L'accréditation , vue coté cadre L'accréditation demande aux équipes la mise en place de différents outils de formalisation des pratiques professionnelles… Enorme travail de réflexion, d'écriture, qui demande du temps et de l'organisation . Ecrire ce que l'on fait et faire ce que l'on écrit ne doit jamais faire oublier ce pour quoi on le fait; au delà des protocoles, des procédures, le sens des soins infirmiers ,d'abord et avant tout tourné vers ce qui a du sens pour le patient, doit rester la priorité. Cette démarche ne va pas de soi; le risque est grand de tomber dans l'écriture à outrance et l'évaluation "de tout ,tout le temps".Le risque est grand d'oublier ce que l'on a déjà fait pour la qualité des soins , même si cela n'était pas clairement explicité. Comment ne pas transformer l'équipe en super "scribouillard", comment ne pas transformer le cadre en super "évaluateur" mais trouver la délicate alchimie entre le dire et le faire, le faire et le dire, et permettre à chacun, et avant tout au patient, de tirer bénéfice de la démarche…. Quelques réflexions sur la question… Renelle MENNESSIER , Cadre Supérieur Infirmier CRFA, CHARLEVILLE MEZIERES 1 La qualité en rééducation et réadaptation fonctionnelle: outil de communication, valeurs humaines et aspects relationnels; Joli défit l'équipe de Granville ! jolie provocation Elisabeth NOAL ; comme si nous n'en entendions pas assez parlé de la qualité ; de Lilles à Montpellier, de Mulhouse à la Turballe , de Charleville à Bagnères , je suis certaine que vous mangez , que nous mangeons de la qualité à toutes les sauces , et sans doute sûrement à celle de l'accréditation! Il faut alors l'appeler "démarche qualité" ! démarche titubante, enivrante, nous mangeons de la qualité à la limite de l' indigestion. Et pourtant ! que ce soit pour le patient, pour les équipes , ou pour l'institution ,la qualité peut se jouer de différentes façons : 2 Pour les patients : allons nous en faire les objets de la qualité : sous prétexte d'interroger les patients , nous leur construisons des questionnaires de satisfaction sur l'accueil, sur les soins, sur la restauration , sur les animations, ou que sais-je encore . Du début à la fin du séjour, les patients sont transformés en objet de sondage, d'évaluation ; Si leur avis est essentiel et doit être entendu, je ne suis pas sure que la surabondance de questionnaires de satisfaction dans un domaine ou un autre soit le meilleure support à l'expression des patients; qui d'entre nous n'a pas recueilli l'avis d'un patient au décours d'un soin, d'une conversation , d'une confidence ; et qui d'entre nous n'a pas fait de cet avis, de cette confidence un moyen de personnaliser le soin , un moyen de le particulariser à celui à qui il est destiné. Autrement dit, plutôt que d'être objet de sondage, d'évaluation, le patient n'est-il pas alors sujet de qualité , parce que le soin dont il pourra bénéficier pourra d'abord et avant tout avoir du sens pour lui. 3 Bien sur que l'avis général des patients est importants, bien sur qu'il faut parfois réfléchir et construire de nouvelles procédures d'accueil, de prise en charge, d'hygiène, de restauration ou d'autres choses. Mais grand est le risque de se cacher derrière ces procédures, Soit en les oubliant dès qu'elles sont ecrites Soit en les appliquant à la lettre, mais en oubliant qu'elles ne sont que des lignes directrices, et non pas des recettes applicables uniformément à chaque patient ; le sens de notre travail de réadaptation passe toujours par ce qu'il y a d'unique et d'incomparable en chaque être humain ; vouloir la qualité pour le patient , c'est être capable d'entendre , de percevoir et de prendre en compte cette unicité. 4 Pour les équipes: que le manuel d'accréditation est épais ! que de chapitres, que de référentiels , que de critères . que de formalisation, ! que d'évaluation ! Comme si la qualité était une invention de l'ANAES . merci les congrès de l'AIRR pour témoigner que les équipes depuis longtemps s'interrogent sur leur pratiques professionnelles , réfléchissent aux concepts de réadaptation, recherchent ce qui signe la qualité des soins et des prises en charge des patients. Sans doute n'avons nous pas suffisamment décrit, formalisé nos pratiques . la culture du "faire" l'a sans doute trop souvent emporté sur celle du "dire";et encore plus sur celle de "l'écrire" il ne faudrait toutefois pas, pour rattraper le temps perdu, que les soignants se transforment en super "scribouillard", les cadres en super "évaluateurs" ; la qualité en équipe, c'est ensemble ,quotidiennement, chercher ce qui sera le mieux adapté aux patients, le mieux adapté à l'équipe et à l'organisation du travail pour que chacun se sente bien . parce qu'un soignant qui se sent bien au travail est un soignant qui 5 soigne bien. La qualité en équipe, c'est un état d'esprit qui s'élabore , se construit , s'enrichit en permanence, c'est une culture personnelle et professionnelle; la culture du bon pour chacun et pour tous. la qualité si elle doit se dire, se décrire, elle doit aussi et surtout se vivre dans notre mission de soins. Je dois dire qu'il me paraît parfois bien difficile dans mon rôle de cadre, de chercher avec l'équipe l'équilibre, la délicate alchimie entre le faire et le dire, le dire et le faire parce que le quotidien des soins, l'engagement humain qu'il demande requiert déjà beaucoup de notre énergie , de notre temps, et que je pense sincèrement que c'est là notre mission première, ce qui doit d'abord et avant tout utiliser notre temps de travail, et les 35 heures n'ont rien arrangé Dans le service, nous essayons d'opter pour un mode d'écriture de notre savoir faire, pour la formalisation de nos pratiques par petits groupes, voir binômes , avec restitution et discussions en réunion de service. La qualité en équipe, c'est aussi cette solidarité et ce partage dans la 6 réflexion et l'écriture, cette adhésion de tous et de chacun à des valeurs humaines et professionnelles communes…c'est aussi cette bonne volonté et cet intérêt personnel et professionnel dont chacun sait faire preuve, au service de l'équipe. Je n'ai pas encore trouvé d'outil d'évaluation, de critères de cette qualité professionnelle en équipe …peut-être n'ai-je pas vraiment envie de la rendre palpable … un peu comme le vent que l'on entend , que l'on perçoit, mais que l'on ne voit pas , et qui pourtant est bien là, que l'on sent souffler… la qualité en équipe s'entend et se perçoit au travers de mille et un détails individuels et collectifs… l'invisible au regard est parfois plus perceptible et plus essentiel à la vie que le rationnel et le matériel…le vent de la qualité souffle, mais j'ai bien du mal à en mesurer la vitesse 7 Jouer la qualité en institution : là encore, on a le choix , et je serai assez caricaturale: la réunionnite aiguë avec pour les salariés , ses grands messes institutionnelles, les discours, les théories, les présentations officielles, les explications sur l'ANAES et l'accréditation, la réunionnite aiguë pour les cadres avec ses impératifs, ses coups de semonce ( pas réunions de cadres sans un " c'est une priorité institutionnelles" "y a qu'à " "faut qu'on", "vous devez"…) , les cadres sont , n'est-ce pas, sensés faire écrire les équipes sur la qualité ! alors, il y a des groupes de travail, un comité de pilotage, un plan d'amélioration de la qualité et des réunions , des réunions…etc., etc., je suis sure que vous connaissez! Après 2 années de ce genre de grands rassemblements, après la création d'une cellule de communication, de maints supports écrits d'information sur la démarche qualité versus accréditation, de maintes réunions, de maintes discussions, nous avons institutionnellement , à Charleville, évalué ce que chaque salarié connaissait, avait retenu de la démarche d'accréditation et des notions de qualité ; Sur 220 salariés interrogés par questionnaires, 121 ont répondu: 8 communication où es- tu ? qualité où es-tu ? si institutionnellement , on ne passe que par du discours, par de la théorie, la réalité quotidienne , elle, est écartée. Personne ne se sent réellement, individuellement et collectivement concerné. Or la qualité ne peut être réelle, entière, que si elle est l'affaire de chacun et l'affaire de tous. Parce que notre quotidien est fait de rencontres , de partages, d'échanges , de réalités très concrètes centrées sur le patient, réfléchir à la qualité doit passer par ces réalités, par des échanges, par une certaine convivialité, par une certaine humanité Se mettre d'accord institutionnellement sur des conceptions de l'Homme, de la Santé et des Soins me paraît être le préalable minimum pour réfléchir et faire vivre le concept de qualité : il est vrai que cela demande un certain courage, pour tous, et surtout une grande cohérence ; la qualité de la prise en charge des patients est étroitement liée à la qualité du management , à la gestion des moyens et des risques . l'ANAES ne s'y est pas trompée et aborde les 3 aspects de la vie de nos établissements . merci l'ANAES. 9 je ne doute pas que dans les établissements dans lesquels les valeurs humaines sont communes, centrée sur le respect de la personne et la dignité humaine, la qualité est réalité parce qu'elle se joue autant pour les patients que pour les personnels . Mais même dans ce cas, je ne suis pas sure toutefois que la notion de qualité l'emporte toujours sur les objectifs de rentabilité ou d'économie de santé; on nous demande d'atteindre des objectifs de qualité pour lesquels on ne nous donne pas toujours les moyens… où est la cohérence ? Le cadre que je suis croit en la notion de qualité , je sais pour le vivre qu'elle peut être réalité, qu'elle existe, que nous tentons souvent de l'atteindre, qu'elle est une perpétuelle recherche mais je reste lucide et veilleur sur les limites qui nous sont imposées…les limites économiques, structurelles, institutionnelles… Au delà de ces limites, les soignants que nous sommes restent porteurs de l'objectifs et de la mission de prendre soin de l être humain , et ce prendre soin a des facettes non visibles, non objectivables, non 10 évaluables, non quantifiables, non "formalisables", facettes qu'aucun référentiel ou critère ne peut évaluer, quantifier, formaliser… parce que les êtres humains que nous sommes et ceux dont nous tentons de prendre soins sont bien plus que des critères, des évaluations, ou des formalisations . 11 12 Pensez - vous recevoir une information suffisante sur la démarche d'accréditation ? 52 OUI / 65 NON 13 Savez - vous ce que veut dire le sigle ANAES 28 OUI / 93 NON 14 Pouvez - vous citer les 3 grands chapitres de l'accréditation dans lesquels sont regroupés les référentiels? 34 OUI / 87 NON 15 Connaissez - vous le nombre de référentiel qu'il faut satisfaire ? 15 OUI / 106 NON 16 Connaissez - vous la date officielle d'engagement de nos établissements dans la procédure d'accréditation ? 8 OUI / 113 NON 17 Connaissez - vous le nom de l'étape essentielle qui précède la visite des experts ? 24 OUI / 97 NON 18 Pouvez - vous citer l'instance qui dans nos établissements travaille sur la qualité et sur le P.A.Q. ? 37 OUI / 84 NON 19 Savez-vous ce que veut dire P.A.Q. ? 39 OUI / 82 NON 20 Connaissez-vous le nom du ( ou des) Relais Qualité de votre service ? 45 OUI / 76 NON 21 Connaissez-vous l'année prévue pour la visite des experts accréditateurs dans nos établissements ? 58 OUI / 63 NON 22 Seriez - vous capable de citer un ou plusieurs objectifs de l'accréditation ? 64 OUI / 57 NON 23 Sur 121 réponses 24 Etablissements de Réadaptation des Ardennes L’Accréditation, où en êtes-vous ? Après 2 années préparatoires, testez vos connaissances pour nous permettre de juger de vos acquis et de l’efficacité de notre communication. MAI 2002 NOMBRE DE RETOURS : 121 25 26