Déterminants
I Formes n-linéaires 1
I.A Définition d’une forme n-linéaire .............................. 1
I.B Exemples ........................................... 1
I.C Espace vectoriel des formes n-linéaires sur E....................... 2
I.D Forme n-linéaire symétrique ................................. 2
I.E Forme n-linéaire antisymétrique ............................... 2
I.F Forme n-linéaire alternée ................................... 2
I.G L’espace vectoriel des formes n-linéaires alternées ..................... 3
I.H Les propriétés fondamentales d’une forme n-linéaire alternée ............... 3
II Etude des formes n-linéaires alternées en dimension n 3
II.A Préliminaires ......................................... 3
II.B Déterminant et indépendance linéaire ........................... 4
III Calcul des déterminants 5
III.A Invariance par transposition ................................. 5
III.B Méthodes pour simplifier le calcul d’un déterminant ................... 5
III.C Développement d’un déterminant par rapport à une ligne ou une colonne ....... 5
IV Déterminant d’un endomorphisme 7
IV.A Généralités .......................................... 7
IV.A.1 Propriétés du déterminant d’un endomorphisme ................. 8
IV.B Déterminant d’une matrice carrée .............................. 9
V Inverse d’une matrice carrée par la comatrice 11
V.A Cofacteurs et comatrice ................................... 11
V.B Théorème ........................................... 11
Dans tout le chapitre, Eest un espace vectoriel sur K=Rou C.
I Formes n-linéaires
I.A Définition d’une forme n-linéaire
Définition 1. Soit ϕ:EnK
(
x1,
x2,...,
xn)7→ ϕ(
x1,
x2,...,
xn)
ϕest appelée forme n-linéaire si ϕest linéaire par rapport à chaque
xi
I.B Exemples
E=R3, n = 2.
ϕ:
x1
x2
x3
,
y1
y2
y3
7→ x1y1+x2y2+x3y3
est une forme bilinéaire sur R3.
C’est une application de R3×R3dans R, linéaire par rapport à
x1
x2
x3
et à
y1
y2
y3
.
ϕ: (a, b)7→ ab est une forme bilinéaire sur R; c’est une application de R×Rdans R, linéaire
par rapport à aet par rapport à b.
Eest un espace vectoriel de dimension 2sur K, rapporté à une base E= (
e1,
e2), et n= 3.
ϕ: (
x ,
y ,
z)7→ x1y2z2x2y1z1
est une forme trilinéaire sur E.
1
Exercice 1
ϕétant trilinéaire sur E, développer :
ϕ(2
u+
v ,
u
v+
w ,
w
u)
et remarquer l’analogie avec le développement dans Rd’un produit comme (2a+b)(ab+c)(ca).
[det201]
I.C Espace vectoriel des formes n-linéaires sur E
Il est clair que l’application nulle de Endans K, est une forme n-linéaire particulière, que la somme
de deux formes n-linéaires et le produit par un scalaire d’une forme n-linéaire, sont des formes n-
linéaires. Les formes n-linéaires sur Econstituent donc un sous-espace vectoriel de l’espace vectoriel
F(En,K)des applications de Endans K.
On notera Ln(E, K)le K-espace vectoriel des formes n-linéaires sur E.
I.D Forme n-linéaire symétrique
Définition 2. ϕest dite symétrique si ϕ(
x1,
x2,...,
xn)est invariant par échange de deux vecteurs :
(
x1,
x2,...,
xn)En, ϕ(
x1,...,
xi,...,
xj,...,
xn) = ϕ(
x1,...,
xj,...,
xi,...,
xn)
Exemple 1. Un produit scalaire est une forme bilinéaire symétrique (définie positive).
I.E Forme n-linéaire antisymétrique
Définition 3. ϕest dite antisymétrique si ϕ(
x1,
x2,...,
xn)est changé en son opposé par échange
de deux vecteurs :
(
x1,
x2,...,
xn)En, ϕ(
x1,...,
xi,...,
xj,...,
xn) = ϕ(
x1,...,
xj,...,
xi,...,
xn)
Exemple 2. soit Eun espace vectoriel de dimension 2sur K, rapporté à une base E= (
e1,
e2).
L’application ϕ: (
x ,
y)7→ x1y2x2y1, est une forme bilinéaire antisymétrique sur E.
I.F Forme n-linéaire alternée
Définition 4. ϕest dite alternée si ϕ(
x1,
x2,...,
xn)est nul dès que deux des vecteurs sont égaux.
Théorème 1.
Soit ϕune forme n-linéaire sur un K-espace vectoriel E:
ϕest alternée ϕest antisymétrique.
Démonstration.
(=): on considère ϕ(
x1,...,
xi+
xj,...,
xi+
xj,...,
xn). C’est évidemment nul, puisque ϕest alternée. Et après
développement on obtient :
0 = ϕ(
x1,...,
xi,...,
xj,...,
xn) + ϕ(
x1,...,
xj,...,
xi,...,
xn)
(=) : on a, grâce à l’antisymétrie : ϕ(
x1,...,
xi,...,
xi,...,
xn) = ϕ(
x1,...,
xi,...,
xi,...,
xn).
Remarque 1. Il existe des corps dans lesquels 1 + 1 = 0. Pour ces corps, les deux notions de forme
n-linéaire alternée et de forme n-linéaire antisymétrique ne coïncident pas.
2
I.G L’espace vectoriel des formes n-linéaires alternées
Il est clair que les formes n-linéaires alternées (ou antisymétriques) forment un sous-espace vec-
toriel de Ln(E, K). On notera An(E, K)ce K-espace vectoriel.
I.H Les propriétés fondamentales d’une forme n-linéaire alternée
Soit ϕ∈ An(E, K):
Si l’un des vecteurs
x1,...,
xnest nul, alors ϕ(
x1,...,
xn)=0.
En effet, l’application
xi7→ ϕ(
x1,...,
xi,...,
xn)est linéaire, donc l’image de
0est
0.
Si deux des vecteurs
x1,...,
xnsont égaux, alors ϕ(
x1,...,
xn) = 0, car ϕest alternée.
On a changement de signe par échange de deux vecteurs, car ϕest antisymétrique.
Si les vecteurs
x1,...,
xnsont liés, alors ϕ(
x1,...,
xn) = 0. En effet, l’un des vecteurs, disons
x1,
est combinaison linéaire des autres. Dans ϕ(
x1,...,
xn), on remplace
x1par cette combinaison
linéaire, on développe par n-linéarité, et on tient compte du fait que ϕest alternée.
On ne change pas la valeur de ϕ(
x1,...,
xn)en ajoutant à
xkune combinaison linéaire des
autres vecteurs.
Exercice 2
Démontrer ce dernier point. [det202]
II Etude des formes n-linéaires alternées en dimension n
II.A Préliminaires
Exercice 3
Soit Eun espace vectoriel de dimension 3sur K, rapporté à une base E= (
e1,
e2,
e3). Donner un
exemple de forme bilinéaire alternée sur E.[det203]
Exercice 4
Soit Eun espace vectoriel de dimension nsur K. Soit pun entier > n. Montrer que toute forme
p-linéaire alternée sur Eest nulle. [det204]
L’objet de ce paragraphe II est d’étudier les formes n-linéaires alternées lorsque dim E=n.
Théorème 2.
Si dim E=n, alors dim An(E, K) = 1. Plus précisément, il existe une forme n-linéaire alternée non
nulle, et toutes les autres lui sont proportionnelles.
Démonstration. On va d’abord démontrer ce théorème pour n= 3. On se donne donc un K-espace vectoriel Ede
dimension 3, et une forme trilinéaire ϕsur E.
Soit E= (
e1,
e2,
e3)une base de Eet soient trois vecteurs
x1,
x2,
x3donnés par leurs matrices-colonnes :
x1:
α11
α21
α31
x2:
α12
α22
α32
x3:
α13
α23
α33
autrement dit on a :
x1=α11
e1+α21
e2+α31
e3,
x2=α12
e1+α22
e2+α32
e3,
x3=α13
e1+α23
e2+α33
e3.
Maintenant, on développe ϕ(
x1,
x2,
x3), en utilisant les propriétés de forme n-linéaire alternée de ϕ; on obtient :
hα11(α22 α33 α32α23)α21 (α12 α33 α32α13 ) + α31 (α12α23 α22 α13 )i×ϕ(
e1,
e2,
e3)
On note detEl’application qui à (
x1,
x2,
x3)associe le terme entre crochets. On vérifie sans difficulté que :
detE(
e1,
e2,
e3)=1
et que detEest une forme trilinéaire alternée non nulle.
En résumé, on a exhibé une forme trilinéaire alternée non nulle detE, telle que pour toute forme trilinéaire alternée ϕ,
on ait : ϕ=ϕ(
e1,
e2,
e3)×detEou encore ϕ=λ×detE, en posant λ=ϕ(
e1,
e2,
e3). Finalement :
3
Si dim E= 3,A3(E, K)est un K-espace vectoriel de dimension 1.
On vient de voir qu’une base de ce K-espace vectoriel est constituée par la forme trilinéaire non nulle detE:
detE: (
x1,
x2,
x3)7→ hα11(α22 α33 α32α23)α21 (α12 α33 α32α13 ) + α31 (α12α23 α22 α13 )i
et on représente ce terme entre crochets par la notation :
detE(
x1,
x2,
x3) =
α11 α12 α13
α21 α22 α23
α31 α32 α33
En dimension n, le principe est le même, mais les vérifications sont beaucoup plus compliquées, et on admettra la
plupart d’entre elles.
Soit E= (
e1,
e2,...,
en)une base de Eet soient nvecteurs
x1,
x2,...,
xndonnés par leurs coordonnées αij dans la
base E,αij étant la i-ème coordonnée de
xj.
Soit ϕune forme n-linéaire alternée ; on développe ϕ(
x1,
x2,...,
xn)et on obtient :
ϕn
X
i=1
αi1
ei,
n
X
i=1
αi2
ei,...,
n
X
i=1
αin
ei=D×ϕ(
e1,
e2,...,
en)
Dest une expression "lourde" des variables αij que l’on note :
D=detE(
x1,
x2,...
xn) =
α11 α12 . . . α1n
α21 α22 . . . α2n
.
.
..
.
..
.
.
αn1αn2. . . αnn
Cette notation fait figurer en colonnes les coordonnées de
x1,
x2,...,
xndans la base E; detE(
x1,
x2,...
xn)est évi-
demment un nombre.
On admet que l’application detE: (
x1,
x2,...
xn)7→ detE(
x1,
x2,...
xn)est une forme n-linéaire alternée, qu’elle est
non nulle (car detE(E)=1), et on a :
ϕ∈ An(E, K),(
x1,
x2,...,
xn)En, ϕ(
x1,
x2,...,
xn) = ϕ(
e1,
e2,...,
en)×detE(
x1,
x2,...,
xn)
On voit que la forme n-linéaire alternée ϕest proportionnelle à la forme n-linéaire alternée detE; plus précisément, on
a : ϕ=λdetE, avec λ=ϕ(
e1,
e2,...,
en).
Remarque 2. La forme linéaire detEdépend évidemment de E.
II.B Déterminant et indépendance linéaire
Théorème 3.
Soient Eun K-espace vectoriel, E= (
e1,
e2,...,
en)une base de E, et
u1,
u2,...,
unE.
u1,
u2,...,
unsont linéairement indépendants detE(
u1,
u2,...,
un)6= 0
Démonstration.
(=) : c’est clair par la contraposée : si
u1,
u2,...,
unétaient linéairement dépendants, on aurait detE(
u1,
u2,...,
un) =
0, car c’est une propriété générale des formes n-linéaires alternées.
(=) : si
u1,
u2,...,
unsont linéairement indépendants, ils forment une base Ude E, et on peut parler de la forme
n-linéaire alternée non nulle detUsur E. Elle est nécessairement proportionnelle à detE:
λK,detU=λdetE
(λest non nul, car les deux formes n-linéaires detUet detEsont non nulles).
On applique à (
u1,
u2,...,
un). On obtient :
1 = λdetE(
u1,
u2,...,
un)
d’où évidemment : detE(
u1,
u2,...,
un)6= 0.
Remarque 3. En appliquant à (
e1,
e2,...,
en)la formule detU=λdetE, on obtient λ= detU(E)
d’où la formule de changement de base pour les déterminants :
Théorème 4 (Formule de changement de base pour les déterminants).
Si Eet Usont deux bases de E, on a detU= detU(E)×detE, autrement dit :
(
x1,
x2,...,
xn)En, detU(
x1,
x2,...,
xn) = detU(E)×detE(
x1,
x2,...,
xn)
4
III Calcul des déterminants
III.A Invariance par transposition
Théorème 5.
On ne change pas la valeur d’un déterminant en échangeant lignes et colonnes.
Ce théorème signifie donc que :
α11 α12 . . . α1n
α21 α22 . . . α2n
.
.
..
.
..
.
.
αn1αn2. . . αnn
=
α11 α21 . . . αn1
α12 α22 . . . αn2
.
.
..
.
..
.
.
α1nα2n. . . αnn
Démonstration. Nous admettons ce théorème.1
Exercice 5
Vérifier ce résultat pour n= 2 et n= 3.[det205]
III.B Méthodes pour simplifier le calcul d’un déterminant
Les méthodes suivantes sont essentielles, et reposent sur le fait que :
detE: (
x1,
x2,...,
xn)7→ detE(
x1,
x2,...,
xn)
est une forme n-linéaire alternée sur E.
Un déterminant est nul si et seulement si ses colonnes (respectivement ses lignes) sont linéaire-
ment dépendantes.
La valeur d’un déterminant est inchangée si on ajoute à une colonne (respectivement à une
ligne) une combinaison linéaire des autres colonnes (respectivement des autres lignes).
Il y a linéarité par rapport à chacune des colonnes (respectivement chacune des lignes).
La valeur d’un déterminant est changée en son opposée par échange de deux colonnes, ou par
échange de deux lignes.
III.C Développement d’un déterminant par rapport à une ligne ou une
colonne
Exercice 6
Soit Eun K-espace vectoriel de dimension n, rapporté à une base E= (
e1,
e2,...,
en).
On pose F= Vect(
e2,...,
en), et E0= (
e2,...,
en). On considère l’application ϕ:Fn1K, qui à
(
x2,...,
xn)associe detE(
e1,
x2,...,
xn).
1. Montrer qu’il existe λKtel que :
(
x2,...,
xn)Fn1, ϕ(
x2,...,
xn) = λdetE0(
x2,...,
xn)
2. Quelle est la valeur de λ?
3. Montrer que, quels que soient les nombres αij , on a :
1 0 . . . 0
0α22 . . . α2n
.
.
..
.
..
.
.
0αn2. . . αnn
=
α22 . . . α2n
.
.
..
.
.
αn2. . . αnn
1Voir à ce sujet l’épreuve de Centrale TSI, Math 2, 2003
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