DOSSIER
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La Lettre du Sénologue - n° 19 - janvier/février/mars 2003
L’hormonothérapie en situation néoadjuvante
Ces dernières années, plusieurs études ont démontré les avan-
tages d’un traitement hormonal premier pour les tumeurs mam-
maires volumineuses RH+ en termes de possibilité de conser-
vation mammaire. L’intérêt pour ce traitement a encore été
renforcé en 2001-2002 par l’arrivée des AA de troisième géné-
ration, qui ont démontré leur efficacité dans cette indication. Par
exemple, dans une étude randomisée incluant 324 patientes
ménopausées (3), le létrozole apparaît plus efficace que le
tamoxifène en termes de réponse objective (60 % versus 41 %,
p = 0,001) et de possibilité de conservation mammaire (48 %
versus 36 %, p = 0,02). L’anastrozole a également fait ses
preuves dans cette indication. Enfin, Dixon a rapporté, lors de
l’ASCO 2001, 85 % de réponse clinique chez 13 patientes trai-
tées par l’exémestane pendant trois mois en néoadjuvant.
L’hormonothérapie en situation métastatique
CHEZ LA FEMME NON MÉNOPAUSÉE
L’association tamoxifène et agoniste de la LH-RH est actuel-
lement recommandée en première ligne (4). L’association
agoniste LH-RH et AA est en cours d’évaluation. En
décembre 2002, les premiers résultats d’une étude randomi-
sée comparant l’association agoniste de la LH-RH + anas-
trozole à l’association agoniste de la LH-RH + tamoxifène en
première ligne métastatique ont été rapportés lors du congrès
de sénologie de San Antonio. La nouvelle association permet
l’obtention plus fréquente d’un bénéfice clinique (BC) et
d’une réponse objective (RO) (80 % versus 53 % ; p =
0,0023), et allonge la médiane de survie (18,9 mois versus
14,3 mois). Ces résultats prometteurs restent à confirmer.
CHEZ LA FEMME MÉNOPAUSÉE
Le tamoxifène a longtemps été le traitement de première
intention. Toutefois, la publication, en 2000-2001, de plu-
sieurs études randomisées interroge, voire bouleverse, actuel-
lement nos habitudes thérapeutiques, car celles-ci ont permis
d’obtenir l’AMM aux AA de nouvelle génération en pre-
mière ligne métastatique. Cependant, pour mieux définir la
stratégie thérapeutique en situation métastatique, il est impor-
tant de prendre en compte l’évolution des patientes qui ont
bénéficié du cross-over après échappement à l’hormonothé-
rapie initiale. En ce qui concerne les études anastrozole ver-
sus tamoxifène, l’analyse rétrospective (n = 271) conclut à
une efficacité équivalente du tamoxifène après anastrozole et
vice versa. Pour l’étude létrozole versus tamoxifène, 50 %
des patientes ont participé au cross-over prévu dans le pro-
tocole. Point important, Fémara®apparaîtrait plus efficace
après le tamoxifène que le tamoxifène après Fémara®. Nous
attendons encore les résultats d’une phase III randomisée
comparant l’exémestane au tamoxifène en première ligne
métastatique.
Une autre molécule va, dans les prochains mois, venir enri-
chir notre arsenal thérapeutique chez ces femmes ménopau-
sées. Il s’agit de Faslodex®, un antiestrogène pur. Deux
études de phase III randomisées et publiées l’an dernier l’ont
comparé à l’anastrozole en deuxième ligne métastatique des
cancers du sein après échec du tamoxifène (5, 6). Aucune dif-
férence ne se révèle significative entre les deux molécules,
que ce soit en termes de temps jusqu’à progression (TTP), de
réponse objective (RO) ou de bénéfice clinique (BC). De
plus, Robertson a rapporté, lors de l’ESMO 2002, les résul-
tats préliminaires d’un essai randomisé comparant Faslodex®
au tamoxifène en première ligne métastatique des cancers du
sein. L’antiestrogène pur apparaît tout aussi efficace que le
traitement de référence si l’on considère la population RE
et/ou RP+ en termes de TTP (8,2 versus 8,3 mois), de RO
(33,2 versus 33,1 %) et de BC (57,1 versus 62,7 %). Enfin,
dans toutes ces études, le profil de tolérance de Faslodex®
s’est révélé identique à celui de la molécule de comparaison,
voire meilleur, en particulier sur le plan thromboembolique.
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