Médecine & enfance Evaluation et prise en charge d’une première crise épileptique de l’enfant NEUROLOGIE S. Auvin, service de neurologie pédiatrique et des maladies métaboliques, hôpital RobertDebré, Paris La première crise épileptique représente chez l’enfant la première cause de consultation en urgence pour motif neurologique. Si ce motif n’est pas rare, il reste difficile à appréhender par le praticien, ce qui est à l’origine d’erreurs diagnostiques par défaut comme par excès [1]. L’objectif, devant une suspicion de première crise d’épilepsie, est, en premier lieu, de déterminer si l’événement paroxystique était réellement épileptique. Si c’est le cas, il faut chercher une crise épileptique d’origine occasionnelle. Différentes causes peuvent induire des crises épileptiques : infectieuse, métabolique, traumatique ou toxique… Dans certains cas (méningite, hématome sous-dural…), une prise en charge urgente est nécessaire. Nous allons donc voir les étapes successives de l’évaluation diagnostique d’une première crise épileptique. La survenue d’une première crise épileptique au cours d’un épisode fébrile est une circonstance particulière, pour laquelle nous détaillerons la conduite à tenir. Enfin, nous aborderons brièvement la question du diagnostic d’une épilepsie au décours d’une crise isolée et celle d’un éventuel traitement. La démarche est fondée principalement sur la clinique. L’enregistrement électroencéphalographique est une aide précieuse, mais n’a de valeur que s’il est interprété en fonction des données cliniques. Nous n’aborderons pas ici la conduite à tenir devant la survenue de plusieurs crises épileptiques similaires ou de différents types : salve de spasmes, crises épileptiques myocloniques isolées ou non, absences… ÉLIMINER UN ÉVÉNEMENT PAROXYSTIQUE NON ÉPILEPTIQUE Rubrique dirigée par S. Auvin L’interrogatoire devra être « rigoureux », l’objectif étant d’éviter une démarche clinique erronée et/ou la réalisation d’examens paracliniques inutiles. Aucun élément clinique isolé ne permet de déterminer si l’épisode était ou non une crise d’épilepsie. De même, il n’existe aucun examen paraclinique permettant d’affirmer a posteriori si une crise épileptique est survenue. C’est donc à partir d’un faisceau d’arguments qu’il faudra raisonner. Le caractère paroxystique et le début octobre 2008 page 349 brutal d’une crise sont les éléments sémiologiques les plus évocateurs de l’origine épileptique de l’épisode, mais il n’y a pas de sémiologie typique d’une crise d’épilepsie. Les symptômes observés dépendent de l’origine topographique et de la propagation de la décharge corticale. L’épisode est le plus souvent bref. Les événements sont stéréotypés et se succèdent dans le temps. Il peut exister une confusion postcritique, qui n’est ni systématique ni spécifique de l’origine épileptique. De même, la morsure de langue ou la perte d’urine ne sont ni sensibles ni spécifiques pour affirmer le caractère épileptique d’un événement paroxystique. En cas de manifestations paroxystiques Médecine & enfance non épileptiques, c’est souvent la séquence clinique des symptômes qui permet de faire le diagnostic. Il faut donc retracer précisément la chronologie des événements. Les manifestations paroxystiques non épileptiques de l’enfant s’analysent en fonction de l’âge de survenue, de leur relation avec le sommeil et bien entendu selon les symptômes observés (tableau I). Les événements les plus fréquents sont les terreurs nocturnes, les syncopes, les myoclonies d’endormissement et les rythmies d’endormissements. CAS D’UNE PREMIÈRE CRISE ÉPILEPTIQUE FÉBRILE Lors d’une crise épileptique concomitante à de la fièvre, il faut avant tout éliminer les crises épileptiques occasionnelles associées à de la fièvre (tableau II) avant de parler de convulsions fébriles (CF). Les convulsions fébriles sont des crises épileptiques survenant le plus souvent chez un enfant de six mois à cinq ans, associées à de la fièvre, sans signe d’infection intracrânienne ou d’autres causes définies. Les données de l’examen clinique permettent de faire la différence entre CF et crises épileptiques secondaires à une encéphalite ou à une méningite… Au moindre doute, ou lorsque la CF présente des critères de complexité, il faut réaliser les investigations paracliniques adéquates (PL, imagerie cérébrale). Toute CF brachiofaciale survenant chez un nourrisson doit faire craindre une encéphalite à réplication virale, en particulier une encéphalite herpétique. Dans ce cas, il s’agit d’une urgence diagnostique et thérapeutique, et tout doit être mis en œuvre pour réaliser les investigations (PL, imagerie, EEG…) et débuter le traitement (aciclovir et traitement symptomatique). Lorsque le diagnostic de CF est retenu, il faut évaluer les caractéristiques de l’épisode afin de le classer en CF simple ou CF complexe (tableau III). Cinq critères font suspecter une CF complexe : l’âge de survenue avant un an ; la durée de l’épisode et le nombre d’épisodes sur le nycthémère ; le caractère partiel de la CF ; la présence d’anomalies à l’examen neurologique postcritique ; la présence d’antécédents neurologiques. Cependant, tous ces critères n’ont pas la même signification : les antécédents familiaux et la répétition dans la même journée augmentent le risque de récurrence ; en revanche, les crises prolongées et/ou le déficit neurologique postcritique sont des signes de gravité, car ils augmentent le risque d’épilepsie ultérieure et de déficit durable ; la survenue avant un an constitue un risque de récurrence et de gravité. En l’absence de critères pour un épisode de CF compliquée, on parle de CF simple. Par extension, ces critères guident souvent la conduite à tenir. En cas de CF compliquée, un avis neurologique et éventuellement des examens paracliniques seront à réaliser. La survenue d’une CF simple n’inquiète plus les praticiens, à juste titre, mais les parents ont toujours grand besoin d’être écoutés et rassurés. La plupart des parents d’enfants qui ont présenté des CF ont cru que leur enfant allait mourir [2]. Cela induit une angoisse profonde, qui s’exacerbe lors de l’apparition de fièvre. Une information complète et transparente permet de réduire cette angoisse [3] (voir la fiche de conseils à remettre aux parents page 356). ÉLIMINER UNE CRISE OCCASIONNELLE Après avoir éliminé un événement paroxystique non épileptique, la démarche se poursuit à la recherche d’arguments pour une crise épileptique occasionnelle (tableau II). Une crise épileptique occasionnelle est une crise d’épilepsie secondaire à une condition occasionnelle (comme un désordre électrolytique, une lésion cérébrale aiguë, etc.) et qui n’est pas en rapoctobre 2008 page 350 Tableau I Evénements paroxystiques non épileptiques de l’enfant les plus fréquents Pendant le sommeil : myoclonies d’endormissement rythmies d’endormissement cauchemars terreurs nocturnes autres parasomnies En dehors du sommeil : myoclonus bénin du nourrisson spasmes du sanglot syncopes tics origine psychogène simulation port avec une épilepsie ou le début d’une épilepsie. Nous avons déjà abordé la question des crises épileptiques occasionnelles survenant en contexte fébrile. Certaines de ces crises occasionnelles peuvent avoir une cause grave et potentiellement curable (tableau II) . L’examen clinique minutieux est fondamental. L’ensemble des étiologies des crises épileptiques doit être éliminé. Dans le cas où une crise de cause occasionnelle est fortement suspectée, il faudra mener les examens permettant d’infirmer ou d’affirmer le diagnostic. Le tableau II présente une liste non exhaustive d’étiologies de crises épileptiques occasionnelles. Les études ayant évalué l’apport diagnostique d’un bilan biologique systématique comprenant une glycémie et un ionogramme montrent que les anomalies biologiques observées étaient toujours associées à des éléments cliniques évocateurs. En cas de troubles ioniques, les crises épileptiques sont le plus souvent prolongées et/ou répétitives. La prescription d’examens biologiques ne semble avoir de rendement diagnostique que dans trois situations : contexte de fièvre ; crise épileptique prolongée ; présence d’éléments pouvant être à l’origine d’un trouble électrolytique, comme des vomissements, l’absorption d’eau pure dans un but de réhydratation, une anorexie, des signes Médecine & enfance Tableau II Etiologies des crises épileptiques occasionnelles présentées par catégories étiologiques et en fonction de leur degré d’urgence (plus grande urgence en haut) Infectieuses Traumatiques Toxiques Métaboliques Autres Méningite Encéphalite (HSV ou autres) Hématome extradural Hématome sous-dural Tricycliques CO Hyperhydratation Déshydratation Hypoglycémie Hyponatrémie Hypocalcémie Hypertension intracrânienne Hypertension artérielle Maladies métaboliques Anoxie Ischémie Infections diverses Contusion cérébrale Tableau III Caractéristiques des convulsions fébriles simples et compliquées CF simple CF compliquée Age de survenue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ≥ 1 an . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . < 1 an Durée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . < 15 mn et 1 crise/24 h . . . . . . > 15 mn ou > 1 crise/24 h Focalisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Crise généralisée. . . . . . . . . . . Crise partielle Examen neurologique . . . . . . . . . . . . . . . . Normal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Anormal Antécédents familiaux d’épilepsie . . . . . . Non. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Oui Tableau IV Adaptation de la classification des crises épileptiques selon ILAE (1981) Crises généralisées Crises partielles Absences Crises myocloniques Crises cloniques Crises toniques Crises tonico-cloniques Crises atoniques Crises partielles simples Crises partielles complexes Crises partielles secondairement généralisées Crises non classées Pour les crises partielles, on distingue les crises partielles simples, où il n’y a pas de rupture de conscience, des crises partielles complexes, où l’on observe une altération de la conscience. Dans ces crises, les symptômes peuvent être moteurs, sensitifs, sensoriels, végétatifs et/ou psychiques cliniques de déshydratation… Dans l’étude prospective de Valencia et al., qui portait sur 107 patients, 54 enfants ont eu une exploration biochimique [4]. 8 anomalies métaboliques ont été notées chez 7 enfants et seuls 3 patients avaient une anomalie pouvant être à l’origine d’une crise d’épilepsie (2 hyponatrémies et 1 hypoglycémie) ; chez ces patients, il existait toujours des signes cliniques consistant en des troubles de conscience ou des troubles digestifs (vomissements ou diarrhées). Les intoxications peuvent également être à l’origine de crises épileptiques occasionnelles. Le diagnostic n’est pas toujours facile et l’interrogatoire doit porter sur les médicaments pris par l’entourage de l’enfant. Il existe très peu de données sur l’intérêt d’une exploration toxicologique lors d’une première crise épileptique. Cette situation ne semble pas fréquente dans les études publiées sur ce sujet. Un screening toxicologique peut être demandé selon le contexte clinique (risque d’ingestion et/ou d’exposition à octobre 2008 page 351 un toxique proconvulsivant au domicile ou dans l’entourage). Cette demande est d’autant plus motivée s’il s’agit d’une crise épileptique prolongée ou de crises répétitives, s’il existe des anomalies de l’examen clinique ou si la crise n’est pas suivie d’un retour à l’état habituel. DÉMARCHE SYNDROMIQUE Il est impossible de prédire, lors de la survenue d’une première crise épileptique, si le patient va présenter une épilepsie. On ne peut parler d’épilepsie que si les crises épileptiques se répètent spontanément. La démarche diagnostique devant une épilepsie repose sur différents paramètres, comme l’âge de survenue, le ou les types de crises, les éléments de l’examen clinique puis les données électroencéphalographiques et de la neuro-imagerie [5]. La collecte de ces données pour aboutir au diagnostic précis est appelée en épileptologie « démarche syndromique ». Les éléments sémiologiques de la crise épileptique sont fondamentaux. La qualité du recueil initial pourra être d’une grande aide en cas de répétition des crises. Lors de l’interrogatoire mené après une première crise épileptique, il faut particulièrement rechercher des crises d’épilepsies antérieures passées inaperçues. Cette situation est fréquente [6], et c’est l’interrogatoire orienté à la recherche de malaises mal interprétés jusqu’à présent qui permettra de la découvrir. Dans ce cas, le diagnostic d’épilepsie pourra être envisagé mais nécessitera confirmation. Il faut donc noter l’âge des premières crises, le type des crises et l’état clinique entre les crises. L’analyse des crises repose sur la sémiologie observée par l’entourage. Il faut s’attacher à interroger la personne ayant vu la crise et le patient lui-même si cela est possible. Les éléments à rechercher sont : existence d’une aura, existence d’une perte de conscience, description des phénomènes moteurs et/ou des automatismes, des phénomènes sensitifs ou sensoriels, présence d’une vocalisation, existence de signes végétatifs (pâleur, modification Médecine & enfance pupillaire, vomissements, modification des rythmes cardiaque et respiratoire, incontinence…). Les éléments cliniques faisant suite à la crise seront également notés. On recherchera en particulier la présence de céphalées, de nausées et/ou de vomissements, ainsi que la durée de la confusion postcritique. La chronologie des événements est importante à préciser. La classification des crises épileptiques de 1981 pourra également être utilisée (tableau IV [7]). Figure 1 Electroencéphalogramme d’un patient avec une épilepsie à paroxysme rolandique. On note sur le tracé de veille et de sommeil la présence dans les régions centrales de pointes ondes biphasiques dont le nombre augmente lors du sommeil. PLACE DE L’EEG Seul l’enregistrement d’une crise permet d’affirmer l’origine épileptique de la crise par la corrélation entre les phénomènes cliniques observés et la modification du tracé EEG. L’enregistrement d’une crise est exceptionnel lors d’une première crise épileptique. En pratique, l’EEG est réalisé le plus souvent en période intercritique. La découverte d’anomalies à l’EEG sans manifestation clinique ne permet pas de poser un diagnostic d’épilepsie. Des pointes ou pointes ondes focalisées ou généralisées peuvent être observées chez 3 à 4 % des enfants non épileptiques [8]. Enfin, un EEG normal à la suite d’une crise épileptique ne doit pas faire conclure à l’absence de crise épileptique. L’EEG est réalisé dès que possible après la crise, mais sans urgence. Idéalement, le tracé doit correspondre à une durée de une heure avec un état de veille et de sommeil, une épreuve d’hyperpnée et une stimulation lumineuse intermittente (SLI). Un EEG réalisé précocement ou après une privation de sommeil montrera plus d’anomalies qu’un EEG réalisé à distance d’une première crise. Le sommeil, l’hyperpnée et la SLI ont pour objectif de sensibiliser le tracé pour rechercher des graphoéléments critiques. Le sommeil peut également montrer un foyer de pointes biphasiques dans la région centrotemporale (figure 1), ce qui permet, si les éléments cliniques sont concordants, d’évoquer le diagnostic d’épilepsie à pointes centrotemporales. L’épreuve d’hyperpnée peut être à l’origine soit d’un phénomène non spéci- fique (activation du tracé), soit d’éléments spécifiques en déclenchant une absence avec une bouffée de pointes ondes à 3 cycles/seconde sur l’EEG, permettant le diagnostic d’épilepsie absence de l’enfant. Ce cadre diagnostique n’est en général pas rencontré lors d’une première crise épileptique, car les absences sont très nombreuses chaque jour. La SLI peut fournir des éléments en faveur du diagnostic : la présence d’une photosensibilité est en faveur d’une épilepsie myoclonique juvénile ; l’entraînement de pointes par les flashs de la stimulation lumineuse à basse fréquence est en faveur d’une épilepsie myoclonique progressive. Outre ces situations permettant d’aboutir à un diagnostic syndromique, l’EEG peut donner des éléments d’orientation topographique : la présence d’un foyer d’ondes lentes ou de rythmes rapides permet d’évoquer la localisation d’un foyer épileptique ou d’une dysplasie corticale. PLACE DE L’IMAGERIE Une imagerie cérébrale doit être réalisée chaque fois qu’une anomalie cérébrale est suspectée. L’IRM devrait être l’examen de choix, mais son accès est le octobre 2008 page 352 plus souvent difficile dans le cadre de l’urgence. Le scanner dans ce cas permet d’éliminer la quasi-totalité des causes urgentes et graves. Il n’y a donc pas d’indication d’imagerie systématique pour toutes les premières crises épileptiques. Dans le cadre de l’urgence, une imagerie cérébrale doit être demandée lorsqu’il existe un déficit postcritique qui n’est pas rapidement résolutif ou si l’état clinique habituel n’est pas récupéré rapidement. A distance d’une crise épileptique isolée sans anomalie de l’examen clinique, l’indication d’une imagerie cérébrale se discutera à la récurrence des crises. Sur 475 patients ayant eu un scanner ou une IRM dans les suites d’une crise épileptique, 1 % seulement des patients (5/475) présentaient une lésion tumorale ou un infarctus (3/475 ont nécessité une intervention urgente) [9]. Warden et al. ont étudié les critères prédictifs d’un scanner cérébral normal à la suite d’une crise épileptique. 203 patients étaient inclus. Les éléments prédictifs d’un scanner normal étaient l’absence d’antécédents, un âge supérieur à six ans, une crise de quinze minutes ou moins et une absence de déficit neurologique [10]. Médecine & enfance CONDUITE À TENIR La situation clinique faisant suspecter la survenue d’une première crise épileptique est fréquente. Après avoir confirmé l’origine épileptique de l’événement, il faut s’interroger sur le caractère occasionnel de celui-ci, en recherchant en particulier s’il existe une situation nécessitant une prise en charge thérapeutique urgente. La survenue d’une crise épileptique ne permet en aucun cas de poser le diagnostic d’épilepsie. Après une première crise épileptique, il n’y a aucune raison de proposer un traitement autre qu’un traitement étiologique s’il s’agissait d’une crise occasionnelle. La discussion d’un traitement ne se fait que si le diagnostic d’épilepsie est retenu. Après avoir confirmé l’origine épileptique de l’épisode et avoir éliminé une crise occasionnelle, l’objectif est de recueillir les éléments qui permettront un diagnostic syndromique au cas où les crises se répéteraient. L’électroencéphalogramme ne permet pas d’affirmer l’origine épileptique de l’événement. La survenue d’une première crise épileptique est souvent vécue comme un événement traumatisant par la famille, il faut donc prendre le temps d’écouter et d’expliquer : une crise isolée n’est pas synonyme d’épilepsie ; il existe un risque de récurrence, mais en l’absence de récidive l’enfant ne doit pas être considéré comme ayant une épilepsie ni par son entourage ni dans ses activités scolaires et extrascolaires. Il faut également expliquer aux parents quels sont les risques encourus lors de la survenue d’une crise épileptique (CF ou non) et leur donner des instructions pratiques en disant clairement qu’il existe deux risques : un risque lié à la circonstance de survenue : blessure, accident, etc. Etant donné l’âge des patients, ce risque est le plus souvent faible, en particulier chez les plus petits où tout événement de vie à caractère dangereux est encadré par un adulte. Si une crise survient, il ne faut pas empêcher les mouvements, ne pas secouer l’enfant, déplacer les objets dan- AUTOÉVALUATION PAR QUESTIONS À CHOIX MULTIPLE 1. Vous recevez l’appel d’une maman affolée. Vous suivez en consultation son garçon de deux ans, qui est en bonne santé et n’a pas d’antécédents. Elle vous dit qu’elle a eu très peur que son enfant ne meure : alors qu’il était en train de jouer assis par terre, il est tombé sur le côté droit en tournant sa tête vers la droite, puis sont apparues des secousses de son bras droit pendant trois minutes. Tout s’est arrêté mais l’enfant n’a pas retrouvé son comportement normal. Que dites-vous à la maman ? De rester calme, que son enfant a probablement fait une crise épileptique. De s’assurer de la liberté des voies aériennes en utilisant si besoin le manche d’une cuillère en bois. D’empêcher l’enfant de dormir. De lui proposer à boire. De vous amener l’enfant en consultation. 2. Vous voyez l’enfant en consultation une heure plus tard. Il a retrouvé son comportement habituel. Quels sont les éléments que vous recherchez au cours de l’interrogatoire ? L’existence d’épisodes passés mais non identifiés, ce qui est assez fréquent. La durée de la crise, car elle est importante pour un diagnostic ultérieur en cas de récidive de crise épileptique. La séquence d’apparition des symptômes, car elle est importante pour un diagnostic ultérieur en cas de récidive de crise épileptique. La survenue d’une morsure de langue, car elle est pathognomonique de la survenue d’une crise épileptique. Une perte d’urine, car elle est pathognomonique de la survenue d’une crise épileptique. 3. On ne retrouve pas d’élément particulier, que ce soit à l’anamnèse ou à l’examen clinique. A l’issue de la consultation, vous demandez : Un ionogramme à la recherche d’un trouble ionique responsable d’une crise occasionnelle. Un dosage de CPK pour rechercher l’origine épileptique de l’événement. Un EEG. S’il est anormal, il s’agit d’une épilepsie. Un EEG. S’il est normal, il s’agit d’un événement paroxystique non épileptique. Un scanner cérébral. 4. Au décours de la consultation, Vous prescrivez un traitement anti-épileptique pour éviter les récurrences. Vous informez la famille sur les risques des crises épileptiques. Vous expliquez en détail la conduite à tenir en cas de récurrence. Vous remettez une fiche de conduite à tenir en cas de récidive. Vous dites aux parents d’appeler le 15 dès qu’une nouvelle crise survient. Réponses Question 1 : et . Question 2 : et . Question 3 : aucune bonne réponse. Question 4 : , et . gereux plutôt que déplacer l’enfant. Il ne faut rien introduire dans sa bouche : ni doigt ni objet. En cas de somnolence postcritique, il faut mettre l’enfant en position latérale de sécurité et il n’est pas nécessaire de l’empêcher de dormir ; un risque lié à la durée de la crise épileptique. La plupart des crises durent spontanément moins de cinq minutes. Les travaux de Shlomo Shinnar ont établi, à l’aide d’une modélisation mathématique, que seules les crises de plus de octobre 2008 page 353 cinq minutes risquaient de se prolonger [11]. De plus, aucune donnée ne suggère que les crises épileptiques de courte durée puissent avoir des conséquences sur le cerveau. Il ne faut donc pas traiter une crise de moins de cinq minutes. Par contre, une crise de plus de cinq minutes a une probabilité élevée de durer environ une demi-heure. Dans ce cas, il faut, si possible, administrer une benzodiazépine et avoir un avis médical. En fonction de l’âge de l’enfant, on peut Médecine & enfance proposer du diazépam (0,5 mg/kg sans dépasser 10 mg) à administrer par voie intrarectale en cas de crise de plus de cinq minutes. A partir d’un certain âge, la voie intrarectale semble difficile à conseiller. C’est au praticien d’apprécier, en fonction de chaque patient et de sa famille, si cette prescription reste « acceptable ». Si la crise persiste malgré le diazépam, il faut appeler des secours par le 15, afin que la situation soit médicalement évaluée. Références JOFFE M., LEGIDO A. : « The role of routine serum laboratory tests in children presenting to the emergency department with unprovoked seizures », Clin. Pediatr. (Phila), 2003 ; 42 : 511-7. [5] ENGEL J. Jr : « A proposed diagnostic scheme for people with epileptic seizures and with epilepsy : report of the ILAE Task Force on Classification and Terminology », Epilepsia, 2001 ; 42 : 796-803. [6] KING M., NEWTON M., JACKSON G., FITT G., MITCHELL L., SILVAPULLE M., BERKOVIC S.F. : « Epileptology of the first-seizure presentation : a clinical, electroencephalographic, and magnetic resonnance imaging study of 300 consecutive patients », Lancet, 1998 ; 352 : 1007-11. [7] « Proposal for revised clinical and electroencephalographic classification of epileptic seizures. From the Commission on Classification and Terminology of the International League Against Epilepsy », Epilepsia, 1981 ; 22 : 489-501. [8] CAVAZZUTI G.B., CAPPELLA L., NALIN A. : « Longitudinal study of epileptiform EEG patterns in normal children », Epilepsia, 1980 ; 21 : 43-55. [9] SHARMA S., RIVIELLO J.J., HARPER M.B., BASKIN M.N. : « The role of emergent neuroimaging in children with new-onset afebrile seizures », Pediatrics, 2003 ; 111 : 1-5. [10] WARDEN C.R., BROWNSTEIN D.R., DEL BECCARO M.A. : « Predictors of abnormal findings of computed tomography of the head in pediatric patients presenting with seizures », Ann. Emerg. Med., 1997 ; 29 : 518-23. [11] SHINNAR S., BERG A.T., MOSHE S.L., SHINNAR R. : « How long do new-onset seizures in children last ? », Ann. Neurol., 2001 ; 49 : 659-64. [1] HAMIWKA L.D., SINGH N., NIOSI J., WIRRELL E.C. : « Diagnostic inaccuracy in children referred with “first seizure” : role for a first seizure clinic », Epilepsia, 2007 ; 48 : 1062-6. [2] BAUMER J.H., DAVID T.J., VALENTINE S.J., ROBERTS J.E., HUGHES B.R. : « Many parents think their child is dying when having a first febrile convulsion », Dev. Med. Child. Neurol., 1981 ; 23 : 462-4. [3] VAN STUIJVENBERG M., DE VOS S., TJIANG G.C., STEYERBERG E.W., DERKSEN-LUBSEN G., MOLL H.A. : « Parents’ fear regarding fever and febrile seizures », Acta Paediatr., 1999 ; 88 : 618-22. [4] VALENCIA I., SKLAR E., BLANCO F., LIPSKY C., PRADELL L., octobre 2008 page 354