Résection digestive pour cancer chez le sujet âgé Session de FMC Organisateur : B. Sastre Lieu : Congrès de l’AFC porte Maillot Date : jeudi 7 octobre 2010, salle 352A, de 16h à 17h 30 Président : Pr SASTRE Modérateurs : I. SIELEZNEFF ; P. VALLEUR Programme de la séance : Evaluation gériatrique du patient âgé cancéreux Résections hépato-biliaires et pancréatiques : indications résultats et limites E. CRETEL (Marseille) O. FARGES ( Paris) Résection en chirurgie colo-rectale : indications, résultats et limites JJ. DURON (Paris) Indications et limites de la chimiothérapie après résection pour tumeur maligne JF. SEITZ (Marseille) FCC12 La résection digestive pour cancer chez le sujet âgé Evaluation gériatrique du patient cancéreux. Dr Elodie Crétel (Equipe Mobile de Gérontologie Centre Hôpital de la Timone, Marseille 264, rue St Pierre 13385 – Marseille cedex 05) Les sujets de plus de 65 ans représenteront 25% de la population des Européens en 2030 et ont une incidence de cancers 11 fois plus importante que les sujets plus jeunes [1]. Cette augmentation de la population âgée atteinte de cancer nécessitera une prise en charge spécifique. Le vieillissement correspond à un déclin progressif de la tolérance au stress par une restriction des réserves fonctionnelles de multiples systèmes aussi bien que dans les ressources personnelles et sociales [2]. L’évaluation gériatrique explore la situation d’une personne âgée à l’aide d’outils validés. Elle s’inscrit dans une démarche d’évaluation de l’âge fonctionnel du sujet âgé ainsi que dans une démarche diagnostique de pathologies sous diagnostiquées. Elle va permettre la mise en place d’un plan de soins. Rubinstein, en 1984, a été un des pionniers de l’évaluation en gériatrie en montrant son impact dans plusieurs domaines. En comparant 2 populations de sujets hospitalisés en unité de court séjour gériatrique, il notait une réduction de la mortalité à 1 an, des ré-hospitalisations, un retard à la perte d’autonomie, une amélioration des fonctions cognitives et une augmentation du maintien au domicile pour les patients ayant bénéficié d’une évaluation gériatrique [3]. Dans une méta-analyse parue dans le Lancet en 1993, Stuck et al démontraient que des programmes d’évaluation gérontologique standardisée (EGS) avec contrôle des recommandations médicales, suivis d’une prise en charge et d’un suivi ambulatoire rapproché, permettaient une amélioration de la survie , du statut fonctionnel (OR = 1,72), un prolongement du maintien à domicile (OR=1,8) et une diminution des réadmissions à l’hôpital [4] . L’EGS des francophones correspond à la CGA (Comprehensive Geriatric Assessment) des anglo-saxons [Tableau 1]. La population âgée est hétérogène, et selon le type de vieillissement (réussi, normal, ou pathologique), on peut définir plusieurs profils de sujets âgés : les patients « vigoureux » qui n’ont aucune dépendance fonctionnelle et des comorbidités négligeables, les patients « fragiles » et entre les 2, les patients dits « intermédiaires». Parmi ces patients, le groupe « fragile » est le mieux défini. La fragilité correspond à un état dans lequel un stress minimum peut entrainer des complications sévères voire létales, du fait de réserves fonctionnelles minimes[5]. Le groupe de patients dits « intermédiaires » correspond à des patients avec des réserves fonctionnelles résiduelles, un risque élevé de déclin fonctionnel dans les 2 ans. Le terme « vulnérable » peut également leur être attribué. La vulnérabilité représente l’étape initiale mais réversible vers la fragilité [6]. En oncologie, l’absence d’évaluation gérontologique standardisée peut conduire à 2 écueils: - L’éviction thérapeutique, la réduction non validée des posologies ou le non accès aux thérapeutiques innovantes du seul fait de l’âge pouvant conduite à une perte de chance oncologique. - Au contraire, l’application d’un traitement standard, conduisant à l’exposition des patients les plus fragiles à des risques de complications, de perte d’autonomie, ou d’institutionnalisation, d’hospitalisation prolongée et renouvelée. FCC12 La résection digestive pour cancer chez le sujet âgé Les objectifs de l’EGS sont donc : - de dépister les fragilités et les syndromes gériatriques - d’évaluer l’état fonctionnel, - d’estimer l’espérance de vie d’un patient en fonction des comorbidités et de la présence des grands syndromes gériatriques - de hiérarchiser les problèmes de santé et rechercher les comorbidités réversibles - de prévenir la iatrogénie et d’anticiper la réponse fonctionnelle au traitement du cancer en appréciant les facteurs de risque pouvant gêner la prise en charge oncologique - de proposer des actions préventives, correctives et de suivi en établissant un plan d’action médico-psycho-social. L’EGS explore essentiellement 3 domaines : un domaine physique, un domaine psychique et un domaine relationnel. Le domaine physique explore le statut fonctionnel physique et nutritionnel d’un sujet âgé. Le statut fonctionnel physique comprend l’examen complet du patient, l’exploration de la marche, la recherche de troubles de l’équilibre et d’éventuelles chutes à répétition. Le “Timed up and go” est un test rapide [7], dérivé du « Get-up and go test » qui demande au patient de se lever d’une chaise sans accoudoirs, de marcher 3 mètres, de faire demi-tour et revenir s’asseoir [8]. Le « timed up and go » est la version chronométrée du get up and go test. Un score inférieur à 20 secondes permet de prédire la capacité du patient à sortir de son domicile seul en sécurité et donc un état fonctionnel correct. La station unipodale de Tinetti est un examen simple, traduisant un risque majoré de chutes lorsqu’elle est maintenue moins de 5 secondes. Le statut nutritionnel est exploré à l’aide de données simples comme le poids, l’indice de masse corporelle (IMC) et d’outils plus sophistiqués comme le Mini-Nutritional Assessement (MNA) qui est un test très sensible et validé pour dépister la dénutrition ou le risque de dénutrition chez le sujet âgé [9]. On parle de dénutrition en gériatrie lorsque l’IMC < 21 ou l’albumine < 35 g/l. Le MNA permet d’orienter vers un risque de dénutrition pour des scores compris entre 17 et 23,5 sur 30 et de dénutrition avérée à moins de 17/30 [10]. Le domaine psychique recherche la présence de troubles cognitifs et d’éléments dépressifs. Les outils les plus fréquemment utilisés sont le MMSE, le test des 5 mots et le test de l’horloge. Le Mini-Mental State Examination (MMSE), de réalisation facile (il dure moins de 10 minutes pour un professionnel entraîné), est un test peu sensible ne dépistant pas les troubles cognitifs discrets, néanmoins c’est un examen de dépistage utile [11]. La recherche de troubles cognitifs permet de prédire un éventuel syndrome confusionnel fréquent chez les patients âgés en post-opératoire [12] et associé à un surcroit de la mortalité [13]. Lorsque leur score au MMSE est strictement inférieur à 25, la survie de patients atteints de cancer est diminuée de moitié (41,8 mois vs 93,5mois) [14]. Certains outils ont été validés en gériatrie pour la recherche d’un syndrome dépressif comme l’échelle GDS-15 de Yesavage (N < 6/15) ou encore la mini-GDS, échelle à 4 items de passation plus rapide [15]. Le domaine relationnel de l’EGS permet d’établir l’autonomie d’un sujet âgé dans sa vie quotidienne. L’évaluation du PS (performans status) par l’échelle classique de Karnofski ou ECOG (Eastern Cooperative Oncology Group) a une utilité limitée chez le sujet âgé car un certain nombre de conditions chroniques qui ne raccourcissent pas la survie, peuvent compromettre le PS [16]. L’autonomie dépend des capacités du sujet à effectuer les taches de la vie quotidienne (explorée par l’échelle ADL) ainsi que ses capacités à vivre de façon indépendante, à savoir gérer son traitement, son budget, sortir de son domicile, voyager, FCC12 La résection digestive pour cancer chez le sujet âgé effectuer ses courses (capacités explorées par l’échelle IADL) [17, 18]. Les échelles ADL et IADL sont les plus sensibles et leur résultat a un impact sur la mortalité qui est doublée quand un ou plusieurs IADLs sont altérées et multipliée par 3 quand une ADL est affectée[19]. Ce domaine est indissociable de la structure sociale de ce patient avec notamment les renseignements sur son mode de vie, les aides mises en place au domicile, les aidants et l’état de santé de ces aidants qui peut influencer directement l’état de santé du patient dont le dégré d’épuisement peut être évalué par l’échelle de Zarrit. Ces éléments permettront de renforcer éventuellement les aides au domicile dans le plan de soins établi. Le domaine relationnel comprend également la recherche de troubles sensoriels essentiellement de troubles de la vision ou de l’audition qui peuvent être explorés sommairement au lit du patient (vision de près et de loin, Whisper test qui consiste à chuchoter 3 mots à 50 cm de l’oreille du patient) ou faire l’objet de consultations spécialisées. La recherche de syndrome gériatrique permet d’authentifier une fragilité du patient qui aura une importance réelle dans la décision thérapeutique. On définit par syndrome gériatrique des pathologies spécifiques au sujet âgé comme un syndrome confusionnel, dépressif voire démentiel, un syndrome ostéoporotique (correspondant à une ostéoporose sévère compliquée de fractures), ou une incontinence (lorsqu’elle est permanente). L’évaluation des traitements fait partie intégrante de l’EGS. Elle permet de lister les médicaments potentiellement inappropriés (MPI) et de conseiller l’arrêt ou l’adaptation de ces traitements dès que possible [20,21,22] En oncogériatrie, l’évaluation des co-morbidités est indispensable car c’est un facteur indépendant du pronostic fonctionnel [23]. Les échelles les plus fréquemment utilisées sont l’échelle de Charlson et le score de comorbidités CIRS-G (Cumulative Ilness Rating Scale in Geriatry) qui est le plus adapté au sujet âgé[24]. Certains marqueurs biologiques doivent être plus volontiers évalués comme le dosage de l’albumine qui fait partie de l’évaluation du statut nutritionnel, la recherche d’une anémie, dont la présence est corrélée à diminution des performances physiques avec augmentation de la mortalité, ainsi que l’estimation de la fonction rénale soit par la mesure de la clearance de la créatininémie par la formule de Cokcroft soit par le MDRD [25]. Une donnée importante à prendre en compte dans les décisions thérapeutiques est l’espérance de vie estimée d’un patient en fonction de son âge et de ses comorbidités. Selon l’état du patient, la balance penche parfois vers l’abstention thérapeutique… On peut se demander quelle information rajoute l’EGS par rapport à certaines données comme le Perfomans Status. Dans l’étude de Répetto et al en 2002, pour 269 patients ayant un PS < 2 , ayant bénéficié d’une EGS (ADL, IADL, MMSE, GDS, échelle de Comorbidités), 13% avaient plus de 2 comorbidités, 9.3% avaient une limitation ADL, 38% avaient une limitation IADL, 28% avaient MMSE <24, et 32% avaient une probable dépression GDS [26]. Dans une autre étude portant sur 60 patients avec un cancer de la prostate, 83% avaient un score de Karnofski à plus de 60%. L’EGS permettait de révéler 19 cas de prescriptions médicamenteuses inappropriées, 45% de troubles cognitifs, 33% de syndromes dépressifs et 65% de patients dénutris [27]. FCC12 La résection digestive pour cancer chez le sujet âgé L’EGS permet de révéler des conditions non suspectées pouvant entraver le traitement d’un cancer chez plus de 50% des patients [28]. L’EGS permet de définir des groupes de patients qui ont été définis par Balducci [29] et de poser des algorithmes décisionnels [Tableau 2]. Ces algorithmes doivent être nuancés et adaptés au patient. Ils constituent néanmoins une aide décisionnelle pour la prise en charge oncologique. En conclusion, le bilan pré-opératoire d’un cancer chez un patient âgé doit inclure les données gériatriques et anticiper la plus ou moins grande tolérance du patient à l'agression chirurgicale. La période post-opératoire est souvent délicate, et plusieurs éléments doivent être spécifiquement surveillés : l'apparition d'un état confusionnel, qui concerne 15 à 50 % des patients de plus de 70 ans ; l'installation d'une dénutrition, ainsi que les risques qui lui sont associés : fonte musculaire et chutes, insuffisance respiratoire, infections. L’EGS permet d’apprécier l’état global d’un patient et d’anticiper certains de ces risques[30]. Tableau 1 : Domaines et outils utilisés pour l’EGS E ta t g é n é r a l, a u to n o m ie S ta tu t fo n c tio n n e l p h y s iq u e F o n c tio n s c o g n itiv e s D é p r e s s io n , tr o u b le s d e l’h u m e u r E ta t n u tr itio n n e l S e n s o r ia l i t é S y n d r o m e s g é r ia tr iq u e s C o -m o r b id ité s (c a r d ia q u e , r é n a le ..) M é d ic a m e n ts C o n d itio n s s o c io é c o n o m iq u e s P S (P e r fo r m a n s s ta tu s ) A D L ( A c tiv itie s o f D a ily L ife ) IA D L (In s tr u m e n ta l A c tiv itie s o f D a ily life ) S ta tio n u n ip o d a le , G e t u p a n d G o te s t, c h u te s ? M M S E , h o rlo g e , 5 m o ts G D S , m in iG D S P o id s , IM C , A lb u m in e , M N A V is io n (d e lo in , n b d e d o ig ts ), A u d itio n (w h is p e r te s t) D é m e n c e , c h u te s , in c o n tin e n c e , dépendance N o m b r e , S é v é r ité (C h a r ls o n , C IR S -G ) N o m b r e , in te r a c tio n s , M P I A id e s , a id a n ts Tableau 2 : Algorithme décisionnel en fonction des résultats de l’EGS FCC12 La résection digestive pour cancer chez le sujet âgé 1 Extermann M, Aapro M, Bernabei R et al. Use of comprehensive geriatric assessment in older cancer patients: recommendations from th task force on CGA of the International Society of Geriatric Oncology (SIOG). Crit Rev Oncol Hematol, 2005; 55: 241-52. 2 Repetto L, Balducci L. A case for geriatric oncology. Lancet Oncol 2002 ; 3 :289. 3 Rubenstein LZ et al N Engl J Med 1984;311:1664-1670. 4 Stuck AE et al. Lancet 1993; 342: 1032-36. 5 Balducci L, Stanta G. Cancer in the frial patient : a coming epidemic. Hematol Oncol Clin North Am 2000 ; 14 : 235-50. 6 Balducci L Geriatric Oncology. Critical Rev Oncol Hematol 2003 ; 46 :211-220. 7 Podsiadlo D, Richardson S. The timed “Up and Go”: a test of basic functional mobility for frail elderly persons. J Am Geriatr Soc. 2000; 39:142-8. 8 Mathias S, Nayak US, Isaacs B. Balance in elderly patients: the “get up and go” test. Arch Phys Med Rehabil. 1986;67:387-9. 9 Guigoz Y, Vellas B, Garry PJ. Mininutritional assessment : a practical assessment tool, for grading the nutritional status of elderly patients. In : Facts, Research and Interventions in Geriatrics 1997. Nex York : Springer Publishing, 1997 :15-60. 10 Stratégie de prise en charge en cas de dénutrition protéino-énergétique chez la personne âgée Recommandations de la HAS 2007. 11 Folstein MF, Folstein SE, McHugh PR. The Folstein Minimental State Examination : a practical method for grading the cognitive state of patients for the clinician. J Psych Res 1975 ;12 :189-98. 12 Kalisvaart KJ, Vreeswijk R, M de Jonghe JF, et al. Risk factors and prédiction of postoperative delirium in elderly hip-surgery patients : Implementation and validation of médical risk factor model. JAGS 2006 ; 54 :817822. 13 Brouquet A, Cudennec T, Benoist S, et al. Impaired mobility, ASA status and administration of tramadol are risk factors for postoperative delirium in patients aged 75 years or more after major abdominal surgery. Annals of surgery 2010 ; 251 : 759-765. 14 Chen H, Cantor A, Meyer J et al. Can older cancer patient tolerate chemotherapy? A prospective pilot study. Cancer, 2003; 97: 1107-1114. 15 Katz IR. What should we do about undertreatment of late life psychiatric disorders in primary care. J Am Ger Soc 1998 ;46 :1573-5. 16 Balducci L, Beghe C. The application of the principles of geriatrics to the management of the older person with cancer. Critical Rev Oncol Hematol 2000 ; 35 : 147-154. 17 Lawton MP, Brody EM. Assessment of older people : self-maintaining and Instrumental Activities of Daily Living. Gerontologist 1969 ; 9 :179-86. 18 Katz S, Ford AB, Moskowitz RW, et al. Studies of illness in the aged. The Index of ADL : a standardized measure of biological and psychosocial function. J Am Med Assoc 1963 ; 165 :94-9. 19 Inoyoue SK, Peduzzi PN, Robison JT, et al. Importance of functionnal measures in predicting mortality among elder hospitalized patients. J Am Med Assoc 1998 ; 279 : 1187-93. FCC12 La résection digestive pour cancer chez le sujet âgé 20 Beers et al. Updating the Beers criteria for potentially inappropriate medication use in older adults Arch Int Med 2003; 163:2716-2724. 21 Laroche ML, Charmes JP, Merle L. Prescribing in elderly people. Lancet. 2007 ; 370:1128. 22 Laroche ML, Charmes JP, Merle L. Potentially inappropriate medications in the elderly: a French consensus panel list. Eur J Clin Pharmacol. 2007; 63:725-31. 23 Extermann M. Measurement and impact of comorbidity in the older patient. CRC Rev Hematol Oncol 2000 ; 35 : 181-200. 24 Parmelee PA, Thuras PD, Katz IR, Lawton MP. Validation of the Cumulative Illness Rating Scale in a geriatric residential populations. J Am Geriatr Soc 1995 ; 43 : 130-7. 25 Levey AS, Bosch JP, Lewis JB, and al. A more accurate method to estimate glomerular filtration rate from serum creatinine: a new prediction equation. Modification of Diet in Renal Disease Study Group. Ann Intern Med. 1999; 130(6):461-70. 26 Repetto L, Fratino L, Audisio RA, et al. CGA adds information to ECOG PS in elderly cancer patients : an italian group for geriatric oncology study. JCO 2002;20:494-502. 27 Terret C, Albrand G, Droz JP, et al. Geriatric assessment in elderly patients with prostate cancer Clin Prostate Cancer. 2004; 2:236-40. 28 Rodin MB, Mohile SG. A practical approch to geriatric assessment in oncology. JCO 2007;25:1936-44. 29 Balducci L. Geriatric Oncology Crit Rev Oncol Hematol 2003; 46 : 211-220. 30 Audisio RA, et al . Shall we operate? Preoperative assessment in elderly cancer patients (PACE) can help A SIOG surgical task force prospective study Crit Rev in Oncol Hematol 2008; 65 : 156–163. FCC12 La résection digestive pour cancer chez le sujet âgé Résection hépato-bilio-pancréatique pour cancer chez le sujet âgé Olivier Farges, Service de Chirurgie Hépato-Biliaire, Hôpital Beaujon, 92118 Clichy. Les trois principales indications actuelles d’exérèse hépatique pour cancer sont les métastases hépatiques de cancers colorectaux, le carcinome hépatocellulaire et les cancers biliaires. Pour chacune de ces tumeurs, la résection est un traitement permettant d’obtenir des survies prolongées (30 à 60% à 5 ans) et parfois des guérisons. En dehors du carcinome hépatocellulaire pour lequel il existe des alternatives thérapeutiques efficaces (radiofréquence, chimioembolisation) la chirurgie (seule ou associée à une chimiothérapie) est le seul traitement à visée curative. Ces tumeurs se développent chez un pourcentage croissant de patients âgés. Le carcinome hépatocellulaire survient préférentiellement chez l’homme, son pic de fréquence se situe aux environs de 70 ans et environ 20% des patients ont plus de 75 ans (1). Les métastases hépatiques de cancers colorectaux sont à peu près aussi fréquents chez l’homme et chez la femme et on estime que 25 % d’entre eux ont plus de 75 ans (2). Pour le cholangiocarcinome périphérique le sexe ratio est proche de 1 et son pic de fréquence se situe à 70 ans. D’après les données de l’INSEE 2006, l’espérance de vie de des français ayant atteint l’âge de 70 ans est de 13 ans chez les hommes et de 16 ans chez les femmes. Pour ceux ayant atteint l’âge de 80 ans, elle est respectivement de 7 ans et de 9 ans et de 3 et 4 ans pour ceux ayant atteint l’âge de 90 ans. Par voie de conséquence, il n’existe à priori pas de raison théorique à limiter l’accès au traitement chirurgical des patients âgés. En pratique cependant il existe trois éléments de pondération : 1) le risque de la chirurgie, 2) les capacités du foie à régénérer, 3) les co-morbidités associées au cancer, parce qu’elles en constituent des facteurs de risque. 1) D’après les larges données monocentriques, issues de centres spécialisés, l’âge n’apparait pas clairement comme un facteur de risque de mortalité ou de morbidité après hépatectomie (3 4) et des hépatectomies ont été réalisées avec succès chez des octogénères. Il y a bien sur un biais dans ces résultats, l’intervention n’étant proposée qu’à des patients soigneusement sélectionnés. Les modalités de cette sélection ne sont actuellement pas clairement quantifiées 2) Comme pour tout tissu, le vieillissement se traduit par une diminution des capacités de régénération hépatique dans divers modèles expérimentaux (5). L’impact clinique n’en a pas encore été clairement apprécié. L’expérience de la transplantation hépatique à partir de donneurs âgés ne suggère pas non plus d’impact délétère du viellissement hépatique en dehors des transplantations réalisées pour infection par le virus C. 3) L’âge s’accompagne d’un risque accru de co-morbidités qui peuvent constituer des contreindications à une chirurgie ce d’autant que le syndrome métabolique est un facteur de risque de cancer colique et de carcinome hépato-cellulaire. L’expérience des centres experts n’est pas le reflet de la prise en charge globale des patients telle qu’elle peut être obtenue à partir des données de registres. Ces données sont peu nombreuses mais concordent pour suggérer en particulier qu’il existe une limitation de l’accès aux soins des patients âgés. - Pour le carcinome hépatocellulaire, l’analyse rétrospective de 9 registres régionaux couvrant 11% du territoire national français a montré qu’à la fin des années 90 les patients de plus de 75 ans avaient 5 fois moins de chance d’accéder à un traitement curatif en présence d’une cirrhose associée et 3 fois moins de chance en l’absence de cirrhose. Par voie de conséquence, leur survie à 5 ans (2% en présence d’une cirrhose et 5% en l’absence de cirrhose) était trois fois moins élevée que celle des patients plus jeunes. L’absence d’accès à la transplantation hépatique des patients âgés n’explique pas ces différences car une FCC12 La résection digestive pour cancer chez le sujet âgé transplantation ne peut in fine être proposée au niveau national qu’à 3% des patients porteurs de CHC. Il est plus vraisemblable que ces patients ne sont tout simplement pas adressés aux centres de référence en vue d’un traitement alors que leur pronostic est comparable à celui d’une population de patients plus jeunes appariés pour l’évolution de la tumeur et la gravité de l’hépatopathie sous jacente (6). - La probabilité que des métastases hépatiques de cancers colo-rectaux soient réséquées chez les patients de plus de 75 ans est 7 fois moins élevée que chez les patients plus jeunes (2), en particulier lorsque ces métastases sont métachrones (7). Par voie de copnséquence, la survie à 5 ans des patients âgés ayant des métastases métachrones est de 2% contre 9% pour les patients plus jeunes. En conclusion, l’âge administratif ne doit en aucune façon être une contre-indication de principe à un geste d’exérèse hépatique sous réserve d’une évaluation préopératoire et d’une adaptation probable du geste dont les modalités sont imparfaitement connues. La mise en place sur le territoire national des réunions de concertation pluridisciplinaires devrait permettre d’actualiser ces données. 1 Borie F et coll. J Surg Oncol 2008 ; 98 : 505-9 2 Leporrier J et coll. Br J Surg 2006 ; 93 : 465-74 3 Cescon M et coll. Ann Surg 2009 ; 249 : 995-1002 4 Mullen JT et coll J Am Coll Surg 2007 ; 204 : 854-64 5 Jin J et coll Moll Cell Biol 2009 ; 29 : 3867-80 6 Ozenne V et coll (soumis pourpublication) 7 Manfredi S et coll. Ann Surg 2006 ; 244 : 254-59 FCC12 La résection digestive pour cancer chez le sujet âgé Résection digestive pour cancer chez le sujet âgé FMC Congrès de l’AFC du 7 octobre 2010 Paris Indication et limites de la chimiothérapie après résection pour tumeur maligne. Jean-François SEITZ Service Oncologie Digestive, Pôle Oncologie, Spécialités Médicales et chirurgicales Hôpital de La TIMONE, Marseille. Les cancers digestifs représentent ¼ des cancers en France. La moitié sont des cancers colorectaux. On dispose de données sur les traitements adjuvants de la chirurgie chez le sujet âgé essentiellement dans le cancer colorectal. En effet, outre sa fréquence, c’est un cancer pour lequel l’efficacité des traitements adjuvants a été démontrée depuis plusieurs années. • Le cancer colorectal avec près de 40000 nouveaux cas par an et le 3ème cancer le plus fréquent en France après le cancer du sein et le cancer de la prostate ; il représente 13 % des cancers. Rare avant 50 ans, son incidence double à chaque décennie : 70% des patients ont 65 ans et plus et 45% des patients ont 75 ans et plus. Dans le registre des cancers de la Côte d’Or ( 1), le taux de résection chirurgicale des cancers colorectaux a fortement augmenté entre la fin des années 70 et la fin des années 90, spécialement chez les patients de plus de 75 ans (de 56% à 87% pour les cancers du colon et de 44 à 70% pour les cancers du rectum), si bien que la question d’un traitement adjuvant chez le sujet âgé est de plus en plus souvent posée.. Si le taux de survie après chirurgie curative à fortement augmenté chez les sujets de moins de 75 ans, notamment dans les stades III (de 36 à 48%), il n’y a eu aucune amélioration chez les sujets de plus de 75 ans, probablement parce qu’un nombre faible de sujets âgés reçoivent une chimiothérapie adjuvante (24% stade III après 75 ans), (2). La méta analyse de SARGENT et al (3) a pourtant montré qu’une chimiothérapie adjuvante à base de 5FU avait la même efficacité chez les sujets de moins de 70 ans ou chez les sujets de plus de 70 ans ; en matière de tolérance, seul le taux de leucopénie était augmenté. Concernant les chimiothérapies de type FOLFOX l’efficacité antitumorale et la tolérance paraissent similaires chez les sujets âgés en situation métastatique. En adjuvant l’OXALIPLATINE n’ajouterait pas de bénéfice supplémentaire au 5FU chez les sujets de plus de 70 ans (4). • Dans les cancers oeso-gastriques et pancréatiques, la preuve de l’efficacité de la chimiothérapie adjuvante et/ou néo-adjuvante est plus récente, et on ne dispose pas d’étude type méta-analyse permettant d’étudier la tolérance et l’efficacité de ces traitements chez le sujet âgé. • Au total, la décision de prescription d’une chimiothérapie adjuvante chez les sujets âgés doit être prise en fonction de plusieurs éléments : - le patient : son espérance de vie supposée (à 75 ans l’espérance de vie pour un homme est de 10 ans et pour une femme de 13 ans), les co-morbidités associées ; - la tumeur : son risque de rechute et le délais habituels de ces rechutes comparés à l’espérance de vie ; - le traitement : quelle réduction du risque de rechute, quel risque de sur-toxicité ? Si la clairance du 5FU et l’activité DPD ne paraissent pas modifiées par l’âge (contrairement au sexe), l’utilisation des molécules liées à l’albumine comme les sels de platine (cisplatine, oxaliplatine) ou de l’irinotécan doit être plus prudente du fait de l’hypoalbuminémie, qui peut entrainer une augmentation de la fraction libre. Une évaluation gériatrique est indispensable, notamment pour les patients « intermédiaires » de Balducci. Références : 1. Faivre-Finn C, Bouvier AM, Phelip JM, Manfredi S, Dancourt V, Faivre J. Colon cancer in France : evidence for improvment in management and survival. Gut 2002; 51: 60-64. 2. Mitry E, Bouvier AM, Esteve J, Faivre J. Improvment in colorectal cancer survival : a population-based study. Eur J Cancer 2005 ; 41 : 2297-2303. 3. Sargent D, Goldberg RM, jacobson SD, MacDonald JS, Labianca R, Haller DG, Shepherd LE, Seitz JF, Francini G. A pooled analysis of adjuvant chemotherapy for resected colon cancer in elderly patients.N Engl J Med. 2001;345:1091-7 4. McCleary NAJ, de Gramont A, Sargent D. Impact of older age on the efficacy of newer adjuvant chemotherapy in > 12,500 patients with stage II/III colon cancer: findings from the accent database. Proc Am Soc Clin Oncol 2009, 27: 170s (#4010). FCC12 La résection digestive pour cancer chez le sujet âgé