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Examen : Bac séries technologiques
Epreuve : Philosophie
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ANALYSE DU SUJET
Il s’agit d’un sujet tout à fait classique, qui porte sur les notions « la justice et la loi », dans le
chapitre du programme sur la liberté. C’est donc une question de cours, dans laquelle on pourra mobiliser
aisément les connaissances vues pendant l’année.
La loi désigne dans un premier temps l’ensemble des textes qui définissent les droits et les
devoirs des citoyens dans un Etat. Elle est promulguée par et pour les hommes, de sorte à limiter la
libernaturelle de chacun pour faire respecter l’égalité et la justice. La loi définit le droit, et le droit c’est
ce qui est juste, par opposition au fait.
Cependant on peut aussi penser à d’autres types de loi, comme la loi morale ou la loi divine, ou
encore les lois de la nature qui ne sont pas écrites, et qui ne font pas l’objet d’une délibération entre les
hommes, mais qui indiquent aussi des devoirs et des obligations. D’emblée on peut ainsi se poser la
question suivante : si c’est la loi qui définit ce qui est juste, alors de quelle loi parle-t-on ?
Ce qui est juste, de la même manière peut recevoir deux significations différentes : ce qui est
moralement bon, ou encore ce qui est légitime d’une part, et ce qui est conforme aux lois, ce qui est légal
d’autre part. Ce qui est moralement bon peut être considéré comme relatif, puisque chacun peut avoir
une conception et des valeurs morales différentes ; en revanche ce qui est légal est défini par le droit
positif, et peut être vériffacilement (un vol, par exemple, est illégal dans un État la propriété privée
est un droit établi par la loi).
D’ailleurs il faut noter qu’étymologiquement, les termes « légal » et « légitime » viennent tous les
deux du latin lex, legis qui signifie loi.
« Définir », c’est donner l’essence ou la signification : quand on demande si c’est la loi qui finit
ce qui est juste, on demande donc si « loi » et « justice » sont deux termes identiques, s’ils veulent dire la
même chose, ou encore si l’un est l’essence de l’autre.
Mais définir c’est aussi délimiter, déterminer, circonscrire une idée, par exemple. On se
demandera alors si la loi peut donner la limite entre ce qui est juste et ce qui ne l’est pas.
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LA PROBLEMATIQUE DU SUJET
A première vue on peut penser que la loi finit ce qui est juste, au sens la loi définit le droit,
et permet de juger les faits. Par exemple, si je constate dans les faits que les hommes sont inégaux, je
peux considérer que ce fait est injuste, du moment que la loi établit l’égalité entre les hommes. Si la loi
n’existait pas il serait impossible de faire la différence entre ce qui est juste et ce qui est injuste.
Cependant cela suppose de considérer comme juste uniquement ce qui est conforme à la loi. Or
on sait, d’une part, qu’il peut y avoir des lois injustes, d’autre part, que certains actes justes ne
correspondent pas à des obligations légales. Par exemple, les lois de Vichy sont injustes, et la charité
peut être considérée comme juste, même si aucune loi n’oblige à pratiquer la charité envers son
prochain.
On peut donc se demander si la loi finit véritablement ce qui est juste, et sinon comment on
pourrait faire cette distinction entre le juste et l’injuste.
Cette distinction est-elle strictement relative ? Si c’est le cas, rien ne me permet de juger un acte
car ce qui est juste ou injuste dépend de chacun et ne peut être défini de manière objective.
LA BOITE A OUTILS
- Dans un premier temps, on peut défendre lidée selon laquelle la loi permet de distinguer parmi
les faits ceux qui sont justes et ceux qui sont injustes. Pour cela il est pertinent de se référer à la
distinction entre le droit et le fait. Le fait, c’est ce qui peut être observé dans la réalité, ce sont les
événements, ou les actes tels qu’ils existent. Par exemple, un individu s’empare d’un bien qui est en la
possession d’un autre, c’est un fait. Si la loi n’a pas fini un droit de la propriété privée, ni attribué à une
personne en particulier la propriété de ce bien, ce fait ne peut être qualifié de juste ou d’injuste. Dans un
état sans loi, rien n’est injuste.
- Cela peut conduire à développer l’idée que l’état de nature, dans lequel il n’y a pas de loi ni de
pouvoir pour la faire respecter, tout est permis. De ce fait rien n’est « injuste ».
- D’ailleurs l’étymologie du terme « juste », du latin jus qui signifie « droit », implique bien l’idée
qu’il n’y a de justice que dans un état de droit, c’est-à-dire un état ou règne la loi.
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- Cependant, il faut considérer que la loi est faite par les hommes. Or les hommes peuvent être
en désaccord sur ce qui est juste ou injuste. La loi peut alors être considérée comme juste par certains et
injuste par d’autres. C’est le cas dans la tragédie grecque Antigone. Antigone transgresse la loi de Créon
parce qu’elle la considère comme injuste. La justice est en effet un concept moral, et le sentiment
d’injustice que chacun peut ressentir face à une décision n’a pas toujours de lien avec la loi.
- On peut se demander alors si ce n’est pas la justice qui pourrait permettre de finir la loi. En
effet comment faire une loi juste si on ne sait pas ce qui est juste ? La finalité de la loi peut être par
exemple de maintenir l’ordre et la sécurité. Dans ce cas, elle peut contrevenir à la liberté et à l’égalité, qui
sont pourtant considérées comme des droits.
- Mais alors on peut se demander ce qui permet de définir la justice si ce n’est pas la loi. Soit on
s’en remet au sentiment que chacun a du juste et de l’injuste, en supposant qu'il est inscrit dans la nature
de l’homme, mais cela est contradictoire avec l’observation selon laquelle les hommes sont souvent en
désaccord sur cette question. Soit on considère que c’est en se référant à une loi supérieure (loi morale,
loi divine, ou encore droit naturel) comme le fait d’ailleurs Antigone, quand elle invoque la loi des dieux
contre celles de Créon. C’est alors encore la loi qui permet de définir ce qui est juste, mais une loi d’un
autre ordre que la loi politique.
LES ECUEILS A EVITER
La première difficulté consistait à utiliser les termes appropriés. Les mots de loi / droit / justice ne
doivent pas être confondus. Il fallait donc être rigoureux dans l’utilisation du vocabulaire, et se fonder sur
les distinctions conceptuelles vues en cours.
La deuxième difficulté consistait à choisir des exemples pertinents, et qui sortent un peu de
l’environnement familier et immédiat (code de la route, par exemple).
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LES AUTRES PISTES
D’autres références pouvaient être exploitées, comme par exemple le texte de Rousseau sur le
droit du plus fort. Rousseau distingue entre le droit et le fait, et considère que seul un pouvoir fondé sur la
loi et l’obligation est juste. Selon lui, le critère entre le juste et l’injuste c’est le respect de la liberté et de
l’égalité naturelle des hommes. Pour cela, il faut que les hommes obéissent à la loi, et non qu’ils soient
soumis à la volonté d’un chef. Il s’oppose sur ce point à Calliclès (dans le Gorgias de Platon) quand
celui–ci dit que ce qui est juste c’est que le plus fort domine. Calliclès considère que la loi est injuste
parce qu’elle s’oppose aux faits. Il rejette la distinction fait / droit. Ce débat entre Rousseau et Calliclès
pouvait donc être utile à la réflexion sur le sujet.
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