revue de presse
Revue de presse
Act. Méd. Int. - Psychiatrie (17) n° 4, avril 2000 108
Les enfants des alcooliques
Tallahasee et Tempe
(Etats-Unis)
Lamaxime bien connue “les
parents boivent, les enfants trinquent” est
sans doute plus que fondée. Des cher-
cheurs de Floride ont mis au point une
méthode expérimentale pour vérifier
comment l’intoxication aiguë des parents
influence leur perception du comporte-
ment de leurs enfants, leurs réactions vis-
à-vis de ces derniers, aussi bien que les
stratégies employées par les parents
pour gérer ces comportements (Lang A.
Pelham W. et coll. Effect of alcohol
intoxication on parenting behavior in
interactions with child confederates
exhibiting normal or deviant behaviors.
J. Abnormal Child Psychology, 1999 ;
27 : 177-89). Tous les parents de l’étude
présentée par A. Lang et ses collabora-
teurs avaient un fils d’âge scolaire, objet
de l’étude ; mais, dans la moitié des cas,
l’enfant objet de l’étude manifestait une
difficulté psychologique diagnostiquée,
tandis que, pour l’autre moitié, ni l’en-
fant ciblé ni aucun autre enfant de la fra-
trie ne présentait de psychopathologie.
Un nombre équivalent de pères, de mères
mariées et de mères célibataires de
chaque groupe a reçu soit une boisson
alcoolisée, soit un breuvage sans alcool,
avant l’enregistrement vidéo de leurs
interactions avec de jeunes garçons com-
plices de l’étude qui, selon les instruc-
tions, jouaient le rôle d’un enfant normal
ou d’un enfant présentant des troubles de
l’attention avec hyperactivité, des
troubles de conduite, ou qui manifes-
taient un comportement d’opposition
avec provocation. Les parents intoxi-
qués jugeaient l’enfant comme moins
déviant que ne le faisaient les parents
sobres. L’intoxication alcoolique amenait
chez tous les participants une diminution
de l’attention portée à l’enfant, une
baisse des relations avec lui, l’expression
de plus d’ordres impératifs, de plus d’in-
dulgence et plus de discours en dehors
du sujet. Si on peut s’interroger sur la
qualité éthique de l’expérience ainsi
menée, elle a toutefois permis de mieux
comprendre le rôle des facteurs psycho-
sociaux dans les relations entre les pro-
blèmes de boisson des adultes et les
troubles de comportement des enfants.
Dans une autre étude, menée par
L. Chassin et ses collaborateurs, les
auteurs ont testé sur 454 familles la spé-
cificité des effets de l’alcoolisme paren-
tal sur la consommation d’alcool et de
drogue, la dépendance, l’anxiété et la
dépression, auprès des enfant une fois
devenus adolescents ou jeunes adultes
(Chassin L., Pitts S., De Lucia C. et Todd
M. A longitudinal study of children of
alcoholics : predicting young adult sub-
stance use disorders, anxiety and depres-
sion. J. Abnormal Psychology, 1999 ;
1080 : 106-19). Les résultats montrent
sans équivoque un effet de l’alcoolisme
parental sur la toxicomanie et la dépen-
dance des jeunes adultes, effet supérieur
à ceux de toute autre psychopathologie
parentale. L’alcoolisme parental semble
avoir également un effet sur la dépres-
sion des jeunes adultes, et l’alcoolisme
maternel pourrait avoir un rôle sur leur
anxiété, quoique ces effets n’aient pas
été observés de manière consistante dans
tous les sous-groupes.
Enfin, pour S. Hill et ses collaborateurs,
les enfants issus de familles à fort taux
d’alcoolisme ont un risque élevé de déve-
lopper une psychopathologie. En outre,
l’existence de déficits dans les perfor-
mances scolaires peut être considérée
comme un indicateur pour le développe-
ment d’une maladie diagnosticable (Hill
S., Locke J., Lowers L. Connoly J. Psy-
chopathology and achievement in chil-
dren are high risk for developping alco-
holism. J. Am Acad Child Adolescent
Psychiatry 1999 ; 38 : 883-91).
Mots clés. Alcoolisme parental – Ado-
lescents – Toxicomanie – Dépression.
Troubles neurocognitifs
et utilisation des services
de santé mentale chez des
patients diagnostiqués
comme schizophrènes
et alcooliques
Pittsburgh, (États-Unis)
En dépit de la comorbidité élevée
des perturbations liées à l’abus d’alcool
avec la schizophrénie, et l’importance
des travaux dédiés à l’étude du fonc-
tionnement neurocognitif de chacune de
ces pathologies, on connaît peu de chose
des fonctions neurocognitives des
patients schizophrènes qui présentent des
troubles comorbides liés à l’alcoolisme.
La littérature révèle que 70 % des indi-
vidus schizophrènes sont en même temps
diagnostiqués pour troubles addictifs,
l’alcool tenant la première place parmi
les substances consommées. N. Allen et
ses collaborateurs se sont intéressés aux
fonctions cognitives de ces patients schi-
zophrènes grands consommateurs d’al-
cool (Allen D., Goldstein G., Aldarondo
F. Neurocognitive dysfunction in patients
diagnosed with schizophrenia and alco-
holism. Neuropsychology 1999; 13 : 62-
68). Leur intention était de vérifier
l’existence d’un effet cumulatif de l’ad-
jonction des effets de l’alcool et de la
schizophrénie chez un même individu,
ainsi que l’interaction de ces effets avec
l’âge. Une batterie de tests neuropsy-
chologiques a été administrée à quatre
groupes de patients âgés de 20 à 73 ans :
des patients schizophrènes sans alcoo-
lisme coexistant (217 patients), avec
alcoolisme (double diagnostic : 54
patients), des patients alcooliques non
schizophrènes (231 sujets) et un groupe
témoin de 145 patients hospitalisés pour
d'autres motifs (anxiété et troubles de
l’humeur, problèmes orthopédiques et
autres). Le groupe de patients alcoo-
liques ne différait pas particulièrement