Éditorial L © Stéphane de Bourgies Métastases cérébrales : de nouvelles perspectives ? a littérature concernant les métastases cérébrales de checkpoints (ICP) dans de nombreuses tumeurs, (MC) a presque triplé en 10 ans. Neuf cent incluant la vessie et le rein, en permettant des taux de soixante et un articles ont été référencés dans survie à 5 ans jamais atteints, va inévitablement révéler Medline en 2016 (mot-clé : “Brain metastasis”). Cette forte cette augmentation de l’atteinte cérébrale. augmentation de l’activité clinicoscientifique est le reflet Ainsi, même si cette progression des MC reflète une d’une réalité clinique évidente : le nombre de nos patients meilleure prise en charge globale, elle n’en demeure porteurs de telles métastases augmente. Les tumeurs pas moins une source d’inquiétude constante, tant urologiques, bien que moins pourvoyeuses de MC que nos traitements systémiques sont inefficaces et le d’autres, telles que les tumeurs pulmonaires ou du sein, pronostic de nos patients mauvais. Fort heureusement, sont également concernées par cette augmentation. les techniques focales – chirurgie ou radiothérapie Les raisons de cet accroissement d’incidence sont stéréotaxique – évoluent elles aussi, et, dans des cas plutôt de bonnes raisons dont il faut se réjouir. Parmi bien sélectionnés, font des miracles. elles, la progression du dépistage des MC grâce à Enfin, la question de l’efficacité des ICP sur les MC l’augmentation de l’utilisation systématique d’examens reste à évaluer. Ce sera alors probablement à nous performants tels que l’IRM cérébrale. D’autres examens – ­académiques – de le faire dans des essais “prag­ plus récents, comme la TEP à la choline dans le cancer matiques” (tels que NIVOREN dans le cancer du rein), de la prostate parfois réalisée au stade métastatique, puisque la présence de MC non traitées reste un critère peuvent faire diagnostiquer incidemment des lésions de non-inclusion dans tous les essais industriels. cérébrales asymptomatiques. À l’aube de la révolution thérapeutique multitumeur L’autre facteur majeur de l’augmentation des MC est que sont les ICP, ce dossier “Métastases cérébrales” de l’amélioration de la survie de nos patients. Ainsi, avant Correspondances en Onco-Urologie est une actualisation les hormonothérapies de nouvelle génération dans le nécessaire de ce que l’on sait – ou pas – des MC des cancer de la prostate, avant les inhibiteurs de tyrosine tumeurs urologiques en 2017. kinase ciblant le VEGFR dans les cancers du rein, il était Bonne lecture ! peu question d’atteinte cérébrale par ces tumeurs. Et aujourd’hui encore, il est peu question de MC dans le cancer de la vessie, tant la survie médiane est courte. Pour autant, l’arrivée massive des inhibiteurs Correspondances en Onco-Urologie - Vol. VIII - n° 2 - avril-mai-juin 2017 Dr Yann-Alexandre Vano Service d’oncologie médicale, hôpital européen Georges-Pompidou, Paris ; Inserm1138, centre de recherche des Cordeliers, cancer et immunité antitumorale, université ­­Paris-Descartes. Y.A. Vano déclare avoir des liens d’intérêts avec ­Bristol-Myers Squibb, Pfizer, Novartis, Ipsen, Sanofi, Astellas, Roche et Janssen (honoraires pour expertise [boards]). 57