Le Courrier de la Transplantation - Volume IV - n
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4 - oct.-nov.-déc. 2004
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Apostrophe
et des zones rurales (Sud meusien, Est mosel-
lan) et montagneuses (Vosges) faiblement peu-
plées. En termes de santé publique, depuis ces
vingt dernières années, un vieillissement
constant de la population est relevé. Pathologies
cardiovasculaires et diabète de type 2 figurent
au premier plan.
En Lorraine, par comparaison à d’autres régions
françaises, la proportion de néphrologues est
faible : 19 par million d’habitants (2). Ils exer-
cent dans treize structures distinctes, réparties
dans cinq hôpitaux publics, deux cliniques pri-
vées, trois établissements du secteur participant
au secteur public hospitalier, deux associations.
Leur collaboration pour optimiser la prise en
charge de l’insuffisance rénale chronique est
ancienne et très importante. Historiquement, elle
se fonde sur les actions de prévention tertiaire :
tous actes destinés à réduire au minimum la pré-
valence des incapacités fonctionnelles consé-
cutives à l’insuffisance rénale chronique termi-
nale dans la population. En partenariat avec
l’Association des néphrologues de l’Est, créée
en 1980, ils ont mené des actions régulières de
formation continue et des travaux scientifiques,
par exemple sur la néphropathie à IgA (3, 4).
Dans la lignée de l’étude EPIREL, commencée
en 1997 (5), puis du registre REIN, en 2001, ils
ont activement bâti un système d’information
fiable.
Fort de cette organisation existante, le réseau de
soins NEPHROLOR a été créé en juin 2002.
Aux côtés des néphrologues, il réunit des repré-
sentants des administrations des établissements
de soins, de l’Agence régionale de l’hospitali-
sation (ARH) de Lorraine, de la caisse régionale
de l’Assurance maladie (CRAM), des associa-
tions de patients, des médecins généralistes, des
groupements d’infirmières libérales. La volonté
partagée de sa création s’appuyait sur un certain
nombre de dysfonctionnements observés lors
d’études d’évaluation :
%Un accès au traitement de suppléance
médiocre, responsable d’une mise en route en
urgence de la dialyse chez plus de 50 % des
patients avec surmortalité (6), alors que l’on
estime que cette proportion peut être ramenée à
15 %.
%Un accès à la transplantation différent d’un
bassin de santé à l’autre.
%Une circulation des patients insuffisamment
organisée, avec des patients adressés trop tardi-
vement au néphrologue [créatininémie moyenne
à la prise en charge néphrologique des patients
mis en dialyse : 384 µmol/l (5)].
%Une augmentation de la prévalence des mala-
dies rénales dans une population âgée, victime
des maladies cardiovasculaires.
%Une continuité des soins inexistante dans cer-
taines zones géographiques.
%Une information grand public lacunaire, res-
ponsable de comportements de rejet nuisibles (7).
%Une politique de santé au coup par coup dont
les patients subissaient les conséquences.
NEPHROLOR emploie un praticien hospitalier
à mi-temps, une secrétaire à temps plein et trois
assistantes de recherche clinique. Son finance-
ment est assuré par l’ARH, le CHU de Nancy et
l’Établissement français des Greffes (EfG)
(financement registre REIN). Après deux ans de
fonctionnement, NEPHROLOR a atteint une
incontestable maturité, dont nous proposons de
donner quelques illustrations, sur la prise en
charge des patients transplantés.
RESPECTER LES PRINCIPES DE BASE
La maladie rénale chronique et sa conséquence
fonctionnelle, l’insuffisance rénale, progressent
sur une longue période de temps, parfois plu-
sieurs dizaines d’années. Tout au long de cette
“histoire”, le patient doit pouvoir bénéficier
d’interventions médicales adaptées à la connais-
sance du moment. Dans ce continuum, la trans-
plantation rénale n’est qu’une étape.
Un réseau de soins centré sur l’insuffisant rénal
chronique s’articule autour d’un certain nombre
de principes de base. Le transplanté rénal doit
être assuré de la continuité des soins 24 heures
sur 24, par l’intermédiaire de son néphrologue
référent. Où qu’il se trouve, il faut qu’il puisse
bénéficier de soins adaptés. La structuration de
la filière avec ces protocoles diagnostiques et
thérapeutiques est guidée par un souci de cohé-
rence. Des règles de transfert vers le centre de
greffe ont été établies. Le transplanté “voit” clai-
rement qui fait quoi. Les interventions médi-
cales doivent être rapides. Le fonctionnement
du réseau est transparent pour les observateurs
extérieurs : médecin généraliste, tutelle… La
coordination des activités et le partage des res-
ponsabilités assurent la globalité de la prise en
charge du transplanté rénal. L’interactivité des
structures et des praticiens est constante. Elle
stimule positivement les décisions. Son harmo-
nisation permet un gain d’efficacité. Le système