actua-prof Actua-Professionnelle Tribune libre pour améliorer la vie pratique du professionnel Les ordonnances de 1996 et l’hôpital au quotidien T. Delangre* Prérequis Juillet 1994. La révision de la Constitution renforce le rôle du Parlement en matière de protection sociale. Janvier 1996. Le Sénat et l’Assemblée nationale réunis en congrès votent les deux premières ordonnances, l’une établit le remboursement de la dette sociale (RDS), l’autre assure le financement de la Sécurité sociale (ord. 96-50 et 96-51). Avril 1996. Le congrès adopte trois nouvelles ordonnances portant sur “la réorganisation de la sécurité sociale” (ord. 96-344), “la maîtrise médicalisée des dépenses de soins” (ord. 96-345) et “portant réforme de l’hospitalisation publique et privée”(ord. 96-346). Commentaire Il est difficile de ne pas voir dans ce bref rappel une volonté politique claire, volonté renforcée par les alternances politiques. Impact sur le quotidien hospitalier Parmi la multitude de dispositions que contiennent ces cinq ordonnances, deux modifications du code de la santé publique ont ou auront un impact direct sur notre quotidien de médecins hospitaliers : " * Département de neurologie, CHU de Rouen. Act. Méd. Int. - Neurologie (1) n° 2, mai 2000 – article L 710-4 (ord.96-346) : “Les établissements de santé publics ou privés développent une politique d’évaluation des pratiques professionnelles, des modalités d’organisation des soins et de toute action concourant à une prise en charge globale du malade, afin, notamment, d’en garantir la qualité et l’eff icience. L’Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé (ANAES), instituée à l’article L 791-1, contribue au développement de cette évaluation. L’évaluation des pratiques médicales doit respecter les règles déontologiques et l’indépendance des praticiens dans l’exercice de leur art.” – article L 710-5 (ord.96-346) : “Afin d’assurer l’amélioration continue de la qualité et de la sécurité des soins, tous les établissements de santé publics et privés doivent faire l’objet d’une procédure externe d’évaluation dénommée accréditation.” (…) “Dans un délai de cinq ans à compter de la publication de l’ordonnance n°96-346 du 24 avril 1996, tous les établissements de santé devront s’être engagés dans cette procédure.” Commentaires Ces deux articles impliquent le corps médical collectivement et individuellement. La Commission médicale d’établissement (CME) doit (art. L714-16) “préparer avec le directeur les mesures d’organisation des activités médicales, odontologiques et pharmaceutiques de l’établissement, ainsi que la définition et les mesures relatives à la politique d’amélioration continue de la qualité visée à l’article L 710-4.” Si, sur le plan individuel, le code de déontologie nous demande une obligation de moyens, nous pouvons maintenant être soumis à une évaluation externe de nos pratiques médicales. 88 La mission de l’ANAES a été précisée par le décret n°97-311, et le manuel d’accréditation a été publié en février 1999. Sa lecture est à recommander à tous les hospitaliers publics ou privés. Les principes de l’accréditation sont bien définis avec des objectifs, une cible et une méthodologie. – Les objectifs sont au nombre de six : # appréciation de la qualité et de la sécurité des soins ; # appréciation de la capacité des établissements de santé à améliorer de façon continue la qualité des soins et la prise en charge globale du malade ; # formulation de recommandations explicites ; # implication de tous les professionnels à tous les stades de la démarche de qualité ; # reconnaissance externe de la qualité des soins dans les établissements de santé ; # amélioration continue de la confiance du public. – La cible est l’établissement de santé. – La méthodologie place le patient au centre de l’analyse en étudiant son parcours dans l’établissement, la coordination des soins dont il est l’objet, la sécurité des soins qui lui sont prodigués, l’évaluation des risques encourus et les mesures de prévention mises en place. “L’accréditation est une évaluation multiprofessionnelle transversale à l’établissement, de l’organisation et des résultats.” " Commentaires Si, dans la définition des objectifs, certains peuvent apparaître comme des vœux pieux, d’autres nous impliquent personnellement, en particulier la formulation de recommandations écrites. Si actua-prof Actua-Professionnelle c’est l’établissement qui est accrédité, il ne faudrait pas voir dans cette affirmation que les médecins sont épargnés par la démarche. En effet : “À l’issue de la procédure d’accréditation, les appréciations seront formulées sous une forme graduée, déterminant des modalités de suivi… Cette graduation peut se résumer ainsi : sans recommandations, avec recommandations, avec réserves, avec réserves majeures.” Dans cette dernière hypothèse, il est prévu une visite ciblée à échéance fixée sur le (ou les) problème(s) authentifié(s). Nous allons donc devoir prendre nos plumes pour écrire nos protocoles de façon explicite et améliorer encore notre codage, qui sera utilisé pour évaluer nos résultats. Les référentiels de l’accréditation Ils sont répartis dans trois chapitres : le patient et sa prise en charge, management et gestion au service du patient, qualité et prévention. Dans chacun de ces chapitres, la communauté médicale intervient plus ou moins, mais c’est dans le premier chapitre où son rôle apparaît prépondérant, en particulier dans la définition de l’organisation de la prise en charge des patients, ou les quinze références qui définissent une filière de soins “applicable à l’ensemble des secteurs d’activités cliniques et médico-techniques” analysant l’accès, l’accueil, l’évaluation de l’état de santé et des besoins du patient, la coordination de la prise en charge, la sortie, ainsi que les protocoles d’évaluation des pratiques professionnelles et des résultats obtenus. Commentaires En plaçant le patient et sa prise en charge au centre des référentiels de la procédure d’accréditation, l’ANAES se donne la possibilité de modifier profondément l’organisation actuelle de l’hôpital qui repose sur les services, et ainsi notre activité. sible de faire cela en plus, ils n’auront pas les moyens d’appliquer toutes ces c......es. Il peut aussi remarquer que cette procédure d’accréditation est sans doute le moyen qu’a trouvé notre tutelle pour faire appliquer les innombrables textes réglementaires publiés religieusement tous les ans, depuis le milieu des années quatre-vingt, que les exigences des patients ne sont plus les mêmes, que leurs représentants siègent maintenant au conseil d’administration de notre hôpital, et que nos budgets hospitaliers font l’objet d’un contrat avec l’agence régionale d’hospitalisation. Références Conclusion 1. E.mail : http://admi.net/ 2. Manuel d’accréditation des établissements Le médecin hospitalier peut maintenant relire La cigale et la fourmi. Il peut se dire que tout cela n’est que verbiage de technocrates incapables, il est impos- de santé. 3. La réforme de l’hospitalisation publique et privée. J.M. Budet, F .Blondel, 2e édition, sept. 1998, édition Berger-Levrault. LISTE DES ANNONCEURS EISAI (Aricept), p.54 EUTHÉRAPIE (Trivastal), p. 66 LILLY (Célance), p. 92 NOVARTIS (Comtan), p. 62 SCHERING (Bêtaféron), p. 83 Imprimé en France - Differdange S.A. 95110 Sannois - Dépôt légal 2 e trimestre 2000. © en cours - Médica-Press International S.A. 89