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La prise en charge des
infections respiratoires
Avoir les bons outils cliniques
Karl Weiss, MD, MSc, FRCPC
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Présenté dans le cadre de la conférence : Mise à jour en pneumologie, Université
de Montréal, décembre 2005
Le Dr Weiss est professeur agrégé de
clinique à l’Université de Montréal et
professeur associé de médecine à
l’Université McGill.
Les infections
respiratoires
(sinusite, bronchite,
pneumonie) constituent
une des premières
causes de consultations
pour les médecins de
première ligne.
Les infections respiratoires (sinusite, bron-
chite, pneumonie) constituent une des
premières causes de consultations pour les
omnipraticiens. C’est aussi, en terme d’impor-
tance, la première cause de prescription d’un
antibiotique à l’extérieur du milieu hospitalier,
ce qui peut avoir des conséquences importantes
sur la sensibilité des pathogènes aux différentes
classes d’antibiotiques.
D’un point de vue pratique, plusieurs ques-
tions-clé ne sont pas claires pour les médecins
oeuvrant en pratique privée. Quels outils clini-
ques sont les plus utiles pour prendre en charge
une exacerbation aiguë de bronchite chronique
ou une pneumonie?
Lexacerbation aiguë de
la bronchite chronique
Quels symptômes
doit-on rechercher dans
les exacerbations aiguës
de bronchite chronique?
Trois critères, encore appelés critères
d’Anthonisen, ont été démontrés comme ayant
une valeur clinique pour déterminer la présence
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d’un épisode d’exacerbation :
la présence d’une dyspnée augmentée;
une augmentation de la purulence des
expectorations;
une augmentation de la quantité des
expectorations.
La présence d’au moins deux de ces
critères est une indication pour débuter une
antibiothérapie. Il est important de noter que la
fvre est rarement présente dans une simple
exacerbation.
Quels sont les micro-
organismes causant une
exacerbation aiguë?
Le type de micro-organismes rencontré
dépendra principalement de la condition de
base du patient, ici déterminée par son VEMS
(volume expiratoire maximum seconde)
évalué à l’état stable. De façon générale, les
bactéries, telles que Hemophilus influenzæ,
Moraxella catarrhalis et, plus rarement,
Streptococcus pneumoniæ, vont surtout se
retrouver chez les patients ayant un VEMS
supérieur à 50 % de la valeur prédite. Par la
suite, la règle de base est que plus leVEMS est
bas, plus la proportion de bactéries Gram
négatif augmente.
Pourquoi est-il
important dadministrer
la bonne classe
d’antibiotiques?
Plusieurs études ont démontré que la prescrip-
tion de la classe dantibiotiques la plus appro-
priée selon les circonstances a un effet sur la
durée libre de maladie entre deux épisodes, sur
l’éradication bacrienne et sur le ct global du
traitement. Cela est d’autant plus important si la
maladie primaire est avane ou grave.
Comment classifie-t-on
les différents types de
bronchite chronique et
quels antibiotiques
administrer?
Les dernières lignes directrices canadiennes
ont divisé les patients en trois groupes (qua-
tre si la bronchite aiguë est incluse). Notre
choix de l’antibiothérapie se fait au moyen
d’une stratification rationnelle des patients
selon :
la gravité de la maladie (telle que déterminée
par l’étude de la fonction respiratoire);
la fréquence des exacerbations;
l’âge;
la présence de maladies comorbides;
l’utilisation d’oxygénothérapie au long
cours et ou de corticostéroïdes oraux;
la prise d’antibiotiques dans les trois mois
précédents.
Le tableau 1 (page 88) résume les diffé-
rentes indications d’antibiothérapie.
La pneumonie
communautaire
Quelle est
l’épidémiologie de la
pneumonie
communautaire?
L’épidémiologie microbienne de la pneu-
monie communautaire acquise est complexe
et peut varier selon :
les saisons;
l’âge du patient;
les conditions biopsychosociales dans
lesquelles évolue le patient;
la présence de facteurs modulants, tels les
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comorbidités, la prise antérieure d’antibio-
tiques ou le lieu de résidence (domicile,
centre d’accueil, etc.).
Il est impossible de prédire avec exacti-
tude l’étiologie de la pneumonie en fonction
des symptômes et des signes cliniques. Il
faut aussi souligner que l’on ne peut identi-
fier un agent étiologique que dans 50 % des
cas. Le Streptococcus pneumoniae demeure
la bactérie prédominante, car elle est
impliquée dans 12 à 42 % des cas. De plus,
70 % de la mortalité associée à la pneumonie
lui est attribuée.
Les autres micro-organismes impliqués
sont principalement le Mycoplasma pneu-
moniæ (6 à 26 %), la Chlamydia pneumoniæ
(3 à 15 %), l’Hæmophilus influenzæ (2 à 12
%), les bactéries Gram négatif (1 à 7 %), le
Staphylococcus aureus (1 à 5 %) et le
Legionella pneumophila (0,5 à 7,5 %). Les
virus sont impliqués dans près de 25 % des
cas. Par ailleurs, 5 à 15 % des cas présentent
une étiologie impliquant plusieurs patho-
gènes.
Quel est le seul examen
utile pour la prise en
charge dune pneumonie
dans un contexte de
clinique externe?
La radiographie pulmonaire est le seul examen
utile dans un contexte ambulatoire, puisque, par
définition, une pneumonie affiche sur la radio-
graphie des symptômes respiratoires associés à
un infiltrat de novo. Il est également suggéré
d’effectuer une radiographie de contrôle six
semaines après la fin du traitement antibiotique
chez les patients plus à risque (patient de plus de
40 ans, fumeur, ex-fumeur, etc.).
Comment peut-on
évaluer la gravité dune
pneumonie?
Plusieurs règles permettent d’évaluer le
risque de complications de la maladie. Le
score PSI (Pneumonia Severity Index), ini-
tialement développé pour évaluer la morta-
lité, est très utile. Un autre score, le
CURB_65 (basé sur la présence de quatre
facteurs clés), est également très facile
d’utilisation. Il est important de se rappeler
que la tachypnée supérieure à 30 par minutes
est le symptôme le plus important à
rechercher.
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Les infections respiratoires
Bibliographie
1. Balter MS, La Forge J, Low DE, et coll: Canadian
guidelines for the management of acute
exacerbations of chronic bronchitis: executive
summary. Can Resp Journal, 2003; 10(5):248-58.
2. Fine MJ, Auble TE, Yealy DM, et coll: A prediction rule
to identify low-risk patients with community-acquired
pneumonia. NEJM 1997; 336:243-50.
3. Lim WS, van der Eerden MM, Laing R, et coll: Defining
community acquired pneumonia severity on
presentation to hospital: an international derivation
and validation study. Thorax, 2003; 58:377-82.
4. Mandell LA, Marrie TJ, Grossman RF, et coll:
Canadian guidelines for the initial management of
community-acquired pneumonia: an evidence-based
update by the Canadian Infectious Diseases Society
and the Canadian Thoracic Society. The Canadian
Community-Acquired Pneumonia Working Group.
Clinical Infectious diseases, 2000; 31:383-421.
Sitographie
1. Site internet du conseil du médicament du Québec.
Recommandations en terme de traitement
antibiotique.
www.cdm.gouv.qc.ca/site/index.php?fr_publications_
guides_antibiotherapie
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Pour consulter le tableau 1, allez à la
page suivante
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Tableau 1
Indications d’antibiothérapie selon le type de bronchite
Type de bronchite Facteurs de risque Pathogènes
probables
Premier choix
d’antibiotique
Autres choix
d’antibiotique
Trachéobronchite
aiguë
(classe 0)
Aucun Virus Aucun Macrolide si symptômes
> 7 à 10 jours
Bronchite
chronique simple
(classe 1)
MPOC
Tabagisme
50 % < VEMS < 70 %
Haemophilus
influenzae
Haemophilus spp
Moraxella catarrhalis
Streptococcus
pneumoniae
Amoxicilline
Tétracycline
TMP/SMX
Amoxicilline-
clavulanate
Céphalosporine de
2eou 3egénération
Fluoroquinolones
Nouveaux macrolides
(azithromycine,
clarithromycine)
Bronchite chronique
compliquée
(classe 2)
VEMS < 50 %
> 4 exacerbations/an
Âge > 65 ans
Comorbidi
significative
(insuffisance
cardiaque)
Oxygénothérapie
Corticothérapie orale
chronique
Antibiothérapie dans
les 3 mois préalables
Comme pour la
classe 1, en plus de :
Klebsiella spp et
autres bactéries
Gram négatif
probabilité plus
grande d’une
résistance aux
ß-lactamines
Amoxicilline-
clavulanate
Céphalosporine de
2eou 3egénération
(céfuroxime,
cefprozil, céfixime)
Fluoroquinolones
Nouveaux
macrolides
(azithromycine,
clarithromycine)
Peut nécessiter une
thérapie parentérale
Bronchite chronique
suppurative
(classe 3)
Bronchiectasies
VEMS < 35 %
Comme pour la
classe 2, en plus de :
Pseudomonas
aeruginosa
Entérobactéries
multirésistantes
Ciprofloxacine
Hospitalisation :
traitement parenral
possiblement requis
NB : L’ordre attribué aux antibiotiques est exclusivement alphabétique et ne relève pas d’un choix préférentiel.
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