I.G L’espace vectoriel des formes n-linéaires alternées
Il est clair que les formes n-linéaires alternées (ou antisymétriques) forment un sous-espace vec-
toriel de Ln(E, K). On notera An(E, K)ce K-espace vectoriel.
I.H Les propriétés fondamentales d’une forme n-linéaire alternée
Soit ϕ∈ An(E, K):
– Si l’un des vecteurs −→
x1,...,−→
xnest nul, alors ϕ(−→
x1,...,−→
xn)=0.
En effet, l’application −→
xi7→ ϕ(−→
x1,...,−→
xi,...,−→
xn)est linéaire, donc l’image de −→
0est −→
0.
– Si deux des vecteurs −→
x1,...,−→
xnsont égaux, alors ϕ(−→
x1,...,−→
xn) = 0, car ϕest alternée.
– On a changement de signe par échange de deux vecteurs, car ϕest antisymétrique.
– Si les vecteurs −→
x1,...,−→
xnsont liés, alors ϕ(−→
x1,...,−→
xn) = 0. En effet, l’un des vecteurs, disons −→
x1,
est combinaison linéaire des autres. Dans ϕ(−→
x1,...,−→
xn), on remplace −→
x1par cette combinaison
linéaire, on développe par n-linéarité, et on tient compte du fait que ϕest alternée.
– On ne change pas la valeur de ϕ(−→
x1,...,−→
xn)en ajoutant à −→
xkune combinaison linéaire des
autres vecteurs.
Exercice 2
Démontrer ce dernier point. [det202]
II Etude des formes n-linéaires alternées en dimension n
II.A Préliminaires
Exercice 3
Soit Eun espace vectoriel de dimension 3sur K, rapporté à une base E= (−→
e1,−→
e2,−→
e3). Donner un
exemple de forme bilinéaire alternée sur E.[det203]
Exercice 4
Soit Eun espace vectoriel de dimension nsur K. Soit pun entier > n. Montrer que toute forme
p-linéaire alternée sur Eest nulle. [det204]
L’objet de ce paragraphe II est d’étudier les formes n-linéaires alternées lorsque dim E=n.
Théorème 2.
Si dim E=n, alors dim An(E, K) = 1. Plus précisément, il existe une forme n-linéaire alternée non
nulle, et toutes les autres lui sont proportionnelles.
Démonstration. On va d’abord démontrer ce théorème pour n= 3. On se donne donc un K-espace vectoriel Ede
dimension 3, et une forme trilinéaire ϕsur E.
Soit E= (−→
e1,−→
e2,−→
e3)une base de Eet soient trois vecteurs −→
x1,−→
x2,−→
x3donnés par leurs matrices-colonnes :
−→
x1:
α11
α21
α31
−→
x2:
α12
α22
α32
−→
x3:
α13
α23
α33
autrement dit on a : −→
x1=α11−→
e1+α21−→
e2+α31−→
e3,−→
x2=α12−→
e1+α22−→
e2+α32−→
e3,−→
x3=α13−→
e1+α23−→
e2+α33−→
e3.
Maintenant, on développe ϕ(−→
x1,−→
x2,−→
x3), en utilisant les propriétés de forme n-linéaire alternée de ϕ; on obtient :
hα11(α22 α33 −α32α23)−α21 (α12 α33 −α32α13 ) + α31 (α12α23 −α22 α13 )i×ϕ(−→
e1,−→
e2,−→
e3)
On note detEl’application qui à (−→
x1,−→
x2,−→
x3)associe le terme entre crochets. On vérifie sans difficulté que :
detE(−→
e1,−→
e2,−→
e3)=1
et que detEest une forme trilinéaire alternée non nulle.
En résumé, on a exhibé une forme trilinéaire alternée non nulle detE, telle que pour toute forme trilinéaire alternée ϕ,
on ait : ϕ=ϕ(−→
e1,−→
e2,−→
e3)×detEou encore ϕ=λ×detE, en posant λ=ϕ(−→
e1,−→
e2,−→
e3). Finalement :
3