RAPPORT ANNUEL 2015 Haut Conseil de Stabilité Financière
Résumé
La zone euro a montré des signes de reprise sur l’ensemble de l’année 2014. Si la croissance s’est
amplifiée dans la plupart des économies, les situations demeurent contrastées selon les pays. L’Irlande
et dans une moindre mesure l’Allemagne ont affiché des taux de croissance supérieurs à la moyenne de
la zone euro. L’Espagne a enregistré une croissance assez robuste après cinq années de croissance
négative. À l’inverse, l’Italie a encore connu un taux de croissance négatif. Dans cet environnement, la
France a connu une croissance assez modeste qui s’accélère néanmoins sur la période la plus récente.
Parallèlement, l’inflation en zone euro comme en France a fortement baissé en 2014.
Dans cet environnement macroéconomique encore fragile, les évolutions des marchés financiers ont été
largement influencées par les annonces des grandes banques centrales avec en zone euro une baisse
historique des taux observée pour l’ensemble des maturités (aplatissement de la courbe) avec une
compression des écarts de rendements périphériques dans un contexte d’assouplissement de la politique
monétaire de la BCE et la mise en place de programmes d’achats de titres tandis qu’aux États-Unis, la
Fed a engagé un arrêt progressif du programme d’achat de titres même si les taux sont restés autour de
leur plus bas historique.
En 2014, les ménages français ont conservé un taux d’épargne similaire à sa moyenne de long terme
même si les nouveaux placements ont été plutôt en baisse jusqu’à fin 2014. L’environnement de taux
bas a cependant eu un impact marqué sur l’allocation de leurs placements avec une reprise de la collecte
sur les supports long terme (assurance-vie, épargne logement) et une certaine désaffection pour les
produits les plus courts (livrets). Parallèlement, la progression de l’endettement est restée modérée pour
la 3e année consécutive même si l’on assiste néanmoins à une ré-accélération progressive du crédit
immobilier et du crédit à la consommation sur les derniers trimestres. En revanche, la baisse des taux a
été à l’origine de mouvement de rachat de crédits et de renégociation d’une ampleur inédite soutenant
la production de crédit. Dans l’ensemble, les ménages français présentent une situation patrimoniale
solide.
Après 3 années de baisse, les entreprises ont enregistré une progression de leur taux de marge en 2013
qui permet une augmentation de l’autofinancement dans un contexte de reprise de l’investissement aussi
soutenu par le dynamisme des encours de dette (qu’il s’agisse des crédits octroyés par les banques ou
des émissions de titres, particulièrement dynamiques ces dernières années). L’endettement des
entreprises progresse donc même si la progression parallèle de leurs fonds propres (assurée par des
financements internes mais aussi externes suite à la reprise de l’activité de capital investissement) et la
baisse des taux assurent la maîtrise de leur levier d’endettement d’une part et de leurs charges financières
d’autre part.
Dans ce contexte, le secteur bancaire a poursuivi le renforcement de son passif avec une amélioration
de ses ratios de solvabilité et de sa liquidité et confirmé la robustesse des actifs à son bilan notamment
à l’occasion des exercices d’évaluation intervenus en amont de la mise en œuvre de l’union bancaire
(examen des actifs, stress test). Néanmoins, la rentabilité des banques françaises et, plus largement, celle
de leurs homologues européennes ne s’est pas totalement rétablie depuis à la crise et alors que
l’environnement de taux bas pèse sur leurs résultats. Face à cette situation, la plupart des acteurs ont
annoncé et engagé des transformations.
De son côté, le secteur de l’assurance a enregistré de bonnes performances en 2014 avec un chiffre
d’affaire en hausse et une nette progression de la valeur des actifs détenus. En ce qui concerne la
solvabilité du secteur, l’assise de fonds propres apparaît solide, y compris au regard des stress tests qui
ont été conduits. Néanmoins, la perspective possible d’un environnement de taux d’intérêt durablement
bas constitue un défi significatif pour le secteur en particulier pour l’assurance-vie.
Enfin, la gestion d’actifs s’est redressée en 2014 avec une progression du nombre de sociétés de gestion,
du nombre de fonds et des encours sous gestion. Les évolutions ont cependant été assez contrastées sur
les différents segments alors que le contexte de taux suscite un regain d’intérêt certains segments
(actions notamment) mais s’avère peu favorable pour d’autres (en particulier, monétaires).