Contribution à la recherche de mycoendophytes foliaires chez PistaciaatlanticaDesf. dedayate Saadi (HassiDelâa, Laghouat, Algérie) SMAIL-SAADOUN Noria, ZAREB Amina, LEHADI Lila, REZKI-SEKHI Leila Laboratoire Ressources Naturelles, Université Mouloud Mammeri, TiziOuzou, Algérie [email protected] Résumé Les champignons endophytes sont des microorganismes qui vivent à l’intérieur des plantes. Cette association a une grande importance dans la nature, elle permet à la plante hôte de se protéger contre les agents pathogènes, les herbivores,mais aussi contre la sécheresse. Pistacia atlantica Desf. (pistachier de l’Atlas) est une espèce caractéristique des régions arides et semi-arides. L’objectif du travail effectué a été la recherche de différents mycoendophytes présents au niveau des feuilles de cette essence dans la région de Laghouat et plus exactement à dayate Saadi, Hassi Delâa, par une coloration et une observation au microscope photonique. Les résultats obtenus ont montré la présence de ces champignons aux niveaux inter et intracellulaire. Cette colonisation est signalée dans tous les compartiments de la feuille (épiderme, stomates, poils glandulaires, parenchyme et nervures). Ces champignons endophytes apparaissent avec des formes et des couleurs différentes. Mots clés : Pistacia atlantica Desf., mycoendophytes, feuille, Laghouat, Algérie. Introduction Les végétaux développent au cours de leur évolution différentes stratégies adaptatives pour maintenir leur survie et leur reproduction. Ces dernières portent sur l’ensemble de l’appareil végétatif de la plante et spécialement sur la feuille, l’organe le plus exposé aux variations des facteurs environnementaux. Notre intérêt dans ce travail s’est porté sur la recherche de mycoendophytes au niveau des feuilles de la seule essence arborée de la steppe aride : le pistachier de l’Atlas. Ces champignons endophytes jouent un rôle bénéfique auprès de ces arbres pour l’amélioration de la protection contre les maladies et les insectes. Ils sont aussi susceptibles de renforcer la tolérance des végétaux à des stress environnementaux (sécheresse, forte variation, forte température, forte salinité...), à des phytopathogènes ou à des herbivores et contribuent par conséquent au maintien de la biodiversité végétale (Bérubé, 2007). Matériel et méthodes Notre travail a concerné les pistachiers de l’Atlas de dayate Saadi à Hassi Delâa, dans la wilaya de Laghouat (Algérie) (Fig. 1). Fig. 1 : localisation du site d’échantillonnage (GoogleEarth, 2014). Faute de données météorologiques pour la daya échantillonnée, nous avons considéré les données de la station de Hassi R’mel (2002-2012).Le diagramme ombrothermique de Bagnouls et Gaussen montre une longue période sèche étalée sur toute l’année. Selon la classification écoclimatique de Le Houérou (1995), la région se situe dans un climat aride inférieur à hiver frais. Les prélèvements de feuilles du pistachier de l’Atlas ont été effectués sur 6 arbres, d’âges et de sexes différents. Les arbres jeunes et moyens sont entourés de Ziziphus lotus. Les feuilles ont été prélevées tout autour de l’arbre et à différentes hauteurs. Les feuilles prélevées sont mises à l’abri de la lumière du soleil pour le séchage. Elles sont ensuite découpées en petits fragments d’environ 1 cm de largeur. Par la suite, nous avons utilisé la technique de coloration de Phillips et Hayman (1970) utilisée habituellement pour la coloration de radicelles mycorhizées. Les feuilles sont montées entre lame et lamelle, et observées au microscope photonique. Des photos sont prises à des grossissements différents. 2 Résultats & discussion Le travail effectué au laboratoire nous a permis de mettre en évidence l’existence d’endophytes foliaires chez le pistachier de l’Atlas de dayate Saadi (Fig. 2). Fig. 2 : vue générale montrant la présence d’endophytes (x40). Les mycoendophytes des feuilles de pistachier de l’Atlas sont présents dans tous les compartiments de la feuille : les trichomes glandulaires, les stomates, les cellules épidermiques et parenchymateuses, et les nervures. L’épiderme des feuilles de pistachier de l’Atlas porte deux types de poils. Certains sont non glandulaires, unicellulaires et transparents. Ils se retrouvent beaucoup plus sur la nervure principale. Ce type de trichome n’est pas présent chez tous les sujets (Fig. 3). Par contre le deuxième type, à savoir les poils glandulaires, sont présents chez tous les sujets. La densité est différente d’un sujet à l’autre. Ils sont pluricellulaires. Ils se colorent en bleu et sont répartis sur toute la surface de la feuille (Fig. 4). Les poils glandulaires qui portent les endophytes sont des poils sécréteurs, par contre les poils non glandulaires qui ne portent pas les endophytes sont protecteurs, sans fonction sécrétrice. Selon Glas et al. (2012), les trichomes glandulaires synthétisent des substances qui assurent à la plante une protection contre les herbivores et les pathogènes. 3 Fig. 3 : poils non glandulaires situés au niveau de bordure de la feuille (x 200). Fig. 4 : poils glandulaires au niveau de l’épiderme inférieur (x 200). 4 La plupart des sujets ont des stomates colorés en bleu (Fig. 5). Ces observations aussi été faites par Zareb (2014) dans son étude sur les endophytes foliaires du pistachier de l’Atlas d’une autre daya de la wilaya de Laghouat : dayateAiat, dans la région de Timzerth. La colonisation de la feuille par des champignons endophytes se fait par les ouvertures des stomates ce qui confirme la présence des champignons endophytes au niveau des stomates (Peixoto-Neto et al., 2002). Fig. 5 : mycoendophytes colorant les stomates en bleu (x 200). Nous avons remarqué que la colonisation de l’épiderme par les champignons endophytes peut être aussi intercellulaire (Fig. 6).Les mycoendophytes sont présents aussi dans les cellules parenchymateuses (Fig. 7), mais aussi dans les nervures (Fig. 8). Des résultats analogues montrant la présence ces derniers au niveau du parenchyme et des faisceaux vasculaires ont été donnés par Bernardi-Wenzel et al. (2010) pour les feuilles de Lueheadivaricata, mais aussi pour celles de Citrus limon qui montrent l’existence des champignons endophytes dans les cellules du parenchyme (Duran et al., 2005). GomezVidal et al. (2006) a déclaré que la colonisation du parenchyme par le champignon endophyte pourrait s’expliquer par la dégradation de l’amidon. 5 Fig. 6 : colonisation intercellulaire de l’épiderme par les mycoendophytes (x 200). Fig. 7 : mycoendophytes dans les cellules du parenchyme (x 400). 6 Fig. 8 : mycoendophytes au niveau des nervures (x 40). Conclusion Notre travail a pour objectif de montrer la présence des mycoendophytes foliaires au niveau de différents sujets de pistachier de l’Atlas de dayate Saadi, Hassi Delâla, Laghouat. Ces derniers ont été recensés dans tous les tissus de la feuille. Nous avons aussi notéque l’âge et le sexe des arbres n’ont pas influencé la présence de champignons endophytes colonisateurs de feuilles. Il est recommandé dans le futur de réaliser des études plus approfondies qui visent principalement à identifier les différents genres de champignons présents, par une mise en culture de fragments de feuilles de cette espèce. Il serait intéressant aussi d’essayer d’approfondir l’interaction mycoendophyte-plante hôte. 7