En effet, le vaccin disponible pour la campagne 2013/2014 a été établi à partir des
souches de virus les plus couramment transmis au cours de l'hiver dernier. Le patient
vacciné peut toujours contracter un virus ayant muté.
Du reste, se faire vacciner demeure la méthode préventive la plus sûre pour lutter
contre la grippe saisonnière, une maladie dont les effets sont souvent sous-estimés.
Chaque année, elle touche 5 à 15% de la population mondiale, soit 600 millions de
personnes, et en tue 250.000 à 500.000 à travers le monde.
Tout le monde n'a pas besoin de se vacciner: seules les personnes à risques sont
sollicitées pour éviter d'éventuelles complications. Pour le Dr Abderrahmane
Benmamoun, chef de la division des maladies transmissibles au Ministère de la santé,
«la priorité est donnée aux femmes enceintes, aux nourrissons et aux personnes âgées
de plus de 65 ans qui présentent une santé fragile».
Ce sont d'ailleurs les recommandations annuelles de l'Organisation Mondiale de la
Santé, bien qu'aucune législation ne rende la vaccination obligatoire. Et le Dr
Benmamoun d'ajouter que la vaccination contre la grippe saisonnière n'est pas une
priorité de santé publique. «Certes, nous entamons une campagne pour vacciner le corps
médical et les étudiants en médecine qui participent à 50% des risques de transmission
virale, mais le Maroc n'a pas encore déterminé de stratégie nationale en ce sens».
Les pouvoirs publics privilégient la surveillance des virus, la prévention à travers la
vaccination, la communication pour sensibiliser les personnes à risques et la prise en
charge hospitalière des malades.
Le ministère de la santé compte préparer une stratégie dès l'année prochaine, indique
le Dr Benmamoun.
Pour l'épidémiologiste Abdelaziz Barkia, du ministère, la priorité est également donnée
à la réalisation d'études à partir du mois de novembre prochain pour définir les
populations à risques au Maroc.
Les médecins souhaitent également sensibiliser les professionnels. Pour le Dr Jalal
Nourlil, de l'institut Pasteur, le coût économique de la grippe est conséquent: les
ressources humaines malades représentent pour une entreprise une perte de productivité
ainsi que des frais supplémentaires pour les soins de santé et/ou d'hospitalisation.
S'il n'existe pas de chiffres précis en ce sens pour le Maroc, l'impact économique de la
grippe saisonnière aux Etats-Unis en est un indicateur inquiétant puisqu'il est estimé
entre 71 et 167 milliards de dollars par an sur le seul territoire américain.
Le Dr Nadia Hermani, médecin pharmacologue, rappelle que l'Institut Pasteur et la
CGEM ont signé l'année dernière une convention pour encourager les décideurs à faire
vacciner leurs ressources humaines: «la vaccination coûte beaucoup moins cher que la
prise en charge d'un malade ou la perte engendrées par des congés maladies et des
absences répétées», indique-t-elle.
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