
L’interface
Images en Dermatologie • Vol. IV • n° 1 • janvier-février 2011
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Cas clinique
Un prurit vulvaire récurrent
A recurrent vulvar pruritus
S. Ly
(cabinet de dermatologie, Gradignan)
U
ne femme de 43 ans était adressée par sa gynécologue pour des “vulvody-
nies” évoluant depuis 2 ans et devenues permanentes depuis 3 mois. Elle
avait comme principal antécédent une névralgie faciale traitée par propranolol et
clonazépam. Les vulvodynies, à type de picotements et de brûlures, s’aggravaient
en fin de journée ainsi que lors des frottements ; elles avaient conduit la patiente à
supprimer les vêtements trop serrés et tout rapport sexuel depuis 3 mois.
Une biopsie vulvaire avait été effectuée, considérée comme “aspécifique”, ainsi
qu’un prélèvement mycologique vaginal négatif. De multiples topiques et ovules
antifongiques avaient été proposés ponctuellement, sans aucune efficacité selon la
patiente. Une prise en charge psychologique était envisagée.
L’examen clinique montrait uniquement un érythème et un œdème de la petite lèvre
droite débordant sur la face interne de la grande lèvre droite et sur la fourchette
vulvaire
(figure 1)
. Les différentes structures anatomiques étaient respectées. Le test
au coton-tige déclenchait une sensation de brûlure au contact de la petite lèvre droite
et du vestibule postérieur.
En reprenant l’interrogatoire, on apprenait qu’un prurit intermittent et récurrent était
associé, d’intensité cependant moindre que celle des brûlures.
De nouveaux prélèvements mycologiques ont alors été effectués, avec un écouvillon-
nage intéressant à la fois la vulve et le vagin. L’examen direct et la culture montraient
de nombreuses colonies de
Candida albicans
aux 2 sites prélevés.
Un traitement local associant du fenticonazole en ovule (1/semaine pendant 3 mois)
et en crème (1/jour pendant 1 mois) a permis de résoudre l’ensemble des symptômes :
prurit, brûlures et dyspareunie.
Discussion
Nous rapportons l’observation d’une patiente adressée pour vulvodynie et dyspa-
reunie, qui présentait en fait une candidose récidivante dont le traitement poursuivi
3 mois a permis de faire régresser l’ensemble des symptômes.
Ce cas souligne premièrement l’importance d’un interrogatoire très précis sur les
symptômes présentés par les patientes consultant pour vulvodynie. En effet, le prurit,
négligé initialement chez notre patiente, relève toujours d’une étiologie organique,
contrairement à certaines brûlures vulvaires
(1)
. Il faut ensuite distinguer le prurit
chronique “permanent”, caractérisant la lichénification ou certains lichens scléreux,
du prurit chronique parfois discret et “intermittent”, souvent rythmé par les règles
chez la femme jeune, évocateur d’une candidose récidivante
(1)
. L’interrogatoire doit
aussi rechercher des antécédents de candidose typique et évaluer avec précision l’ef-
ficacité ou non des traitements antifongiques déjà effectués.
Outre l’existence du prurit, les données de l’examen vulvaire chez notre patiente
n’étaient pas compatibles avec l’hypothèse d’une vulvodynie seule. La vulvodynie
a été en effet redéfinie en 2004 par l’International Society for the Study of Vulvar
Disease (ISSVD)
[2]
comme “un inconfort vulvaire chronique, le plus souvent à type
de brûlure, sans lésion visible pertinente et sans maladie neurologique cliniquement
identifiable”. Ainsi, l’examen vulvaire d’une patiente vulvodynique est normal ou sub-
normal, montrant parfois un érythème vestibulaire postérieur localisé autour des
orifices des glandes de Bartholin dont la signification pathologique est discutée
(1, 3)
.
Légendes
Figure 1. Érythème et œdème de la petite
lèvre droite chez une patiente adressée pour
vulvodynie : candidose récidivante.
Figure 2. Érythème, lichénification et fissures
de la partie inférieure des grandes lèvres et de
la fourchette chez une jeune femme présen-
tant une candidose récidivante.
Vulvodynie • Candidose vulvo-
vaginale récidivante
Vulvodynia • Recurrent vulvo-
vaginal Candidiasis