E N U N E R É...

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E
N
U N E
RÉFÉRENCE
Reduction in cardiovascular events
after vascular surgery with atorvastatin: a randomized trial.
Durazzo AES, Machado FS, Ikeoka DT
et al. ❏ J Vasc Surg 2004;39:967-75.
R É F É R E N C E . . .
Statines
et
chirurgie
vasculaire
LE FOND
Cette étude brésilienne prospective et randomisée en double aveugle a comparé le
devenir à 6 mois après chirurgie vasculaire effectuée sous statine ou placebo.
Cent patients ont reçu le traitement randomisé pendant 45 jours quel que soit leur
taux de cholestérol sanguin : 50 patients
étaient sous atorvastatine (20 mg/j) et
50 autres sous placebo. La chirurgie vasculaire programmée (aorte, membres inférieurs, ou carotides) a été réalisée après au
moins deux semaines de traitement, en
moyenne 31 jours après l’inclusion. Il n’y
avait pas de différence significative entre
les deux groupes quant à la prise d’un traitement bêtabloquant (56 % des patients
sous atorvastatine et 64 % des patients
sous placebo ; p = 0,541). À un mois de
l’intervention, le taux de LDL-cholestérol
était plus bas pour le groupe atorvastatine
(p = 0,0439) ; à trois et six mois, il n’y avait
plus de différence significative entre les
deux groupes. À six mois, ont été répertoriées les complications cardiovasculaires
suivantes : décès de cause cardiaque,
infarctus du myocarde non létal, angor
instable, accident vasculaire cérébral
ischémique.
À six mois, 13 patients sous placebo et 4 patients sous atorvastatine ont eu une complication cardiovasculaire. L’incidence des
événements est plus de trois fois supérieure
sous placebo : 26 % contre 8 % (p = 0,031).
Sous statine, on ne note pas de différence
significative entre les patients sous bêtabloquants et ceux qui ne le sont pas (p = 0,621).
COMMENTAI RES
L’intérêt des bêtabloquants pour encadrer
une chirurgie majeure non cardiaque, en
La Lettre du Cardiologue - n° 386 - juin 2005
particulier vasculaire est reconnu ; et leur
prescription est actuellement recommandée dans cette indication pour limiter le
risque cardiovasculaire postopératoire des
patients à risque élevé.
En stabilisant la plaque d’athérome, les
statines peuvent aussi jouer un rôle
bénéfique à l’occasion d’une chirurgie
vasculaire : cette hypothèse a fait l’objet
de travaux conduits pour certains par les
mêmes équipes qui s’étaient intéressées
aux bêtabloquants. Une étude rétrospective cas-témoins (Poldermans D et al.
Circulation 2003;107:1848-51) constatait que l’utilisation des statines réduisait
la mortalité périopératoire dans le cadre
d’une chirurgie vasculaire majeure. Plus
récemment, M.D. Kertai et al. (Am J Med
2004; 116:96-103) ont également objectivé une diminution de la mortalité de
toute cause ou cardiovasculaire après chirurgie des anévrismes de l’aorte abdominale en présence d’un traitement par statines, bénéfice sans relation avec la
distribution des facteurs de risque cliniques associés ou l’utilisation concomitante d’un traitement bêtabloquant. Enfin,
une analyse rétrospective de cohorte
parue dans le JAMA (Lindenauer PK et
al. JAMA 2004;291: 2092-9) a confirmé
l’intérêt des traitements hypolipémiants
(statines dans 91 % des cas) pour réduire
la mortalité hospitalière après une chirurgie majeure non cardiaque (dans 8 %
des cas vasculaire). L’étude analysée va
dans le même sens : si elle comporte un
nombre beaucoup plus restreint de
patients par rapport aux travaux cités,
elle a le mérite d’être prospective et
randomisée. Elle constate l’intérêt de
l’atorvastatine pour améliorer le pronostic cardiovasculaire des patients
opérés, et cet effet favorable est
constaté que le patient soit traité ou non
par bêtabloquant.
Les recommandations futures pourraient donc s’orienter vers la prescription associée de bêtabloquant et de statine pour encadrer une intervention
majeure non cardiaque, ici vasculaire,
et restreindre son risque cardiovasculaire – étude DECREASE IV en cours
(prescription de statines somme toute déjà
logique dans un contexte polyartériel).
BI BLI OGRAPHI E
Parmi les 25 références annexées, sont
citées les publications de Poldermans et al.
concernant les bêtabloquants (N Engl J
Med 1999;341:1789-94) et plus récemment les statines (Circulation 2003;107:
1848-51), les recommandations ACCAHA (Circulation 2002;105:1257-67) et
celles de l’American College of Physicians
(Ann Intern Med 1997;127:309-12).
Un commentaire de J.T. Powell est associé
à l’article (J Vasc Surg 2004;39:975-6). À
compléter par les résultats récents également favorables de l’étude rétrospective
STARRS (J Am Coll Cardiol 2005;45:
336-42).
MOTS-CLÉS
Chirurgie vasculaire - Risque cardiovasculaire - Statine.
TI RÉS À PART
Dr A.E.S. Durazzo, University of Sao
Paulo Medical School, Heart Institute and
Vascular Surgery Department, Rua Augusta
1819, Apt 141, Sao Paulo 01413-000,
Brazil.
E-mail : [email protected]
C. Adams, service de cardiologie,
CH Argenteuil
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