Actualités tualités La copeptine marqueur de la sécrétion vasopressinergique

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Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (XII), n° 1, janvier-février 2008
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La copeptine marqueur de la
sécrétion vasopressinergique
L’hormone antidiurétique sécrétée par
les noyaux supra-optiques et paraven-
triculaires de l’hypothalamus agit sur
le tubule rénal et favorise la rétention
hydrique. Son déficit sécrétoire ou
fonctionnel est responsable d’un diabète
insipide. Son excès, qui se traduit par
une hyponatrémie de dilution, a été
notamment impliqué dans la pathogénie
de certaines cardiopathies. En pratique
clinique, la détermination des taux plas-
matiques d’hormone antidiurétique, qui
est potentiellement d’intérêt, est limitée
par de nombreux facteurs. L’arginine-
vasopressine est instable dans le plasma
même conservé à – 20 °C. Elle circule
majoritairement liée aux plaquettes,
liaison pouvant être modifiée en fonc-
tion des conditions de conservation du
prélèvement. Enfin, sa petite taille ne
permet pas d’utiliser des dosages de type
“sandwich”. L’ensemble de ces facteurs
limite la pertinence de l’information
apportée par les dosages de vasopres-
sine, notamment dans l’enquête étiolo-
gique des hyponatrémies ou des diabètes
insipides. L’hormone est synthétisée
au sein d’un précurseur de haut poids
moléculaire dont le processing aboutit à
la libération d’un peptide signal, de l’ar-
ginine-vasopressine, de la neurophysine
de type II et enfin de la copeptine qui
correspond au fragment C-terminal du
précurseur. La copeptine est un peptide
glycosylé de 39 amino-acides, colibéré
dans le plasma avec l’arginine-vaso-
pressine et d’une remarquable stabi-
lité. Sans effet biologique démontré, la
copeptine s’avère en revanche, tout à
fait intéressante comme marqueur. En
effet, ses taux plasmatiques varient dans
le même sens que ceux de l’arginine-
vasopressine en fonction des conditions
physiologiques. G. Szinnai et al. ont
clairement montré chez le témoin sain
que les taux plasmatiques de copeptine
évoluaient de manière similaire à l’hor-
mone antidiurétique lors de tests aussi
variés que la restriction hydrique, la
perfusion de soluté salé hypertonique,
la charge hydrique associée à une injec-
tion intraveineuse de desmopressine. La
mesure des taux plasmatiques de copep-
tine pourrait donc servir de marqueur
informatif et pertinent et se substituer à
celle des taux plasmatiques d’arginine-
vasopressine en pratique clinique.
J.M. Kuhn,
service d’endocrinologie,
diabète et maladies métaboliques,
CHU de Rouen.
Szinnai G et al. J Clin Endocrinol Metab
2007;92:3973-8.
Fréquence
de l’adénome hypophysaire
incidentellement découvert
L’imagerie moderne amène de plus en
plus souvent à découvrir des lésions
anatomiques inattendues, les inciden-
talomes. Les endocrinologues sont
désormais régulièrement confrontés à
préciser la nature et la fonctionnalité
d’images retrouvées au sein des glandes
endocrines. Les plus classiques sont
les nodules thyroïdiens, qui tiennent
la palme d’or, car il est possible de les
retrouver via l’échographie chez plus
de 25 % de la population et les inci-
dentalomes surrénaliens de plus en
plus fréquemment mis en évidence sur
une imagerie abdominale réalisée pour
une autre raison. L’hypophyse, qui est
habituellement visualisée sur des IRM
encéphaliques effectuées pour des
motifs non endocriniens, peut égale-
ment être le siège d’incidentalome.
L’étude rétrospective de M.W. Vernooij
a évalué la fréquence et la nature des
incidentalomes observés sur des IRM
encéphaliques dans la population géné-
rale. Les résultats des IRM réalisées
chez 2 000 patients ont pu être analysés
dans une population néerlandaise âgée
de 45 à 97 ans. Les anomalies le plus
souvent retrouvées étaient des infarctus
cérébraux (7,2 %). Chez 31 patients a
été identifiée une lésion encéphalique
tumorale bénigne. Dans six cas, il
s’agissait d’un adénome hypophysaire.
Sur cette importante série de patients,
un incidentalome hypophysaire a été
observé dans 0,3 % des cas. Cette étude
donne donc une évaluation assez précise
de la fréquence de ces adénomes hypo-
physaires asymptomatiques au sein de la
population générale et de leur place au
sein des incidentalomes intracraniaux
bénins.
J.M. Kuhn
Vernooij MW et al. N Engl J Med 2007;357:1821-8.
Une limite aux effets
bénéfiques des statines
Les effets bénéfiques des statines en
termes de prévention de la morbidité et
de la mortalité cardiovasculaires sont
désormais bien établis. Au sein de leurs
effets pléïotropes, interviennent une
action anti-inflammatoire et une amélio-
ration de la fonction endothéliale. Le
groupe CORONA a évalué chez plus de
5 000 patients âgés de plus de 60 ans et
atteints d’une insuffisance cardiaque, si
la prescription de rosuvastatine permet-
tait d’obtenir une réduction des acci-
dents coronariens et des décès, quelle
qu’en soit la cause. Ces patients ont reçu
soit 10 mg de rosuvastatine par jour, soit
un placebo. L’étude, qui a duré 36 mois,
a évalué la morbidité et la mortalité,
notamment cardiovasculaire, les effets
métaboliques et les effets indésirables
dans chacun des deux groupes.
Cette étude est intéressante à la fois
par le nombre de patients suivis et par
leurs caractéristiques tout à fait parti-
culières. Il s’agit en effet de patients
âgés de plus de 60 ans et atteints d’une
insuffisance cardiaque systolique
(NYHA II à IV) de nature ischémique.
La fraction d’éjection n’était pas supé-
rieure à 40 %. Il s’agit d’une catégorie
de patients rarement étudiée dans ce
type d’essai thérapeutique. Les résul-
tats s’opposent à ce qu’il est courant
d’observer dans les essais utilisant
les statines dans des populations plus
jeunes à risque coronarien. La rosu-
vastatine ne réduit pas le nombre de
décès quelle qu’en soit la cause. A
contrario, le nombre d’hospitalisations
pour évènements cardiovasculaires est
significativement réduit et cela sans
induction d’effets indésirables gênants.
Si on peut supposer que la prescription
de rosuvastatine dans cette population
Coordination : Estelle Louiset (Rouen)
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puisse avoir un impact sur la qualité
de vie des patients et une répercussion
économique par réduction des hospita-
lisations, l’intérêt individuel réel de ce
type de prescription chez des patients
déjà polymédicamentés apparaît loin
d’être évident.
J.M. Kuhn
Kjekshus J et al. N Engl J Med 2007;357:2248-61.
Effets d’une supplémentation
en FOS et GOS durant la
grossesse sur la flore digestive
néonatale et sur l’immunité
On sait que les galacto-oligosaccharides
(GOS) et les fructo-oligosaccharides
(FOS) à longue chaîne favorisent l’im-
plantation d’une flore bifidogène dans
l’intestin du nouveau-né. Cependant, on
ne sait pas s’ils peuvent modifier la flore
intestinale chez la femme enceinte et si
ceci peut être transféré au nouveau-né.
Dans une étude randomisée contre
placebo, 48 femmes enceintes ont reçu,
au troisième trimestre de leur grossesse,
3 fois par jour 3 g de GOS et de FOS à
longue chaîne dans un rapport 9/1, ou
un placebo (maltodextrine). La propor-
tion de bifidobactéries était significa-
tivement plus élevée dans l’intestin
maternel des femmes supplémentées.
Chez les nouveau-nés, il n’y avait pas
de différence en termes de flore intes-
tinale à 5, 20 ou 182 jours après la
naissance, ou de paramètres immuni-
taires mesurés dans le sang du cordon.
L’index de similarité mère/enfant des
bifidobactéries (déterminé par PCR)
décroît avec le temps. Ainsi, le bénéfice
des prébiotiques chez la mère ne semble
pas être transmis à l’enfant. On sait que
le lait maternel est lui-même source de
prébiotiques susceptibles d’influer sur
la flore bifidogène et l’immunité du
nouveau-né.
J.M. Lecerf,
service de nutrition, Institut Pasteur, Lille.
Shahid. Am J Clin Nutr 2007;86:1426-37.
Dernières avancées
du pied diabétique
L’ulcère du pied atteint 10 à 25 % des
patients diabétiques. Une large majorité
des ulcères évolue vers une infection de
la peau qui peut se propager aux tissus
plus profonds jusqu’aux structures
ostéo-articulaires. Les complications
du pied diabétique peuvent conduire à
l’amputation d’un orteil ou du pied.
Le but de l’étude de D.G. Armstrong
et al. était d’évaluer l’effet du contrôle
de la température sur l’incidence de
l’ulcère du pied. Dans cette étude,
225 patients diabétiques bénéficiant de
chaussures adaptées pour le pied diabé-
tique et d’une surveillance quotidienne
ont été repartis en deux groupes et suivis
pendant 18 mois. L’un des groupes a
fait l’objet de deux mesures par jour
de la température cutanée en six points
distincts des pieds. Une différence de
température supérieure à 4 °F enregis-
trée entre les deux pieds était suivie
d’un soin infirmier et d’un repos visant
à rétablir l’équilibre thermique. Au
total, 19 patients (8,4 %) ont présenté
un ulcère du pied durant l’étude, parmi
lesquels on compte seulement un tiers
de sujets sous surveillance thermique.
De plus, les malades qui ont développé
un ulcère du pied avaient présenté une
différence de température 4,8 fois supé-
rieure à celle mesurée chez les autres
patients durant la semaine précédant
l’apparition de la lésion cutanée. Cette
étude révèle que l’augmentation de
la température de la peau est un signe
prédictif d’apparition d’un ulcère et que
le contrôle individuel de la température
cutanée permet de réduire le risque d’ul-
cération.
Le staphylocoque doré est l’agent
infectieux le plus virulent rencontré
dans l’infection du pied diabétique. Le
traitement antibiotique des infections
repose fréquemment sur une pres-
cription probabiliste à spectre plus ou
moins large selon la sévérité de l’at-
teinte des tissus. À l’inverse, l’utilisa-
tion abusive d’antibiotiques favorise
le développement de la résistance des
bactéries aux antibiotiques. L’identifi-
cation précoce de la souche bactérienne
responsable d’une infection permet-
trait de mettre en place rapidement
une antibiothérapie ciblée et rédui-
rait le risque d’amputation. L’équipe
de A. Sotto et al., de l’université de
Nîmes, a évalué l’utilisation de puces
à ADN pour réaliser le génotypage
des souches de staphylocoque aureus
prélevées chez 72 patients diabétiques
hospitalisés pour un ulcère du pied et
n’ayant pas reçu d’antibiotique depuis
plus de 6 mois. Cette approche permet
de détecter la présence de séquences
codant différentes toxines bactériennes
et de gènes de résistance à des antibioti-
ques dans le génome des bactéries. Les
auteurs rapportent l’identification de
85 souches de staphylocoques, dont 37
(43,5 %) étaient résistantes à la méthicil-
line. Cette étude démontre que la tech-
nique de biopuce constitue une méthode
rapide et performante d’analyse de
souches de staphylocoques prélevées
dans des lésions du pied diabétique.
La simplicité et la rapidité de l’analyse
génomique rendent possible son utili-
sation dans les laboratoires de micro-
biologie. La détermination précoce de
la sensibilité d’une souche bactérienne
permet de mettre en œuvre une anti-
biothérapie adéquate. Les chercheurs
tentent actuellement d’adapter cette
technique de puces à ADN à l’analyse
d’autres souches bactériennes respon-
sables d’infections du pied diabétique,
telles que les streptocoques, Pseudo-
monas et entérobactéries. Ces deux
études ouvrent de nouvelles perspec-
tives dans la prévention des ulcères et
le diagnostic des infections, pouvant
représenter des avancées dans la prise
en charge du pied diabétique.
E. Louiset,
laboratoire de neuroendocrinologie
cellulaire et moléculaire,
unité Inserm 413, Rouen.
Armstrong DG et al. Am J Med 2007;120:1042-6.
Sotto A et al. Diabetes Care 2007;30:2051-6.
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