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La mémoire désigne, en langage courant, la faculté de se souvenir. La réalité est en fait plus
complexe. Le fait de se souvenir nécessite une information, un événement, mais également un
ensemble d’opérations mentales conscientes et inconscientes nécessaires à l’élaboration de cette
information. La mémoire implique également une durée de conservation de cette information.
Elle représente l’une des plaintes les plus fréquemment rencontrée au cours du vieillissement.
Selon les études épidémiologiques, la moitié des personnes de 50 ans, et 70% des plus de 70 ans,
s’en plaignent. Heureusement, parmi les presque 14% que représente la population des plus de 65
ans, moins de 5% sont concernés par la maladie d’Alzheimer, soit environ 350 000 personnes. Les
troubles graves de la mémoire, de façon plus générale, concerneraient plus de 500 000 personnes.
LES PRINCIPES DE LA MEMORISATION
La mémorisation d’un futur souvenir implique 3 étapes : l’encodage, le stockage et l’évocation.
L’encodage est l’étape qui correspond à l’acquisition, à l’organisation et à l’enregistrement de
l’information. Elle permet de retenir les données. Le stockage permet de confirmer la phase
d’encodage. L’évocation, aussi appelée récupération, est un processus qui permet l’accès au contenu
de la mémoire. L’information peut alors être restituée à la demande.
La mémoire seule ne suffit pas pour traiter une information. Nous avons également recours à
d’autres fonctions qui permettent l’acquisition des connaissances. Elles regroupent :
l’attention ou concentration, processus de mémorisation actif et sélectif
le langage, pour faire circuler les informations et établir les communications
la perception, l’intelligence, et les capacités intellectuelles.
COMMENT EXPLORER LA MEMOIRE ?
Plusieurs étapes permettent d’aboutir à un diagnostic ou à une présomption étiologique.
L’interrogatoire, au cours d’une consultation, constitue la première étape. On s’intéresse au motif de
la plainte, à son intensité et à son retentissement sur les activités de la vie quotidienne. L’examen
clinique, notamment neurologique, recherche une cause possible à la plainte mnésique. Les tests
neuropsychologiques représentent le temps fort de l’évaluation des fonctions cognitives. Ils doivent
prendre en compte le vieillissement naturel de ces fonctions dans l’interprétation des résultats. Leur
objectif est de faire la différence entre des troubles de la mémoire en rapport avec un vieillissement
normal, de ceux dus à un vieillissement pathologique. Ils s’appellent :
le MMS qui étudie l’orientation dans le temps et dans l’espace, la mémoire à court terme, le calcul
mental, la compréhension du langage et la gestuelle;
le test de l’horloge qui s’intéresse à la gestuelle, l’orientation, l’attention et les troubles visuels;
le test de Grober et Buschke qui étudie les fonctions de mémorisation et de restitution des
informations;
l’IADL qui apprécie le retentissement des troubles sur les activités de la vie quotidienne;
l’ADAS Cog qui évalue la sévérité des troubles lors de démence avérée.
La mémoire
Mise au point
T. Cudennec
Hôpital Sainte Périne, Paris
La biologie permet d’éliminer certaines causes curables à l’origine de troubles des fonctions supérieures
comme les troubles du métabolisme de la thyroïde, les sérologies syphilitiques, les carences en vitamine
B12 et en folates… Enfin, l’imagerie est essentiellement représentée par le scanner cérébral. Parfois une
Imagerie par Résonance Magnétique (IRM), ou un électroencéphalogramme (EEG) sont demandés. Là
aussi, ils permettent d’éliminer certaines pathologies responsables des troubles ressentis par le patient.
EVOLUTION DE LA MEMOIRE ET DES FONCTIONS COGNITIVES AU COURS D’UN
VIEILLISSEMENT NORMAL
On observe, lors du vieillissement, un déclin de la mémoire, et des fonctions cognitives de façon plus
générale, par rapport aux performances d’un adulte d’âge moyen. La rapidité du traitement de
l’information et les performances aux tests psychométriques sont diminués. Cela se traduit par une
baisse des scores obtenus par les tests précédemment énumérés. Les mémoires concernées par le
vieillissement sont celles des faits récents, de travail et épisodique qui permettent l’évocation
d’événements vécus et dont les performances s’amenuisent au cours du temps. Cependant, l’âge en lui-
même ne constitue pas une cause de détérioration intellectuelle.
Concernant les fonctions cognitives, on observe une baisse de l’attention soutenue, de la
dénomination, de l’apprentissage, de l’abstraction et des fonctions visuo-spatiales. Ces modifications
sont essentiellement quantitatives et non qualitatives. A chaque âge, l’information peut être traitée de
façon efficace en l’absence de pathologie.
COMMENT DIFFERENCIER UN TROUBLE BENIN DE LA MEMOIRE D’UNE DEMENCE ?
Le vieillissement cognitif peut être légèrement perturbé ou complètement anormal. Lorsqu’il est
légèrement anormal, les personnes sont conscientes de leur gêne. Elles sont confortées par la réalisation
des tests en faveur de ce diagnostic. Les difficultés sont modérées et leur vie de tous les jours n’est que
faiblement modifiée. La démence est représentée par l’observation de troubles de la mémoire évoluant
de façon progressive, associés à une altération des fonctions cognitives. Ces modifications sont à
l’origine de perturbations dans les activités de la vie quotidienne, gênant la vie sociale.
L’association des résultats de l’examen clinique comprenant l’interrogatoire, des tests
psychométriques, le bilan biologique et morphologique, ainsi que l’évaluation des perturbations
engendrées par les troubles dans la vie quotidienne du patient permettent le plus souvent de faire la
différence entre ces deux entités. Concernant le vieillissement normal des capacités de mémorisation et
les troubles légers, le seul moyen de faire la différence réside dans le suivi médical régulier des
performances mnésiques et cognitives. Plus simplement, c’est le suivi en consultation, avec ou sans la
réalisation des tests, qui permettra de faire la différence entre une évolution normale des problèmes de
mémoire, et une pathologie véritable.
QUELS SONT LES PRINCIPES THERAPEUTIQUES DE PRISE EN CHARGE DES
TROUBLES DE LA MEMOIRE ?
Le traitement médicamenteux vise à améliorer la vigilance, l’attention comme les psychotoniques ou
encore l’humeur comme les antidépresseurs. L’utilisation de produits dits promnésiants, vasodilatateurs
ou neuropeptides, restent d’efficacité discutée. Il est en revanche préférable de limiter la prise de
médicaments reconnus pour avoir un effet négatif sur la cognition, benzodiazépines ou neuroleptiques.
Des études actuelles sur la vitamine E, le traitement hormonal substitutif chez la femme ménopausée,
ou encore la DHEA sont prometteurs. Concernant la DHEA, ce traitement hormonal peut toutefois être à
l’origine de complications justifiant la réalisation actuelle des études et l’absence d’indication et de mise
sur le marché.
La stimulation cognitive repose sur le principe de plasticité neuronale. Elle exploite la capacité du
cerveau à se modifier favorablement lors de stimulations appropriées et répétées. Le principe consiste à
se réunir régulièrement en groupe, et à faire travailler sa mémoire de façon intense à la manière d’un
entraînement physique.
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REFERENCES
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Paris, 2003.
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