le réseau de soins NEPHROLOR a été créé en juin 2002. Aux côtés des néphrologues, il réunit des représentants des administrations des établissements de soins, de l’Agence régionale de l’hospitalisation (ARH) de Lorraine, de la caisse régionale de l’Assurance maladie (CRAM), des associations de patients, des médecins généralistes, des groupements d’infirmières libérales. La volonté partagée de sa création s’appuyait sur un certain nombre de dysfonctionnements observés lors d’études d’évaluation : % Un accès au traitement de suppléance médiocre, responsable d’une mise en route en urgence de la dialyse chez plus de 50 % des patients avec surmortalité (6), alors que l’on estime que cette proportion peut être ramenée à 15 %. % Un accès à la transplantation différent d’un bassin de santé à l’autre. % Une circulation des patients insuffisamment organisée, avec des patients adressés trop tardivement au néphrologue [créatininémie moyenne 182 à la prise en charge néphrologique des patients mis en dialyse : 384 µmol/l (5)]. % Une augmentation de la prévalence des maladies rénales dans une population âgée, victime des maladies cardiovasculaires. % Une continuité des soins inexistante dans certaines zones géographiques. % Une information grand public lacunaire, responsable de comportements de rejet nuisibles (7). % Une politique de santé au coup par coup dont les patients subissaient les conséquences. NEPHROLOR emploie un praticien hospitalier à mi-temps, une secrétaire à temps plein et trois assistantes de recherche clinique. Son financement est assuré par l’ARH, le CHU de Nancy et l’Établissement français des Greffes (EfG) (financement registre REIN). Après deux ans de fonctionnement, NEPHROLOR a atteint une incontestable maturité, dont nous proposons de donner quelques illustrations, sur la prise en charge des patients transplantés. RESPECTER LES PRINCIPES DE BASE La maladie rénale chronique et sa conséquence fonctionnelle, l’insuffisance rénale, progressent sur une longue période de temps, parfois plusieurs dizaines d’années. Tout au long de cette “histoire”, le patient doit pouvoir bénéficier d’interventions médicales adaptées à la connaissance du moment. Dans ce continuum, la transplantation rénale n’est qu’une étape. Un réseau de soins centré sur l’insuffisant rénal chronique s’articule autour d’un certain nombre de principes de base. Le transplanté rénal doit être assuré de la continuité des soins 24 heures sur 24, par l’intermédiaire de son néphrologue référent. Où qu’il se trouve, il faut qu’il puisse bénéficier de soins adaptés. La structuration de la filière avec ces protocoles diagnostiques et thérapeutiques est guidée par un souci de cohérence. Des règles de transfert vers le centre de greffe ont été établies. Le transplanté “voit” clairement qui fait quoi. Les interventions médicales doivent être rapides. Le fonctionnement du réseau est transparent pour les observateurs extérieurs : médecin généraliste, tutelle… La coordination des activités et le partage des responsabilités assurent la globalité de la prise en charge du transplanté rénal. L’interactivité des structures et des praticiens est constante. Elle stimule positivement les décisions. Son harmonisation permet un gain d’efficacité. Le système Le Courrier de la Transplantation - Volume IV - n o 4 - oct.-nov.-déc. 2004 A postrophe d’information, couplé à la connaissance du terrain, permet une réactivité optimale. Par exemple, l’augmentation de l’âge des dialysés a conduit à élargir les indications de transplantation vers les sujets plus âgés. L’adaptabilité est garantie par la mutualisation des moyens sur l’ensemble de la région. La transversalité avec la multidisciplinarité des interventions médicales est reconnue par le néphrologue dans l’intérêt du patient transplanté. Efficience et évaluation des coûts sont une préoccupation constante pour répondre aux besoins du plus grand nombre. OPTIMISER L’ACCÈS AUX SOINS, ORGANISER LA CIRCULATION DES PATIENTS La transplantation rénale constitue la solution la plus performante pour remplacer la fonction rénale défaillante (8). La transplantation préemptive est même le gold standard. Les résultats sont meilleurs si l’évaluation débute avant le stade terminal avec une inscription précoce sur liste d’attente (5). Les possibilités de donneur vivant doivent être systématiquement envisagées. Aussi, NEPHROLOR postule que tous les résidents lorrains aux stades 3 ou 4 de l’insuffisance rénale chronique (classification de l’ANAES) doivent pouvoir bénéficier d’une évaluation en vue d’une inscription sur liste de transplantation rénale. Cette volonté implique une définition claire des indications, couplée à une articulation efficace entre le praticien prescripteur et la structure de transplantation rénale. Pour cela, au sein de NEPHROLOR, une grille standardisée d’évaluation du candidat est utilisée. En cas d’anomalie, les correspondants habitués à l’évaluation prégreffe (chirurgiens, radiologues, cardiologues, diabétologues…) sont clairement identifiés. Ils exercent au plus proche du domicile du patient. L’échange d’information doit être permanent. De plus, la procédure comporte une réunion semestrielle entre les néphrologues qui posent l’indication et ceux qui inscrivent le patient. De cette façon, l’évolution des indications a lieu en temps réel, au bénéfice du patient. Par exemple, la promotion de la greffe donneur vivant avec prélèvement assisté par robot, en particulier pour la transplantation préemptive, a été rapidement diffusée dans la région. Le nombre de greffes avec donneur vivant passe ainsi de 4 en 2002 à 183 6 en 2003, plus de 12 étant prévues en 2004. De même, l’élargissement des indications vers le sujet âgé atteint de comorbidités stables connaît un développement consensuel. L’âge moyen du receveur le jour de la transplantation était de 50,2 ans (IC95 : 40-60) en 2003, contre 43,9 ans (IC95 : 34-54) en 2002 (p = 0,002). La politique de prélèvement d’organes a un impact direct sur l’accès aux soins. NEPHROLOR est un interlocuteur privilégié de l’EfG. En effet, le réseau de soins garantit une bonne utilisation des moyens et des techniques pour les bonnes personnes, au bon moment. Il participe dynamiquement à la promotion du don d’organe. Finalement, plus de 95 % des résidents lorrains en IRCT sont transplantés en Lorraine avec un délai d’attente moyen de 6 mois après leur inscription sur liste. En Lorraine, compte tenu des zones de faible densité de population, plus de 30 % des insuffisants rénaux chroniques résident à plus d’une heure de transport d’un centre de néphrologie. NEPHROLOR a élaboré un maillage cohérent des interventions médicales à l’échelle de la région. C’est ainsi que trois consultations avancées de néphrologie ont été créées dans des bassins de santé entièrement dépourvus de néphrologues : Bar-le-Duc (Meuse), Saint-Dié (Vosges) et Sarrebourg (Moselle). Les transplantés y sont suivis régulièrement au même titre que les autres insuffisants rénaux chroniques. RECONNAÎTRE LA COMPÉTENCE DES AUTRES, RESPECTER LA PRÉFÉRENCE DES PATIENTS Tous les néphrologues lorrains exercent une activité diversifiée de néphrologie, de dialyse et de transplantation. Il n’y a pas de rupture dans la filière de soins. Au sein de NEPHROLOR, chaque soignant connaît les limites de ses compétences, et dispose des relais nécessaires dans le respect de la compétence reconnue des autres. Depuis dix ans, le service de néphrologie du CHU de Nancy doit faire face à une augmentation rapide de la cohorte de transplantés prévalents : + 10 % par an. Actuellement, 931 résidents lorrains sont porteurs d’un greffon fonctionnel. Afin d’éviter une potentielle détérioration des soins prodigués au patient transplanté, une prise en charge alternée a été définie. Ainsi, au cours des six premiers mois de la greffe, le néphrologue du centre de transplan- Le Courrier de la Transplantation - Volume IV - n o 4 - oct.-nov.-déc. 2004 A postrophe tation est en première ligne, compte tenu de la spécificité des complications : rejet aigu, infection à cytomégalovirus (CMV), nécrose urétérale, anomalie de l’artère du greffon… Ensuite, il passe progressivement le relais au néphrologue du bassin de santé où réside le transplanté. De même, à distance de la greffe, la place du médecin généraliste est valorisée pour répondre efficacement aux événements intercurrents. sont successivement pris en charge par les différentes structures de soins en fonction de leurs préférences et de leurs besoins pour leur permettre d’être traités à proximité de leur domicile. Une prise en charge médicale satisfaisante de tous les patients dépend du développement de la dialyse péritonéale et de la transplantation rénale précoce dans l’histoire de l’IRCT. En effet, les possibilités d’augmentation de l’activité d’hémodialyse sont limitées. Le réseau de prise en charge de l’insuffisant rénal chronique ne doit pas être considéré comme du prosélytisme déguisé. Au contraire, les néphrologues reconnaissent les compétences de tous les intervenants de la filière. L’objectif est d’identifier le plus tôt possible l’insuffisance rénale chronique pour optimiser sa prise en charge. L’expertise collégiale en temps réel permet d’identifier et de résoudre les principaux dysfonctionnements. L’insuffisance rénale chronique est un exemple de pathologie transversale, située à l’interface des pratiques médicales, au premier chef la médecine générale, mais aussi la cardiologie, la diabétologie, l’urologie, la gériatrie… Le réseau NEPHROLOR cherche à développer un partenariat avec tous ces intervenants pour agir dans l’intérêt du patient transplanté. En particulier, des actions de formation continue des nonnéphrologues et d’information sur les nouveaux concepts (11) sont déployées à l’échelle de la région. Une journée “Grand public” consacrée à l’insuffisance rénale chronique, organisée par les associations de patients avec NEPHROLOR, a eu lieu le 25 septembre 2004. Dans la filière de soins, le patient passe d’une équipe médicale à l’autre sans heurt. Par exemple, il est admis dans un centre hospitalier ou une clinique privée pour commencer l’hémodialyse ou la dialyse péritonéale, avant d’être orienté vers une association pour la poursuite du suivi hors centre, puis vers le centre hospitalier universitaire pour la transplantation rénale, dont la surveillance sera partagée avec le néphrologue référent. Ce dernier jouera un rôle très important en cas d’échec de greffe avec remise en dialyse. C’est pourquoi NEPHROLOR est vigilant vis-à-vis de la qualité de l’accueil des patients, de l’homogénéité des informations délivrées et de l’attitude des professionnels. Dans cette optique, une enquête de satisfaction a été menée en mars 2004. Finalement, le recours d’un insuffisant rénal chronique lorrain à un néphrologue hors de NEPHROLOR est exceptionnel. Il s’explique le plus souvent par des contraintes géographiques ou matérielles. AMÉLIORER LA QUALITÉ DES SOINS, AMÉLIORER LA PRISE EN CHARGE DES PATIENTS En Lorraine, l’incidence de l’insuffisance rénale chronique terminale (IRCT) traitée est passée de 58 par million d’habitants en 1992 (9) à 119 en 1998 (5) et à 144,8 en 2002 (10). Cet accroissement rapide est lié au vieillissement de la population et à l’augmentation de la prévalence du diabète (10). Les dialysés ou transplantés 184 Étant donné l’expérience acquise et l’amélioration constante des résultats – survie du greffon rénal proche de 85 % à 5 ans en Lorraine –, force est de reconnaître que la transplantation rénale est un traitement qui se banalise. Après la première année de greffe, les causes de rejet chronique sont plurielles, immunologiques ou non (12). Le traitement immunosuppresseur et ses complications potentielles sont donc toujours évalués systématiquement. Cependant, plus le temps passe, plus le transplanté rénal devient (redevient) un insuffisant rénal chronique “comme les autres”. Aujourd’hui, la démonstration est faite qu’il est possible de ralentir la progression de l’insuffisance rénale chronique et de repousser, voire de supprimer le recours à la suppléance extrarénale. Le transplanté doit donc bénéficier des interventions de prévention secondaire : tous actes destinés à diminuer la prévalence de l’insuffisance rénale chronique dans la population en en réduisant l’évolution et la durée. Tous les néphrologues du réseau de soins NEPHROLOR reconnaissent l’importance des interventions thérapeutiques (13) : contrôle tensionnel, recours aux traitements antiprotéinuriques, nécessaire maîtrise de l’alimentation et des bois- Le Courrier de la Transplantation - Volume IV - n o 4 - oct.-nov.-déc. 2004 A postrophe sons… y compris pour les transplantés. Chaque néphrologue concourt à obtenir une compliance au long terme par des efforts soutenus de pédagogie. Dans la cohorte lorraine, un an après la greffe, la clairance de la créatinine est en moyenne de 57 ml/mn (transplantés en 2001 et 2002 : n = 165). Elle est supérieure à 90 ml/mn chez seulement 5 % des patients et inférieure à 30 ml/mn chez 8,5 % d’entre eux. Selon la classification de l’ANAES, le transplanté rénal récent se situe majoritairement au stade 1, voire 2, de l’insuffisance rénale chronique. C’est pourquoi il doit aussi profiter des interventions précoces sur les conséquences extrarénales de l’insuffisance rénale chronique, en particulier cardiovasculaires, osseuses et hématologiques, pour diminuer la comorbidité et améliorer la survie à long terme. ACCROÎTRE LA CONNAISSANCE INDIVIDUELLE ET COLLECTIVE, ÊTRE UN LIEU D’OBSERVATION, ÉVALUER Chaque année, une dizaine de réunions sont organisées pour tout ou partie par NEPHROLOR à Nancy, Metz, Verdun… Ces réunions sont thématiques : greffe du sujet âgé, donneur vivant, perspectives des nouveaux immunosuppresseurs… Elles prennent aussi la forme de confrontations anatomocliniques. Une véritable politique de formation est proposée par le réseau de soins. L’ensemble des néphrologues du réseau a admis qu’une évaluation scientifique rigoureuse apporte une précision et une validité indispensables à une amélioration raisonnée des soins. Pour les patients, elle est aussi synonyme de visibilité et permet une concertation équitable. L’évaluation, en particulier des pratiques professionnelles, nécessite une méthodologie ad hoc (14, 15), ainsi que des moyens humains et financiers souvent considérables. NEPHROLOR a établi une collaboration privilégiée avec le centre d’épidémiologie clinique du CHU de Nancy, ce qui apporte l’assurance de la qualité. Deux systèmes d’information complémentaires fonctionnent en permanence sur la région Lorraine. Le principal est le registre REIN (Réseau Épidémiologie et Information en Néphrologie), mis en place depuis le 1er janvier 2001. Il a pris la suite de l’étude EPIREL. Outre un descriptif sur les patients en IRCT, des données exhaustives d’incidence (depuis 1998) et de prévalence (depuis 2001) sont 185 disponibles. En transplantation, la collaboration au registre DIVAT (Données Informatisées, Validées en Transplantation), qui regroupe plusieurs centres français de référence, permet de disposer d’informations encore plus détaillées. NEPHROLOR se déploie sur un territoire géographique strictement défini : la région administrative Lorraine. Par rapport aux études focalisées sur un seul centre, c’est un lieu d’observation optimal sous l’angle du contrôle des biais de sélection inhérents aux études épidémiologiques. En effet, il prend en compte toutes les interactions entre les structures autour de la population exhaustive des insuffisants rénaux chroniques, transplantés ou non. La généralisation des résultats n’est pas remise en question. Les indicateurs de performance sont non seulement la survie ou les hospitalisations, mais aussi la qualité de vie perçue par le patient et la satisfaction de celui-ci (16). CONCLUSION S’appuyant sur une expérience historique de travail en commun, NEPHROLOR a pris corps depuis deux ans. Il a induit une modification des habitudes de travail en privilégiant l’action collective au service du patient. Cependant, il fait l’objet d’une structuration constante autour d’une évaluation la plus rigoureuse possible. Certaines limites ont parfois été repérées. Par exemple, l’absence de référentiels pour les soins ne permet pas une cohérence optimale des actions thérapeutiques. D’autre part, l’efficacité des actions au sein du réseau est très dépendante d’une communication optimale entre les différents intervenants, souvent très occupés et éloignés les uns des autres… Dans les prochains mois, le projet TRANSPLANTELIC testera l’utilisation de l’Internet pour simplifier l’échange d’information entre le transplanté, le médecin généraliste, le néphrologue référent local et le néphrologue transplanteur. NEPHROLOR s’est donné pour objectif d’assurer au patient une prise en charge s’inscrivant dans un processus réfléchi et documenté, au plus près des recommandations de bonnes pratiques admises par tous les praticiens. Pour ces derniers, travailler dans un réseau de soins comme NEPHROLOR, c’est participer à un projet dynamique, consensuel et fédérateur, centré autour des besoins des patients insuffisants rénaux $ chroniques dont le transplanté fait partie. Le Courrier de la Transplantation - Volume IV - n o 4 - oct.-nov.-déc. 2004 A postrophe R 8. 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