La Lettre du Neurologue - n° 8 - vol. VI - octobre 2002
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MISE AU POINT
gamma-knife (par cobalt 60) et la radiochirurgie par protons
(ou protonthérapie). La protonthérapie n’est que très peu utilisée
dans le traitement des métastases cérébrales. Nous nous focali-
serons donc sur les deux premières méthodes.
Les principes communs à ces deux méthodes, bien codifiés,
sont l’irradiation externe d’un petit volume (inférieur à 30 mm le
plus souvent) en une seule séance, la précision de la localisa-
tion de la cible et de la dose reçue, le gradient net de dose entre
la métastase et le parenchyme cérébral sain adjacent.
La radiochirurgie Linac (ou radiochirurgie multifaisceaux) a
été développée en 1981 par Betti (2) et utilise des rayons X
produits par un accélérateur linéaire de particules. La source de
rayonnement est unique et mobile. La convergence des rayons se
fait donc par rotation de la source autour de la cible. Un avan-
tage important de cette méthode est la disponibilité de l’accélé-
rateur linéaire dans tous les services de radiothérapie, auquel
une adaptation à la radiochirurgie est cependant nécessaire.
La radiochirurgie gamma-knife est née en 1951 et a été déve-
loppée par Leksell (5). Elle utilise le rayonnement gamma qui
est produit par 201 sources de cobalt 60 (isotope radioactif du
cobalt) réparties sur un casque porte-collimateurs de forme
hémisphérique et placé au-dessus de la tête du patient. Il n’y a
donc pas de rotation des sources, car seules certaines sont
découvertes au cours du traitement. Les sources de cobalt doi-
vent être changées régulièrement en raison de leur décroissance
d’activité progressive. Cet appareillage ne peut être utilisé que
pour la radiochirurgie encéphalique. Il est donc dédié à cette
activité.
Concernant la radiochirurgie des métastases cérébrales, si la
source de rayonnement et la méthodologie de repérage stéréo-
taxique varient entre les deux méthodes, il est clair que les
résultats sont comparables en termes de dosimétrie, de préci-
sion et d’efficacité (6, 11). On ne peut plus aujourd’hui se pré-
valoir de la supériorité d’une méthode par rapport à l’autre.
ANALYSE DES RÉSULTATS DE LA RADIOCHIRURGIE
DES MÉTASTASES CÉRÉBRALES (3, 6-8)
Avant de faire une brève revue des données des principales
séries publiées, il est important de souligner la grande hétéro-
généité des très nombreuses études en termes de nombre de
patients traités, de nombre de métastases traitées par patient, de
type histologique de métastases traitées, de l’association éven-
tuelle à d’autres traitements comme la radiothérapie encépha-
lique locale ou in toto et du type de méthodologie employée
pour la radiochirurgie. Il semble parfois difficile de faire la part
de l’efficacité de chacun des traitements employés. Ces
réserves faites, et en comparant les données comparables, un
certain nombre de faits peuvent être extraits des séries publiées.
L’âge médian des patients traités est de l’ordre de 50 à 60 ans
avec un index de Karnofsky supérieur à 70. Le nombre moyen
de métastases traitées par patient va de 1 à 2,2. Il paraît déraison-
nable de traiter des patients porteurs de plus de deux métastases
cérébrales simultanées en dehors de cas exceptionnels. La taille
des métastases traitées est très variable et va jusqu’à 54 mm
avec une taille moyenne de 23 mm. Au-delà de 30 mm, l’intérêt
de la radiochirurgie devient modéré par rapport à l’irradiation
conventionnelle, car le risque de complications radiques augmente.
Les cancers primitifs les plus fréquemment retrouvés atteignent
le poumon, le sein, la peau (mélanome malin) et le rein.
La dose médiane délivrée est le plus souvent de l’ordre de 15 à
18 grays sur l’isodose de référence (70 et 80 % la plupart du
temps).
Le contrôle local, défini par l’absence d’augmentation volumé-
trique de la lésion traitée, est de l’ordre de 80 à 90 % à un an et
de 65 % à deux ans. Ce contrôle local est évalué sur l’imagerie
morphologique. Deux paramètres sont importants à surveiller :
la disparition de l’œdème péritumoral et l’absence d’augmenta-
tion volumétrique de la lésion traitée. Parfois, on assiste à une
diminution de taille de la prise de contraste, parfois, le centre
de la lésion traitée devient hypodense au scanner ou hyposignal
sur l’IRM en sp T1 injecté, et parfois, la lésion traitée diminue
en taille ou en volume mais ces éventualités ne sont pas prédic-
tives d’un meilleur contrôle local ou d’un risque inférieur de
récidive.
La survie médiane est cependant de l’ordre de 11 à 12 mois, ce
qui est comparable aux résultats chirurgicaux. Les paramètres
qui ont été corrélés à la survie après radiochirurgie sont l’index
de Karnofsky initial, le contrôle du cancer primitif, l’absence
d’autres métastases, mais également le nombre de métastases
cérébrales, le type histologique de la métastase, sa taille et la
dose administrée. En analyse multivariée, il semble que seuls
l’index de Karnofsky initial, le contrôle du cancer primitif et
l’absence d’autres métastases systémiques gardent une liaison
significative avec la survie.
COMPARAISON DE LA RADIOCHIRURGIE
AVEC LES AUTRES TRAITEMENTS DES MÉTASTASES
CÉRÉBRALES
La radiochirurgie améliore-t-elle le contrôle local ?
Si le taux de contrôle local par radiochirurgie est très supérieur
au taux par irradiation encéphalique seule, il est en revanche
très comparable au taux de contrôle local par chirurgie (pour
des populations de patients et de métastases comparables).
Il semble également que le contrôle local soit comparable entre
la chirurgie associée à l’irradiation encéphalique et la radio-
chirurgie seule.
Concernant les métastases cérébrales multiples, il semble que
le taux de contrôle local par radiothérapie encéphalique asso-
ciée à un surdosage focal par radiochirurgie (16 grays) soit très
supérieur à l’irradiation encéphalique isolée (4).
La radiochirurgie améliore-t-elle la survie des patients ?
En l’état actuel des connaissances des résultats de séries
publiées, il ne semble pas que la radiochirurgie améliore la survie
des patients traités par rapport à la chirurgie. Elle peut cependant
être d’un apport certain pour des métastases radiorésistantes et
profondes peu accessibles à un geste chirurgical, ou situées
dans certaines zones fonctionnelles. Cependant, si la durée de
survie ne semble pas améliorée, sa qualité est probablement