exercice de la concurrence (soit par les médecins, soit par les
assureurs), la séparation des fonctions d’achats et de presta-
taires des services, l’autonomie des hôpitaux.
Malgré diverses expérimentations, la maîtrise des dépenses de
santé est plus ou moins bien réalisée en fonction du pays.
Tous s’orientent donc vers la mesure et la normalisation de la
qualité des soins, cela pour deux raisons principales : dans les
systèmes de soins organisés, les économies peuvent se faire
aux dépens de la qualité et la non-définition statistique d’une
normalisation des pratiques reposant sur les données scienti-
fiques ou les conférences de consensus conduit à un excès de
prescriptions qui est préjudiciable aussi bien au malade qu’au
système de santé. La qualité doit alors être centrée sur les
résultats beaucoup plus que sur les procédures.
L’inclusion de l’amélioration de la qualité dans les systèmes
d’accréditation
Les grands systèmes d’accréditation CCHSA, JCAHO ont
compris dès 1991 et 1986 qu’il fallait introduire l’évaluation
de la qualité des soins à partir des résultats. Jusque-là, l’accré-
ditation reposait essentiellement sur les politiques organisa-
tionnelles et les procédures plutôt que sur l’organisation de
l’activité clinique. Mais ces acteurs ayant constaté que la rela-
tion entre les caractéristiques structurelles et les processus de
soins était plutôt faible, l’introduction de l’évaluation des
résultats devenait essentielle.
Ainsi, le nombre de standards (description de l’organisation
qui fournit les soins) a diminué au profit des indicateurs
d’amélioration de la qualité. L’amélioration continue de la
qualité garantit que les besoins des consommateurs sont satis-
faits.
L’accréditeur est donc passé du rôle de consultant à celui de
régulateur médico-économique puisque la notion de qualité
inclut à la fois les soins et les ressources utilisées pour
atteindre les résultats.
QUELLES CONSÉQUENCES SUR LA PRISE EN CHARGE
DES PATIENTS ?
La limitation sur des critères strictement budgétaires des pres-
criptions pharmaceutiques, prothétiques, et l’incitation à des
modes particuliers de prise en charge est inacceptable car elle
pénalise le malade, le système de santé et ralentit les innova-
tions.
La véritable question est quelle stratégie de diagnostic, ou thé-
rapeutique ou de suivi qui, compte tenu des caractéristiques
médico-sociales du patient, est la plus optimale en termes
médico-économiques donc en termes de qualité ? Toute struc-
ture, tout médecin qui prétend assurer des soins de qualité doit
d’abord répondre à cette question. Le rôle des structures est de
s’adapter pour atteindre ces objectifs ; les financements étant
globalement suffisants si on définit les vraies priorités et si on
se limite aux prises en charge dont l’efficacité et le rapport-
coût/efficacité ont été démontrés.
La présence de deux systèmes publics et privés complique le
mode de fonctionnement tout en permettant artificiellement de
répondre aux besoins. En effet, quand les quotas de prescrip-
tions dans le système public sont atteints, les patients seront
traités dans des structures de statut privé dans lesquelles les
prescriptions seront encore possibles, si non elles risquent de
ne pas bénéficier des innovations technologiques, ce qui cor-
respond à une perte de qualité. Ce dysfonctionnement se
retrouvera aussi dans le cas de bilans nécessaires à une inter-
vention (par exemple : examen faisant partie d’une prise en
charge et qui est réalisé en privé hors de la structure qui prend
en charge le patient), il alourdit les coûts et n’améliore pas la
qualité des soins.
PLACE DES RÉSEAUX, FILIÈRES, MÉDECINS RÉFÉRENTS
DANS L’AMÉLIORATION DE LA QUALITÉ DES SOINS
Si ces modes de prises en charge ont donné lieu à des textes, à
la création de groupes et à des revendications corporatistes de
tout ordre, c’est avant tout parce que des personnes ou des
structures ont perçu la possibilité de création de nouveaux
monopoles avec toutes les conséquences notamment budgé-
taires que cela peut avoir.
En réalité, ce qui est intéressant en termes de santé publique,
c’est de connaître avec précision la trajectoire du patient afin
de savoir s’il a été correctement pris en charge en termes
médico-économiques. C’est bien cette transparence qui est au
cœur du problème puisqu’on peut constater par des études spé-
cifiques lourdes que, pour les pathologies cancéreuses par
exemple, les réseaux sont constitués depuis quelques années,
qu’ils sont opérationnels et que le nombre de patients qui sor-
tent volontairement d’un réseau est, en fonction de la localisa-
tion, peu important.
Quant aux médecins référents, la référence peut être budgétaire
(c’est le médecin qui gère le budget et la stratégie de prise en
charge d’une pathologie, le plus souvent en faisant appel à des
prestations de confrères) ou la référence peut être médicale.
Dans le premier cas, le choix est beaucoup plus politique que
technique et il est directement lié au mode de régulation du
système de santé tel que l’État le définira.
Dans le deuxième cas, il faut accepter que la référence médi-
cale ne s’impose ni par l’appartenance à une structure, ni par
des moyens. La référence médicale se mérite, elle peut dispa-
raître ou apparaître au cours du temps et elle est la reconnais-
sance par les confrères d’une spécialité, des qualités médicales
et humaines d’un médecin dans un contexte donné.
C’est pourquoi l’autorisation de plateaux techniques “pointus”
non ouverts biaise fortement cette notion puisque, indirecte-
ment, on essaye d’imposer aux patients des filières par le biais
de l’environnement technique sans aucune préoccupation de la
qualité globale de la prise en charge incluant la liberté de
choix par le patient de son médecin.
Les diverses propositions de réseaux, filières, médecins réfé-
rents sont soit inutiles (car elles existent et fonctionnent bien
dans certaines spécialités), soit dangereuses car elles vont
conforter des monopoles et rentes de situation en aliénant la
liberté de choix du patient.
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La Lettre du Gynécologue - n° 250 - mars 2000