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Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 2, vol. I - avril-mai-juin 2001
dité (capacité à mesurer ce qu’il est censé mesu-
rer), sa fiabilité (capacité à donner des résultats
comparables dans des situations comparables,
encore appelée reproductibilité) et sa sensibi-
lité. Les questionnaires peuvent être prévus
pour être renseignés par le patient lui-même
(questionnaires auto-administrés) ou par le
médecin, voire par l’entourage. Ces outils ont
enfin l’immense mérite d’être “écologiques”, de
faible coût d’utilisation et non invasifs. Les
modalités de réponse aux questions (dites
items) diffèrent d’une échelle à l’autre : réponse
de type oui/non, échelles visuelles analogiques
ou modalités d’intensité croissante. Dans tous
les cas, il est possible de calculer un ou plu-
sieurs scores. Ce score pourra être global ou cal-
culé pour chaque dimension explorée.
Deux grands domaines sont en règle étudiés :
d’une part, l’humeur et l’état psychologique et
d’autre part, les différentes activités de la vie
quotidienne. De manière détaillée, plusieurs
aspects sont spécifiquement explorés :
– les activités physiques (physical functioning),
c’est-à-dire les capacités qu’a l’individu de par-
ticiper aux activités de la vie quotidienne (soins
corporels, cuisine, courses, tâches ména-
gères…) ;
– l’état psychique (psychological functioning),
c’est-à-dire l’état émotionnel et mental de bien-
être, incluant ainsi différents états de dépres-
sion, anxiété, inquiétude, culpabilité et, à l’in-
verse, joie, dynamisme, optimisme ;
– les activités sociales, relations avec autrui
(entourage, famille, amis), capacité de partici-
pation aux différentes activités de la vie rela-
tionnelle ;
– la satisfaction globale (overall life satisfac-
tion), c’est-à-dire le sentiment global d’avoir
(ou non) une vie agréable ;
– la perception de son état de santé (perception
of health status), positive ou négative, souvent
fonction de l’âge du sujet et de ses références
temporelles vis-à-vis de son propre chemine-
ment dans l’existence.
D’autres domaines connexes sont souvent ana-
lysés : douleur, sommeil, état cognitif, satisfac-
tion sexuelle (et, partant, troubles génito-
sexuels éventuels).
La stratégie de validation psychométrique com-
prend différentes étapes qui sont maintenant
codifiées et clairement identifiées. Il s’agit de
démontrer que le questionnaire utilisé est un
véritable instrument de mesure qui, à ce titre,
doit présenter des propriétés précises. Cette
validation psychométrique répond à trois cri-
tères principaux : validité, fiabilité et sensibilité
aux changements. La validation [validité de
contenu (content/face validity)] consiste à
démontrer qu’un questionnaire mesure ce qu’il
prétend mesurer. Cela revient à démontrer que
les items couvrent bien l’ensemble des
domaines inhérents à la pathologie. Pour la
validité de construction (construct validity), il
s’agit de démontrer que le questionnaire est un
véritable instrument de mesure. Il doit pouvoir
ainsi distinguer les différents groupes (nor-
maux vs malades/malades traités vs non trai-
tés…). La fiabilité (reliability) est la capacité du
questionnaire à se comporter de manière fiable
et donc de mesurer de manière reproductible la
qualité de vie. La reproductibilité (reproducibi-
lity = validité externe) est la stabilité de la
mesure dans le temps. La cohérence interne
(internal consistency = validité interne) est
mesurée par des coefficients qui apprécient
l’erreur de mesure. Elle est appréciée par le cal-
cul de l’alpha de Cronbach, ce coefficient indi-
quant dans quelle mesure les items d’une
dimension étudient le même concept et avec
quelle fiabilité. La stabilité (stability) est la
capacité qu’a le questionnaire de mesurer les
mêmes choses chez une même personne sur un
laps de temps donné. La sensibilité aux chan-
gements (responsiveness) est la capacité du
questionnaire à réagir, à “bouger” : c’est sa
réactivité. Le questionnaire doit montrer une
évolution de la qualité de vie d’un même
groupe de patients dont l’état va changer
(après traitement, par exemple).
Quant à la validation linguistique d’une échelle,
ce n’est pas une simple traduction.
L’adaptation culturelle d’un questionnaire est
en effet un processus complexe, le question-
naire en langue étrangère devant être en défini-
tive équivalent sur le plan conceptuel à la ver-
sion originale.
L
ES DIFFÉRENTES ÉCHELLES
DE QUALITÉ DE VIE
Les scores généralistes
Les échelles visuelles analogiques sont des
index d’utilisation simple entrés dans la pra-
tique quotidienne. Encore faut-il qu’ils soient
explicites. On peut s’aider d’un référentiel de
Scores de symptômes et de qualité de vie en pathologie pelvi-périnéale chez la femme
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