CURRICULUM Forum Med Suisse 2008;8(32):564–568 565
torations (décontamination) et la recherche sur les
préparations natives des bâton nets acido-résistants
(aujourd’hui le plus souvent par microscopie à
fluorescence). La mise en évidence sur des cultures
en milieu liquide est devenue possible aujourd’hui
en l’espace de trois à vingt jours (par ex. systèmes
Bactec 460 ou Bactec MGIT 960).
Le diagnostic direct de la tuberculose à partir de
matériel d’expectoration prélevé en milieu clinique
(expectorations, urines, etc.) à l’aide de techniques
de biologie moléculaire par PCR ou d’autres procé -
dés s’est surtout avéré intéressant pour les échan-
tillons positifs à l’examen microscopique. Chez les
malades tuberculeux provenant de pays à forts
taux de résistance (Europe de l’Est et Russie, Asie,
Afrique) et/ou ayant déjà bénéficié par le passé
d’un traitement tuberculostatique, la mise en évi-
dence directe du gène (rpoB-Gen) responsable de
la résistance à la rifam picine (RMP) peut livrer en
quelques heures des informations déterminantes
concernant les résistances des myco bactéries
(INNO-LiPA Rif.TB; Innogenetics, Belgique; Hain
Lifescience, Nehren, Allemagne). Comme une résis -
tance à la RMP s’accompagne dans la plupart des
cas d’une résistance à l’isoniazide (INH), le diag-
nostic de suspicion de tuber culose MDR (multi-
drug-resistent, résistante à l’INH et à la RMP) peut
être posé précocement, et le traitement par les
antibiotiques de réserve instauré rapidement.
En Suisse, il est possible de procéder à une recherche
des résistances aux principaux tuber culostatiques
(INH, RMP, pyrazinamide et éthambutol) de tout
agent tuberculeux isolé pour la première fois. Les
résistances sont la conséquence d’une ou de plu-
sieurs mutations ponctuelles s’étant produites par
étapes successives. Elles ont été décrites pour tous
les médicaments de base et malheureusement déjà
aussi pour plusieurs médicaments de réserve [5].
Des techniques plus simples de détermination des
gènes responsables des résistances font appel à
des sondes de DNA directement appliquées au ma-
tériel clinique et suscitent de grands espoirs pour
l’avenir. Elles ne sont malheureusement pas en-
core réalisables dans les conditions du laboratoire
de routine [6].
Les essais effectués jusqu’ici pour diagnostiquer
des tuberculoses pulmonaires et extra-pulmonaires
avec des tests sérologiques ne sont pas encore
concluants [7], pas plus que les «nez» électroniques
ou la chromatographie gazeuse, qui consistent à
«renifler» la présence des mycobactéries directe-
ment dans les expectorations [8, 9].
Mesures immédiates: mise en route
du traitement, isolement éventuel, et examen
de l’entourage
Si des mycobactéries sont présentes dans les ex-
pectorations, les sécrétions bronchiques ou les
cultures, on parle de tuberculose «ouverte». La mise
en route immédiate du traitement doit s’accom-
pagner de mesures d’isolement correspondantes
et d’examens de l’entourage. En cas d’incertitude,
les spécialistes de la tuberculose des ligues pul-
monaires, les médecins cantonaux, les pneumo-
taire spécifique peut aussi être examinée quan -
titativement à l’aide d’une analyse sanguine ap -
pelée Interferon gamma release test (IGRA). Les
mycobactéries peuvent reprendre leur proliféra-
tion au moment d’un fléchissement des défenses
immunitaires, suite par exemple à une infection
HIV, à un traitement par inhibiteurs du TNF ou
à l’âge avancé. La mise en route d’une chimio -
thérapie pré ventive d’isoniazide permettra de les
éliminer. En l’absence de chimiothérapie, un pa-
tient porteur d’une tuberculose latente sur dix va
acquérir une tuber culose active durant sa vie.
Et cette probabilité est encore bien plus élevée
parmi les patients atteints du SIDA, puisqu’elle
atteint jusqu’à 8% par année post-infection.
La stratégie de la lutte dans les pays industria lisés
comme la Suisse repose donc aujourd’hui princi-
palement sur le diagnostic précoce et le traitement
de la tuberculose active, ainsi que sur le dépistage
de la tuberculose latente, la chimiothérapie pré-
ventive chez les sujets infectés, et finalement sur
le screening des populations à risque.
Tuberculose active
Le diagnostic de laboratoire de la tuberculose active
connaît aussi aujourd’hui de nouveaux dévelop-
pements: il est devenu plus rapide et plus précis
grâce à des méthodes de biologie moléculaire, et il
est par ailleurs capable de déceler précocement
certaines résistances aux médicaments. Le point
le plus important dans le diagnostic de la tubercu-
lose demeure néanmoins: le médecin doit y penser!
Les symptômes (toux depuis plus de deux à trois se-
maines, asthénie, état fébrile) et les signes cliniques
(perte de poids, auscultation rarement suspecte)
sont si peu spécifiques que seuls le pays de prove-
nance, l’anamnèse familiale et celle des voyages,
ainsi que la durée des symptômes peuvent fournir
quelques indices [3]. Les radiographies du thorax,
demandées sur la base de la moindre suspicion et
comportant des images pathologiques, constituent
souvent les premiers éléments objectifs suscepti-
bles d’attirer l’attention. Il faut ensuite impérati-
vement faire examiner trois échantillons d’expec-
torations, le premier obtenu immédiatement au
cabinet et les deux autres pris à domicile, le matin
des deux jours suivants, dans le but de rechercher
des bacilles tuberculeux. Si le patient n’a pas d’ex-
pectorations, on peut les provoquer par inhalation
d’une solution de NaCl 3%, ce qui implique toute-
fois un gros risque de contagion pour l’examinateur,
tout comme d’ailleurs le prélèvement bronchosco-
pique des sécrétions.
Où envoyer le matériel prélevé, et quels examens
demander?
Nous recommandons une collaboration active avec
un laboratoire de haute qualité disposant d’ores et
déjà d’une grande expérience dans les étapes sui-
vantes de l’investigation, notamment l’identification
et la recherche des résistances [4]. Cela ne concerne
pas seulement la préparation spécifique des expec -
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