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n’est pas absolument spécifique.
Par contre, en raison des difficultés à cultiver les agents
responsables surtout des pneumonies atypiques, tels que
Legionella pneumophila, Chlamydia pneumoniae, Mycoplasma pneu-
moniae, Chlamydia psittaci
et
Coxiella burnetii
, ou la détection
des virus respiratoires, le diagnostic moléculaire s’est déve-
loppé de manière drastique et de nombreuses études ont
été effectuées.13,14 La PCR en temps réel est en général la
méthode la plus sensible et la plus rapide donnant un ré-
sultat en moins de 24 heures. La valeur prédictive négative
de ces tests est généralement excellente et peut (si ces ré-
sultats sont rapi des) réduire la consommation inutile d’anti-
biotiques prescrits empiriquement.15,16
Un autre domaine où le diagnostic moléculaire est très
utile est le diagnostic de la tuberculose. En effet,
Mycobac-
terium tuberculosis
, en raison de sa croissance lente et de sa
nature pauci-bactérienne, est difficile à mettre en évidence
par culture. Il nécessite des milieux particuliers et huit se-
maines de culture avant de considérer que cette dernière
est négative. Les PCR ont raccourci de manière très im-
portante ce diagnostic, permettant, grâce à des systèmes
miniaturisés comme le GeneXpert, de savoir en moins de
2 heures s’il y a ou non de l’ADN de
M. tuberculosis
dans un
prélèvement et s’il existe une possible résistance à la rifam-
picine.17,18
Finalement, lorsqu’aucun germe n’a été documenté par
les approches de biologie moléculaire et de culture classi-
ques, la PCR eubactérienne à large spectre peut être effec-
tuée sur des prélèvements normalement stériles tels que
le liquide pleural ou des biopsies pulmonaires. Cette PCR
peut détecter la plupart des bactéries grâce à la conserva-
tion de la cible de cette PCR, le gène codant pour la sous-
unité 16S de l’ARN ribosomal. Elle n’est pas appliquée aux
autres prélèvements respiratoires.10
Sérologie
La sérologie est peu utilisée pour le diagnostic de la
pneumonie en raison de l’élévation retardée des anticorps,
qui ne permet généralement qu’un diagnostic rétrospectif
sur le sérum du patient convalescent. De plus, la spécificité
de la sérologie est souvent imparfaite en raison de réactions
croisées, notamment à IgM entre divers agents.
conclusion
Le diagnostic microbiologique est particulièrement utile
au clinicien afin d’adapter l’antibiothérapie au vu de la grande
variété d’agents de pneumonie. Le diagnostic étiologique
repose sur l’examen de Gram, la culture, la PCR et la séro-
logie, et ces approches ont toutes des avantages et des li-
mites qui méritent d’être connues du praticien afin de faci-
liter l’interprétation des résultats. De plus, les résultats ob-
tenus doivent toujours être confrontés au tableau clinique
puisque la présence de certains germes dans les expecto-
rations peut n’être que le reflet d’une colonisation.
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Les auteurs n’ont déclaré aucun conflit d’intérêts en relation avec
cet article.
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J Clin Microbiol 2013;51:2396-9.
* à lire
** à lire absolument
Bibliographie
Implications pratiques
Les agents les plus fréquents de la pneumonie communautaire
bactérienne sont le pneumocoque (Streptococcus pneumoniae)
et l’Haemophilus influenzae. Une culture est nécessaire pour
mettre en évidence ces agents pathogènes
Par contre, du fait des difficultés pour cultiver les agents
responsables des pneumonies dites «atypiques», la mise en
évidence de Mycoplasma pneumoniae, Chlamydia pneumoniae,
Chlamydia psittaci, Coxiella burnetii et Legionella pneumophila
se fait par biologie moléculaire
La place des panels moléculaires, pour effectuer un diag nostic
syndromique, reste encore à définir
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