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Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 3, vol. III - juillet/août/septembre 2003
rendre la méthode utilisable. À l’inverse, une
méthode non reproductible, non précise, est diffici-
lement utilisable en raison de l’importance des
variations et de leur caractère aléatoire.
R
EPRODUCTIBILITÉ D
’
UN PARAMÈTRE
QUANTITATIF
:
COEFFICIENT DE VARIATION
ET ERREUR RELATIVE
(9)
Reproductibilité de la méthode
instrumentale
Lorsqu’il s’agit de variables biologiques (PSA,
glycémie, hémoglobinémie, créatininémie...), la
reproductibilité peut être testée en effectuant plu-
sieurs mesures des mêmes prélèvements d’une
série de patients. En pratique, chaque tube de
sang est séparé en deux ou plusieurs petits tubes
(alicots), qui seront ensuite analysés séparément
selon une procédure statistique adaptée (indé-
pendance des mesures, méconnaissance des
valeurs précédentes, randomisation...). La variabi-
lité entre les répétitions aboutira au calcul d’un
coefficient de variation (CV). Il faut s’assurer que
l’ensemble de la gamme des valeurs possibles a
été évalué. En effet, la variabilité de la mesure
peut ne pas être la même pour tous les niveaux de
mesure. Ce phénomène peut poser un problème
lorsque la variabilité est plus élevée pour les
mesures extrêmes, celles qui nous intéressent en
pathologie. Si l’erreur de mesure est indépen-
dante du niveau de la variable, le terme d’“erreur
relative” (ER) peut être utilisé.
La valeur du CV ou de l’ER doit rester inférieure à
10 % ou, mieux, à 5 %. En pratique, il vaut mieux
travailler sur les moyennes de 2 ou 3 évaluations
de la même variable biologique sur le même sujet
plutôt que sur une seule.
Lorsqu’il s’agit de paramètres physiques, telles
la débitmétrie, la pression (8), la mesure du
volume de la prostate ou d’un résidu en échogra-
phie, la reproductibilité de la méthode instrumen-
tale est plus difficile à tester : il faut utiliser des
dispositifs expérimentaux (8) permettant de vali-
der les procédures de mesure. Dans tous les cas,
il est au minimum possible d’effectuer un calcul
d’incertitude, comme en physique. Si la précision
d’une mesure de longueur en échographie est de
l’ordre de 5 % (incluant le positionnement du cur-
seur), l’incertitude mathématique sur le volume
calculé du résidu ou du volume (D1 x D2 x D3 x
0,53, en cm pour obtenir le volume en ml) est de
l’ordre de 15 %.
Reproductibilité de la procédure
de mesure
La reproductibilité de la procédure de mesure doit
aussi être prise en compte car elle est source de
variations lors des répétitions. Il peut s’agir de
variations du “zéro” de référence lors des mesures
de pression ou de variations du positionnement
de l’échographe lors de la répétition des mesures
par le même examinateur ou par un autre. Il est
donc vraisemblable que la précision des mesures
de volumes soit de l’ordre de 20 % ou plus.
Les variations intra-individuelles
Elles sont souvent les plus importantes en biolo-
gie et en médecine. Il s’agit des fluctuations, des
variations d’un paramètre biologique, d’une per-
formance, autour de la valeur moyenne d’un indi-
vidu.
Reprenons l’exemple de la débitmétrie (7).
Admettons que la précision de la méthode phy-
sique soit de l’ordre de 1 %. Si on effectue deux ou
trois débitmétries successives chez le même
patient, on sait que les variations seront plus
importantes. Celles-ci ont plusieurs origines : effet
de l’habitude, modifications psychologiques,
variation du remplissage vésical, en volume ou en
vitesse... Si le délai entre deux mesures est plus
important, des variations spontanées, saison-
nières ou non, peuvent se faire sentir. Le phéno-
mène de régression vers la moyenne peut interve-
nir (3, 4, 6, 10, 12) en améliorant une performance
faible et en diminuant une performance élevée.
Enfin, signalons qu’il peut y avoir des difficultés à
identifier le débit maximum parmi les artéfacts ou
les pics anormaux d’une courbe de débitmétrie.
Finalement, si on dispose de plusieurs mesures
du débit maximum, laquelle choisir pour inclure
un patient ou servir de référence dans un essai cli-
nique ? Le problème n’est pas réglé, sauf à relé-
guer le débit en critère secondaire. Il ne faut sûre-
ment pas choisir le meilleur ou le moins bon, en
raison du risque de régression vers la moyenne.
La première solution gênerait la démonstration de
l’amélioration, la seconde la favoriserait. En théo-
rie, et par analogie avec les critères biologiques, la
solution juste au plan biostatistique consisterait à
établir la moyenne de deux évaluations du débit
maximum obtenues dans des conditions proches
(contexte, volumes, horaires...). Une autre solu-
tion serait de ne prendre qu’un seul débit, pourvu
qu’il soit obtenu dans de bonnes conditions, sans
se poser de questions supplémentaires.
D’une façon générale, une précision élevée sera
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Reproductibilité des explorations en pelvi-périnéologie