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Le Courrier de la Transplantation - Volume IX - n
o 3 - juillet-août-septembre 2009
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Congrès
centre, l’étude rétrospective montre les
effets bénéques d’une greffe d’îlots
fonctionnels, même en l’absence
d’insulino-indépendance et sur des trans-
plantations effectuées sous l’ère “pré-
Edmonton”. Les auteurs ont démontré
en particulier une amélioration signi-
cative de la survie du patient et du
greffon rénal, et des effets positifs sur
la fonction cardiovasculaire et la micro-
angiopathie. Le domaine du remplace-
ment des cellules β est constamment en
mouvement. La transplantation du
pancréas ou celle des îlots de Langerhans
ne sont sans doute qu’une étape sur le
chemin de la thérapie cellulaire contre
le DT1. Le Pr D. Sutherland (Schulze
Diabetes Institute, université du
Minnesota) a exposé les risques et avan-
tages du remplacement des cellules β.
La thérapie de remplacement des
cellules β du pancréas ou des îlots de
Langerhans par allotransplantation a été
réalisée chez des patients atteints de DT1
ou 2. Chez les diabétiques obèses de
type 2, l’augmentation de la masse des
cellules β peut rétablir l’insulino-indé-
pendance, mais cette procédure est inap-
propriée puisqu’une baisse de poids a
les mêmes conséquences. Pour les sujets
DT1 (presque tous sont peptide C-
négatif), DT2 (qui sont labiles), ou les
patients sous immunosuppression (géné-
ralement en raison d’une transplantation
rénale), des cellules β de remplacement
peuvent être justiées. Les risques ne
doivent cependant pas dépasser les avan-
tages. Les risques sont les suivants :
maladies infectieuses ou non infec-
tieuses, effets indésirables de l’immu-
nosuppression (similaires pour le
pancréas et les îlots), complications
chirurgicales (plus élevées pour le
pancréas que pour les îlots). Les avan-
tages sont, quant à eux, les suivants :
création d’un état euglycémique sans
épisodes d’hypoglycémie grave si l’in-
dépendance à l’insuline est atteinte (ce
qui est presque toujours le cas avec une
greffe du pancréas, à moins qu’il n’y ait
une défaillance technique ou un rejet)
ou réduction de la fréquence de ces
épisodes si l’état peptide C-positif est
maintenu même sans indépendance à
l’insuline (résultat fréquemment obtenu
avec des greffes d’îlots de Langerhans),
amélioration de la qualité de vie qui
accompagne l’insulino-indépendance et
absence d’épisodes d’hypoglycémie, et
au moins, dans certains cas, amélioration,
voire prévention des complications
secondaires. Le calcul du rapport béné-
ce/risque est critique pour la sélection
des candidats à la transplantation. C’est
plus facile pour les patients urémiques
que pour les non-urémiques, car il est
généralement admis qu’une transplan-
tation rénale, même avec l’immunosup-
pression, est préférable à la dialyse et
est associée à un moindre taux de morta-
lité et à une meilleure qualité de vie
renforcée avec le remplacement des
cellules β pendant ou après la transplan-
tation rénale. Pour les greffes d’îlots de
Langerhans ou de pancréas chez les
patients diabétiques non urémiques et
qui n’ont pas besoin d’une transplan-
tation rénale, les immunosuppresseurs
nécessaires pour contrôler le rejet,
notamment les inhibiteurs de la calci-
neurine (CNI), ont des effets néphro-
toxiques, avec un risque, en fonction de
la sensibilité individuelle, de dégradation
rénale (néphropathie induite par le CNI)
plus important que celui dû au diabète.
Le risque infectieux est certainement
également augmenté. Mais, dans des
analyses de greffes de pancréas ou
d’îlots seuls, le taux de survie des
patients est élevé (actuellement, environ
96 % à 1 an et 90 % à 5 ans) ainsi que
le taux de survie du greffon (actuelle-
ment, environ 80 % à 1 an et 50 % à
5 ans). Les analyses montrent également
que les receveurs d’une greffe du
pancréas ou d’îlots ont une survie statis-
tiquement plus élevée que les candidats
à la transplantation du pancréas qui
restent sur liste d’attente (Gruessner RW
et al. Am J Trans 2004;4:2018). En
général, le diabétique qui présente une
IRT est un bon candidat à la greffe rénale
et au remplacement des cellules β. En
revanche, chez le patient non urémique,
le rapport bénéfice/risque doit être
évalué. Le Pr C. Ricordi (université
de Miami) a rapporté l’impact de la
greffe d’îlots sur la néphropathie diabé-
tique. l’insulino-indépendance, même
si elle est souhaitable, n’est pas consi-
dérée comme l’objectif premier de la
transplantation d’îlots. Les micro- et
macrovasculo pathies liées à l’état du
diabète sont les principales causes de
l’IRT et nécessitent une dialyse puis une
transplantation rénale. La stabilisation
ou la réduction de la progression de la
néphropathie diabétique a été rapportée
après la transplantation d’îlots. La
production de peptide C après la trans-
plantation d’îlots peut contribuer à
l’amélioration des complications diabé-
tiques. C’est ce que suggère l’étude de
perfusion de peptide C chez des sujets
DT1, selon laquelle le peptide C jouerait
un rôle dans l’amélioration de la fonction
rénale et dans la diminution de la
progression de la néphro pathie diabé-
tique. Toutefois, dans le contexte de la
transplantation d’îlots, une diminution
de la fonction rénale a été signalée dans
certaines études, tandis que d’autres
rapports plus récents ont montré une
fonction rénale stable et une absence
d’aggravation de la néphro pathie diabé-
tique dans le suivi à long terme. Les
différentes modalités de sélection des
candidats à la transplantation d’îlots dans
les études peuvent expliquer les diffé-
rents résultats cliniques observés. Les
protocoles d’immuno suppresseurs sans
néphrotoxicité sont hautement souhai-
tables, et, de ce fait, des essais cliniques
en cours montrent des résultats promet-
teurs chez les patients pour lesquels les
CNI ou les inhibiteurs de mTOR sont
remplacés par du MPA. L’effet positif
de la transplantation d’îlots sur la néph-
ropathie diabétique sera donc pleinement
apprécié après l’utilisation d’immuno-
suppresseurs non néphrotoxiques, ou
par l’intro duction de nouvelles stratégies
qui sont en cours d’évaluation pour
remplacer l’immunosuppression par des
stratégies immunomodulatrices et d’in-
duction de tolérance. Le Dr U. Boggi
(hôpital de Pise, Italie) a présenté une
étude visant à évaluer l’effet de la trans-
plantation de pancréas seul sur la néph-
ropathie diabétique. Entre avril 2001 et
décembre 2007, 74 patients DT1 ont
reçu une transplantation de pancréas