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ci ou l’évaluation de ceux-ci, pour y parve-
nir. Le projet des microstructures est bien
de bouleverser profondément des habi-
tudes”, dit le Dr Georges-Henri
Melenotte, psychiatre, psychanalyste et
directeur médical d’Espace Indépendance.
“C’est une façon de faire moins stigmatisante,
car les entretiens psychologiques sont
demandés par les patients, et la microstruc-
ture ‘marque’ moins le suivi psychologique
d’une connotation psychiatrique que
d’autres lieux et semble, de ce fait, les faci-
liter. Nous pouvons faire un véritable suivi
psychologique de proximité. Insérés dans le
cadre d’un travail multidisciplinaire équili-
bré au sein d’un cabinet de ville, nous nous
sentons valorisés dans nos compétences. Et,
à côté des entretiens individuels, nous pou-
vons envisager d’organiser des groupes de
paroles, voire des groupes de philosophie,
au sein de la microstructure”, ont déjà dit les
psychologues, en premier bilan.
“Nous avons intégré, et fait admettre, le fait
que le travail social était possible au sein
d’un cabinet médical libéral. Nous pouvons
toucher des populations qui ne le seraient
pas autrement. Nous avons déjà pu contri-
buer à améliorer la situation d’un certain
nombre de patients, ce qui a retenti sur la
qualité des soins médicaux dispensés et le
suivi psychologique”, ont dit, pour leur
part, les travailleurs sociaux.
Une patientèle
un peu moins marginale
Quant à l’avis des patients eux-mêmes, il
est, bien évidemment, prévu de le recueillir
dans la partie commentaire libre du ques-
tionnaire d’évaluation, mais il est actuelle-
ment en cours de traitement. La plupart –
71 % exactement – n’étaient allés voir,
avant d’être mis sous traitement de substi-
tution, ni un travailleur social, ni un psy-
chologue, 43 % étaient dans ce cas à l’en-
trée dans l’étude. Et pourtant, même si la
“patientèle” de ces microstructures, dont
25 % a plus de 35 ans, semble moins “déchi-
rée” que celle des centres spécialisés, nom-
breux sont ceux qui souffrent de problèmes
psychiatriques (35 % de dépression, 64 %
d’anxiété, 59 % de déficit de la concentration,
10 % ont des idées suicidaires et 1 % a fait des
tentatives de suicide, 5 % ont des hallucina-
tions, 26 % commettent des actes de violen-
ce…). Si 51 % des patients ne semblent pas
avoir de comorbidité somatique principale,
32 % ont une hépatite C, 3 % sont infectés par
le VIH, 2 % ont une pathologie respiratoire,
2% une pathologie cardiovasculaire, et 2 %
une épilepsie… en fait, en moyenne, un usa-
ger de drogues ainsi suivi en ville a tout de
même des problèmes médicaux divers 6 jours
par mois. “Les toxicos non suivis correcte-
ment sont de gros consommateurs de soins
coûteux de première ligne (généralistes, hos-
pitalisations d’urgence…), sans prises en
charge dentaires. Mieux s’occuper d’eux
occasionne d’un côté des dépenses mais d’un
autre des économies”, commentait à ce propos,
Joseph Losson, le directeur de l’URCAM
alsacienne qui soutient l’expérience.
En ce qui concerne leurs consommations
dans les 0 à 40 jours (mais c’est du “décla-
ratif ” !), 9 % prennent de la buprénorphine
haut dosage hors traitement de substitution,
parmi ceux-là, 21 % se l’injectent et 10 %
la sniffent, 48 % prennent de l’alcool, 17 %
de l’héroïne, 1% de la méthadone, 3 % des
barbituriques. “Quatre-vingt-sept pour cent
de l’échantillon de toxicomanes interrogés
déclaraient avoir eu au moins un jour de
polyconsommation dans le mois précé-
dent…”, commentait Guy Hédelin.
La situation de leur emploi est, bien évidem-
ment, précaire mais leur revenu moyen reste
correct. Et, si 39 % ont déjà fait de la prison,
la plupart n’ont jamais été condamnés.
Première évaluation
Les premiers résultats de l’évaluation des
microstructures, intermédiaires, présentés à
cette occasion, sont très encourageants,
l’évaluation finale devant être prête pour
2003. L’étude comporte deux “bras” : l’un
englobant les patients pris en charge par le
médecin seul (161 patients dans le “bras
conventionnel”), l’autre par la microstructure
(176 inclus dans le “bras microstructure”).
Les premières évaluations ont montré que
les médecins étaient satisfaits de l’amélio-
ration de leur exercice, de leur propre tolé-
rance aux “cas lourds”, de l’ouverture faci-
litée sur les pratiques en réseau, de “l’in-
ventivité et de la liberté” de cette formule
innovante. Bref “un meilleur confort de tra-
vail”. Les patients peuvent dire “autre
chose” au psychologue ou au travailleur
social qu’au médecin, leur situation sociale
et personnelle s’améliore et il semble qu’ils
aient moins souvent affaire à la justice dans
le bras microstructure que dans le conven-
tionnel. D’ores et déjà, ceux qui n’ont
jamais vu de psychologue ou de travailleur
social au cours de l’année écoulée ne sont
plus que 35 %, même dans “le bras conven-
tionnel” et 24 % dans “le bras microstruc-
ture”. On a constaté, enfin, qu’il existe une
forte synergie entre ces deux intervenants,
car les patients qui vont le plus souvent voir
le psychologue sont aussi ceux qui consul-
tent le plus fréquemment le travailleur
social et inversement.
Reste maintenant le plus ardu : “Dépasser
le stade de la preuve de la faisabilité de
l’expérience pour essaimer loin des villes
jusqu’en milieu rural”, comme le disait le
directeur de la DDASS du Bas-Rhin.
“La plupart des réseaux fonctionnent déjà,
comme vous, sur le militantisme, et toute la
question est de garder un certain enthou-
siasme, de pérenniser l’expérience et de la
professionnaliser. Vous allez entrer rapide-
ment dans cette période charnière”, com-
mentait, pour sa part, le Dr Pierre
Poloméni, chargé de mission santé pour la
MILDT. Une expérience pionnière doit tôt
ou tard se diffuser. Ou se dissoudre, ce
qu’elle fait, hélas, la plupart du temps, par
épuisement de ses forces, “faute de com-
battants”. En ce qui concerne l’expérience
alsacienne, il semble plutôt qu’on soit sur
la voie d’un “modèle” adaptable et exten-
sible. “Il vous faut concrètement aujour-
d’hui passer des crédits exceptionnels au
régime financier de droit commun. Nous
sommes avec vous”, disait, encourageant,
Joseph Losson, le directeur de l’URCAM.
Un bon augure pour les pionniers de
Strasbourg, Sélestat, Mulhouse, et autres
communes d’Alsace.
Espace Indépendance, directrice : Danièle
Ledit, 21, boulevard de Nancy, 67000
Strasbourg. Tél. : 03 88 52 04 04.
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