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Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 2, vol. I - avril-mai-juin 2001
dossier
Il s’avère de plus en plus nécessaire, pour des raisons éthiques, médicales et économiques, de
déterminer les solutions diagnostiques et thérapeutiques optimales en termes de rapports béné-
fices-risques et bénéfices-coûts au cours de la prise en charge des différentes pathologies. Ce
besoin d’une mesure objective est d’autant plus sensible qu’il s’agit d’une pathologie fonction-
nelle où la problématique est souvent de l’ordre du confort psychologique et/ou social, sans
implication en termes de pronostic vital. C’est le cas de l’incontinence urinaire à l’effort chez la
femme, mais aussi des troubles mictionnels du bas appareil urinaire, d’un certain nombre d’in-
continences fécales et des troubles génito-sexuels. Le besoin de mesure est aussi dicté par les
difficultés que nous avons, par un interrogatoire libre, à quantifier les symptômes et le retentis-
sement des troubles. Nos questions sont souvent explicites, mais le degré de compréhension est
très différent d’une patiente à l’autre. La qualité des réponses va ainsi dépendre des capacités
d’abstraction et de synthèse des patientes avec, pour certaines, des difficultés à verbaliser leur
symptomatologie, à formuler correctement une réponse nuancée et, parfois, à traduire en lan-
gage clair les conséquences sociales, professionnelles, psycho-émotionnelles et en termes d’ac-
tivités de la vie quotidienne de leurs symptômes. La non-pertinence de l’interrogatoire en termes
de quantification et la non-reproductibilité des réponses conduisent ainsi à l’utilisation d’outils
spécifiques et normalisés pour une population et un cadre nosologique donnés.
Le besoin de mesure est aussi dicté par la nécessité de l’évaluation des résultats thérapeu-
tiques. Cette évaluation a lieu à deux niveaux différents : à l’échelon de l’individu, afin de véri-
fier l’impact d’un traitement administré et d’en apporter les éventuels corrections (chirurgie),
ajustements (médicament) ou compléments (rééducation) nécessaires ; à l’échelon d’un
groupe homogène de patients, afin de valider au cours d’études prospectives une technique de
soin et de la comparer éventuellement à une technique référente. La réalisation d’études mul-
ticentriques rend d’autant plus indispensable l’utilisation d’outils validés utilisables par tous.
L’intérêt de la mesure est aussi décisionnel, stratégies diagnostiques et thérapeutiques ne
pouvant reposer que sur une évaluation quantitative la plus objective possible des troubles et
de leur retentissement. Le grade de l’atteinte peut ainsi dicter un choix technique, l’impor-
tance d’un retentissement peut justifier une exploration préthérapeutique invasive. Au-delà de
l’aide à la décision médicale, l’authentification d’un retentissement par une échelle spécifique
peut justifier, a posteriori, les choix, notamment thérapeutiques, avec toutes les conséquences
(ou garde-fous) médico-légales imaginables.
La mesure objective n’est pas, enfin, qu’une photographie d’un état ou une information unidi-
rectionnelle donnée par la patiente. C’est aussi, pour cette dernière, le moyen, par la perti-
nence et la spécificité des questions posées, de prendre mieux conscience du trouble, de son
retentissement, et d’en percevoir le caractère non exceptionnel, permettant une non-inhibition
dans la restitution des plaintes, qui prennent ainsi un caractère licite. Le questionnaire est par-
fois même le seul moyen d’amorcer la “pompe à confidences”. Cette mesure objective permet,
bien entendu, de s’affranchir des réponses parfois complaisantes des patientes qui, très atta-
chées à leur thérapeute, veulent lui être agréable… quand elles ne le craignent pas.
La mesure permet ainsi de rendre ainsi toute son objectivité à l’interrogatoire médical et toute
sa neutralité au médecin, parfois trop enclin à vérifier de manière narcissique… sa pseudo-
efficacité thérapeutique.
G. Amarenco*
* Service de rééducation neurologique et
d’explorations périnéales,
hôpital Rothschild, 33, bd de Picpus,
75571 Paris Cedex 12.