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Correspondances en Onco-hématologie - Vol. II - n° 1 - janvier-février-mars 2007
Actualités biologiques
les cordons angioblastiques et les îlots sanguins
qui émergent d’une blood band et sont dépourvus
de cellules endothéliales. Cela est particulièrement
bien visible en imagerie 3D, qui démontre dans
la suite du développement l’enrobement pro-
gressif des îlots par l’endothélium. Les cellules
endothéliales primitives isolées du sac vitellin et
de la splanchno-plèvre (mésoderme intraembryon-
naire) para-aortique entretiennent l’expansion de
cellules souches médullaires d’adultes in vitro, ce
qui infère que les cellules endothéliales régulent
effectivement les fonctions des cellules souches
hématopoïétiques. Les progéniteurs endothéliaux
primaires et dénitifs expriment CD41, les premiers
capillaires k-1. La vasculogenèse dépend d’angio-
blastes, précurseurs des cellules endothéliales.
L’angiogenèse est suivie par l’artériogenèse puis la
vasculogenèse postnatale, qui induit la formation
de nouveaux vaisseaux sanguins à partir de cellu-
les endothéliales circulantes. Ce sont des cellules
adhérentes, capables d’ingérer des LDL acétylés,
qui xent la lectine de Ulex europeanus après 4
à 9 jours de culture in vitro dans un milieu spéci-
que. Par des techniques de dilution limite et de
marquage à la protéine verte uorescente (GFP),
il a été montré que ces cellules peuvent donner
divers types de colonies endothéliales avec des
potentiels de croissance variés. Environ 12 % des
cellules endothéliales se divisent au moins une fois
si elles proviennent d’un adulte, alors que ce chiffre
est de près de 50 % si elles sont issues de sang de
cordon. Un tiers des colonies issues de cellules de
sang de cordon comportent plus de 2 000 cellules
et peuvent être repiquées. On parle d’endopoïèse,
du précurseur le plus immature jusqu’à des cellules
matures qui ne se divisent plus. Il existe un certain
turnover à bas bruit des cellules endothéliales, lié
à la présence de cellules présentant des potentiels
de prolifération différents.
On distingue en fait deux types de précurseurs
de cellules endothéliales, les CFU-EC et les ECFC
(endothelial colony forming cells). Les premières
expriment CD14, CD45 et CD115, pas les secondes.
Elles ne possèdent pas d’estérases non spéci-
ques. Les CFU-EC sont seules capables d’ingérer
des bactéries, et prolifèrent peu, à la différence
des ECFC qui ont un fort potentiel de proliféra-
tion et d’autorenouvellement. Les ECFC peuvent
donner naissance à de nouveaux vaisseaux san-
guins exprimant CD31. L’étude de ces deux types
cellulaires à partir de patients présentant une
mutation de Jak2 a permis de mettre en évidence
la mutation dans 100 % des CFU-EC, qui sont donc
effectivement liées au système hématopoïétique,
mais pratiquement jamais dans les ECFC, qui en
seraient donc distinctes. Les CFU-EC seraient des
cellules myéloïdes capables de se transformer
en macrophages angiogéniques, alors que les
ECFC seraient les véritables précurseurs endo-
théliaux. Ces deux types cellulaires sont capables
de collaborer dans la formation des bourgeons
vasculaires. Les ECFC représentent environ 50 %
des cellules endothéliales, mais sont aussi capa-
bles de recirculer. On en trouve environ une par
millilitre dans le sang de cordon.
Les ECFC de sang de cordon induisent in vitro
l’expansion de cellules souches médullaires
CD34+, et contribueraient donc au maintien des
cellules souches hématopoïétiques.
L.Li (Kansas City, États-Unis), retournait à l’héma-
topoïèse, extraembryonnaire dans la membrane
allantoïque et le placenta, mais aussi embryonnaire
avec la séquence mésoderme, splanchno-plèvre
péri-aortique, mésonéphros aorto-gonadique, foie
fœtal, moelle osseuse. Les cellules souches ne
quittent normalement pas la moelle osseuse, elles
le font seulement dans des circonstances de stress.
Elles résident dans un microenvironnement stromal
physiquement limité qui assure l’homéostasie du
nombre de cellules souches. Cette niche est une
structure symétrique formée de cellules spéciali-
sées, bordée par une couche d’ostéoblastes. Les
cellules souches quiescentes sont au contact direct
des ostéoblastes. Les cellules souches actives en
sont plus distantes, au contact de cellules stroma-
les. Au fur et à mesure de la prolifération et de la
différenciation des progéniteurs, les cellules se
rapprochent des vaisseaux sanguins médullai-
res. La niche fonctionne comme un port d’attache
auquel les cellules souches sont physiquement
xées, avec des interactions VCAM/VLA6 et des
liaisons homotypiques du complexe bêta-caténine/
N-cadhérine exprimé par les deux types de cellu-
les. De nombreuses autres interactions régulent
l’autorenouvellement de ces cellules souches :
Jag/Notch, Ang/Tie2, SDF1/CXCR4, SCF/c-Kit.
Les molécules BMP (bone morphogenic protein)
et Wnt (wingless-related MMTV integration site)
exprimées par les ostéoblastes, mais dont le ligand
n’est pas connu, joueraient aussi un rôle important.
Les voies d’activation intracellulaires, via AKT et
mTOR, régulent l’expression de la bêta-caténine
et de la cycline D1. PTEN (phosphatase and ten-
sin homolog) joue un rôle crucial pour maintenir
les cellules souches hématopoïétiques normales
et éliminer les cellules leucémiques, comme le
montrent les modèles murins de PTEN mutés qui
développent des leucémies.