Dossier
tmiqu
Le Courrier de la Transplantation - Volume VII - n
o 3 - juillet-août-septembre 2007
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revaccination n’est pas la règle. À l’in-
verse, l’allogreffe de CSH, quel que
soit le conditionnement utilisé préa-
lablement à la réinjection du greffon,
induit un décit immunitaire profond et
prolongé du fait de l’usage d’immuno-
suppresseurs et d’un délai conséquent
à la reconstitution immunitaire à partir
des lymphocytes T mémoires apportés
par le greffon médullaire et à partir des
CSH du donneur. Cet article portera
exclusivement sur la vaccination post-
allogreffe, qui fait l’objet de recomman-
dations précises. Actuellement, plus de
1 200 allogreffes de CSH sont réalisées
en France chaque année. L’améliora-
tion des pratiques permet de suivre des
patients survivants à long terme. De
nombreux patients gardent cependant
un décit immunitaire prolongé. Les
changements de procédures de greffe
génèrent en effet un taux élevé de
maladie du greffon contre l’hôte (GvH)
aiguë ou chronique nécessitant des trai-
tements prolongés (patients âgés, multi-
traités, utilisation de greffons de cellules
souches périphériques, donneurs volon-
taires, donneurs non-HLA identiques) ou
génèrent une reconstitution immunitaire
plus lente (greffons de sang placentaire,
greffes semi-compatibles).
La plupart de ces patients perdent la
réponse aux antigènes vaccinaux et
n’acquièrent pas automatiquement de
protection lors de la reconstitution immu-
nitaire à partir des cellules du donneur,
les lymphocytes mémoires transférés
pouvant être en nombre insuffisant
pour assurer la protection. La vaccina-
tion prégreffe du donneur a été évoquée
comme une possibilité d’améliorer la
protection du receveur postgreffe, mais
les résultats sont contradictoires selon les
études et selon les vaccins (3). De plus,
des raisons pratiques et éthiques limitent
cette stratégie. Il est donc impératif de
suivre un schéma vaccinal précis chez
le receveur qui dépend en partie du délai
postgreffe, chaque période postgreffe
étant associée à des risques infectieux
spécifiques, et de l’existence ou non
d’un traitement immunosuppresseur à
long terme.
PRINCIPES GÉNÉRAUX
Certains vaccins vivants tels le BCG,
le polio vivant et la èvre jaune sont
théoriquement contre-indiqués à vie,
les patients risquant de développer des
infections mortelles en cas de décit
immunitaire persistant qui aurait été mal
évalué. Les vaccins contre la rougeole,
la rubéole et la varicelle peuvent être
discutés selon les circonstances mais
sont rarement utilisés en pratique.
À l’inverse, les vaccins inactivés ou
inertes sont inoffensifs mais ne permet-
tent pas toujours de générer une réponse
détectable in vivo par un taux d’anticorps
sufsant, surtout si les patients gardent
une lymphopénie B et/ou T profonde ou
sont sous immunosuppresseurs. Cepen-
dant, même si la réponse anticorps n’est
pas détectable, il est possible que le fait de
générer des lymphocytes T CD4 mémoires
permette une protection modérée, supé-
rieure à celle qui serait observée en
l’absence totale de vaccination. Cette
question reste à ce jour non résolue et,
de principe, même si les patients sont
lymphopéniques, le programme vaccinal
est généralement suivi et débute vers le
6e mois de la greffe.
Une autre façon de diminuer le risque
infectieux est de limiter le risque d’ex-
position du patient et donc de vacciner
les membres de la famille et le personnel
hospitalier. Cette stratégie est particu-
lièrement recommandée pour le virus
de la grippe.
On distingue trois types de vaccinations
selon le risque infectieux :
vaccinations nécessaires pour prévenir
les risques infectieux spéciques des
greffés tels le pneumocoque, Haemo-
philus inuenza type B (HIB), Varicella-
Zoster virus (VZV) et Inuenza virus
car ces infections sont plus fréquentes et
plus sévères chez l’immunodéprimé ;
vaccinations nécessaires pour couvrir
les risques de la population générale :
diphtérie, tétanos, polio et hépatite B,
dont l’incidence n’est pas plus impor-
tante chez les greffés ;
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✓
vaccinations particulières pour
des patients voyageant en zone d’en-
démie.
VACCINS ANTIBACTÉRIENS
Pneumocoque
Les infections pneumococciques sont
particulièrement fréquentes et sévères
chez les greffés de moelle allogénique
mais également après autogreffe, en parti-
culier si le conditionnement comprend
une irradiation corporelle totale respon-
sable d’une asplénie fonctionnelle. Elles
peuvent survenir peu de temps après la
greffe, ou tardivement. L’incidence est
d’environ 8/1 000 patients et augmente à
20/1 000 en cas de GvH chronique (4). Il
existe de nombreux sérotypes du pneu-
mocoque. Deux vaccins sont actuelle-
ment disponibles, l’un polysaccharidique
et l’autre conjugué à une protéine (5, 6).
Ces deux vaccins entraînent de faibles
réponses chez l’enfant. Le polysaccha-
ridique, ou Pneumo 23®, génère une
réponse T indépendante, sans réponse
mémoire, et couvre 23 sérotypes, inté-
ressant les souches les plus communé-
ment rencontrées dans nos pays. Une
injection suft. L’autre, le Prévenar®,
génère une meilleure réponse et le déve-
loppement d’une réponse T mémoire,
mais n’inclut que 7 sérotypes. Trois
injections sont nécessaires. La réponse
après le Pneumo 23
®
a été mieux étudiée
chez le greffé. Il semble efcace dès
6 à 12 mois postgreffe, sauf en cas de
GvH chronique sévère, et une seule
injection suft. Il n’y a aucun intérêt à
vacciner le donneur. Peu d’informations
sont disponibles concernant le Prévenar®,
qui est un vaccin plus récent. La majorité
des patients développent des réponses
anticorps protectrices, y compris en cas
de GvH chronique. La stratégie actuelle,
en cours d’évaluation, serait d’associer
le Prévenar® à un rappel de Pneumo 23®
an d’élargir la réponse à un plus grand
nombre de sérotypes.
Les recommandations sont donc de
réaliser le Pneumo 23® chez tous les
greffés vers 12 mois, de préférer le
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