FICHE technique
Place de l’immunohistochimie
dans le diagnostic des réarrangements
du gène ALK dans les cancers pulmonaires
S. Lantuejoul*, L. Mescam*, P. Lorimier*
Cette fiche technique décrit les indications, les modali-
tés de réalisation pratique et d’interprétation ainsi que
la place dans l’algorithme diagnostique de l’immuno-
histochimie ALK.
GIndications
La FISH reste la technique de référence pour le dia-
gnostic des réarrangements du gène ALK dans les
adénocarcinomes pulmonaires métastatiques EGFR
et K-Ras non mutés. Cependant, pour des raisons
pratiques, les plateformes de génétique moléculaire
des cancers de l’Institut national du cancer (INCa)
réfléchissent à un préscreening par immunohisto-
chimie ; les conditions de réalisation et d’interpré-
tation de cette technique doivent être néanmoins
standardisées, et la place de l’immunohistochimie
dans l’algorithme diagnostique du réarrangement
d’ALK doit être définie et validée.
GModalités pratiques
Différents clones anti-ALK sont actuellement pro-
posés dans le commerce : le clone ALK1 (Dako,
Glostrup, Danemark), le clone 5A4 (Novocastra™,
Leica Biosystems ; Abcam® ; CliniSciences) et le clone
D5F3 (CD246, Cell SignalingTechnology
®
, Danvers,
Massachusetts, États-Unis). Le clone ALK1, utilisé
dans le diagnostic des lymphomes anaplasiques à
grandes cellules ALK+, serait le moins sensible et
responsable d’un bruit de fond. Les clones D5F3 et
5A4 présentent une sensibilité de 92 à 100 % et une
spécificité de 99 % à 100 %(1-6). Les dilutions varient
de 1:25 à 1:100, avec ou sans amplification selon les
automates et les clones ; le démasquage antigénique
se fait de préférence au moyen d’un tampon basique.
Le marquage est modéré à intense(2 ou 3 croix
d’intensité), cytoplasmique diffus, parfois pseudo-
membranaire, et intéresse plus de la moitié des cel-
lules tumorales (figures 1, 2 et 3) ; il est homogène à
la tumeur, mais peut être faible(1 croix d’intensité) et
focal, notamment en cas de sous-fixation ou de fixa-
tion par l’AFA (alcool, formol, acide acétique). Il n’y a
pas de témoin interne positif, si bien qu’un témoin
externe positif est indispensable. Il s’agit idéalement
d’une tumeur pulmonaire ou d’une lignée cellulaire
dont le réarrangement a été prouvé par technique
FISH et/ou RT-PCR.
* Département de patho-
logie, pôle de biologie et
de pathologie, centre hos-
pitalier universitaire Albert-
Michallon ; Inserm U 823,
institut Albert-Bonniot,
université Joseph-Fourier,
Grenoble.
Correspondances en Onco-Théranostic - Vol. I - n° 3 - juillet-août-septembre 2012
I
Figure 1. Marquage positif cytoplasmique diffus
des cellules tumorales avec le clone 5A4.