16 Paroisses Vivantes octobre 2014 – www.staugustin.ch
Les weets du pape François
Répondant à un journaliste qui lui
demandait s’il approuvait le bom-
bardement des forces militaires
américaines en Irak pour prévenir
un génocide, le pape François a dit :
« Merci  de  votre  question  si  claire. 
Dans  ces  cas  où  il  y  a  une  agression 
injuste,  je  peux  seulement  dire  qu’il 
est licite d’arrêter l’agresseur injuste. 
Je souligne le verbe : arrêter. Je ne dis 
pas  bombarder,  faire  la  guerre,  mais 
l’arrêter.  Les  moyens  par  lesquels  on
peut  arrêter  devront  être  évalués. 
Arrêter  l’agresseur  injuste  est  licite. 
Mais  nous  devons  aussi  avoir  de  la 
mémoire ! Combien de fois, avec cette
excuse  d’arrêter  l’agresseur  injuste, 
les  puissances  se  sont  emparées  des 
peuples  et  ont  fait  une  vraie  guerre 
de  conquête !  Une  seule  nation  ne 
peut  juger  de  la  façon  d’arrêter  un 
agresseur  injuste.  Après  la  Seconde 
Guerre mondiale, est venue l’idée des 
Nations Unies : , on doit discuter, et
dire :  " Est-ce  un  agresseur  injuste ?  Il
semble  que  oui.  Comment  l’arrêtons-
nous ? "  Seulement  cela,  rien  de  plus. 
[…]  Arrêter  l’agresseur  injuste  est  un 
droit  de  l’humanité,  mais  aussi  un 
droit de l’agresseur, d’être arrêté pour 
ne pas faire du mal. »
Une déclaration rare
Cette déclaration, même prudente et
non définitive, tranche avec la posi-
tion habituelle de l’Eglise catholique
depuis cinquante ans. Cette prise de
position du Vatican en faveur d’une
éventuelle intervention militaire est
« extrêmement rare », confirme le Père
Cédric Burgun, canoniste à l’Université
catholique de Paris. « Elle prouve que 
le Vatican a pris la mesure de la gravité 
de  la  situation  et,  qu’aujourd’hui,  il  a 
du mal à envisager une autre manière 
d’intervenir » dans ce conflit.
Depuis l’encyclique de Jean XXIII
Pacem in Terris (1963), la théorie de la
« guerre juste », c’est-à-dire la position
traditionnelle de l’Eglise sur la légi-
timité morale de recourir à la force
dans certains cas et sous certaines
conditions, s’est progressivement
modifiée au profit d’une solution
privilégiant les moyens non violents
comme la diplomatie ou la négocia-
tion. Le Catéchisme de l’Eglise catho-
lique (article 2309) préfère l’expres-
sion « légitime  défense  par  la  force
militaire ». L’Eglise entend donc faire
une distinction entre une interven-
tion militaire et une guerre. C’est
pour cette raison que le Saint-Siège,
à de très rares reprises, a estimé légi-
time de justifier l’utilisation de la
force armée pour des cas de légitime
défense. Ce fut le cas en 1993, lors
des conflits dans les Balkans ou en
Somalie.
Laurent Passer
Il est licite d’arrêter l’agresseur injuste.
gazouillis universels
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