De très nombreuses études ont mis en évidence une diminution de performance des
sujets âgés dans une grande variété de tâches cognitives, à la fois en condition de laboratoire
et dans la vie réelle. Cependant, ce déclin lié à l’âge n’est pas observé dans toutes les
situations, et les personnes âgées peuvent même présenter dans certaines tâches des
performances supérieures à celles des sujets jeunes. Dans ce contexte, Baltes, Staudinger, et
Lindenberger (1999) ont proposé une théorie du développement cognitif qui distingue deux
composantes du fonctionnement cognitif : les aspects « mécaniques » (« mechanics ») et les
aspects pragmatiques (« pragmatics »). Les aspects mécaniques de la cognition sont
considérés comme l’expression des traitements fondamentaux et biologiques de l’information,
tandis que les aspects pragmatiques sont associés aux connaissances acquises véhiculées par
la culture. Dans la même perspective, Salthouse (2000) a suggéré de distinguer les
« processus » et les « produits » cognitifs : les « processus » font références à l’efficacité du
traitement au moment du test, et reflètent la capacité à résoudre de nouveaux problèmes ou à
manipuler et transformer du matériel familier ; les « produits » renvoient aux différents types
de connaissances accumulées au travers des traitements effectués dans le passé. Il faut noter
que ces deux aspects du fonctionnement cognitif ne sont pas nécessairement indépendants : en
effet, les « produits » cognitifs sont acquis par le biais des processus, et le niveau de produits
acquis peut influencer l’efficacité de certains processus. Par ailleurs, les capacités qui
impliquent les aspects « mécaniques » du fonctionnement cognitif (ou les « processus ») telles
que le raisonnement, l’orientation spatiale, ou la vitesse perceptive, déclineraient de façon
linéaire avec l’âge. A l’opposé, on observerait un maintien, et même parfois une amélioration,
avec l’âge des capacités qui impliquent les aspects pragmatiques de la cognition (ou les
« produits »), telles que les connaissances verbales (mémoire sémantique).
Il existe actuellement deux grands types d’interprétation générale et intégrée du
fonctionnement cognitif de la personne âgée : les approches analytiques et les approches
globales. Les approches analytiques postulent qu’il est possible de scinder la performance
cognitive en ses différents éléments constituants (structures et processus), et que les
différences dans le fonctionnement cognitif liées à l’âge peuvent être interprétées en termes
d’efficacité relative de sous-composantes spécifiques de traitement. A l’opposé, les approches
globales du vieillissement postulent l’existence d’un petit nombre de facteurs généraux qui
interviennent entre la variable « âge » et les composantes de traitement impliquées dans
différentes tâches cognitives complexes. En d’autres termes, contrairement aux interprétations
analytiques qui postulent l’existence de difficultés spécifiques multiples (stratégies inefficaces
ou composantes moins fonctionnelles), l’approche globale considère que la majorité des