Contrat de plan régional de développement des formations professionnelles mars 2011 SECTEUR INDUSTRIES AGRO ALIMENTAIRES CONTRIBUTIONS SECTORIELLES Les partenaires professionnels des contrats d’objectifs bretons ont contribué à la préparation du CPRDF. Ce document reprend en synthèse les principales données économiques et sociales mises en perspective afin d’analyser et d’anticiper les besoins en emplois et en compétences du secteur Ces informations participent à la réflexion régionale menée dans le cadre du CPRDF. 1- CONTEXTE ECONOMIQUE Les chiffres clés du secteur La Bretagne est la première région agro-alimentaire française avec 13% du chiffre d’affaires national. Le secteur agro-alimentaire compte 67 912 emplois, ce qui en fait le premier pôle industriel de la région avec 35% de l’emploi industriel breton. 320 établissements de plus de 20 salariés représentent 58 000 salariés, soit 85,4% de l’emploi total, et 3 500 établissements de moins de 20 salariés soit 10 000 salariés relèvent de l’artisanat. Le secteur se caractérise par une forte diversité des activités et une prépondérance de la première transformation. L’industrie de la viande occupe le premier rang avec 26 982 salariés dont 10 545 dans l’industrie de la volaille. Boulangerie pâtisserie, pâtes 4 057 ; 7% Répartition de l’effectif salarié présent en Bretagne (hors personnel intérimaire) en 2007 dans les entreprises de plus de 20 salariés Source : DRAAF, EAE 2007 Industrie du poisson 3 548 ; 6% Industrie des fruits et légumes 4 161 ; 7% Industrie des viandes 26 982 ; 49% Fabrication d'aliments pour animaux 4 749 ; 9% Industrie laitière; 5 441 10% Fabrication de boissons 386 ; 1% Autres industries alimentaires 5 892 ; 11% Les industries agro-alimentaires (IAA), majoritairement les industries de la première transformation (viande de boucherie, volaille, laits et produits laitiers), représentent 30% des exportations bretonnes. L’agro-alimentaire est présent de façon homogène sur l’ensemble du territoire régional avec des bassins importants : Rennes/Vitré, Loudéac/Pontivy, Quimper/Cornouaille. Contrat de plan régional de développement des formations professionnelles CONTRIBUTION SECTEUR INDUSTRIES AGRO ALIMENTAIRES Les principaux facteurs d’évolution Les industries agro-alimentaires doivent s’adapter : aux évolutions règlementaires nationales et européennes. Parmi ces évolutions, on citera la mise en conformité avec les règlementations liées à l’environnement, aux conditions de transport ou encore à la nutrition et à la santé (étiquetage nutritionnel). aux rapports entre les différents acteurs économiques de la filière. Les relations entre les IAA et la production agricole, d’une part et d’autre part, entre les IAA et la grande distribution, fluctuent dans le temps et requièrent une grande capacité d’adaptation des entreprises du secteur. Le secteur doit anticiper l’évolution de la demande des consommateurs français et européens. De manière structurelle, les consommateurs font de nouveaux arbitrages en faveur des autres dépenses (logement, technologie de l’information et de la communication) et le poids des dépenses alimentaires diminue. Dans le même temps, une clientèle européenne à fort pouvoir d’achat fait croitre la demande de produits à plus forte valeur ajoutée comme les produits respectueux de la santé, les produits éthiques, les produits issus de l’agriculture biologique. Le développement de la restauration hors domicile, avec 22% du CA des IAA, constitue un autre facteur déterminant d’évolution de la demande. La mondialisation de l’économie impacte fortement les industries agro-alimentaires. D’un côté, la volatilité des matières premières et de l’énergie pèse fortement sur les coûts de production. A contrario, la demande des pays émergents pour des produits de la première transformation (viande et lait) augmente et constitue une perspective de développement pour de grands groupes de taille internationale. Les évolutions du secteur Selon les travaux prospectifs et en lien avec les différents facteurs d’évolution, la concentration des IAA va se poursuivre et, vont se développer : De très grands groupes dans le secteur du lait, de la viande qui atteignent des tailles critiques leur permettant de s’implanter à l’international sur les marchés des pays émergents. Des PME à taille stratégique sur les marchés européens qui basent leur développement sur la fonctionnalité du produit avec des besoins importants en innovation et en marketing. Des TPE-PME qui viseront des marchés plus locaux à travers des circuits plus courts de distribution. Le renforcement et le développement de la recherche, de l’innovation produit, de nouvelles gammes de produits (santé, éthique, issus de l’agriculture biologique) ainsi que la performance à l’export et à l’international et les enjeux liés à la logistique sont au cœur de la compétitivité des entreprises. De nouvelles organisations visent l’amélioration des performances industrielles et de la qualité de vie au travail : Cela passe d’une part, par le développement de l’automatisation ou la modification des process dans les secteurs où les tâches manuelles restent nombreuses et où la pénibilité du travail existe, et d’autre part, par la mise en place de nouveaux modes d’organisation du travail : les équipes autonomes de production (enrichissement des tâches, décloisonnement des fonctions, autonomie dans le travail) ou encore les démarches d’amélioration en continu des process comme le lean manufacturing. La prise en compte du développement durable en particulier la maîtrise des consommations énergétiques et la réduction des emballages constitue également un axe de travail important pour les industriels. Le fonctionnement en réseau des IAA en Bretagne, à travers de nombreuses opérations collectives, sur différentes thématiques (achat, logistique, groupement d’employeurs), est une des réponses aux besoins importants d’adaptation des entreprises. 2 CONTRIBUTION Contrat de plan régional de développement des formations professionnelles SECTEUR INDUSTRIES AGRO ALIMENTAIRES 2- L’EMPLOI l’emploi Dans les IAA, la proportion d’ouvriers est de 77%. La proportion d’ouvriers non qualifiés est élevée dans l’industrie de la volaille, de la viande, du poisson et des fruits et légumes. La part des femmes dans l’emploi total est de 43% et de 56 % de l’emploi peu qualifié. Le pourcentage d’emplois qualifiés croit avec l’automatisation et la rationalisation des process de production. Par rapport à l’industrie en général, le taux d’encadrement reste plus faible. 63 26 viande de volaille 3 6 3 fruits et légumes 5 produits à base de viande 6 12 5 Répartition (%) des salariés de quelques filières par catégorie socioprofessionnelle en 2005 poisson 6 11 6 lait 8 Source : INSEE - DADS alimentation animale GLOBAL 6 43 6 20 51 7 22 11 35 43 34 15 12 42 38 5 10 28 55 viande de boucherie 4 7 6 13 42 10 43 34 cadres professions intermédiaires cadres professions employés ouvriers qualifiésintermédiaires employés ouvriers non qualifiés ouvriers qualifiés ouvriers non qualifiés Les IAA recourent à l’intérim pour les emplois de production (en 2007, environ 12% des heures travaillées dans l’agro alimentaires ont été réalisées par des intérimaires) afin de faire face à la saisonnalité et la variabilité de certaines activités. Les IAA permettent peu le maintien en emploi des seniors sur les postes exigeants physiquement. La proportion des moins de 30 ans est un peu supérieure à la moyenne des industries, spécifiquement dans la catégorie ouvriers. Le marché du travail Dans les métiers de l’agro-alimentaire, les offres enregistrées sont presque aussi nombreuses que les entrées au chômage. Les deux métiers en tension sont les opérateurs de conduite d’équipement de production alimentaire (rapport offre/demande 1,3) et les agents de production et abattage et découpe de viande (1,5). Une offre sur 5 seulement concerne un emploi durable (> 6 mois). 3 - LES IMPACTS DES EVOLUTIONS SUR LES EMPLOIS ET LES COMPETENCES Les besoins en emploi Selon les experts, en prenant en compte les perspectives économiques du secteur, la tendance à venir est plutôt à la stabilisation du volume global d’emploi dans les IAA en Bretagne. Cette stabilisation est également liée aux mouvements de restructuration de la filière engagés depuis plusieurs années et qui se poursuivent. A l’intérieur du secteur, des mouvements sensibles voient le jour : l’industrie de la volaille et l’industrie laitière enregistrent depuis quelques années une décroissance lente de leurs effectifs alors que le secteur de la viande de boucherie enregistre une augmentation sensible. Le secteur connaît des besoins de renouvellement de l’encadrement. Alors qu’auparavant, l’encadrement de production était issu de la promotion interne, les entreprises recrutent de plus 3 Contrat de plan régional de développement des formations professionnelles CONTRIBUTION SECTEUR INDUSTRIES AGRO ALIMENTAIRES en plus de jeunes diplômés pour occuper des postes d’encadrement dans les ateliers de production (bac+2, ingénieur). Cette évolution constitue un changement culturel. Si les besoins en emplois peu qualifiés diminuent, les besoins en emplois qualifiés de conducteurs de lignes, de machines augmentent en lien avec l’automatisation des process. Deux points de vigilance pour le secteur : le maintien dans l’emploi des seniors l’attractivité et l’image des métiers Encadrement Encadrement intermédiaire Emploi qualifié Emploi peu qualifié Emploi global Renouvellement suite départs en retraite Renouvellement suite départs en retraite Conduite de lignes, de machines Diminution avec l’automatisation Stabilisation Les besoins en compétences Fonction encadrement/dirigeant : Le positionnement de PME de taille stratégique sur le marché européen et la constitution de grands groupes sur les marchés mondiaux nécessitent le renforcement de compétences stratégiques : Stratégie d’entreprise, marketing, commercial, export, veille économique ; Ressources humaines- selon une enquête de l’ABEA de 2010, 50% des entreprises de moins de 250 salariés n’ont pas de fonction ressources humaines identifiées et les besoins exprimés portent sur le recrutement, la gestion des compétences et la communication ; Des besoins en compétences se font également ressentir en organisation (EAP), développement durable (maîtrise des consommations d’énergie et des emballages), communication, culture et conduite de projet innovant. Fonction encadrement intermédiaire de production : Cette fonction au-delà d’un positionnement hiérarchique évolue fortement vers l’animation d’équipe. Les compétences attendues portent sur : Management des hommes, animation d’équipe, communication Nouvelles formes d’organisation (EAP, lean) Management de la sécurité alimentaire et des risques professionnels, développement durable Métiers de process : les compétences à développer sont des compétences transverses à plusieurs secteurs d’activité au-delà du seul secteur agro-alimentaire ; elles sont identiques dans un ensemble de métiers de process. Conduite de machines : process, polyvalence, produits Conduite de lignes avec des compétences transversales qualité, logistique et, managériales Maintenance préventive et curative Métiers traditionnels Désossage/parage Chauffeurs laitiers Les compétences transverses : Le développement des compétences clés (cognitives, comportementales) La sécurité et la prévention des risques professionnels et psychosociaux L’actualisation des compétences hygiène, qualité et traçabilité La communication 4 Contrat de plan régional de développement des formations professionnelles CONTRIBUTION SECTEUR INDUSTRIES AGRO ALIMENTAIRES 4- LA SECURISATION DES PARCOURS La sécurisation des parcours est une des thématiques prioritaires du CPRDF. Les partenaires du secteur ont été questionnés sur les principales actions mises en place et leurs priorités dans ce domaine. Dispositifs existants La certification et la transférabilité des compétences : le secteur développe une politique active en faveur des certificats de qualification professionnelle (CQP). Les 32 branches de l’agro-alimentaire ont homogénéisé leurs 13 CQP ; Une ingénierie des CQP comprend un outil de positionnement qui permet de développer les remises à niveau et d’ajuster le parcours de professionnalisation (ECIA) ; Certification professionnelle : conducteur de machine, de ligne, responsable d’équipe, responsable de secteur, responsable de secteur logistique ; Une réflexion est engagée au sein du GFI sur la transversalité des CQP dans l’industrie. Les entreprises de l’agro-alimentaire sont à l’initiative ou très présentes dans les groupements d’employeurs qui permettent de stabiliser des emplois et de conserver les compétences à l’échelle d’un territoire. Perspectives et priorités en matière de sécurisation des parcours L’implication des entreprises et de la branche pour développer les démarches de découverte des métiers Le renforcement de l’accompagnement de la période d’intégration (0 à 6 mois) avec un accompagnement renforcé (référence au Pass IFRIA) ; lorsque l’intégration est réussie, la fidélisation du salarié est quasi-acquise. Le renforcement de l’accompagnement tutoral tout au long des cycles de professionnalisation (intégration, professionnalisation, certification) : travail sur la relation salarié, entreprise, organisme de formation. l’élévation du niveau de qualification afin de garantir le renforcement de l’employabilité et de l’adaptation du salarié face aux mutations économiques. le développement de la sensibilisation et des pratiques «ressources humaines» des entreprises est un axe de développement de la branche à travers les actions collectives (gestion des ressources humaines et gestion prévisionnelle des emplois et des compétences des entreprises). Synthèse réalisée avec l’appui technique de AFPA Transitions Bretagne Sources et documents exploités : Entretien avec Gaëlle Cotonnec, Secrétaire de l’Association Bretonne des entreprises de l’Agro-alimentaire (ABEA) Le contrat de filière de l’industrie agroalimentaire - janvier 2010 - Conseil Régional de Bretagne La note d’orientation du programme régional de déploiement de la charte IAA 2010 - DIRECCTE Bretagne - DRAAF La revue de l’Observatoire des IAA-n°10 0 - janvier 2011 Les enjeux des IAA, édition 2010 : Ministère de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche Repères et analyses : l’industrie agro-alimentaire - pôle emploi - novembre 2010 5