LA CONSULTATION ONCOGERIATRIQUE

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INTERET DE LA
CONSULTATION
ONCOGERIATRIQUE
Dr C. Lebrun
Service de Médecine Interne Gériatrique
1
EPU 19/05/11
GENERALITES


Approche globale, multidimensionnelle et interdisciplinaire,
des personnes âgées atteintes de cancer aux différentes étapes de
la maladie
Collaboration étroite et renforcée entre les gériatres et les
acteurs de soins de la prise en charge des cancers qui affectent les
personnes âgées, afin d’optimiser la qualité des soins
gériatre
2
oncologue
Patient
âgé
ETATS DES LIEUX
Pourquoi une consultation oncogériatrique?
3
ETATS DES LIEUX

Vieillissement de la population

Le cancer est une maladie du sujet âgé


Les standards thérapeutiques utilisés chez les patients
plus jeunes ne sont pas validés et sont difficilement
transposables chez le sujet âgé
Hétérogénéité de l’état de santé du sujet âgé
4
LE VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION
5
L’ESPERANCE DE VIE
FEMMES
HOMMES
A la naissance
83 ans
75 ans
A 65 ans
21 ans
17 ans
A 70 ans
17 ans
13 ans
A 80 ans
10 ans
8 ans
A 85 ans
7 ans
5 ans
A 90 ans
4 ans
3 ans
A 95 ans
3 ans
3 ans
6
Évolution de la population française à 2050
Espérance de vie en fonction de l’âge
1998
(Homme)
2050
(Homme)
1998
(Femme)
2050
(Femme)
Espérance de vie à
la naissance
74.6 ans
82.2ans
81.6 ans
90.4 ans
Probabilité
d’atteindre 60 ans
83%.
91%,
92%
97.6%
Espérance de vie à
60 ans
20 ans
26.17 ans
25.1 ans
31.5 ans
Probabilité
d’atteindre 85 ans
26%
56%
52.%
82%
Espérance de vie à
85 ans
5.2 ans
6.97 ans
6.5 ans
8.97 ans
7
L’espérance de vie à 85 ans est supérieure à 5 ans
LE CANCER EST UNE MALADIE DU
SUJET ÂGÉ
Plus de 60% des nouveaux cancers sont diagnostiqués chez les plus de 65 ans
8
INCIDENCE DU CANCER
(DONNÉES INSV 2008)
SEXE
HOMME
FEMME
65-74 ans
64 920 cas
(31,5 %)
30 390 cas
(20,7%)
75 - 85 ans
50 554 cas
(24,5 %)
31 620 cas
(21,5%)
> 85 ans
12 649 cas
(6,1%)
14 540 cas
(9,9 %)
Tous cancers
206 013 cas
146 818 cas
Incidence du cancer chez les plus de 75 ans : 35% chez les hommes,
33% chez les femmes
9
INCIDENCE DU CANCER AVEC L’ÂGE



1 cancer du poumon sur 2 au delà de 70 ans
>50% des cancers du colon surviennent chez le
sujet âgé de plus de 70 ans
En 2020: 60% des cancers seront diagnostiqués
au delà de 70 ans.
10
INCIDENCE DES CANCERS ET MORTALITE EN 2000

Cancer = 1ère cause de mortalité des 65-75 ans

Plus de 45% des décès par cancer surviennent après 75 ans chez
l’homme, 55% chez la femme
11

•
•
•
•
Augmentation du risque de décès lié au cancer chez
le sujet âgé par :
Diagnostic et prise en charge plus tardive
État général plus altéré
Comorbidités associées
Prise en charge inadaptée (trop ou pas assez
agressive)
Retornaz et al, Rev Med Int 2003
Basso U, Eur J Cancer 2004
Penson RT, The oncologist 2004
12
GRANDE HETEROGENEITE


Grande hétérogénéité de la population âgée (état de
santé: comorbidités, lieu de vie, statut social)
Hétérogénéité de la prise en charge et de l’offre de
soins +++
Un traitement
« comme les autres »
Tenter de maintenir
une qualité de vie
13
ARBRE DECISIONNEL (BALDUCCI ET
EXTERMANN) THE ONCOLOGIST 2000;5:224-237
Evaluation gériatrique
Groupe harmonieux
•Patient autonome
•Absence de comorbidités
Groupe intermédiaire
•Une dépendance
fonctionnelle (IADL)
•Et/ou 1 à 2 comorbidités
EV  EV liée au
cancer
Traitement
standard
Traitement
adapté
Groupe très fragile
•Patient dépendant
•Comorbidités ≥ 3
• 1 syndrome gériatrique évolutif
EV< EV liée
au cancer
Soins palliatifs
14
UNE PRISE DE
CONSCIENCE
Un problème de santé publique
15
PLAN CANCER

2003- 2007
Mesure 38 : mieux adapter les modes de prise en charge et les
traitements aux spécificités des PA

2009-2013
Mesure 23: la prise en charge d'un cancer chez une personne âgée
nécessite une réelle coordination entre oncologues et gériatres pour
offrir aux patients les meilleures chances de guérison tout en
conservant une qualité de vie spécifique des personnes âgées
16
MISSION ONCOGERIATRIE À L’INCA
 Création d’Unités Pilotes de Coordination en
Oncogériatrie (UPCOG) en 2005
 15 UPCOG (2006-2007)
 Missions : développer la recherche, diffuser les
bonnes pratiques en Oncogériatrie, améliorer la
qualité des soins proposés aux patients âgés
 Parution d’un premier « Etat des lieux et perspectives
en oncogériatrie » (Mai 2009: www.e-cancer.fr)
17
L’APPORT DU GERIATRE
DANS LA PRISE EN CHARGE
DU PATIENT AGE ATTEINT
D’UN CANCER
18
Les modalités de la consultation
oncogériatrique


•
•
•
Se base sur l’Évaluation Gériatrique Standardisée (EGS)
L’EGS peut nous aider à répondre à ces questions éthiques :
Le sujet âgé va-t-il mourir avec son cancer ou de son cancer?
Quel est le gain apporté par le traitement du cancer en terme
d’espérance de vie mais surtout de qualité de vie? Si un
traitement lui est proposé, lui apportera-t-il plus de bénéfices
que d’inconvénients? Pourra-t-il le supporter?
Quel est le degré de consentement du patient et de son
adhésion au projet thérapeutique?
19
QUELLES PRIORITÉS?


Cibler les patients âgés susceptibles de bénéficier de
traitements : adaptés, bien tolérés et efficaces
Évaluer le rapport bénéfices/risques : l’index thérapeutique
est étroit, entre le seuil d’efficacité et la toxicité entraînant 2
écueils : haut risque de sous-traitement ou de toxicité majeure
20
EGS : COMMENT ?
Une analyse sur trois axes : évaluation
multidimensionnelle
Capacités fonctionnelles
État
physique
et
psychique
Paramètres socioenvironnementaux
21
LES PARAMETRES SOCIOENVIRONNEMENTAUX
 Social : situation familiale (statut marital, nbr et proximité des enfants)
aidant naturel principal
aides professionnelles (auxiliaire de vie, IDE, portage des
repas, téléalarme) et informelles (amis, voisins)
conditions de ressources
protection sociale (ALD, mutuelle)
protection juridique (curatelle, tutelle)
niveau éducatif et professions exercées
 Environnemental :
conditions de logement
proximité des lieux de soins
aides matérielles
22
EVALUATION FONCTIONNELLE
ACTIVITÉS BASALES DE LA VIE QUOTIDIENNE - ADL
Continence
Toilette
Transfert
Habillage
Aller aux toilettes
23
Repas
ACTIVITÉS INSTRUMENTALES DE LA VIE
QUOTIDIENNE - IADL
Lessive
Cuisine
Ménage
Course
Transport
Traitement
Téléphone
Argent
24
L’ETAT PHYSIQUE ET PSYCHIQUE

•
•
•
LES CO-MORBIDITES ET TRAITEMENT
ATCD/ habitudes toxiques
Pathologies répertoriées
Évaluation du risque iatrogène : liste des médicaments, observance,
automédication

•
•
•
•
L’ETAT NUTRITIONNEL:
perte de poids (5% du pds en 1 mois ou 10% du pds en 6 mois)
IMC (< 21)
Albuminémie (<35 g/l)
MNA

•
•
•
EVALUATION DE LA MARCHE ET DE L’EQUILIBRE :
nombre de chutes sur les 6 derniers mois
get up and go test
appui unipodal
25
 FONCTIONS COGNITIVES :
plainte mnésique
MMS, test des 5 mots, test de l’horloge
évaluation neuropsychométrique
 ETAT THYMIQUE :
symptomatologie dépressive
GDS ou mini-GDS
 FONCTIONS SENSORIELLES : appareillage, adapté, gêne
fonctionnelle
 FONCTIONS SPHINCTERIENNES : continence urinaire et fécale
 EVALUATION APPAREIL PAR APPAREIL : cardio-vasculaire,
pulmonaire, ostéo-articulaire, neurologique, fonction rénale, état buccodentaire, cutanéo-muqueux, sommeil, douleur
26
L’EGS : LES OBJECTIFS





Dépister la fragilité
Améliorer la connaissance de l'état de santé du patient :
identification des co-morbidités et des syndromes
gériatriques
Apprécier les facteurs de risque pouvant interférer avec
la stratégie thérapeutique anticancéreuse
Hiérarchiser les problèmes de santé
Élaborer un plan de soins personnalisé (PPS)
27
L’EGS : LES OBJECTIFS




Proposer des actions correctives ou préventives vis-à-vis des
comorbidités
Mettre en place des actions afin d’éviter les décompensations
sous forme de syndrome gériatrique (syndrome confusionnel,
chute/ syndrome post-chute, syndrome d’immobilisation avec
escarres, iatrogénie)
Mise en place d’un programme de prise en charge individualisé :
nutritionnel, de rééducation, d’aides techniques, d’aides
professionnelles, d’un accompagnement psychologique et/ou ttt
antidépresseur,…
Organiser une surveillance de l’état de santé (clinique,
fonctionnelle, cognitive,…) et suivi de l’application des
28
EXEMPLE : INTÉRÊT DE L’ÉVALUATION
GÉRIATRIQUE EN SÉNOLOGIE

•

•
•
Avant la chirurgie :
Identifier les risques post-opératoires : essentiellement FdR
cardio-vasculaires ou de survenue d’un syndrome
confusionnel
En cas d’hormonothérapie :
Mesurer la densité minérale osseuse et apprécier le risque
fracturaire (ATCD de fracture perso ou familial)
Mise en place d’un ttt chez l’ostéoporotique après correction
d’une carence en vitamine D
29

•
•
•

•
•
Avant la radiothérapie : rechercher les éléments limitants :
Les troubles psycho-comportementaux graves
Les déficiences rendant le bon positionnement de la patiente
impossible
Les difficultés d’accès au service (éloignement géographique,
patient étant l’ANP d’un conjoint ayant une démence,…)
Avant la chimiothérapie adjuvante
Apprécier la probabilité de survie du patient, dépendant de son
âge, ses co-morbidités et son statut fonctionnel
Pas d’outil actuellement validé
30
EGS : RESULTATS EN
GERIATRIE







↓ morbidité
↓ mortalité
↓ prescriptions médicamenteuses
Amélioration de l’autonomie fonctionnelle
Amélioration des fonctions cognitives
↓ coût de la santé
↓ nombre de ré-hospitalisations et entrée en institution
Stuck et al: 1993
31
EGS : RESULTATS EN CANCEROLOGIE
GIRRE V, J GERONTOL., 2008
→ MODIFICATION DE LA DÉCISION THÉRAPEUTIQUE DANS
PLUS D’1/3 DES CAS



•
•

105 patients  70 ans (âge médian : 79 ans)
Cancer métastatique dans 57% des cas
Sur les 93 patients, la stratégie thérapeutique a été modifiée
dans 38% des cas après l’évaluation gériatrique :
dans 55% : schéma chimiothérapique initial modifié
dans 14% : chimiothérapie annulée
Les facteurs associés au changement de schéma thérapeutique :
la malnutrition protéino-énergétique, le syndrome dépressif
32
L’EGS améliore la survie des personnes âgées
atteintes de cancer avancé
McCorkle, J. Am geriatr Soc.,
2000


365 patients (60 à 92 ans)
EGS suivie d’interventions à domicile après une chirurgie
pour tumeur solide
Intervention
gériatrique
Prise en charge
« standard »
Nombre de
patients
190
185
Décès
22% (41)
28% (51)
Stade avancé
38% (72)
25% (48)
Survie à 2 ans
stade avancé
67% (p = 0,02)
40%
33
AU CH DE ROANNE
34
A UMise
CHenDE
Rdepuis
OANNE
place
2009



•
•

2 médecins gériatres (formation DIU à Lyon)
A la demande : de l’oncologue, des spécialistes d’organe, des
médecins traitants
56 patients vus en 2010; 30 patients depuis début 2011
Majorité de femme : 64%
En moyenne : 5 médicaments
1,7 comorbidités
ADL à 4,7
MMS à 22
35
Dans 75 % des cas adressé par la RCP du CH de Roanne (contre
16% par la RCP de la Clinique du Renaison)

Localisations :
•
23% sein
16% poumon
12% hémato
11% autre gynéco

Motif d’évaluation :
•
•
•
•
•
•
53% évaluation avant traitement
22% aide à la décision thérapeutique
12% en cours de traitement
36
LA RECHERCHE CLINIQUE
37
ONCODAGE
 Validation
d’un outil de dépistage gériatrique:
« G8 »: 7 items du MNA + âge
 Suivi à 1 an et à 5 ans
 Score seuil à 14: test anormal si inférieur ou
égal à 14
38
39
Facteurs gériatriques prédictifs de la
tolérance à la chimiothérapie
EXTERMANN ET COLL, J CLIN ONCOL
2007




Dénutrition
Le MNA = facteur prédictif de décès précoce (chez les patients
âgés traités par chimiothérapie)
Dépression
Perte d’autonomie
PS
Associés à la toxicité d’une chimio
par cysplatine chez les PA ayant
un cancer ovarien
40
Échelle prédictive de toxicité à la
chimiothérapie
étude GERCOR - GEPOG
Les fonctions cognitives
1- Date du jour et nom de la ville de l’hôpital
2- Répétition de 3 mots (immédiat et différé)
Les capacités d’autonomie
3- Aide pour :
•Téléphoner
•Prendre
•Faire
des médicaments
les courses
•Préparer
les repas
•Conduire
ou utiliser les moyens de transports
•Entretenir
la maison
4- Appui monopodal
Les comorbidités
5- Hospitalisation récente dans l’année précédente
6- Polymédication > 5
Les fonctions biologiques
7- Clearance de la créatinine > 30 ml/mn
8 - Albuminémie
L’estime de soi et
l’environnement
9- Vous sentez-vous souvent triste ou déprimé?
10- Présence de l’entourage (aidant ou famille)
41
CONCLUSION
42
CONCLUSION



Importance de l’évaluation gériatrique dans l’aide à la
décision thérapeutique, le repérage des pathologies sousjacentes pouvant interférer avec la PEC du cancer
Hétérogénéité de l’état de santé des personnes âgées,
avec un enjeux majeur : dépister la vulnérabilité du sujet
âgé
Nécessité d’une collaboration entre l’oncologue et le
gériatre

Viser la qualité de vie des sujets âgés

Nécessité d’essais cliniques
43
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