graves. Ces formes graves peuvent entraîner différentes com-
plications dont le mégacôlon toxique pouvant mener à la
perforation colique et au choc septique chez les personnes
les plus vulnérables. Une étude réalisée par Dre Loo et
collaborateurs, de janvier à juin 2004 dans 12 centres
hospitaliers particulièrement touchés, indique une mortalité
plus élevée que précédemment rapportée, pouvant atteindre
8,6 %. L’hypothèse de la circulation d’une souche plus
virulente est actuellement retenue.
Le
C. difficile
se transmet à
partir des mains ou de
l’environnement contaminés de
la personne souffrant de
diarrhée. Le personnel et les
visiteurs peuvent se contaminer
les mains lors de leurs contacts
avec la personne malade ou en
touchant à certains objets de son
environnement. Le patient est contagieux lorsqu’il présente
de la diarrhée. Plus la diarrhée est sévère, plus le risque de
contamination de l’environnement est élevé. Le
C. difficile
est une bactérie produisant des spores qui persistent dans
l’environnement pour de longues périodes. C’est pourquoi le
lavage des mains ainsi que les mesures de prévention des
infections sont primordiales pour briser la chaîne de
transmission.
Dans la vaste majorité des cas, la prise d’un antibiotique est
le facteur précipitant l’émergence clinique de l’infection à
C. difficile
. Plusieurs classes d’antibiotiques ont été impli-
quées comme facteurs de risque, mais la relation causale
avec une classe en particulier reste difficile à établir compte
tenu de la présence de nombreux facteurs confondants
rendant ces études non comparables. Néanmoins, certains
antibiotiques dont la clindamycine, l’ampicilline,
l’amoxicilline-acide clavulanique, les céphalosporines de 2e
et 3e génération et les fluoroquinolones, en particulier
les C-8-méthoxy-fluoroquinolones, semblent présenter un
risque accru. La prise d’une combinaison d’antibiotiques et la
durée de l’antibiothérapie augmentent également le risque
d’acquisition de l’infection. Les conditions sous-jacentes de
l’hôte (âge avancé, maladie sous-jacente sévère, chirurgie, en
particulier digestive) et les facteurs épidémiologiques locaux
constituent d’autres facteurs de risque importants. Plus
récemment, des études ont démontré une association entre
les traitements contre l’acidité gastrique et le risque de
DACD, en particulier pour les inhibiteurs de la pompe à
protons.
Le traitement de 1re ligne demeure le métronidazole. Sauf
pour les cas sévères, la vancomycine constitue une 2e ligne,
car une surutilisation pourrait mener à l’émergence d’in-
fections à entérocoques résistant à la vancomycine (ERV).
Une version modifiée de la section des lignes directrices qui
aborde le traitement de la colite à
C. difficile
se trouve au
verso de l’aide-mémoire ci-joint.
½ Confirmer le diagnostic d’infection bactérienne.
½ Prélever les cultures appropriées avant d’initier l’antibio-
thérapie.
½ Choisir l’antibiothérapie initiale selon le guide thérapeutique
local.
½ Cibler l’antibiothérapie en fonction des résultats de la
culture.
½ Passer à la voie orale dès que possible.
½ Réduire la durée de l’antibiothérapie au minimum.
½ Éviter de traiter la colonisation, les bactériuries asympto-
matiques (sauf chez les femmes enceintes ou avant une
manipulation urologique majeure) et les infections virales
des voies respiratoires.
Nous remercions Dre Nathalie Lussier et Dr Charles Frenette,
microbiologistes-infectiologues à l’Hôpital Charles-LeMoyne,
pour leur collaboration à la rédaction de cet article.
Références
Comité sur les infections nosocomiales du Québec. 2004.
Prévention et contrôle de la diarrhée nosocomiale associée au
Clostridium difficile au Québec - Lignes directrices intérimaires
pour les centres hospitaliers.
2e édition
.
Institut national de santé
publique du Québec, 43 pages + annexes.
2004. “Hospital-Acquired Infection.
C. difficile
: by the
numbers”.
CMAJ
, 171(11) : 1331-1332.
Johnson S., Gerding DN. 1998. “
Clostridium difficile
–
Associated Diarrhea ”. Clin Infect Dis, 26 :1027-1036.
Les lignes directrices pour la prévention et le contrôle de la
diarrhée nosocomiale associée au
C. difficile
recommandent
l’application des pratiques de base et de précautions addi-
tionnelles pour la DACD (voir aide-mémoire ci-joint). Elles
recommandent également :
d’utiliser les antibiotiques de façon appropriée et de
former un comité de surveillance responsable de la
surveillance quantitative et qualitative des antibiotiques
dans chaque centre hospitalier;
de respecter le ratio minimal d’un professionnel en
prévention des infections (PPI) par 133 lits de courte durée
et d’un PPI par 250 lits de longue durée;
de mettre en place un système de surveillance de l’in-
fection.
POUR UNE UTILISATION JUDICIEUSE
DES ANTIBIOTIQUES