Le dosage de marqueurs tumoraux (CA 15-3 et CA 19-9)
était normal, mais les PSA étaient fortement élevées, à
178 ng/ml (N < 3,5 ng/l). La biopsie prostatique a mis en
évidence un adénocarcinome et la biopsie osseuse de la
crête iliaque droite a révélé l’existence d’une prolifération
carcinomateuse sans que les marquages immunohisto-
chimiques permettent un typage formel de l’origine des
cellules néoplasiques.
Le diagnostic retenu est donc celui d’un adénocarcinome
de prostate compliqué de métastases osseuses condensantes.
L’hypothèse de métastases tardives d’origine mammaire a
été évoquée, mais elle n’a pas été retenue, en l’absence
d’élément d’orientation, en particulier de récidive objecti-
vable de cancer de la loge mammaire.
DISCUSSION
Dans cette observation, le patient avait été traité dix ans
auparavant pour un cancer du sein bilatéral, puis il a déve-
loppé un cancer de la prostate, vraisemblablement méta-
statique. Cette association n’est probablement pas fortuite.
En effet, plusieurs auteurs ont démontré une corrélation sta-
tistiquement significative entre la survenue de ces deux can-
cers (4, 12). Ainsi, dans une population de 404 cancers du
sein chez l’homme, 68 avaient développé un second can-
cer, en majorité un cancer de prostate. À noter également
la survenue d’un cancer du sein contemporain et controla-
téral chez 2,5 % des patients (12). Le risque de développer
un second cancer, principalement un cancer de la prostate,
est très important, mais il a aussi été décrit des cancers pul-
monaires, colorectaux, œsophagiens et hématologiques
(12).
Facteurs de risque
Si l’on s’intéresse plus particulièrement au cancer mam-
maire de l’homme, différents éléments sont caractéristiques.
Le cancer du sein chez l’homme est rare, sa fréquence étant
estimée à 1 % des cancers de ce type. L’âge moyen de sur-
venue est de 67 ans, soit 5 ans de plus que chez la femme,
et il est exceptionnel avant 40 ans (3). Il présente certaines
similitudes épidémiologiques avec le cancer du sein de la
femme ; cependant, son incidence serait plus élevée sur le
continent africain (1). Il existerait une disparité ethnique,
puisqu’il est plus fréquent dans la population noire améri-
caine et chez les Juifs d’Israël (2). En Europe comme aux
États-Unis, l’incidence du cancer du sein chez l’homme est
estimée à 1/100 000 (1).
S’ajoutent à ces critères ethniques et géographiques
d’autres facteurs de risque, comme des antécédents per-
sonnels ou familiaux de cancer du sein, de tumeur bénigne
et de gynécomastie, ainsi que des antécédents de patholo-
gie testiculaire (1, 4) :tumeurs malignes, bénignes, orchite
(oreillons). Certains métiers seraient plus à risque (5) :c’est
le cas des bouchers exposés à la viande provenant d’ani-
maux traités aux hormones ou des ouvriers de fonderies,
où la température excessivement élevée serait néfaste pour
les testicules. En Afrique, la fréquence du cancer du sein
chez l’homme est plus élevée en cas d’antécédent de schis-
tosomiase, et dans d’autres situations s’il existe une sécré-
tion élevée de prolactine, que l’on peut rencontrer lors de
traumatismes crâniens ou d’une prise de certains médica-
ments (6, 7).
La Lettre du Rhumatologue - n° 275 - octobre 2001
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CAS CLINIQUE
Figure 3. Radiographie du bassin (face) : présence de multiples ostéo-
condensations, en particulier pelviennes postérieures (juxta-sacro-
iliaques).
Figure 4. Scintigraphie osseuse au technétium 99DP : présence d’hyper-
fixations multiples, surtout axiales et corticales.