non épileptiques, c’est souvent la sé-
quence clinique des symptômes qui per-
met de faire le diagnostic. Il faut donc
retracer précisément la chronologie des
événements. Les manifestations pa-
roxystiques non épileptiques de l’enfant
s’analysent en fonction de l’âge de sur-
venue, de leur relation avec le sommeil
et bien entendu selon les symptômes
observés
(tableau I)
. Les événements les
plus fréquents sont les terreurs noc-
turnes, les syncopes, les myoclonies
d’endormissement et les rythmies d’en-
dormissements.
CAS D’UNE PREMIÈRE
CRISE ÉPILEPTIQUE
FÉBRILE
Lors d’une crise épileptique concomitan-
te à de la fièvre, il faut avant tout élimi-
ner les crises épileptiques occasionnelles
associées à de la fièvre
(tableau II)
avant
de parler de convulsions fébriles (CF).
Les convulsions fébriles sont des crises
épileptiques survenant le plus souvent
chez un enfant de six mois à cinq ans,
associées à de la fièvre, sans signe d’in-
fection intracrânienne ou d’autres
causes définies.
Les données de l’examen clinique per-
mettent de faire la différence entre CF
et crises épileptiques secondaires à une
encéphalite ou à une méningite… Au
moindre doute, ou lorsque la CF présen-
te des critères de complexité, il faut réa-
liser les investigations paracliniques
adéquates (PL, imagerie cérébrale).
Toute CF brachiofaciale survenant chez
un nourrisson doit faire craindre une
encéphalite à réplication virale, en par-
ticulier une encéphalite herpétique.
Dans ce cas, il s’agit d’une urgence dia-
gnostique et thérapeutique, et tout doit
être mis en œuvre pour réaliser les in-
vestigations (PL, imagerie, EEG…) et
débuter le traitement (aciclovir et trai-
tement symptomatique).
Lorsque le diagnostic de CF est retenu,
il faut évaluer les caractéristiques de
l’épisode afin de le classer en CF simple
ou CF complexe
(tableau III)
. Cinq critères
font suspecter une CF complexe :
l’âge de survenue avant un an ;
la durée de l’épisode et le nombre
d’épisodes sur le nycthémère ;
le caractère partiel de la CF ;
la présence d’anomalies à l’examen
neurologique postcritique ;
la présence d’antécédents neurolo-
giques.
Cependant, tous ces critères n’ont pas la
même signification :
les antécédents familiaux et la répéti-
tion dans la même journée augmentent
le risque de récurrence ;
en revanche, les crises prolongées
et/ou le déficit neurologique postcri-
tique sont des signes de gravité, car ils
augmentent le risque d’épilepsie ulté-
rieure et de déficit durable ;
la survenue avant un an constitue un
risque de récurrence et de gravité.
En l’absence de critères pour un épisode
de CF compliquée, on parle de CF
simple. Par extension, ces critères gui-
dent souvent la conduite à tenir. En cas
de CF compliquée, un avis neurologique
et éventuellement des examens paracli-
niques seront à réaliser.
La survenue d’une CF simple n’inquiète
plus les praticiens, à juste titre, mais les
parents ont toujours grand besoin d’être
écoutés et rassurés. La plupart des pa-
rents d’enfants qui ont présenté des CF
ont cru que leur enfant allait mourir
[2]
.
Cela induit une angoisse profonde, qui
s’exacerbe lors de l’apparition de fièvre.
Une information complète et transparen-
te permet de réduire cette angoisse
[3]
(voir la fiche de conseils à remettre aux
parents page 356).
ÉLIMINER UNE CRISE
OCCASIONNELLE
Après avoir éliminé un événement pa-
roxystique non épileptique, la dé-
marche se poursuit à la recherche d’ar-
guments pour une crise épileptique oc-
casionnelle
(tableau II)
.
Une crise épileptique occasionnelle est
une crise d’épilepsie secondaire à une
condition occasionnelle (comme un
désordre électrolytique, une lésion céré-
brale aiguë, etc.) et qui n’est pas en rap-
port avec une épilepsie ou le début
d’une épilepsie. Nous avons déjà abordé
la question des crises épileptiques occa-
sionnelles survenant en contexte fébri-
le. Certaines de ces crises occasion-
nelles peuvent avoir une cause grave et
potentiellement curable
(tableau II)
.
L’examen clinique minutieux est fonda-
mental. L’ensemble des étiologies des
crises épileptiques doit être éliminé.
Dans le cas où une crise de cause occa-
sionnelle est fortement suspectée, il
faudra mener les examens permettant
d’infirmer ou d’affirmer le diagnostic.
Le tableau II présente une liste non ex-
haustive d’étiologies de crises épilep-
tiques occasionnelles.
Les études ayant évalué l’apport dia-
gnostique d’un bilan biologique systé-
matique comprenant une glycémie et
un ionogramme montrent que les ano-
malies biologiques observées étaient
toujours associées à des éléments cli-
niques évocateurs. En cas de troubles
ioniques, les crises épileptiques sont le
plus souvent prolongées et/ou répéti-
tives. La prescription d’examens biolo-
giques ne semble avoir de rendement
diagnostique que dans trois situations :
contexte de fièvre ; crise épileptique
prolongée ; présence d’éléments pou-
vant être à l’origine d’un trouble élec-
trolytique, comme des vomissements,
l’absorption d’eau pure dans un but de
réhydratation, une anorexie, des signes
Médecine
& enfance
octobre 2008
page 350
Tableau I
Evénements paroxystiques non
épileptiques de l’enfant les plus
fréquents
Pendant le sommeil :
myoclonies d’endormissement
rythmies d’endormissement
cauchemars
terreurs nocturnes
autres parasomnies
En dehors du sommeil :
myoclonus bénin du nourrisson
spasmes du sanglot
syncopes
tics
origine psychogène
simulation
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