gazouillis universels Les weets du pape François Il est licite d’arrêter l’agresseur injuste. Répondant à un journaliste qui lui demandait s’il approuvait le bombardement des forces militaires américaines en Irak pour prévenir un génocide, le pape François a dit : « Merci de votre question si claire. Dans ces cas où il y a une agression injuste, je peux seulement dire qu’il est licite d’arrêter l’agresseur injuste. Je souligne le verbe : arrêter. Je ne dis pas bombarder, faire la guerre, mais l’arrêter. Les moyens par lesquels on peut arrêter devront être évalués. Arrêter l’agresseur injuste est licite. Mais nous devons aussi avoir de la mémoire ! Combien de fois, avec cette excuse d’arrêter l’agresseur injuste, les puissances se sont emparées des peuples et ont fait une vraie guerre de conquête ! Une seule nation ne peut juger de la façon d’arrêter un agresseur injuste. Après la Seconde Guerre mondiale, est venue l’idée des Nations Unies : là, on doit discuter, et dire : " Est-ce un agresseur injuste ? Il semble que oui. Comment l’arrêtonsnous ? " Seulement cela, rien de plus. […] Arrêter l’agresseur injuste est un droit de l’humanité, mais aussi un droit de l’agresseur, d’être arrêté pour ne pas faire du mal. » Une déclaration rare Cette déclaration, même prudente et non définitive, tranche avec la posi- 16 tion habituelle de l’Eglise catholique depuis cinquante ans. Cette prise de position du Vatican en faveur d’une éventuelle intervention militaire est « extrêmement rare », confirme le Père Cédric Burgun, canoniste à l’Université catholique de Paris. « Elle prouve que le Vatican a pris la mesure de la gravité de la situation et, qu’aujourd’hui, il a du mal à envisager une autre manière d’intervenir » dans ce conflit. Depuis l’encyclique de Jean XXIII Pacem in Terris (1963), la théorie de la « guerre juste », c’est-à-dire la position traditionnelle de l’Eglise sur la légitimité morale de recourir à la force dans certains cas et sous certaines conditions, s’est progressivement modifiée au profit d’une solution privilégiant les moyens non violents comme la diplomatie ou la négociation. Le Catéchisme de l’Eglise catholique (article 2309) préfère l’expression « légitime défense par la force militaire ». L’Eglise entend donc faire une distinction entre une intervention militaire et une guerre. C’est pour cette raison que le Saint-Siège, à de très rares reprises, a estimé légitime de justifier l’utilisation de la force armée pour des cas de légitime défense. Ce fut le cas en 1993, lors des conflits dans les Balkans ou en Somalie. Laurent Passer Paroisses Vivantes octobre 2014 – www.staugustin.ch