dans le dépistage et la caractérisation
du strabisme. Si tout ophtalmologiste
(ou pédiatre avec l’habitude) est ca-
pable de mettre en évidence un strabis-
me franc, il est des formes plus difficiles
à objectiver, qui requièrent l’expérience
des orthoptistes et des bilans itératifs.
Tel est le cas des microstrabismes, qui
n’ont aucun retentissement esthétique,
mais sont responsables d’amblyopies
profondes et rebelles à toute rééduca-
tion.
Les orthoptistes vont affirmer le strabis-
me et en préciser les caractéristiques :
direction, valeur de l’angle de déviation
oculaire, caractère alternant
(2)
, éven-
tuelles hyper- ou hypoactions muscu-
laires, possibilités de vision binoculaire
et stéréoscopique. Ce bilan doit être ré-
pété, car tous ces paramètres, notam-
ment la valeur de l’angle de déviation,
peuvent se modifier avec le temps et
constituent des éléments importants
dans le choix d’une stratégie thérapeu-
tique, optique (simples ou doubles
foyers, prismes, etc.) ou chirurgicale.
De plus, les orthoptistes peuvent
conseiller sur la valeur des prismes à
prescrire ou sur le type de geste chirur-
gical à pratiquer. La confiance et l’iden-
tité de conception strabologique au sein
du couple « strabologue-orthoptiste »
sont ainsi essentielles.
La rééducation orthoptique n’a plus sa
place dans la prise en charge des enfants
strabiques. Néanmoins, il peut être né-
cessaire de pratiquer quelques séances
de rééducation en postopératoire pour
renforcer une liaison binoculaire pré-
existante. Enfin, les orthoptistes doivent
surveiller les enfants après traitement
pour évaluer d’éventuelles récidives.
ACTIONS DIAGNOSTIQUES
ET THÉRAPEUTIQUE SUR
LES PHORIES ET INSUFFISANCES
DES VERGENCES
Nous avions évoqué les relations entre
troubles de l’accommodation et anoma-
lies de la convergence
(3)
. Les orthop-
tistes évaluent la valeur d’une hétéro-
phorie existante
(4)
et les capacités de
convergence/divergence. Une hétéro-
phorie importante et/ou une insuffisan-
ce de convergence/divergence à l’origi-
ne de manifestations de fatigue visuelle
(céphalées, irritation oculaire, prurit,
hyperhémie, etc.) nécessitent une prise
en charge. Il en est de même des hétéro-
phories décompensées, aboutissant à
des épisodes de diplopie intermittente à
la fatigue. Ces troubles s’observent à
tout âge mais sont souvent négligés
chez l’enfant.
Ces séances de rééducation, pratiquées
uniquement par les orthoptistes, durent
environ vingt minutes. Il faut noter que
l’orthoptiste doit donner au patient une
demande d’entente préalable pour une
douzaine de séances avant le début de
la rééducation.
AUTRES TROUBLES
OCULOMOTEURS
Face à un nystagmus,
l’orthoptiste déter-
mine, comme pour le strabisme, plu-
sieurs paramètres : orientation, direc-
tion, vitesse, intensité, forme, nystag-
mus latent ou manifeste… Ces éléments
sont plus ou moins difficiles à mettre en
évidence, nécessitant une bonne expé-
rience de l’analyse de l’oculomotricité.
Une rééducation fonctionnelle de la vi-
sion, relevant de la compétence de l’or-
thoptiste, est parfois nécessaire chez les
enfants nystagmiques.
Les paralysies oculomotrices
aboutissent
à une déviation d’un axe oculaire par
rapport à l’autre. L’orthoptiste précise
au mieux le ou les muscles oculo-
moteurs ou nerfs atteints et suit l’évolu-
tion de ce déficit, soit par mesure de
l’angle de déviation à l’aide de prismes,
soit par un relevé (test de Lancaster par
exemple) avant ou après traitement.
Enfin, l’orthoptiste propose à l’ophtal-
mologiste la valeur du prisme à placer
pour supprimer la diplopie induite.
ORTHOPTIE ET ACUITÉ
VISUELLE
RÉFRACTION
Les orthoptistes ont la possibilité de me-
surer la réfraction de leurs patients
mais non de leur prescrire des lunettes.
En pratique libérale, la mesure de la ré-
fraction ne peut donc servir qu’à éva-
luer si un patient devrait porter une cor-
rection optique ou à vérifier l’adéqua-
tion de celle-ci avant d’entreprendre
une prise en charge orthoptique. Les or-
thoptistes ne sont pas non plus autori-
ser à prescrire de collyres, et, par consé-
quent, ne peuvent pas effectuer de ré-
fractions sous cycloplégie, en particulier
chez l’enfant. Les orthoptistes libéraux
doivent donc s’adresser à un ophtalmo-
logiste pour lui demander de vérifier la
réfraction sous cycloplégie en cas
d’échec d’une rééducation de l’amblyo-
pie ou d’une rééducation orthoptique.
Cela peut parfois poser des « problèmes
diplomatiques » quand il existe des di-
vergences sur le choix du cycloplégique
(atropine ou cyclopentolate).
MESURE DE L’ACUITÉ VISUELLE ET
TRAITEMENT DE L’AMBLYOPIE
Les orthoptistes peuvent mesurer l’acui-
té visuelle, soit avant une prise en char-
ge orthoptique, soit sur prescription
médicale. Ainsi, ils peuvent mesurer
(mais non « interpréter ») l’acuité visuel-
le d’un enfant de six à dix-huit mois en-
viron avec des tests de regard préféren-
tiel comme le Bébévision. Mais, il faut
être prudent avec ces tests dont la nor-
malité ne signifie pas l’absence d’am-
blyopie sous-jacente ; leurs résultats ne
sauraient remplacer un avis ophtalmo-
logique.
La rééducation de l’amblyopie nécessite
une surveillance régulière, notamment
lorsqu’une occlusion permanente est
prescrite. Cette surveillance peut être
effectuée par l’orthoptiste, qui réalise
alors une mesure, parfois bihebdoma-
daire, de l’acuité visuelle et renvoie l’en-
fant à l’ophtalmologiste en cas de bas-
cule de l’amblyopie ou d’échec du trai-
tement.
ORTHOPTIE ET EXAMENS
COMPLÉMENTAIRES
TESTS DE LA VISION DU RELIEF
Les orthoptistes ont un rôle important
dans l’étude de la vision binoculaire et
du relief, vision qui nécessite un bon
Médecine
& enfance
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