L Métastases cérébrales : de nouvelles perspectives ?

Correspondances en Onco-Urologie - Vol. VIII - n° 2 - avril-mai-juin 2017
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© Stéphane de Bourgies
Éditorial
Métastases cérébrales :
de nouvelles perspectives ?
L
a littérature concernant les métastases cérébrales
(MC) a presque triplé en 10 ans. Neuf cent
soixante et un articles ont été référencés dans
Medline en 2016 (mot-clé : “Brain metastasis). Cette forte
augmentation de l’activité clinicoscientifique est le reflet
d’une réalité clinique évidente : le nombre de nos patients
porteurs de telles métastases augmente. Les tumeurs
urologiques, bien que moins pourvoyeuses de MC que
d’autres, telles que les tumeurs pulmonaires ou du sein,
sont également concernées par cette augmentation.
Les raisons de cet accroissement d’incidence sont
plutôt de bonnes raisons dont il faut se réjouir. Parmi
elles, la progression du dépistage des MC grâce à
l’augmentation de l’utilisation systématique d’examens
performants tels que l’IRM cérébrale. D’autres examens
plus récents, comme la TEP à la choline dans le cancer
de la prostate parfois réalisée au stade métastatique,
peuvent faire diagnostiquer incidemment des lésions
cérébrales asymptomatiques.
L’autre facteur majeur de l’augmentation des MC est
l’amélioration de la survie de nos patients. Ainsi, avant
les hormonothérapies de nouvelle génération dans le
cancer de la prostate, avant les inhibiteurs de tyrosine
kinase ciblant le VEGFR dans les cancers du rein, il était
peu question d’atteinte cérébrale par ces tumeurs.
Et aujourd’hui encore, il est peu question de MC
dans le cancer de la vessie, tant la survie médiane est
courte. Pour autant, l’arrivée massive des inhibiteurs
de checkpoints (ICP) dans de nombreuses tumeurs,
incluant la vessie et le rein, en permettant des taux de
survie à 5 ans jamais atteints, va inévitablement révéler
cette augmentation de l’atteinte cérébrale.
Ainsi, même si cette progression des MC reflète une
meilleure prise en charge globale, elle n’en demeure
pas moins une source d’inquiétude constante, tant
nos traitements systémiques sont inefficaces et le
pronostic de nos patients mauvais. Fort heureusement,
les techniques focales – chirurgie ou radiothérapie
stéréotaxique – évoluent elles aussi, et, dans des cas
bien sélectionnés, font des miracles.
Enfin, la question de l’efficacité des ICP sur les MC
reste à évaluer. Ce sera alors probablement à nous
académiques – de le faire dans des essais “prag-
matiques” (tels que NIVOREN dans le cancer du rein),
puisque la présence de MC non traitées reste un critère
de non-inclusion dans tous les essais industriels.
À l’aube de la révolution thérapeutique multitumeur
que sont les ICP, ce dossier “Métastases cérébrales” de
Correspondances en Onco-Urologie est une actualisation
nécessaire de ce que l’on sait – ou pas – des MC des
tumeurs urologiques en 2017.
Bonne lecture !
Dr Yann-Alexandre Vano
Service d’oncologie médicale, hôpital européen
Georges-Pompidou, Paris ; Inserm1138,
centre de recherche des Cordeliers, cancer et immunité
antitumorale, université Paris-Descartes.
Y.A. Vano déclare avoir
desliens d’intérêts
avec Bristol-Myers Squibb,
Pfizer, Novartis, Ipsen, Sanofi,
Astellas, Roche et Janssen
(honoraires pour expertise
[boards]).
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