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Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 2, vol. III - avril/mai/juin 2003
fonctionnelle minime ou nulle et, de ce fait,
souvent négligée par la patiente ;
– la notion de constipation opiniâtre, de bron-
chite chronique ou de pathologie asthmati-
forme ;
– toute autre circonstance susceptible d’induire
des efforts de poussée importants et répétés.
Les données de l’examen clinique ; on accor-
dera de l’importance à :
– une hypermobilité de jonction urétrovésicale
(JUV) bien objectivée par le Qtip test ou plus
approximativement par le simple “coup d’œil” ;
– une surcharge pondérale dont on connaît
l’impact négatif sur la statique pelvienne ;
– un asynchronisme abdomino-périnéal.
Les données de l’exploration urodynamique :
ce paragraphe soulève la question de la systé-
matisation du bilan urodynamique (BUD) avant
chirurgie pelvienne : s’il est incontournable,
dans notre expérience, en cas de prolapsus, il
n’est actuellement qu’exceptionnellement réa-
lisé avant une hystérectomie simple sans incon-
tinence urinaire associée et alors sur des cri-
tères de gravité ou des données discordantes
révélés au cours de l’interrogatoire ou de l’exa-
men clinique. Lorsqu’il est effectué, le BUD pré-
cisera la valeur de la pression de clôture uré-
trale (PC) et de l’effort maximal admissible
(EMA), c’est-à-dire l’effort nécessaire pour
annuler la différentielle : la constatation d’une
insuffisance sphinctérienne et/ou d’une valeur
faible d’EMA majore le risque.
D
EL
’
INCONTINENCE POTENTIELLE
ÀL
’
INCONTINENCE AVÉRÉE
…
EN PASSANT
PAR L
’
HYSTÉRECTOMIE
Autrement dit, la fréquence de l’incontinence uri-
naire posthystérectomie justifie-t-elle une préven-
tion ? Si la littérature regorge de travaux épidé-
miologiques qui citent le plus souvent les
antécédents d’hystérectomie comme facteur de
risque de l’incontinence, il existe aussi des tra-
vaux qui s’inscrivent en faux face à cette constata-
tion. Par ailleurs, lorsque l’association hystérecto-
mie-incontinence d’urine est admise, il est difficile
de dire s’il s’agit véritablement d’une incontinence
de novo. Enfin, la distinction entre IUE et inconti-
nence par instabilité n’est pas toujours faite, ce
qui complique encore l’analyse. Ces réserves
exprimées, nous avons choisi de rapporter ici cer-
tains travaux qui ont retenu notre attention et que
nous livrons à votre esprit critique.
L’hystérectomie, facteur de risque
de l’incontinence urinaire :
les arguments “pour”
Mommsen (32), dans une étude rétrospective
fondée sur l’envoi de questionnaires à
3114 femmes (taux de réponse de 85 %),
constate un antécédent de chirurgie abdomi-
nale, gynécologique ou urologique chez 63 %
des femmes incontinentes de la série (soit
17,1 % des répondantes) ; si l’on ne considère
que les seules interventions gynécologiques,
le pourcentage est de 58,5 %. L’enquête de
Minaire et Jacquetin (31), réalisée auprès de
médecins généralistes, révèle, au sein d’une
population consultante tout venant, que, d’une
part, les antécédents chirurgicaux gynécolo-
giques sont plus fréquents chez les inconti-
nentes, et que, d’autre part, pour la seule IUE,
l’hystérectomie est génératrice d’un risque
relatif (RR) de 1,50, peu différent néanmoins de
celui induit par les autres actes chirurgicaux
gynécologiques (RR = 1,44), exception faite
des cures de prolapsus et d’incontinence qui,
elles, doublent le risque (RR respectifs de 2,03
et 2,10). Parys (38), dans un travail rétrospectif
concernant un collectif de 126 femmes explo-
rées en urodynamique, rapporte un taux de
24,8 % d’IUE après hystérectomie simple.
L’instabilité du détrusor et l’obstruction uré-
trale sont rapportées avec une fréquence plus
élevée encore, respectivement de 47 % et
24,8 %. Une seconde étude prospective du
même auteur (37) a retrouvé chez 36 patientes
candidates à l’hystérectomie des troubles uri-
naires cliniques dans 58,3 % des cas et des
anomalies du BUD dans 38,9 % des cas ; en
postopératoire, ces chiffres étaient respective-
ment de 75 % et 69,5 % ! Par ordre de fré-
quence, les troubles urinaires sont l’IUE, les
difficultés mictionnelles et l’instabilité vési-
cale. L’enquête rétrospective conduite par J.
Brown (5) sur 3 285 femmes âgées inconti-
nentes accorde une responsabilité à l’hystérec-
tomie (odd ratio de 1,4). Les autres facteurs de
risque révélés par l’enquête sont l’âge, l’obé-
sité, les antécédents de tabagisme, le diabète
et les troubles respiratoires obstructifs. Ce
même auteur a récemment publié une revue de
la littérature (4) sur l’impact de l’hystérectomie
sur la continence urinaire. Seules les études
avec un groupe témoin ont été retenues, soit
11 publications au total : après l’intégration du
facteur de l’âge, l’odd ratio moyen fait appa-
raître un risque accru d’incontinence urinaire
Controverse
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